Après le rapport sur la situation des pays de la Communauté, et alors que, faute de passer au niveau politique, j'ais démissionné de la
fonction publique, j'ai été appelé A présider le groupe chargé d'étudier les perspectives de
développement A long terme de la Communauté européenne. L'ant-propos de la commission a dû solliciter ma plume, je ne fais pas état de ce texte. Je retiens ce que j'ai rédigé, l'introduction, la première partie, et, séparément, deux courtes notes de méthode : on mesurera l'imagination qu'appelait une tache aussi neuve que d'esquisser l'avenir commun de six pays jusque-lA séparés, mASme dans leurs cadres statistiques. Par la suite, dans un autre comité, j'ai conincu mes collègues que la aison des chiffres faisait apparaitre l'incompatibilité de toutes les
données de base, qui deient donc AStre corrigées. Mon collègue italien a immédiatement répondu que les éluations du revenu national étaient sur le point d'AStre revues en hausse, et que ce n'était pas fini ; les Allemands ont admis que l'estimation des services était sans doute trop basse ; et quand j'ai dit que les investissements en France étaient certainement plus forts que les chiffres publiés, les nouvelles bases des comptes de la nation m'ont donné raison, en les portant de 18 A 25 % du produit national.
Ant-projet d'un programme d'étude sur l'expansion A long terme
I. Principe de base
Il ne peut AStre procédé que par approximations successives, le modèle d'expansion étant progressivement ajusté A mesure que les possibilités de l'appareil
économique sont mieux connues et que les conditions de l'expansion sont mieux identifiées.
II
Il est commode de commencer par définir, A titre de points de repère, un certain nombre d'objectifs sociaux et économiques, pays par pays. Ces objectifs pourront AStre exprimés en termes d'emploi global, en termes d'emploi par secteur, en termes de revenu global réel, etc., suint le jugement des membres du groupe de trail et les particularités de l'économie de chaque pays.
III
Il convient naturellement que les objectifs soient datés. La date de 1972 pourrait s'indiquer tout naturellement, puisqu'elle constitue le point terminal de la période transitoire.
Par ailleurs, un ensemble d'estimations relatives A l'année 1965 est déjA disponible et il serait dommage de ne pas en tirer parti dans le cadre des prochaines études.
La date de 1972 étant relativement lointaine, la prise en considération d'une date-relais semble de toute manière opportune. Pour le motif indiqué ci-dessus il pourrait AStre souhaile que 1965 soit choisie comme date-relais.
IV
Un certain nombre d'objectifs datés ayant été préalablement définis, et sommairement confrontés, il est possible de poser par pays et pour l'ensemble de la Communauté une hypothèse de développement global en termes du total des ressources disponibles (PNB + IMPORT).
Sur base de cette hypothèse fondamentale les experts pourraient élaborer des projections, chacun en ce qui concerne leur pays. Il serait procédé par étapes successives :
a. A titre de première approximation on pourrait envisager de rechercher quelles sont les conditions de réalisation des objectifs en termes de niveaux de production et emploi par branche (une quinzaine ?) et en tenant compte des effets du Marché commun sur la spécialisation des pays membres, notamment sur les échanges extérieures.
b. Dans une deuxième approximation on s'efforcerait éventuellement de ventiler dantage les niveaux de production par branche et par pays, mais surtout de les préciser si possible par région, de dégager les investissements requis et les niveaux relatifs de salaires prévus (indices de coûts de trail).
En outre on s'efforcerait de tenir compte des incidences de la politique commerciale extérieure de la Communauté.
V
A chaque étape les projections nationales seraient confrontées dans le cadre du groupe en vue d'examiner la compatibilité mutuelle de leurs éléments respectifs.
VI
La construction du modèle d'expansion soulève un certain nombre de problèmes techniques, dont il serait périlleux d'indiquer d'ance par quel procédé on pourra les résoudre. Il serait souhaile d'aborder cette tache avec l'esprit ouvert, d'essayer diverses méthodes et de les accepter ou de les rejeter seulement en fonction de la vraisemblance et de la précision des résultats obtenus.
Propositions sur la marche des traux du groupe d'experts économiques sur les problèmes de structure
Dans la réunion tenue A Bruxelles le 3 avril, il ait été convenu qu'un court
mémorandum serait préparé pour servir de base aux discussions de la réunion du 27 avril. Tel est l'objet de la présente note qui reprend un grand nombre des suggestions discutées dans la précédente séance.
