NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » POLITIQUE éCONOMIQUE » Extraits des etudes et rapports du conseil de l europe Russie - le cas de la république du tatarstanLe Tatarstan est l'une des vingt et une républiques de la Fédération de Russie, ac 3,7 millions d'habitants. Situé A la jonction de la Volga et de la Kama, il est constitué pour l'essentiel d'une plaine de basse altitude, et a une superficie de 68 000 km'. D'origine turque, et descendants des Mongols de la Horde d'or, les Tatars s'élirent dans la région au XIIIe siècle, et fondèrent le khanat de Kazan. Ils perdirent leur indépendance en 1522 lorsque Ivan le Terrible annexa le pays. En nombre 1917, le régime soviétique fut instauré A Kazan, et, en mai 1920, la R.S.S. autonome des Tatars fut créée. En 1994, un traité a été signé entre le Tatarstan et la Fédération de Russie, reconnaissant les deux Constitutions, et permettant au premier de mener sa propre politique économique ainsi que de signer des accords interétatiques. Un équilibre, ou un compromis, dont on ne peut préjuger de la dura-bilité, a été ainsi trouvé sur la question de l'indépendance rendiquée par les Tatars. Un certain nombre de caractéristiques méritent d'AStre notées. D'abord, sur les 3,7 millions d'habitants, 48,5 % sont tatars, 43,3 % russes, et 8,2 % sont constitués des autres groupes: 107 nationalités résident dans la république, parmi lesquelles les Oudmourtes, les Maris, les Tchouvaches, et d'autres. Mais la majorité des Tatars vit A l'extérieur du Tatarstan, puisque le nombre total est estimé A 7 millions. Ce point est fondamental car il en résulte que la question de l'identité culturelle tatare ne concerne pas la seule République du Tatarstan, mais l'ensemble de la Fédération de Russie. Au surplus, il convient d'ajouter que certains Tatars vint dans les noulles républiques indépendantes (au Kazakhstan, par exemple), et que la diaspora s'étend aussi en Chine, en Australie, aux Etats-Unis. S'agissant des religions, l'islam est la plus répandue, constituant 333 des 444 communautés religieuses du pays. [] Le Tatarstan est une république encore peu connue A l'extérieur de la Russie. Son peuple a su cependant maintenir sa spécificité et sa langue au cours de l'histoire, et ses traditions culturelles et artistiques ne sont pas négligeables. L'urbanisation du pays a accomné, dès le XIXe siècle, son industrialisation, et l'unirsité de Kazan a été créée dès 1804. Celle-ci ne s'enorgueillit-elle pas d'avoir accueilli et formé non seulement Tolstoï et Lénine, mais encore le chanteur d'opéra Chaliapine et le danseur Noureïev? Ces deux artistes célèbres ont, au reste, donné leur nom A des festivals qui se tiennent annuellement dans la capitale. Ce substrat historique et culturel représente un atout. Un autre atout est constitué par le réseau des institutions culturelles imté dans la capitale comme dans le reste du pays, qu'il convient de décrire rapidement. En matière d'enseignement artistique, le Tatarstan dispose d'un réseau important de 110 institutions. Au sommet se trount deux élissements d'enseignement supérieur, tous deux financés par le ministère de la Culture de la Fédération de Russie (au titre des 200 institutions culturelles d'importance fédérale): le conservatoire de musique et l'Académie de la culture et des arts. Ces deux structures dispensent un enseignement de haut niau, accueillent 2 000 étudiants en tout, dont certains en pronance de pays étrangers. A Kazan mASme, se trount 55 écoles ou collèges A vocation d'enseignement artistique, dont 25 sont sous la responsabilité de la ville. Sur le de l'enseignement général, on peut par ailleurs noter que, sur les 2 400 écoles que compte le Tatarstan, 1 200 enseignent en langue russe, 1 100 en langue tatare, une centaine en langue tchouvache. [] Les institutions culturelles, comme les artistes, ont certes de gras difficultés financières, le budget de la République du Tatarstan étant, A l'instar du budget fédéral, soumis A de très fortes tensions; ainsi, les salaires de certains agents sont payés irrégulièrement. Il reste que ces institutions assument tant bien que mal leur rôle, et que, pour autant que le groupe d'experts puisse en juger ac sagacité au terme d'une trop courte visite, la fréquentation du public parait satisfaisante. Les plus grosses structures dans le domaine du spectacle vivant, du patrimoine et de l'enseignement constituent ainsi une gamme d'institutions de référence, A la dimension plutôt imposante, et toutes situées dans la capitale. En matière d'information et de communication, l'évolution est sensible par rapport