La loi risque de niveler le singulier, d'assurer la justice universelle au détriment de la justice particulière, adaptée A chaque cas. 11 est en réalité difficile de donner un lieu unique de la justice, de dire si elle provient de la loi ou si elle est A réaliser dans les choses, dans des situations particulières. La justice légale est une forme de justice qui ne rilise pas avec le droit dans les choses, mais le précise et le complète. Certains actes sont indifférents. Une amende est juste dans certains cas, mais sans la fixation d'un montant précis par la loi nul ne pourrait payer d'amende et réparer sa faute. Les choses, en passant sous le régime de la loi, changent de sens. MASme si le juste doit AStre réalisé dans les situations particuliètes, la présence de la loi est décisive pour réaliser ce juste, car la loi augmente le contenu de la justice. Les hommes ne sont égaux que sous le règne de la justice et l'égalité est essentielle A la justice.
La loi élit la justice car elle crée des possibilités nouvelles de réaliser la justice. Le juste sans la loi est moins déterminé que le juste résultant de l'application de la loi. L'opposition du jus et de la lex (cf. Vade-mecum) est donc abstraite. Il ut mieux affirmer que la loi donne forme ou actualité A la justice. Comme toute réalisation, elle est A la fois perte et gain : perte de meilleures possibilités, mais gain de détermination et de réalité. De mASme qu'on ne parle pas de la mASme faA§on de l'essence de la générosité et de la générosité chez Pierre, de mASme, il sera plus intéressant et en mASme temps plus difficile de parler de la justice dans telle législation que de la justice naturelle. La loi s'impose comme moment de la justice, et crée une communauté entre hommes capables de formuler des règles et de les critiquer. La loi organise la justice et la transforme, plus qu'elle ne s'y substitue ou qu'elle ne s'efface dent elle.