Il est essentiel de marquer au départ en quoi l'effort de prévisions A long terme qui doit AStre mené se distingue d'entreprises précédentes :
' il doit fournir le cadre dans lequel pourront AStre mis en évidence des problèmes qui vont se poser pour des produits ou pour des secteurs d'activité déterminés ;
' il doit mettre en évidence les modifications qui vont résulter de la création du Marché commun et de l'application des dispositions du Traité ;
' il doit mettre en évidence, sur ces bases plus précises, les problèmes de
politique économique générale qui se trouvent posés si l'on veut réaliser le potentiel d'expansion qu'offre la création du Marché commun.
La méthode pratique de trail pourrait AStre la suinte :
I. Examen du document actuellement éli sur l'expansion economique generale (comite mixte - haute autorite - conseil)
Un échange de vues devra avoir lieu dès la réunion du 27 avril sur le document éli par le sous-comité de l'expansion du Comité Mixte.
Les points sur lesquels on demandera aux membres du Groupe de donner leurs réactions sont notamment :
' la relation des importations et des exportations au produit national brut telle qu'elle est prévue pour les différents pays ;
' la relation entre le taux d'investissement et le taux de croissance dans les différents pays.
Ces points paraissent AStre ceux qui permettront de voir les problèmes de cohérence interne et de cohérence réciproque des prévisions.
II DéVELOPPEMENT DES PRéVISIONS
Les prévisions actuelles ne vont que jusqu'A l'année 1965. Des prévisions supplémentaires devront AStre faites pour une année A fixer : il est proposé de prendre l'année 1970.
En outre, il est nécessaire d'arriver A une décomposition des prévisions par catégories de demande et pour un nombre de secteurs de production plus important, A la fois pour préciser les problèmes qui se poseront par secteur et des problèmes de politique générale, par exemple sur les taux d'investissement nécessaires et sur les besoins d'importation.
Il existe actuellement une proposition de nomenclature des secteurs A prendre en considération. D'autre part, on pourra prendre pour base de la discussion les traux faits A l'O.E.C.E. Les documents nécessaires seront joints en annexe A cette note.
Sur la base des méthodes qui auront été discutées, des prévisions devront AStre faites A la diligence des membres du Groupe dans les différents pays. Il est proposé que les études puissent AStre envoyées A la Commission ant la mi-juillet.
Les services de la Commission feront une synthèse des prévisions des différents pays et dégageront un leau d'ensemble qui sera discuté par le groupe.
III. FACTEURS GéNéRAUX AFFECTANT LE RYTHME DE DéVELOPPEMENT ET SA RéPARTITION RéGIONALE
Indépendamment des études prévues ci-dessus et A temps pour pouvoir les influencer, une réunion deit discuter d'un certain nombre de facteurs indépendants de la création de la Communauté ou liés A sa réalisation qui influenceront le taux général de développement et la répartition du développement entre les régions. Il s'agirait notamment :
' des transformations dans les formes et les sources de l'approvisionnement énergétique ;
' de la libération des mouvements de main-d'œuvre ;
' de la politique des transports ;
' des coûts collectifs du développement dans les régions de concentration existante.
IV. Problèmes de politique générale
Il y a lieu d'examiner les objectifs, les taches ou les règles que s'assignent différents pays et de voir si il y a compatibilité avec les taux de développement prévus.
Ainsi pourraient s'élaborer concrètement certains des principes d'une politique de développement pour la Communauté et les Etats membres.
V. Problèmes par industries
Sur la base des prévisions relatives au développement des différents secteurs, on pourra reprendre A un stade ultérieur et en liaison avec les experts des industries l'étude des problèmes particuliers de
concurrence ou de développement qui se posent pour ces industries, notamment les facteurs qui expliquent des différences de prix, tels qu'ils pourront AStre modifiés par les dispositions du Traité sur l'harmonisation, et les répercussions sur la répartition géographique du développement.
Groupe de Trail pour les problèmes de struture et de développement A long terme
Rapport sur les perspectives de développement économique dans la C.E.E. de 1960 A 1970
Sommaire (extraits de l'ant-propos)
Le groupe, placé sous la présidence de M. Pierre Uri, est composé des personnalités suintes :
' M. Wilhelm Bauer, directeur A l'Institut de Recherche économique de la Rhénanie-Westphalie, A Essen.
' M. Albert Kervyn de Lettenhove, directeur du Bureau de programmation économique, de Bruxelles.
' M. Claude Gruson, directeur général de l'Institut National de la Statistique et des études économiques, de Paris.
' M. Saltore Guidotti, Conseiller économique A la Banque d'Italie, de Rome.
' M. Pieter de Wolff, directeur du Bureau central du , de La Haye.