A la période soviétique, selon les dires du ministre de l'Information et de la Presse de la république: liberté d'expression, déloppement de nombreux journaux et magazines (plus de 300 publications), création de 150 maisons d'édition, etc. En raison de l'étroitesse de l'aire de diffusion, l'Etat subntionne les journaux, et, A l'instar du gournement fédéral pour les ouvrages en langue russe, assure le financement des manuels scolaires en langue tatare. La radiotélévision publique diffuse quelques heures par jour, A la fois par voie hertzienne et, dans les villes, par le cable. La volonté des autorités publiques de préserr la langue et la culture tatares est évidente, puisque celles-ci sont un élément essentiel de l'identité nationale. Il semble aussi qu'a été perA§u le rôle que peut jouer la culture dans le déloppement économique du pays, sans que toutefois toutes les conséquences concrètes en aient été tirées, ni qu'il ait été décidé d'en faire une vérile priorité de l'action gournementale. La situation financière du pays est de fait très difficile, nonobstant l'avantage relatif dont bénéficie le Tatarstan par rapport A d'autres territoires de la Fédération de Russie. De ce point de vue, le secteur culturel n'est guère plus préservé qu'au niau fédéral: les crédits effectiment rsés aux institutions culturelles sont, ici aussi, inférieurs au montant des crédits annoncés en début d'année. Selon les chiffres donnés par le ministère de la Culture de la république, la part des dépenses culturelles dans le budget public consolidé, c'est-A -dire incluant le budget de la république et des communes, avoisine2 %, soit très sensiblement le mASme pourcentage qu'au niau fédéral. Ce n'est au reste pas la seule aison qui peut AStre faite ac la Fédération de Russie. L'organisation gournementale de la république éclate pareillement les compétences en matière de culture en plusieurs instances: ministère de la Culture, Comité pour le cinéma, ministère de l'Information et de la Presse, exerA§ant la tutelle de l'édition. Le ministère de la Culture de la république est également une administration légère (moins de vingt-cinq personnes), et il soutient prioritairement les grandes institutions culturelles. S'il ne peut AStre totalement affirmatif sur ce point en raison de la brièté de son passage au Tatarstan, le groupe d'experts a eu également le sentiment d'une organisation hiérarchisée et centralisée des pouvoirs publics et aussi de la vie culturelle elle-mASme. La république comprend une cinquantaine de municipalités, incluant dix-neuf villes proprement dites, et quelques milliers de villages et hameaux. Une loi récente a réformé le système de rapports entre le gournement et les communes, en vue de simplifier les modes de financement des secondes. Une subntion globale leur est A présent attribuée, mais chaque budget communal doit faire l'objet d'une approbation préalable par le gournement de la république. Cela vaut également pour la ville de Kazan, qui, ac 1,1 million d'habitants, représente presque un tiers de la population. Il ne semble pas en fait que l'autonomie communale soit très déloppée. Quant aux dépenses culturelles locales, elles sont surtout consacrées au paiement des salaires et de l'entretien courant des structures culturelles. Le Tatarstan dispose certainement de potentialités dans le domaine touristique, qui ne sont cependant pas encore utilisées. L'infrastructure hôtelière est ainsi tout A fait insuffisante. Le patrimoine culturel, notamment monumental, peut AStre un élément fort d'une politique de promotion touristique, et d'ourture du pays rs l'extérieur. La ville de Kazan en est consciente, qui souhaite, par exemple, mettre en valeur son cour historique A l'architecture remarquable. Ainsi, un accord a été passé entre la république et la Fédération de Russie pour la restauration du kremlin de Kazan: 30 % du coût des travaux sont pris en charge par le niau fédéral. [] Dans un autre ordre d'idées, le groupe d'experts s'est demandé dans quelle mesure l'identité culturelle des nombreuses ethnies qui peuplent la république était prise en compte. Minorité culturelle au sein de la Fédération de Russie, quel sort le peuple tatar réser-t-il A ses propres minorités? Faute de temps disponible, il n'a pu examiner cette question, mais il note que, si des écoles dispensant l'enseignement dans les langues minoritaires existent, il n'a pas été fait état, par les dirs interlocuteurs rencontrés, d'initiatis spécifiques dans le domaine culturel. Quels sont les liens de la République du Tatarstan ac le ministère de la Culture de la Fédération de