Cette question concerne au premier chef les états membres, tant l'ue a joué un rôle important pour consolider leurs performances dans le domaine social. L'Union a-t-elle encore la possibilité d'accomplir ces taches dans un cadre élargi A vingt-sept pays ? Peut-elle continuer A promouir ses préférences collectives dans le contexte de la
mondialisation ? Y a-t-il encore un consensus suffisamment fort sur ces préférences ?
Ces interrogations structurent le défi qui s'impose A l'Europe et sont l'objet d'un débat animé et compliqué. En effet, les opinions publiques ne perA§oivent pas (ou plus) les avancées réalisées au fil de la construction de I'ue. Le paradoxe est que ces acquis évidents pour les habitants des autres régions de la ète, états-Unis et Japon compris, sont devenus complètement opaques pour nombre de citoyens européens. On peut justement avancer que c'est le souci de préserver cet acquis, ces spécificités, perA§us comme menacés par l'ouverture grandissante des économies et des
marchés avec la concurrence que cela implique, qui alimente ' surtout en France ' les inquiétudes, les doutes et mASme les oppositions au projet européen.
En écho A ces questions, la
stratégie de Lisbonne, mASme recentrée sur l'emploi et la cohésion sociale, est loin d'AStre perA§ue par les citoyens européens comme un processus de progrès. La faiblesse du contenu des politiques qu'elle préconise et surtout l'absence de moyens communautaires pour les conduire ne sont pas A la hauteur de ces enjeux, mASme s'il faut noter les progrès permis sur une définition et une aison plus claires des difficultés auxquelles sont confrontés les états membres.
Dans ce débat ouvert, trois options apparaissent :
' la première préconise le statu quo : il ne faut pas aller plus loin au niveau communautaire et laisser le social A la seule prérogative des états membres ;
' la deuxième est farable A une pause : souhaitant ne pas aller plus loin que l'acquis des dernières années, ses partisans demandent aussi une ré-évaluation avant de - mieux légiférer-, c'est-A -dire d'alléger la réglementation communautaire. Cette option est portée par de nombreux acteurs économiques de l'entreprise qui pensent que la réglementation européenne constitue un handicap A une adaptation aux rythmes et aux nouvelles réalités de l'économie mondiale. Les nouveaux pays entrants sont souvent sur la mASme ligne de pause après le parcours A
marche forcée qu'ils viennent d'effectuer pour répondre aux exigences de leur intégration ;
' la troisième option consiste A utiliser la stratégie de Lisbonne en l'assortissant de politiques lontaristes pour poursuivre et approfondir l'harmonisation des règles sociales au niveau européen. Cela demande aussi une intégration plus marquée de la dimension sociale dans les différentes politiques de l'Union:
politique commerciale, concurrence, approfondissement du marché intérieur.
Cela nécessite aussi de s'atteler A la réalisation d'objectifs de base tels que :
' la réforme des systèmes de protection sociale pour contrer la tentation d'un nivellement par le bas ;
' une attention plus grande portée A la qualité de l'emploi ;
' l'amélioration de la participation A l'emploi en particulier pour les femmes, les jeunes et les plus agés ;
' l'amélioration de la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle ;
' la création d'un cadre farable de nature A fariser pour tous les citoyens un accès équile A la mobilité.