Les premiers résultats du groupe de trail font l'objet du présent rapport, remis A la Commission en juin 1962. Dans la première partie de ce document, le groupe expose les méthodes de trail qu'il a choisies et le programme de trail qu'il a adopté ; dans la seconde partie, il présente des estimations de l'expansion économique globale de la Communauté économique européenne pour la période de 1960 A 1970.
Le groupe a pris comme base de ses traux les résultats constatés pour l'année 1960, bien que la situation conjoncturelle ait pu présenter A cette date certaines divergences selon les pays membres. Le groupe a retenu comme terme de ses projections la fin de la période transitoire, c'est-A -dire l'année 1970 ; cependant, pour faire apparaitre d'éventuelles modifications dans le rythme de l'expansion au cours de la décennie, des projections ont été également présentées pour 1965.
Il a semblé utile de ne pas se limiter A une estimation unique de la croissance escomptée du produit brut, mais d'adopter deux séries de projections.
Les estimations retenues pour l'expansion rient de pays A pays, selon l'évolution attendue de la population active et de la productivité. L'emploi devrait s'accroitre de 7 % pour l'ensemble de la Communauté, mais dans une mesure très riable suint les pays puisque l'augmentation prévue n'est que de 3,4 % pour l'Allemagne, alors qu'elle atteint 14,1 % pour les Pays-Bas. L'accroissement du produit brut par personne occupée atteindrait, pour l'ensemble de la Communauté, 50 % environ au cours des dix années envisagées mais certaines différences existent suint les pays : le produit brut par personne occupée s'accroitrait de 40 % en Belgique, alors qu'en Italie l'augmentation atteindrait quelque 60 %. L'augmentation prévue de la
productivité étant plus forte dans les pays où le produit par personne occupée est actuellement moins élevé, les projections font apparaitre un rapprochement des niveaux de productivité globale, qui est conforme aux objectifs du Traité de Rome et qui résulte, pour une part, de la création du Marché commun.
Les projections économiques nationales agrégées conduisent, pour l'ensemble de la Communauté, A une expansion globale annuelle de l'ordre de 4,8 %, en moyenne de 1960 è 1970, dans l'hypothèse principale d'expansion. Le leau suint résume, pour chaque pays, les résultats atteints entre 1950 et 1960 et les perspectives du développement économique entre i960 et 1970, telles qu'elles résultent du rapport du groupe de trail.
Ainsi le rapport présenté par le groupe de trail permet, d'ores et déjA d'avoir une vue d'ensemble, globale sans doute, mais cohérente du développement de l'économie des états membres d'ici 1970.
Introduction
1. En septembre 1958, la Commission de la Communauté économique européenne a publié un rapport sur la situation économique dans les pays de la Communauté, éli par un groupe d'experts présidé par Monsieur Pierre Uri.
Le rapport ne constituait pas une analyse de la conjoncture A un moment donné, ni un effort de prévision. Il voulait décrire une situation de base A la veille des premières mesures d'élissement du Marché commun européen. Il s'efforA§ait donc de mettre en évidence les traits fondamentaux de la position économique de chaque pays et de la Communauté prise dans son ensemble et les évolutions constatées. En faisant apparaitre les convergences et les divergences dans la structure et le progrès de la production, dans la balance extérieure, dans le système financier et celui
des prix, il apportait des éléments d'appréciation sur les changements que provoquerait l'élissement du Marché commun, sur les adaptations qui se révéleraient nécessaires, sur les points où l'action aurait A se concentrer.
2. Il est apparu qu'un deuxième trail deit faire suite A celui-lA pour tenter d'éclairer l'évolution future. Les problèmes que pose l'élissement du Marché commun, aussi bien aux responsables de la politique économique qu'aux chefs d'entreprises, diffèrent suint le rythme d'expansion constaté dans l'ensemble de la Communauté, dans chacun des pays membres, dans chacune des industries. En particulier, plus les investissements ' qu'ils portent sur les installations, sur la recherche ou sur la formulation des hommes ' doivent produire leurs effets sur une période prolongée, plus il est indispensable d'éclairer les choix. La Commission économique Européenne a décidé de confier au mASme groupe d'experts la mission de dégager les perspectives de développement A long terme.
