NAVIGATION RAPIDE : » Index » MANAGEMENT » management général Quand l'entreprise bouscule le statut, le cadre vacilleAc la fin des années 80, les cadres n'ont plus été les metteurs en scène des changements d'organisation au sein de leur entreprise comme c'était le cas depuis le premier choc pétrolier. Au contraire, ils sont denus la cible de ces transformations profondes dont le rythme s'est accéléré depuis, au point que le pilotage d'incessants changements semble AStre denu une habitude des stratégies et des pratiques de management. L'économie d'entreprise est entrée dans l'ère des restructurations permanentes. En outre, depuis une quinzaine d'années, les entreprises ont compris que pour mieux maitriser le changement continuel, elles devaient tout simplement aussi - restructurer - leur encadrement. Comme d'autres domaines de la gestion, la stratégie d'entreprise suit sount des modes qui n'ont rien d'anecdotiques. Ainsi, après les excès du reengineering, le principe du recentrage sur le cour de métier reste ancré dans les pratiques. La place de plus en plus déterminante des actionnaires dans les logiques financières des grandes firmes a conduit celles-ci A vouloir rendre leurs performances plus lisibles. En cela, l'existence d'un portefeuille d'activités très dirsifié a rapidement été perA§ue comme un handicap. Sous la pression des actionnaires, les dirigeants ont donc recherché des conurations d'entreprises spécialisées et centrées sur leur cour de métier, c'est-A -dire fondées sur un ensemble d'activités proches et facilement analysables. Cette logique a fleuri surtout dans des secteurs - murs -. Ainsi, Rhône-Poulenc s'est-il séparé de sa chimie et d'autres activités moins lucratis que la pharmacie, avant de fusionner ac un autre - pharmacien - européen pour atteindre une taille critique suffisante. La course au gigantisme n'est pas une histoire récente, mais elle vient parfois s'ajouter A la volonté de clarifier les conurations productis des firmes. Aussi s'accomplit-elle sount par des opérations de croissance externe et de rachats. De cette faA§on, les grandes entreprises cherchent A obtenir des économies d'échelle pour lutter plus efficacement dans un champ concurrentiel largement mondialisé. La valse des stratégies et des hiérarchies Ces deux phénomènes, recentrage et augmentation de la taille, sont, bien sûr, synonymes de restructurations, fusions et acquisitions. Ces incessants changements de périmètres ac les modifications de noms, de marques, de produits, de services qui s'ensuint, placent les cadres dans un tourbillon qu'ils ne maitrisent pas. Une entreprise peut AStre ndue, rachetée par un concurrent, - relookée -, débaptisée, filialisée plusieurs fois en une décennie. Les stratégies sont alors régulièrement - corrigées -, les dirigeants remplacés, les objectifs revus. Les cadres souffrent davantage qu'auparavant de ces transformations sans fin. Dans une enquASte de l'APEC réalisée en 1998, la réorganisation des entreprises apparait comme le deuxième facteur de leurs difficultés professionnelles (35 % des répondants). L'insilité qui règne dans certains groupes se traduit pour eux par un turn-or de leurs propres hiérarchies et par des revirements stratégiques dont le bien-fondé ne leur apparait pas nécessairement et qu'ils devront pourtant - ndre - A leur équipe. - Il faut signaler que depuis deux ans nous avons changé de direction plusieurs fois, explique une femme-cadre de 53 ans travaillant dans la fonction contrôle de gestion. A chaque fois, il y a des revirements de stratégie, des modifications d'outils informatiques Vous AStes obligé de jongler ac différents logiciels qui proviennent des filiales intégrées ou de la noulle maison-mère On perd vite un temps fou -. Dans une enquASte menée auprès d'anciens étudiants de l'ESCP-EAP, les 1 133 répondants expliquent pourquoi ils pensent que ce que l'on attend d'eux est fluctuant : parce qtie les supérieurs changent sount (26 %), parce que les marchés et les technologies évoluent rapidement (67 %) et les structures des entreprises aussi (58 %)'. Ces transformations incessantes, doublées de la complexification des structures et de l'accroissement de la taille des grandes entreprises, provoquent un sentiment de flou vis-A -vis de la stratégie, d'absence de concertation et d'éloignement ac la direction générale. Ainsi, dans une enquASte Liaisons Sociales-Manpower, 24 % des cadres interrogés sont inquiets pour leur anir. Ce sont surtout les cadres des grandes entreprises et ceux qui n'ont pas de fonction managériale qui disent AStre insuffisamment associés aux décisions prises A la tASte de leur entreprise2. Flexibilité, le maitre-mot Dans le mASme temps, se déloppe un autre discours essentiel dont on n'a pas encore fini de mesurer l'ampleur et les effets : celui de la flexibilité. Certes, les grandes entreprises grossissent mais elles le font en dégraissant la ligne hiérarchique et en se subdivisant en petites entités autonomes. Les organigrammes - plats - ou - light - sont denus une fierté pour bon nombre de dirigeants franA§ais qui, traditionnellement, avaient l'habitude de créer une multitude de niaux hiérarchiques pour assurer le commandement et la progression d'un nombre croissant de cadres. L'encadrement intermédiaire est celui qui a le plus souffert de ce type de politique très en vogue dans les années 80. La mise en place de - centres de profit - est l'autre grande solution pour assurer une flexibilité organisationnelle. En donnant A une petite entité une autonomie budgétaire, les grandes entreprises ont cherché A améliorer leur contrôle sur les résultats d'équipes A - taille humaine -. Informatisation et systématisation des techniques avancées de contrôle de gestion n'ont fait que faciliter la mise en place de ces multiples - PME de grands groupes -. Autre source de flexibilité organisationnelle, celle qui consiste tout simplement A externaliser certaines fonctions supports. Des entreprises n'hésitent plus A se séparer de leur service informatique, de l'entretien, du gardiennage des locaux Outre la classique sous-traitance (du recrutement, de la formation en passant par l'accueil téléphonique ou la production d'un élément entrant dans le produit final), se déloppent donc des pratiques d'outsourcing qui permettent de rendre les charges variables. Ainsi, en cas d'A -coups de la croissance, l'entreprise n'a qu'A revoir son contrat commercial ac son ancien service outsourcé A une société spécia lisée. Du jour au lendemain, des cadres et ingénieurs sont ainsi ndus A des sociétés qui, le plus sount, procèdent A des - dégraissages - au bout d'un an. Ils quittent en outre, lors de ces opérations, une activité fonctionnelle au sein d'une entreprise - donneuse d'ordre - pour entrer dans une logique de prestataire de services spécialisé dans un domaine, subissant du mASme coup la concurrence frontale d'autres prestataires de services. L'exemple de la gestion de projet illustre A merille la mise en pratique de ce double souci de flexibilité et de délégation A des entités autonomes. Très en vogue dans les années 80, elle s'est répandue A grande vitesse, au point que l'on ne sait plus toujours A quoi elle correspond vraiment aujourd'hui. Au départ, la gestion de projet a été conA§ue pour améliorer les processus d'innovation. Apparue aux Etats-Unis A la fin des années 40, elle a connu de nombreuses transformations au cours des années 1980 et 1990. Elle est plus que jamais synonyme de travail en équipe autonome et de transrsalité. Participer A une équipe projet consiste en effet A côtoyer différents collègues de l'entreprise (voire d'autres entreprises) appartenant A des fonctions et métiers dirs. La logique hiérarchique et rticale est remise en cause, la volonté affichée étant de rendre les processus de création de valeur moins cloisonnés (plus transrsaux). Comme l'indique Thierry Picq, professeur A l'EM Lyon : - L'intérASt du projet est donc de mettre en avant les hommes, leur énergie et leur passion plutôt que les structures hiérarchiques. C'est une occasion de mener une anture professionnelle complète, du début A la fin, et de la vivre