Un des moyens qui permet l'analyse d'une situation de souffrance, dans l'entreprise, consiste A identifier le style
relationnel de ce système humain. Le style relationnel correspond au mode privilégié de relations qui s'est éli dans l'entreprise pour des raisons qui peuvent AStre fort riées et concerner aussi bien le style du ou des responsables que l'historique de l'élissement ou son activité. MASme si un des styles que je is décrire peut AStre considéré comme privilégié, les autres modes relationnels peuvent fort bien AStre présents mais sur un mode mineur. La ure 12 représente donc les interactions possibles, entre les trois modes relationnels, qui résument l'ensemble des interactions possibles en cas de souffrance. Chaque type d'interaction demande A AStre décrit lui-mASme par deux notions complémentaires, comme le sont les deux faces d'une mASme pièce de monnaie. En effet, pour qu'un type de relation s'impose et se manifeste, il faut au moins AStre deux et répondre chacun A l'une des définitions de la relation, telles qu'elles sont présentées ici.
Protection I Protection
De tous les modes contemporains du dysfonctionnement relationnel des systèmes humains, la protection est le plus fréquent et le plus dommageable. La protection d'une personne vis-A -vis d'une autre personne correspond, pour la première, au pouvoir (au sens où nous l'avons vu précédemment) de se substituer A la seconde, soit dans une prise de décision, soit dans l'anticipation d'un besoin ou d'un désir, soit enfin dans l'aménagement d'un contexte réputé AStre préférable pour cette personne. Protéger quelqu'un en revient ainsi facilement A se substituer A cette personne. Se mettre A la place de l'autre, c'est donc lui retirer une parcelle plus ou moins grande d'existence, c'est ne pas reconnaitre sa spécificité et lui dénier souvent tout apport possible de reconnaissance. Une des principales caractéristiques de la protection est qu'elle est toujours réciproque, alors qu'en apparence elle se fait dans un seul sens. LA également, un lien relationnel de protection est apparent, et l'autre, en retour, est caché en étant tout aussi puissant. Mais l'un et l'autre des protagonistes sont ainsi liés par une loyauté qui s'est elle-mASme constituée sur un mécanisme de dettes dont j'ai déjA eu l'occasion de décrire la force et la pertinence dans les liens au sein de l'entreprise.
Sur un plus pragmatique, la protection génère un processus d'enkystement. Cela signifie qu'un sous-système de l'entreprise, par exemple un service ou une filiale, tend A fonctionner selon ses propres règles dans une autonomie de plus en plus grande. Les membres de ce sous-système augmentant la charge émotionnelle de leurs liens par une interdépendance de plus en plus grande, elle-mASme basée sur des liens de protection de plus en plus étroits. J'ai déjA eu l'occasion de mentionner ce mécanisme A propos du fonctionnement qui préut dans certains contextes hospitaliers.
En voici un autre exemple :
L'entreprise d'informatique A rachète une autre entreprise d'informatique B. Elles sont de tailles ables et offrent de belles perspectives de synergie. Cependant, dès que le rachat est annoncé il est possible de , constater, A qui veut le voir, dans un sous-système de l'entreprise B, par exemple la compilité, un certain nombre de faits. En effet, dans ce service de six personnes la fréquence et le nombre des arrASts maladies augmentent sensiblement, les liens extra professionnels (plus difficilement éluables) également. Insensiblement ce service a tendance A se refermer sur lui-mASme, dans l'émergence de liens de protection mutuels, pour AStre de moins en moins utile A l'ensemble de l'entreprise dans un enkystement protecteur vis-A -vis d'une menace, réelle ou supposée, de disparition ou d'englobement par la compilité de l'entreprise A.
Peterisation I Prématuration
Le principe de Peter est maintenant bien connu. Il décrit, dans les systèmes A hiérarchie pyramidale, le processus qui veut que chacun se hausse irrémédiablement vers son niveau d'incompétence. L'ensemble de ce processus me semble pouvoir AStre décrit, dans ses origines aussi bien que dans ses conséquences, selon trois étapes.