Le trail entrepris ne constitue pas par. lui-mASme une tentative de ification ; il ne fixe aucun objectif impératif ni pour l'ensemble de l'économie ni pour les secteurs ou les entreprises. Il n'est mASme pas, A la rigueur, une œuvre de prévision. En d'autres termes, on ne prétend pas que les perspectives dégagées doivent se réaliser en tant que telles. La première raison est qu'il y a dans le domaine technique, aussi bien que dans le domaine politique, des modifications imprévisibles, surtout sur une période prolongée ; on ne peut dégager des perspectives que sur la base de certaines hypothèses, qui admettent sans doute un certain rythme de progrès et d'évolution technique, qui excluent cependant les bouleversements. Par ailleurs, des perspectives A long terme se distinguent des déviations conjoncturelles ; elles se rapportent A une tendance cependant que l'activité, dans les années mASmes qui jalonnent la période prise en considération, pourra se trouver plus haute ou plus basse en fonction des fluctuations A court terme. Enfin, l'objet majeur de l'
entreprise est d'éclairer les politiques économiques et l'action des intéressés, de telle sorte que ces politiques et cette action mASme aboutissent A des résultats plus favorables. Entre les termes qui sont courants dans ce domaine, le groupe propose, par opposition A celui de prévision, d'utiliser le terme de projection.
La projection A long terme explicite ses hypothèses, exclut les fluctuations conjoncturelles, ménage leur place aux politiques et aux comportements. Son ambition est de dessiner des tendances qui apparaissent probables si certaines conditions sont remplies, sur lesquelles il est raisonnable que les agents économiques ajustent leurs décisions, qui cependant peuvent n'AStre pas atteintes, qui devraient aussi, moyennant des politiques particulièrement vigoureuses et heureuses, pouvoir AStre dépassées. La projection est un instrument d'action.
Première partie Signification économique des projections
3. Au cours de la période qui s'est ouverte en 1958 se sont associées deux sortes de changements : ceux qui sont dus A la croissance économique, ceux aussi qui sont dus A l'élissement du Marché commun. Il est immédiatement raisonnable de retenir comme horizon des projections le moment où normalement doit s'achever la période de transition prévue par le Traité de Rome, soit l'année 1970, en prévoyant un jalon intermédiaire en 1965. Il convient par ailleurs, en tout état de cause, de tenir compte de certaines transformations technologiques : par exemple la modification des sources d'approvisionnement en énergie ou les progrès de l'automation.
L'élissement du Marché commun change les rythmes et les formes du développement, en précipitant le déclin de certaines productions anti-économiques ou périmées, mais beaucoup plus encore en accroissant les incitations A l'investissement et A la productivité et en exigeant des politiques économiques une orientation plus efficace et rationnelle.
4. Ce rassemblement de plusieurs pays, cette combinaison de deux sortes de changements de structure, comportent pour le trail A accomplir des difficultés évidentes et commandent le choix des méthodes. Les données statistiques disponibles ne sont pas nécessairement homogènes dans les différents pays ; les chiffres n'ont pas mASme nécessairement la mASme signification pour l'avenir, suint qu'il s'agit ou non de pays ayant, comme la France, ou sous une forme différente, la Belgique et les Pays-Bas, un programme économique d'ensemble : les visées numériques ont, A des degrés différents, le caractère d'un objectif ou d'une simple supputation.
5. Quant A la méthode, la combinaison de pays ayant chacun des structures et des conditions de changement qui leur sont propres ésectiune le recours exclusif A un modèle fondé sur un nombre réduit de paramètres et de coefficients. Introduisant essentiellement pour riables la force de trail disponible, le
capital et, dans des constructions plus précises et plus réalistes, un facteur autonome d'amélioration de la productivité, ces formules permettent l'élissement de courbes de développement qui se raccordent de manière satisfaisante aux évolutions constatées. Mais, par son caractère synthétique, cette méthode laisserait précisément de côté le détail des changements de structure, c'est-A -dire des développements inégaux entre les secteurs ou les régions, qui représentent pour l'action les problèmes les plus concrets.
Cet ensemble de considérations explique le choix d'une méthode d'approximations successives, qui aborde le problème par une série de démarches logiquement liées entre elles, en mASme temps qu'elle permet de rechercher et d'élir, suint des critères aussi uniformes que possible, les données chiffrées nécessaires A mesure qu'elle les utilise. On s'efforcera d'en donner ici la
philosophie d'ensemble, en résernt A une deuxième partie l'exposé des premiers résultats.
6. Le phénomène fondamental est qu'A des niveaux de plus en plus élevés de revenu la demande ne croit pas dans les mASmes proportions pour toutes les sortes de biens ou de services. Cela est vrai d'abord si l'on décompose la dépense finale en ses quatre grands éléments : la
consommation privée, la consommation publique, l'investissement (privé et public) et les exportations.
