Les études sur la communication se sont développées, aux Etats-Unis, A  partir des années quarante. C'est un anthropologue, Grégory Bateson, qui en a été l'un des principaux initiateurs. Pourquoi un anthropologue comme Bateson s'est-il intéressé A  la communication ? Il aurait pu, comme les autres, se consacrer A  l'étude de la culture, A  la description des rites d'initiation ou A  la aison des langages. En fait Bateson s'est posé la question de son statut d'obserteur face A  une personne, un groupe de personnes ou une situation supposés AStre observés. Il est arrivé A  la conclusion suinte : un obserteur est contenu dans ce qu'il observe. Pour mettre en évidence l'effet de l'obserteur sur l'observé, il a placé, dans l'objectif de son appareil photographique, un miroir de 45 degrés qui lui permettait de saisir sur la pellicule des personnes qui ne pensaient pas AStre photographiées.
Autrement dit, l'obsertion neutre n'existe pas. L'obserteur est impliqué dans ce qu'il observe, il ne fait que projeter sa propre vision du monde. Nous y reviendrons notamment A  propos du statut du consultant dans l'entreprise.
Il reste que, grace A  Bateson, une des illusions les plus tenaces de la psychologie, la neutralité de l'obsertion, était sérieusement remise en question. Dès lors la suite ne pouit qu'AStre sensiblement différente. Les sciences humaines qui, selon la belle expression de Lévi-Strauss, ne prétendent AStre des sciences -que par une flatteuse imposture -, ont dû abandonner l'idée qu'elles pouient AStre - dures -. En effet, il est classique d'opposer les sciences - dures - aux sciences - molles -. Les premières étant sérieuses, les mathématiques ou la physique, les secondes l'étant moins, comme les sciences humaines qui nous intéressent ici. Une des caractéristiques prAStées, A  tord, aux sciences dures est précisément cette neutralité. D'une certaine faA§on les sciences molles, en ignorant la présence de l'obserteur dans ce qu'il observe, prétendent AStre plus - dures - que les sciences dures. Car il y a bien longtemps que ces dernières ont abandonné cette certitude ou, plutôt, ce qui n'est qu'une croyance bien conforle.
A€ partir du moment où l'obserteur est contenu dans ce qu'il observe, l'un et l'autre forment eux-mASmes un système selon la définition classique, c'est-A -dire un ensemble d'éléments en interaction. Il y a donc ainsi, pour le moins, deux niveaux d'interaction, deux niveaux d'analyse possibles en termes de communication. Le premier concerne les interactions internes au système considéré ; le second se rapporte directement A  tout ce qui regarde les liens entre l'obserteur et l'observé. C'est ce qui fait, encore une fois, que nous sommes dans le domaine de la complexité. Tout ce qui concerne la communication est donc indissociablement lié au système, A  l'analyse qui peut en AStre faite ainsi qu'aux actions qui peuvent y AStre menées.
Un consultant ne sachant pas communiquer reste dans l'impossibilité d'intervenir de faA§on efficace dans le système, de la mASme faA§on qu'un consultant ne sachant pas construire une stratégie ne peut aller au-delA  de l'illusion que lui apporte son (éventuel) charisme. C'est la raison pour laquelle le chapitre suint sera consacré aux techniques de communication et A  l'utilisation qui peut AStre faite de certaines de ces techniques.