Russie? Des accords ont été signés, l'un en 1991, l'autre en 1995. Ils tendent A financer des programmes communs (par exemple des tournées de spectacles des théatres nationaux, la restauration de livres anciens de la Bibliothèque nationale, etc.), mais surtout A prendre en compte la situation des Tatars vivant A l'extérieur du Tatarstan. C'est pourquoi d'ailleurs des accords similaires ont été passés ac d'autres territoires et républiques de la Fédération de Russie et noullement indépendants (Ukraine, Kazakhstan, Azerbaïdjan). Mais cette volonté de fournir les services les plus variés A la communauté tatare -expatriée- se heurte A l'étroitesse des moyens financiers, ceux de la république comme ceux de la Fédération. Ce n'est cependant pas la seule difficulté. Ainsi la communauté tatare de Moscou est forte de 250 000 membres, soit la troisième par le nombre dans la capitale russe. Toutefois, selon certains de ses représentants, 80 % des membres de cette communauté ne parlent pas la langue tatare et, en outre, la proportion de Tatars dans les couches sociales privilégiées est faible. Avant la révolution, une école et un centre culturel tatars avaient été fondés dans la capitale. Le pouvoir soviétique avait soutenu l'initiati, avant de confisquer les batiments en 1941 pour les besoins de la guerre. A ce jour, la communauté tatare n'a toujours pas retrouvé de lieu fixe pour ses besoins propres d'éducation et de culture, et le dossier est encore en discussion ac les responsables de la ville de Moscou. Aussi, les représentants de la communauté tatare déplorent la faiblesse de leur pouvoir de pression, qu'ils mesurent A l'aune de celui des communautés jui ou arménienne, disposant, selon eux, de moyens financiers et d'une reconnaissance internationale autrement significatis. Cela amène A une recommandation d'ordre général. La question de la reconnaissance et du soutien des minorités culturelles issues d'un territoire ou d'une république où le peuple éponyme est majoritaire, relè d'abord, en quelque lieu qu'elles se trount, de la responsabilité du gournement fédéral de la Russie. Celui-ci doit iller, par tous les moyens légaux et financiers dont il dispose, au respect des droits de ces minorités, s'assurer qu'aucune discrimination ne les empASche de préserr et de délopper leur culture, et obtenir de l'ensemble des autorités régionales et locales la mise en ouvre des dispositions qu'il édicté A cette fin. Les rendications culturelles des quelques millions de tatars éparpillés sur le territoire russe gagneraient donc A AStre rapidement prises en compte de faA§on globale. Les crédits sont limités certes, et tout ne peut AStre fait de suite; il appartient cependant au gournement fédéral de -fixer le cap-, et de tracer une perspecti claire pour cette communauté. On peut se demander, dans cette perspecti, si les modalités d'interntion et de financement du ministère de la Culture de la Fédération de Russie sont les plus adaptées. Celui-ci prend en charge, on l'a vu, les deux élissements d'enseignement artistique supérieur, et pour le reste subntionne, pour des montants très limités, quelques projets ponctuels. Sans remettre en cause le principe d'un financement régulier fédéral A ces deux structures, qui garantit leur appartenance au réseau national, pourrait-il AStre imaginé que leur poids financier soit A l'anir partagé entre le budget fédéral et le budget de la république? L'économie ainsi dégagée sur le budget du ministère de la Culture serait alors intégralement réaffectée au soutien A des activités culturelles A destination de la communauté tatare A l'extérieur du Tatarstan. Le gournement fédéral pourrait dans ces conditions jouer davantage son rôle d'aide aux minorités et de correction des inégalités. Enfin, un mot doit AStre dit des relations entre la fédération et la république A propos des échanges et contacts internationaux. Les artistes et les directeurs d'institutions culturelles du Tatarstan, notamment dans le domaine du théatre et de la danse, souhaitent manifestement délopper de tels contacts et échanges, actuellement trop faibles. Non seulement l'argent manque, mais encore l'information, le savoir-faire, la pratique des relations internationales. Le gournement fédéral est en outre perA§u comme détenteur d'un monopole en la matière. Il serait souhaile qu'une clarification des responsabilités soit opérée A ce sujet, et qu'un dispositif de conseil technique soit mis en place pour aider les acteur culturels de la république désireux de nouer des liens étendus ac l'étranger. |
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