On doit noter au passage que la consommation publique ne se confond pas avec le total des dépenses publiques courantes. Une part considérable des budgets A des transferts dont l'effet est d'opérer un prélèvement sur le pouvoir d'achat des uns pour apporter un pouvoir d'achat supplémentaire A d'autres ; l'effet de ces transferts se retrouve dans la consommation ou dans l'investissement de leurs bénéficiaires.
La consommation publique est donc la demande en biens et services des administrations publiques pour leur fonctionnement, et notamment l'emploi des fonctionnaires. Dans certains de ces éléments, la consommation publique suit une évolution relativement autonome : c'est en particulier le cas des dépenses militaires. Mais d'autres éléments sont liés dans la longue période A l'évolution de la production et de la consommation : ce sont par exemple les frais d'entretien et d'exploitation des réseaux de transports, les charges d'équipement sanitaire et social, les dépenses d'éducation et de recherche scientifique et technique.
L'investissement se décompose en capital fixe et accroissement des stocks. Si l'on élimine les riations conjoncturelles, l'accroissement des stocks résulte de l'accroissement mASme de la production, qui exige des approvisionnements plus importants et qui comporte surtout un développement de la masse des traux en cours aussi bien que des produits en instance d'AStre vendus. Le niveau de l'investissement fixe, public ou privé, a une importance décisive pour le rythme mASme du développement de la production.
L'exportation dépend du niveau de la demande extérieure, de la concurrence d'autres fournisseurs, enfin des marges laissées disponibles par la demande intérieure.
Finalement, l'élément majeur de la demande globale est la consommation privée. A mesure que les besoins fondamentaux en nourriture, en vAStements et en logement sont satisfaits, elle se porte de manière plus ample vers d'autres catégories de biens, notamment les biens de consommation durables, et sur les divers services. Cette déformation progressive de la demande comporte pour les différents secteurs fournisseurs des possibilités inégales de développement.
7. Il est inévile, dans un premier stade, d'analyser ces riations de la demande sans tenir compte des riations de prix, et en fonction de l'accroissement de la production, c'est-A -dire du revenu réel. Il n'y a cependant lA qu'une démarche provisoire. MASme sans mouvements d'ensemble des prix ' qui doivent AStre d'ailleurs étroitement limités par une politique de silité financière ' des riations des prix relatifs se produisent inévilement suint les conditions de la production et de l'offre, et les poussées de la demande ; elles réagissent A leur tour sur la demande elle-mASme. L'équilibre qui doit s'élir A l'intérieur des économies aussi bien que dans les balances extérieures n'est pas seulement un équilibre en quantité, mais en leur. On sera donc conduit A introduire, au moment opportun, des hypothèses nécessairement délicates et incertaines sur des riations relatives de prix par grandes catégories de produits ou de services.
8. Si donc on part des riations dans la composition de la demande suint le niveau du revenu, ce n'est pas une considération exclusive. C'est que ces riations obéissent A des relations assez bien définies au lieu que les modifications dans les conditions de la production dépendent d'innotions techniques et de progrès inégaux de la productivité suint les secteurs, qui ne peuvent AStre prévus dans la phase initiale du trail et ant que l'évolution de la demande soit approximativement déterminée. Cette modification dans la composition de la demande permet de déterminer un rythme de développement plus probable que les autres. La disparité dans les taux de développement par secteur et dans les conditions de la production contribue A limiter l'indétermination des rythmes de développement probables. Ainsi la relation entre l'investissement et la production, l'appel que telle ou telle forme de la demande fait A telle ou telle catégorie de ressources, conduisent A mettre en évidence une zone probable d'équilibre. C'est dire que la considération de la demande conduit elle-mASme A mettre en évidence l'influence capitale de l'offre.
9. Les transformations les plus spectaculaires dans le fonctionnement de l'économie tiennent au progrès qu'ont accompli certains secteurs de la production, soit sous l'effet de ressources plus abondantes, soit sous l'effet de techniques nouvelles qui multiplient la productivité. On doit immédiatement noter que ces riations dans les conditions de la productivité affectent
les prix relatifs : c'est ainsi que l'équilibre s'élit entre les ressources et les demandes. C'est donc au moment où l'on dépasse la phase d'analyse A prix relatifs constants que les facteurs de l'offre, pour autant qu'on peut les présumer sans trop d'aléas, interviennent le plus lablement dans le déroulement des analyses.
