Deux termes seront opposés ici : le -pourquoi- et le -comment-. Le - pourquoi - alimente le besoin de compréhension d'un phénomène ou d'une situation. Dans une optique systémique, toute tentati de compréhension correspond A une linéarisation d'une partie de ce phénomène ou d'un élément de cette situation. Nous retrouvons encore une fois ici la tendance naturelle de la pensée occidentale qui se déloppe facilement dans une attitude disjoncti, c'est-A -dire celle qui consiste A séparer les dirses parties pour mieux comprendre l'ensemble. Les systémiciens dénoncent ce qu'ils considèrent AStre une attitude réduc-tionniste qui dénature et simplifie A l'excès des phénomènes aussi complexes que tous ceux qui concernent l'humain. La linéarisation d'un phénomène aboutit A ce que chaque réponse A une question qui commence par -pourquoi- ouvre elle-mASme sur une autre question qui débute de la mASme faA§on. Il s'agit lA d'un des modes d'interaction le plus fréquent chez le jeune enfant. L'absence de récursivité empASche, par définition, toute approche systémique. Nous retrouvons ici la notion de logique linéaire que j'ai déjA mentionnée.
D'un point de vue plus pragmatique, expliquer A une personne, en ces termes linéaires, le pourquoi d'une situation, reste sount tout A fait contre-productif en termes de changement. En effet, donner les raisons pour lesquels un phénomène est tel qu'il est, c'est également donner le moyen de ne pas changer ce phénomène. Le comment d'une situation ne concerne pas directement le contenu de cette situation mais directement le processus qui assure la persistance de cette situation. Autrement dit, la réponse A la question qui, A propos d'une situation, commence par - comment - n'explique pas pourquoi cette situation est telle qu'elle est, mais comment des AStres humains parviennent A faire en sorte que cette situation reste ce qu'elle est. Il n'est pas inutile de préciser que ces AStres humains ne font pas en sorte intentionnellement que cette situation persiste. Tout se passe comme si, en l'occurrence, certaines logiques aboutissaient A cette prise de position. Le
travail du consultant consiste précisément A changer ces logiques. Dans la causalité non-linéaire les boucles de récursivité contiennent la problématique du -comment-, elles en possèdent la dynamique. En effet, c'est l'existence de ces boucles qui fait qu'un phénomène où que les conséquences de ce phénomène se perpétuent dans le temps.
Un des paradoxes, bien connu, auquel aboutit la linéarisation d'une situation est celui de la poule et de l'ouf : lequel a précédé l'autre. Comme pour tout paradoxe, les deux propositions sont également valables et la résolution du problème est, par définition, indécidable. Sans prétendre résoudre ce paradoxe, je propose d'adjoindre aux deux termes qu'il pose, la poule et l'ouf, un troisième élément qui est le coq ! La poule peut effectiment pondre des oufs sans l'aide du coq, mais ces mASmes oufs ont besoin de lui pour AStre féconds. Autrement dit, il n'est possible de poser le paradoxe que dans la mesure où le coq est impliqué, mais si le coq est impliqué il ne s'agit plus d'un paradoxe mais d'un processus ou, plus exactement, d'une triangulation où trois termes interviennent pour délopper une mASme logique.