Ce qu'on appelle habituellement le stratège est un AStre doué de certaines capacités qui le font quelquefois ressembler A  un monstre plus ou moins inquiétant et dangereux. Il faut cependant tenter d'aller plus loin dans la description de ce que sont ses qualités. Le stratège n'utilise pas de techniques, A  tout le moins il n'en a pas la conscience et l'intention. Il est d'abord et avant tout son propre instrument de travail, cela signifie qu'il participe lui-mASme A  un état d'esprit qu'il culti et enrichit constamment. 11 n'y a pas d'école de stratège au sens où on peut le décrire habituellement. Il s'agit ici bien davantage d'un savoir-faire que d'un ensemble de techniques. Cet état d'esprit ne se transmet pas mais se partage ; il ne se décrit pas, il est vécu et ressenti.
Il ne suffit pas d'avoir des idées, de construire des projets ou de définir une stratégie, il faut également savoir les partager et les accomner dans toutes les implications relationnelles que le concret impose. En ce sens, le stratège n'est pas un solitaire mASme s'il sait fort bien tirer profit de la solitude dont il a également besoin. Il doit savoir déléguer car il lui est impossible de suivre toutes les pistes qu'il est capable d'ouvrir. Communiquer c'est ici permettre A  d'autres de s'identifier A  lui-mASme ac tous les risques que cela comporte. La dimension émotionnelle de la relation ac le stratège est sount très importante. Elle est facilement rythmée par une succession d'attachement et de rejet.
Le stratège avance, donc progresse, toutes possibilités d'attention éillées, toute sensibilité exacerbée, toute intuition déployée. Il est d'une extrASme vigilance enrs toutes les informations qu'il perA§oit ou qu'il peut rechercher, mASme celles qui pour d'autres peunt paraitre anodines ou hors de propos. Il fait feu de toute sensation et butine partout où il peut trour des choses noulles. Cette vigilance lui permet d'élir des liens nouaux entre des événements ou des informations apparemment éloignées. Cela lui permet d'anticiper et/ou de créer des conurations noulles, d'explorer des territoires nouaux et de noulles alternatis.
L'absence de techniques, l'absence de théorie réductrice, font qu'il est loin d'AStre un dogmatique. Il est généralement incapable de parler de lui-mASme et de formaliser sa démarche. Il répugne mASme A  le faire, car il considère que cela risquerait de rigidificr son savoir-faire qui est sans cesse en moument et qui obéit A  des règles A  la fois simples et cachées. Le stratège sait s'adapter aux situations et A  l'évolution de tous les phénomènes ac lesquels il se confronte. Il sait mASme tirer profit de tout ce qui, pour un autre, paraitrait AStre un échec ou un rers. Il sait ainsi renrser les situations car il parvient toujours, d'une faA§on ou d'une autre, A  rester maitre du contexte dans lequel il évolue.
Le stratège est exigent ac lui-mASme et, dans la plupart des cas, ac les autres. En ce sens, il est sount insupporle car il croit possible de demander aux autres ce qu'il obtient de lui-mASme. Pour lui, le choix de ses collaborateurs dépend essentiellement de leur capacité A  répondre A  ses propres exigences, plus que de leurs compétences techniques. En ce sens, il sait également AStre un pédagogue, il est A  tout le moins très sensible A  cette dimension de l'animation du groupe ac lequel il travaille. Le stratège sait AStre obsessionnel sur tel ou tel point de.son travail, mais c'est moins le détail qui l'intéresse que la connaissance précise et intime du fonctionnement de ce sur quoi il travaille. La capacité d'anticipation est la résultante de tout ce qui précède. Elle me semble AStre un des principaux avantages de l'approche systémique qui agit comme un instrument qui procure A  la fois une analyse globale et détaillée, c'est-A -dire processuelle, d'un phénomène ou d'une situation. La vision de l'ensemble donne des informations sur ce que sont les tendances dans un mASme processus, la vision détaillée permet d'identifier les articulations déterminantes dans les changements qui peunt se manifester dans ce mASme processus. Ce que certains auteurs appellent parfois les bifurcations. Le stratège identifie, anticipe et mASme parfois crée lui-mASme ces bifurcations.