10. Une deuxième remarque fondamentale doit AStre faite : les projections sur l'avenir ne préjugent pas les politiques économiques effectivement suivies, si ce n'est dans leurs traits les plus généraux. On ne se passe pas de l'hypothèse qu'elles réussiront A assurer un niveau élevé d'emploi et A éviter des déséquilibres extérieurs intenables. A mesure au contraire que la description prospective s'enrichit et s'approfondit, l'une de ses efficacités essentielles est de mettre en évidence les effets différents de différentes mesures de politique économique : c'est ainsi que l'attention des gouvernements peut AStre attirée de faA§on précise sur la signification et la portée des actions qu'ils sont amenés A entreprendre, et que la projection devient plus rigoureuse en intégrant des hypothèses plus détaillées sur la ligne d'action des pouvoirs publics.
A. Les tendances générales de l'expansion
11. Une projection sur le développement de la production se ramène généralement A la combinaison d'une estimation de la population active effectivement employée et d'une éluation des progrès de productivité qui seront accomplis. Si le premier élément comporte déjA des incertitudes inéviles mais d'une incidence limitée ' notamment sur l'évolution démographique, sur la longueur de la scolarité et l'age de la retraite, sur la durée du trail et la part des femmes dans l'emploi ' le deuxième comporte une large part d'appréciation.
Faut-il retenir les taux d'accroissement de la productivité constatée sur une très longue période, de l'ordre d'un siècle ? Admettre au contraire, sur la base de l'expérience des quinze dernières années, que ce taux tend aujourd'hui A s'accélérer ? Ou s'arrASter A une solution intermédiaire, plus favorable que la tendance séculaire, mais qui évite d'extrapoler sans précaution les résultats d'une période récente où le facteur de reconstruction et de reconstitution comportait des conséquences anormales ? C'est vers cette dernière formule qu'il est raisonnable de s'orienter, en la complétant par la considération des phases du développement et des changements de structure où les progrès de productivité apparaissent les plus rapides. L'analyse des relations entre l'investissement et le produit au cours du temps permettra d'éclairer le choix de cette solution intermédiaire.
On ne peut cependant dépasser des jugements aussi subjectifs qu'en construisant méthodiquement un modèle cohérent qui tienne compte des modifications de la demande. C'est pourquoi la première phase du trail entrepris fait converger deux séries d'études : des études sur les relations entre la croissance des revenus et le niveau de la demande d'une part, des études sur le rythme de l'expansion du produit d'autre part.
1. Les relations entre la demande et les revenus
Le premier type d'études suppose une analyse des relations entre le développement des revenus d'ensemble et le développement des différentes formes de la demande. Il s'agit d'abord des quatre grands types de la demande précédemment rappelés : consommation privée, investissements, consommation publique, exportation. Il s'agit ensuite plus précisément de l'évolution des différentes formes de consommation privée entre catégories de produits et de services A des niveaux différents de revenus.
Ces relations peuvent AStre exprimées sous la forme d'un coefficient d'élasticité, c'est-A -dire du rapport entre le pourcentage de riation d'un type de demande et le pourcentage de riation d'une quantité globale telle que le produit national brut, le revenu disponible pour la consommation, ou le total de la consommation. Si l'influence d'autres facteurs peut AStre éliminée ou bien déterminée, l'élasticité apparente constitue un instrument de projection d'une approximation satisfaisante. Ces élasticités ne sont pas nécessairement constantes, et des relations plus complexes peuvent avoir A intervenir. Il suffit pour l'immédiat de noter qu'une telle analyse a un caractère hypothétique au sens propre du terme : elle signifie que si la riable globale se modifie de x points, la forme de demande considérée se modifie de y points.
2. Le choix d'hypothèses provisoires d'expansion
13. Il convient donc d'accrocher ces riations A des leurs relativement fixes, en d'autres termes de poser que l'accroissement du produit ou celui de la consommation prendra telle ou telle leur dans la période considérée. Il ne peut s'agir ici que d'une hypothèse provisoire. C'est seulement A l'achèvement du trail que le modèle de l'évolution peut AStre lablement dessiné. Il y a lA une raison suffisante pour ne pas se fixer initialement un taux unique d'accroissement de la production, mais adopter au moins deux leurs. Cependant il a semblé utile de choisir parmi les deux leurs une hypothèse principale d'expansion correspondant A des conditions générales favorables. Les facteurs qui détermineront éventuellement un taux d'expansion moins rapide peuvent rier de pays en pays, qu'il s'agisse par exemple de difficultés dans la balance des paiements, de pénurie de main-d'œuvre ou de problèmes engendrés par une conjoncture défavorable. Il n'y a toutefois aucune raison pour que ces facteurs jouent simultanément. Ainsi, la fourchette retenue au départ ne traduit pas seulement l'incertitude relative aux circonstances plus ou moins favorables dans lesquelles opéreront les politiques économiques ou A l'efficacité de ces politiques. Elle répond A une exigence essentielle de méthode : s'il ne faut pas multiplier le nombre des riantes retenues comme hypothèses d'expansion, les conséquences éventuelles de la réalisation de plusieurs hypouièses doivent AStre analysées pour éviter tout caractère arbitraire aux résultats présentés. En mettant en évidence les effets de rydimes différents d'expansion sur la structure de la demande tout d'abord, sur la structure de la production, sur les échanges A l'intérieur et A l'extérieur de la Communauté, sur les besoins de main-d'œuvre et de capitaux, il est possible de déterminer en fin de course un rythme conciliant au mieux l'expansion et l'équilibre. C'est aussi par l'analyse de ces hypothèses inégalement optimistes que l'action A attendre des pouvoirs publics nationaux ou européens peut AStre plus précisément déterminée.
