La Russie est un pays de vieilles et grandes civilisations, fort de son histoire qui a commencé il y a plus de 1 000 ans, et de son espace qui chevauche l'Europe et l'Asie. Ces civilisations ont produit au fil du temps des cultures et des traditions qui ont faA§onné l'identité de ses peuples, et donné naissance A  une création artistique et littéraire qui appartient au patrimoine européen.
La Russie d'aujourd'hui est en crise, inévile dès lors qu'il s'agit d'abandonner un système pour en innter un autre, tandis que, simultanément, l'ourture du pays A  l'extérieur le confronte au processus de mondialisation des échanges issu de l'interdépendance des marchés et du déloppement technologique. Cette gigantesque mutation s'accomplit sous nos yeux, ac ses heurts et ses incertitudes, ses avancées sount foudroyantes, et parfois ses retours en arrière.
Aussi la crise est politique, économique et sociale, mais elle est également, et profondément, culturelle. Les certitudes anciennes se sont évanouies, les repères traditionnels ont disparu. Un -continent mental- a bougé, s'est effrité, menace de s'engloutir dans le néant.
Tout aurait-il été vain? Du passé faudrait-il faire le rase, pour le vouer soit A  l'oubli soit au mépris? Et les voies de l'anir ne devraient-elles AStre tracées qu'en mimant les modèles importés et en consommant les images nues d'ailleurs? Cette déri a paru quelquefois avoir ses zélateurs, alors que pourtant rien ne construit sans la mémoire. Elle a au reste, immanquablement, suscité son exact opposé, A  savoir la tentation du repli, par la négation du changement, la captation de l'héritage, et le refus de l'influence étrangère. Car c'est bien dans ce vide du sens, dans cette absence de la mémoire que certaines forces peunt vouloir s'engouffrer pour transformer les nostalgies en crispations identitaires.
La culture est dans cette perspecti un instrument essentiel de recomposition des valeurs, afin de permettre A  chacune, A  chacun, de trour, ou retrour, tout simplement la dignité: dignité perdue, étiolée, étrangère A  soi, ou logée dans le regard ironique des autres. Tout, du temps d'autrefois, n'est pas A  rejeter, ne serait-ce qu'une vie de travail et d'efforts quotidiens, et le futur ne se prépare pas sans élucidation du passé ni méditation sur le présent.
Il n'y a pas de solution simple, il n'y a pas d'évidence lumineuse, et toute situation a sa part d'ombre et de lumière. En changeant de monde, la Russie est entrée dans l'ère de la complexité. Celle-ci n'est pas A  redouter, il faut au contraire en faire l'éloge: complexité dans la coexistence des secteurs public et privé, complexité encore dans le compromis des pouvoirs et les conflits d'intérASt, complexité toujours dans l'entremASlement et l'échange des cultures, complexité enfin dans la confrontation de la tradition ac l'innovation.
La culture n'est pas une valeur refuge, qui serait distillée dans des temples, A  l'intérieur desquels l'on serait, comme dans un havre de paix, A  l'abri des turbulences du monde. Elle est au contraire une présence dans la vie quotidienne, une dimension de l'existence, elle reflète l'esprit de l'époque, la meurtrissure des passions, la gestation d'une société noulle,
La Fédération de Russie apprend la démocratie. Disons-le d'un mot: la culture en est la condition, pas l'hypothétique résultat qui serait concédé au terme d'un processus où ce qui est supposé essentiel aurait été distingué de ce qui est réputé -accessoire-. Comment la liberté, la tolérance, la solidarité peunt-elles vivre et s'épanouir, si des valeurs ne sont pas partagées en commun, si les idées ne s'échangent pas dans le respect des différences, si les identités, individuelles et collectis, ne peunt se reconstituer, se rassembler, s'apaiser?
C'est pourquoi ce rapport s'autorise A  plaider pour la définition et la mise en ouvre d'une noulle approche destinée A  favoriser l'essor de la vie culturelle. Celle-ci ne se réduit pas A  des moyens financiers accrus, des procédures de décision modernisées, des relations clarifiées entre le gournement fédéral et les autorités régionales et locales, si indispensables que puissent apparaitre de telles mesures. Elle suppose aussi, et d'abord, une autre attitude, et une ambition noulle. Le lien entre la culture et le déloppement global, l'apport de la culture A  la promotion d'une société civile riche et entreprenante, le rôle de la culture dans la recherche de nouaux repères et de noulles références, tels sont quelques-uns des concepts clés qui ont été avancés.
En définiti, la Fédération de Russie mérite une grande politique culturelle, A  la mesure de son rôle historique et de son poids dans le monde. Notre propos n'a d'autre objet qu'en poser les prolégomènes.