Nous avons vu, A  propos du changement, que le fonctionnement de la mémoire ne permettait pas de s'appuyer aussi facilement que l'intuition le propose sur le passé pour créditer le présent. Il s'agit bien plus d'une justification que d'une explication. Trois représentations possibles de notre insertion dans le temps peunt AStre données. La première et la seconde ont déjA  été décrites dans le chapitre consacré au changement (voir la ure 6 e 70). La troisième est plus complexe (voir la ure 16). Elle se réfère notamment A  la démarche constructiviste que j'ai déjA  mentionnée. Il s'agira d'un petit exercice de grammaire.
L'espace, centré par la flèche du temps (dirigée rs le visage du lecteur), limité par les mouments de la spirale, est divisé en quatre quadrants. Le premier est celui du présent. Le présent est important. Quantitatiment et qualitatiment, il n'est pas résumable A  un instant ou A  une succession d'instants plus ou moins indifférenciés. Plus il s'étend, plus il permet de prendre le recul nécessaire A  toute décision. Selon les cas, il va s'agir d'une semaine, d'un mois, d'une année, etc. On ne peut abandonner le déterminisme du passé qu'en redonnant de l'importance au présent.
Devant le présent, c'est-A -dire devant nous, se - déroule - comme un tapis, ce que nous appelons le passé ; mais il s'agit d'un passé composé et mASme recomposé, autrement dit construit. Le passé d'ailleurs ne peut AStre que construit, car il ne peut nous AStte rendu immédiat que par l'intermédiaire du cerau, organe de création de réalité éminemment actif et mASme imaginatif. Il ne s'agit pas d'un passé définitif, objectif et donc explicatif mais d'un ensemble d'informations subjectiment assemblées pour donner A  chacun une cohérence dans le présent et, éntuellement, une potentialité prédicti pour le futur. Il est donc paradoxalement devant nous comme, pour employer une image que ne me satisfait pas tout A  fait, la carotte devant l'ane lequel avance alors animé par le sounir agréable de festins antérieurs. Ce qui donc nourrit l'ane, autant que la carotte, c'est la nostalgie. Sans nostalgie pas de plaisir, ou alors que de l'instinct. La nostalgie est donc le principal constituant de ce passé composé. Nous la retrourons un peu plus loin A  propos des deuils et des projets.
C'est un premier futur qui succède au passé composé : le futur antérieur. Antérieur car il en précède un autre mais également parce qu'il est le plus proche de nous. En cela il est relatiment prédictible et cette prédictibilité vient de ce qu'il est lui-mASme alimenté par la nostalgie qui le précède. Ce passage, entre passé composé et futur antérieur est le plus difficile, c'est l'objet mASme de tout projet. Le quatrième quadrant est constitué par le futur conditionnel. Nous entrons ici dans le domaine de l'imprédictible, de l'aléatoire donc du conditionnel car les facteurs extérieurs deviennent A  la fois plus nombreux et plus interactifs entre eux. Le futur conditionnel échappe généralement A  l'individu et au groupe, sauf A  quelques visionnaires qui sont en mesure non pas seulement de l'anticiper mais surtout de le créer.
Utiliser l'hélice du temps revient A  se situer dans une attitude prospecti. Cette attitude, comme nous l'avons vu pour le stratège, relè essentiellement d'un état d'esprit. Reprenons chacun de ces cadrans. Le présent, en ce qu'il n'est pas seulement un instant, devient un outil aux possibilités plus ou moins étendues selon la voonté de celui qui l'utilise. Il peut aller, par exemple, au-delA  d'un mois, de trois mois ou mASme d'une année pour déborder le simple cadre comple. Dans le passé composé se situe l'essentiel des problèmes que tout consultant risque d'affronter. C'est lA , en effet, que se nichent les nostalgies cachées, celles qui empASchent toute évolution rs le futur antérieur.