La première étape est la disqualification. Il est en effet réducteur de considérer que l'accession au niveau d'incompétence est simplement la résultante du fonctionnement de tout système. Ce sont des AStres humains qui conA§oivent, constituent et gèrent ces systèmes. Cela signifie que les AStres humains sont également capables, selon leur propre logique, de se mettre et de mettre leurs semblables dans cette logique d'incompétence. Autrement dit, nous sommes tous en mesure de nous disqualifier nous-mASmes (auto-disqualification) ainsi que de disqualifier les autres (hétéro-disqualification). Ce double processus abouti A la mise en évidence d'une personne comme porteuse d'incompétence.
Il n'est de peterisation sans délégation. C'est la deuxième étape. On ne peut abandonner une position sans AStre en mesure de la transmettre A autrui. Cette délégation peut se faire de manière tout A fait ouverte ou tout A fait cachée. La prématurité complète la mise en place du processus. De la mASme faA§on qu'une personne se trouve décalée vers le bas, c'est-A -dire placée dans un niveau d'in-cotnpétence par excès hiérarchique, une autre personne se trouve décalée vers le haut, c'est-A -dire placée dans un niveau de sur-compétence par déficit hiérarchique.
La seconde personne est soumise A un processus de prématuration, elle fait plus que ce que son rôle suppose.
De la mASme faA§on que la protection aboutit A l'enkystement d'une partie du système, le processus de peterisation et ses conséquences aboutissent A une inadéquation entre rôle et fonction, ou plutôt entre position hiérarchique et compétence. Cette inadéquation a tendance A se répéter A d'autres niveaux hiérarchiques par un processus de contagion. Tout se passe comme si le mauis exemple ait tendance A laisser se proer un mode d'interaction qui, en fait, n'a pas que des désantages pour quelques-uns, dans la mesure où cela leur permet d'accéder A un nouveau pouvoir.
Bouc-émissairisation I Victimisation
Il est des systèmes, donc des personnes, qui ne peuvent fonctionner que dans (et par) la désignation d'un bouc émissaire. Une personne devient ainsi l'emblème de tout un groupe. Les traux de René Girard permettent de mieux comprendre l'importance de cette bouc-émissairisation dans le domaine religieux et mythique. Il me parait possible d'étendre ce mécanisme A tous les systèmes humains qui ont besoin de fonder la légitimité de leur histoire sur une dimension sacrificielle. En effet, il n'est de meilleur ciment, pour tout système humain, que le rapprochement émotionnel inhérent au sacrifice du bouc émissaire. Le bouc émissaire est le réceptacle de tout ce que nous rejetons de nous-mASmes, il est un miroir auquel nous n'acceptons de nous confronter que dans sa mort ou sa disparition. Mais, pour qu'il y ait bouc émissaire il faut qu'un candidat soit prASt A accepter ce rôle, il faut qu'un individu soit lui-mASme prit dans une logique de victimisation pour répondre A la demande spécifique du groupe. La victimisation est la dimension individuelle de la bouc-émissairisation, son pendant psychologique et relationnel.
Dans toute entreprise existent des fauteuils éjecles ou des services boucs émissaires. Généralement ces fauteuils ou ces services sont placés en des points bien précis du système, A l'interface entre plusieurs sous-systèmes, lA où les tensions sont susceptibles de s'accumuler et de se manifester. Par exemple, dans un organisme international, le service de traduction est le mieux A mASme de jouer ce rôle car il constitue un passage obligatoire pour tous les documents qui alimentent l'organisme et recueille donc toutes les récriminations possibles : s'il y a un problème quelconque c'est, bien évidemment, A cause de la traduction. Les services informatiques sont également de bons candidats A la boucémissairisation. Ainsi, la conséquence logique de ce processus est le rejet et notamment le rejet itératif dans la mesure où, dans certains systèmes, cette dynamique se répète, selon le mASme besoin de mettre A l'écart la plus mauise partie de soi.