A plusieurs-l. Relatiment petites et non hiérarchisées, les équipes sont placées sous la responsabilité d'un chef de projet qui est seul A rendre des comptes sur l'état d'avancement des travaux. L'équipe projet ressemble ainsi A une sorte de - centre de profit - qui orchestre de faA§on flexible la créativité d'un ensemble de salariés hautement compétents. Enfin et ce n'est pas le moins anodin, tous les membres d'un projet se retrount sous pression du début A la fin de l'anture. En effet, la mise en place d'un tel système de management répond A la volonté des entreprises de diminuer les coûts de conception, réduire les délais et améliorer la qualité. Or, la gestion de projet permet d'augmenter fortement la chrono-compétition, de stimuler la créativité en cassant les habitudes de travail par fonction et service, ainsi que d'anticiper plus vite les changements qui se font jour sur leurs marchés. Se remémorer l'image du cadre d'hier suffira donc amplement pour entrevoir l'écart creusé ac le - nouau cadre - en gestation au sein de ces structures par projet. Un costume statutaire made in France Ce n'est pas tout. Outre ces changements de formes d'entreprises et d'organisations du travail, une troisième mutation est en train d'avoir un impact important sur les cadres. Il s'agit de l'internationalisation. Il suffit de rappeler les propos d'un DRH d'une entreprise franA§aise de grande distribution largement internationalisée pour sentir combien ce qui se joue lA est essentiel : - Vous me demandez combien il y a de cadres dans mon entreprise au niau mondial ? Je ne pourrais vous répondre. Par contre, je sais combien il y a de managers ! -. Dès qu'une entreprise franA§aise franchit le seuil du territoire national, elle semble renoncer A penser en termes de cadres. De son côté, lorsqu'un cadre franA§ais trarse les frontières de sa Gaule natale, il doit rapidement se rendre, lui aussi, A l'évidence : trour un salarié qui lui ressemble, qui est vAStu du mASme costume statutaire est quasi impossible. Le - cuadro - italien embrasse une réalité trop large é A lui. Mais, comme en France, il est aisé de le distinguer nettement du - dirigento -. Ainsi que l'indiquent Frank Bournois et Ys-Frédéric Livian dans une étude très complète : - La plupart des pays utilisent différents termes mais possèdent un continuum plutôt que des frontières claires au sein du groupe des "managers", la France étant une exception A cela - '. Dans le reste de l'Europe, comme au Japon et aux Etats-Unis, ni le système scolaire (et donc le diplôme), ni la loi (tribunal, réglementation fiscale, organisations catégorielles) ne viennent délimiter une double frontière claire entre d'une part, les non-cadres et les cadres, et d'autre part, les cadres et les dirigeants. On comprendra alors l'importance des pratiques de gestion du - passage cadre - en France, en particulier dans les grandes entreprises industrielles où le faible taux d'encadrement, doublé d'une forte présence d'ingénieurs, perpétuent le mythe du fameux statut. Cours du soir, tests, obtention de diplômes élevés et période probatoire, aboutiront pour les plus acharnés et les plus méritants A remporter la palme lors d'une cérémonie d'adoubement en présence de la - haute direction -. L'accès au statut de cadre par la promotion interne constitue de fait un levier important de motivation dans certains secteurs de l'industrie et du commerce. Aussi, certains DRH franA§ais n'en souhaitent-ils pas la disparition car il représente A leurs yeux un outil de gestion stimulant pour des publics non cadres et prometteurs. Pour visualiser cette dirsité des situations nationales, on peut aussi tenter de er les taux d'encadrement selon les pays. Faible dans les pays d'Europe du Sud (entre 9 et 14 %), il est plus élevé en Europe du Nord (entre 22 et 27 %). Mais ce découe cache des exceptions (comme la Grèce et l'Allemagne) et doit AStre interprété ac une grande prudence. Utilisé dans de nombreux pays (Royaume-Uni, Etats-Unis, Pays-Bas, Suède, Norvège), le terme de manager cache lui-mASme des distinctions