Ce qui était hier une culture unifiée devient une culture de la diversité. La question se pose donc : comment vivre dans une société qui se définit comme multiculturelle et qui multiplie les échelles de leurs ?
Pour que cette diversité constitue malgré tout un univers cohérent, un pacte de non-agression est signé entre les différentes entités culturelles. - Ne porte pas atteinte A  mon style de vie, je respecterai le tien. - Et la tolérance prend un nouveau nom, le respect de la différence d'autrui. Quand il est édifié en règle générale et absolue, ce respect engendre le politiquement correct. Une mécanique bien connue qui agit au niveau individuel et collectif : ne rien dire qui puisse offenser directement une partie de la population, fût-elle nimoritaire.
L'individu ne peut avoir de comportements jugés offensifs, qui portent atteinte aux libertés fondamentales de l'autre, sans tomber sous le coup du politiquement correct. D'où la dimension étonnante prise par le harcèlement sexuel aux états-Unis, qui devient un débat national, illustré par le succès du roman de Michael Crichton, adapté au cinéma (Harcèlement). Au concept du harcèlement sexuel s'est vite ajouté celui de harcèlement moral. La mécanique est la mASme : porter atteinte A  l'individu en usant de sa situation hiérarchique en contexte professionnel. Révélée par le succès important de l'ouvrage de Marie-France Hirigoyen (Le Harcèlement moral), qui analysait les mécanismes de la violence perverse au quotidien, cette notion a rapidement enhi les tribunaux.
Lattention portée A  ces phénomènes est naturelle : on s'attaque au bastion de l'individualisme. On peut tout faire tant qu'on se limite A  soi-mASme, toute culture ou attitude est tolérée. En renche, dès qu'il s'agit de porter atteinte A  autrui, tout comportement devient blamable.
Le politiquement correct est l'un des atars du libéralisme : chacun a un espace privé inviolable et garanti par la loi. Qui y porte atteinte s'expose A  une contre-attaque.
Le phénomène se manifeste aussi sur le collectif. Toute prise de position d'une collectivité s'expose A  des remontrances si elle n'est pas respectueuse de quelques grands principes jugés fondamentaux (droit A  la différence, droits de l'homme).
Quand le modèle social unique éclate, quand la morale et les leurs ne parviennent plus A  s'imposer pour contrôler les comportements individuels, le politiquement correct devient le nouveau garde-fou.
Dans une société fragmentée, chaque minorité bénéficie du droit d'AStre elle-mASme. Chaque culture est donc légitime comme expression d'un groupe de gens ou d'un individu. Une nouvelle tolérance s'installe alors pour faire face A  cet éclatement des cultures. Elle n'est pas forcément synonyme de bienveillance, mais plutôt d'indifférence. Elle sert de ciment, de pacte de non-agression dans une société qui n'est plus orientée par un système de leurs cohérent.