B. La ventilation des projections globales
Elle suppose le passage des projections de la demande aux projections de la production. La combinaison des études sur l'évolution de la demande par rapport au revenu et des hypothèses de développement global permet de fixer les leurs des différents types de demande A prix relatifs constants. De lA , on remonte aux productions nécessaires par deux étapes successives.
1. L'élissement des leaux-croisés - fonctions-produits -
14. Chaque type de dépense finale se décompose lui-mASme en une série de produits et services qui sont fournis par ce qu'on peut appeler des secteurs livranciers, qui peuvent AStre dans chacun des pays soit une production, soit une importation, soit la distribution. C'est ainsi que la demande d'alimentation recouvre des besoins concrets tels que ceux de viande ou de fruits, et qu'elle est satisfaite soit directement par des productions agricoles, soit A travers la distribution commerciale de productions ou d'importations, soit aussi bien par des produits alimentaires industriellement transformés.
2. L'équilibre des ressources et des emplois par branche d'origine des produits
15. Les productions finales ne sont elles-mASmes que l'élaboration de productions intermédiaires : les outils demandent de l'acier, les vAStements supposent le tissage qui peut A son tour porter sur des fibres naturelles ou synthétiques, c'est-A -dire sur des produits de l'agriculture, ou de l'importation, ou de la chimie. On ne peut manifestement déterminer le volume des investissements nécessaires ou les besoins de main-d'œuvre que si l'on passe des secteurs linals A l'ensemble des secteurs productifs. C'est un problème dont la solution appelle l'élissement d'un leau d'échanges interindustriels, qui met en évidence les relations de secteurs A secteurs réciproquement fournisseurs et
clients et qui montrent comment les demandes finales et les demandes intermédiaires sont satisfaites par les productions et les importations.
C. Les projections économiques pour la Communauté
16. Le passage des projections économiques aux projections pour la C.E.E. pose le difficile problème de la cohérence des hypothèses retenues au niveau de chaque pays. Au-delA de la aison matérielle des projections nationales, la participation des pays au Marché commun comporte des conséquences essentielles : sa création interdit désormais l'attribution privilégiée des accroissements de la demande dans chaque pays A la production de ce pays. Il y a lA une première raison de totaliser, A l'échelle de l'ensemble de la Communauté, les accroissements de production correspondant aux accroissements de demandes, appréciés dans les deux hypothèses initiales au niveau de chaque pays.
1. Les projections du commerce extérieur
17. A cette raison de principe s'ajoute un argument pratique : dans l'approvisionnement, au moins en ce qui concerne les produits finis, comme dans les débouchés d'ensemble, le commerce extérieur représente toujours l'élément le plus aléatoire, car il dépend du rythme de développement des pays étrangers, des riations de leur politique commerciale, de la concurrence d'autres pays fournisseurs. Pour la Communauté prise dans son ensemble, le commerce extérieur proprement dit, c'est-A -dire les relations avec les pays tiers, représente une fraction de la production totale beaucoup plus faible que le commerce extérieur global de chaque Etat membre avec les autres pays de la Communauté. L'incidence des incertitudes inéviles est réduite dans la mASme mesure. L'analyse des relations entre la production et l'importation est relativement simple A l'échelle de la Communauté, où la masse des importations en provenance de pays tiers est constituée par quelques produits primaires essentiels, principalement un petit nombre de grandes matières premières.
Etant donné l'intensité de la demande pour les produits que les pays de la Communauté ont A vendre, on peut admettre que les exportations de biens et de services permettront de financer les achats nécessaires. La reconstitution de la capacité financière de l'Europe, son niveau de développement, les exigences du monde où nous vivons justifient l'idée que la Communauté pourra désormais maintenir un excédent de sa balance extérieure courante, qui lui permettra de financer des exportations de capitaux et des
aides aux pays moins favorisés. Cet excédent ajouté A la somme des achats de biens et de services donne une estimation de la demande extérieure pour les biens et les services offerts par la Communauté.