propres A chaque contrée et A chaque entreprise qui s'articulent autour d'appellations ne renvoyant A aucune - origine contrôlée - : senior manager, top manager, middle manager, junior manager, supervi-sory manager, first-line manager Dans ces pays, les ingénieurs occupent sount une place moins enviée que celle de leurs homologues franA§ais. L'age, l'expérience, la nature intellectuelle du travail, la délégation de pouvoir et l'étendue des responsabilités sont autant de critères qui entrent en jeu lors de l'attribution du titre de manager. Mais n'étant pas contrôlé ou encadré légalement au niau national, son obtention ou son retrait dépendent uniquement de l'employeur. Des modes de pensée américanisés Pour un cadre franA§ais, les occasions de se trour en contact ac des managers étrangers sont de plus en plus nombreuses. On peut retenir 1986 comme l'année de décollage des instissements directs des entreprises franA§aises A l'étranger. C'est A cette période que les instissements directs des entreprises étrangères en France commencent également A prendre des proportions imposantes. Ainsi, plusieurs dizaines de milliards d'euros sont dépensés chaque année dans le cadre d'opérations de fusions-acquisitions internationales. En 1995, les groupes franA§ais contrôlent 6 900 entreprises étrangères contre 3 900 en 1989 ; dans le sens inrse, 6 500 entreprises en France sont contrôlées par 1 400 groupes dont l'entreprise de tASte est étrangère. Les conséquences de telles opérations d'internationalisation sur la gestion des ressources humaines sont visibles A tous les niaux hiérarchiques. Pour commencer, c'est A la tASte des états-majors que s'effectue le brassage des nationalités. Ainsi AXA, Alcatel, Carrefour, Danone, Degremont, Sylea ont un ou plusieurs - non-franA§ais - dans leurs instances de direction. De mASme, de nombreuses sociétés étrangères imtées en France sont dirigées par des équipes pluriculturelles (Colgate Palmoli, Disneyland Paris, Fiat France, Glaxo Wellcome France, Henkel France). Une logique identique est sount choisie pour la constitution des équipes de cadres supérieurs qui participeront A l'intégration d'une société étrangère rachetée. Ainsi, Lafarge possède toute une batterie de procédures lui permettant d'assurer cette phase délicate en un temps court (six mois), grace, entre autres, A l'échange croisé de 100 cadres entre la société-mère et la société noullement acquise. Au-delA des ces pratiques propres aux grands groupes qui assurent leur croissance externe par des rachats successifs, toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, peunt avoir A expatrier un cadre. Et dès qu'elles choisissent de dépasser les strictes logiques d'exportation de leur production pour se délopper A l'international, les questions de cultures nationales se posent. Il ne s'agit pas, ici, de simples subtilités de vocabulaire. Dans les petites entreprises, une telle modification des modes de pensée n'est pas très sensible. Mais dès que l'entreprise dépasse quelques centaines de salariés et, surtout, dès qu'elle décide d'avoir une politique d'imtation durable A l'étranger, alors les cadres franA§ais n'ont qu'A bien se tenir !
Les mutations de la société ne sont donc pas les seules A affecter les cadres et leur statut. Parce que les entreprises doint tracer autrement leur chemin rs plus d'efficacité, elles ont, elles aussi, toutes les bonnes raisons de demander aux cadres de travailler autrement et de descendre de leur piédestal. Mais que reste-t-il donc A ceux-ci ? Ils ne croient plus en leur syndicat naturel ; les entreprises n'hésitent plus A les licencier et A leur demander de se plier A leurs noulles exigences C'est du côté de la carrière que doit forcément se trour la réponse. En effet, les cadres ont joui durant plusieurs décennies d'un attribut qui les distinguait fortement des autres salariés. Ils pouvaient avoir accès, de faA§on relatiment automatique, A des systèmes de promotions salariales et d'augmentations de leurs responsabilités. |
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