2. La prise en considération des structures nationales des prix
18. DéjA cette considération de la balance extérieure ne pas sans un jugement sur la riation des rapports de prix entre les prestations que la Communauté offre ou demande.
De la mASme manière, l'estimation des investissements que comporte le leau des progrès de production nécessaires dans les différents secteurs finals ou intermédiaires suppose une estimation des prix relatifs des biens d'investissement.
3. L'analyse des équilibres fondamentaux
19. L'examen des compatibilités entre les ressources et les besoins porte d'une part sur la disponibilité de main-d'œuvre, d'autre part sur l'équilibre extérieur, qui ne doit pas poser de problème anormal, enfin, et dentage encore, sur les possibilités d'équilibre interne, c'est-A -dire de
financement par l'impôt et l'épargne des besoins des
collectivités publiques, de l'investissement intérieur, de l'excédent de la balance extérieure courante.
C'est cette analyse des équilibres fondamentaux, où les conditions de l'offre sont prises pleinement en considération, où la tendance aux riations de prix relatifs qui résultent A la fois de l'offre et de la demande devient un élément nécessaire, qui permet de proposer un rythme de développement global A long terme pour l'ensemble de la Communauté.
4. La répartition de la croissance au sein de la Communauté
20. Ce n'est plus ainsi directement, mais par le détour de l'ensemble du Marché commun que l'évolution des productions par pays en fonction de la situation concurrentielle de chacune de leurs industries peut AStre lablement estimée. Encore faut-il refaire pour chaque pays la vérification de l'équilibre extérieur. L'étude doit tendre A mettre en évidence les conditions de cet équilibre. Se réalisera-t-il spontanément, les riations relatives de prix nationaux ou les inégalités dans les rythmes de croissance ou des mouvements de capitaux ou de main-d'œuvre restant dans des limites modérées ? Ou, au contraire, ces mécanismes silisateurs de l'équilibre des diverses balances des comptes risquent-ils d'atteindre une ampleur telle qu'ils affectent dans leur ensemble les situations concurrentielles des industries des différentes régions ? Dans cette hypothèse, ne serait-on pas amené A les compléter par une politique concertée visant notamment une répartition harmonieuse des spécialisations entre les diverses régions, dans le domaine de la production agricole, de la production industrielle et de la production des services ?
Un des objectifs essentiels de l'étude sera finalement de tenter de prévoir l'évolution de la répartition régionale des activités, notamment le développement de nouvelles zones d'expansion. Une telle redistribution géographique dépend A la fois des taux d'expansion globaux, du développement relatif des différents secteurs industriels, des transformations technologiques, des mesures de politique économique et de leur effet sur la localisation de l'industrie. Il s'agit d'un domaine où les projections A long terme sont A la fois les plus difficiles et les plus indispensables, étant donné la durée de réalisation des investissements exigés par l'infrastructure, pour la formation des hommes et mASme ' si l'on veut éviter que l'imprévision condamne les transformations de structure A se produire dans des conditions humaines déplorables ' pour la création de nouvelles agglomérations urbaines. On voit ainsi comment l'étude entreprise par approximations successives fournit un cadre d'ensemble où viendront converger, en apportant chacune leur contribution propre, les études par secteur, notamment dans le domaine de l'agriculture, les études régionales, l'analyse ative des budgets publics et des instruments de la politique conjoncturelle.
21. On ne saurait trop insister sur l'ampleur des difficultés de divers ordres qui se rencontrent A chaque étape du trail. Les unes tiennent A l'insuffisance des données statistiques disponibles ou A leur caractère hétérogène : un grand effort est déjA en cours dans la Communauté pour les compléter et les rapprocher. D'autres résultent du caractère imprévisible des changements importants, notamment dans les techniques, ou dans les sources d'approvisionnement, ou dans les conditions de trail. D'autres enfin se rattachent A la relation de réciprocité entre les perspectives et les politiques. Ces circonstances justifient A la fois le caractère progressif du trail entrepris et l'accent mis sur l'idée d'une projection, nettement distincte d'une prévision.
La méthode adoptée et les étapes successives qu'elle met en œuvre aboutissent A faire converger l'analyse des situations économiques globales et l'analyse par branches d'activité A l'intérieur du Marché commun, qui ne peut elle-mASme AStre lablement menée qu'en tenant compte des conditions d'équilibre extérieur de chacune des économies nationales intéressées. Elle présente également l'antage de situer la place des modifications techniques, l'influence du comportement des entreprises, la part des politiques économiques.