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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en œuvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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La rationalité limitée

Ce remarquable pas en avant est dû A  Simon", dont les travaux de théorie économique dépassent certes largement cette contribution, mais parmi lesquels elle constitue un apport fondamental pour les sciences de gestion. Il entame sa démarche par l'analyse du comportement administratif en termes de décision. C'est pourquoi nous ans qualifié de théorie de la décision ses travaux et ceux d'autres qui le suivenr dans le mASme courant. Toutefois, ce courant a parfois été qualifié aussi de théorie behavio-riste (car il prend en compte les caractéristiques du comportement des acteurs) ou d'école de Carnegie (Université où travaillaient ensemble A  une époque certains de ses principaux théoriciens).

Le concept de rationalité

Définition
Dans les termes les plus simples, la rationalité implique que, quand il est placé dans une situation de choix en face de plusieurs branches d'alternative, l'acteur rationnel choisit celle qu'il croit aboutir au meilleur résultat global8. La rationalité est donc définie comme étant relative A  la sélection d'un comportement (ou action découlant d'une branche d'alternative) préféré en face d'une alternative, un choix étant ouvert, fait en termes d'un système de valeurs quelconques A  travers lequel les conséquences de ce comportement peuvent AStre évaluées.
Ce processus peut AStre conscient ou non. Il est aussi fonction de l'information plus ou moins exacte et plus ou moins disponible. De plus, il peut AStre orienté vers des objectifs personnels ou ceux de l'organisation.
Simon élit donc d'abord une série de distinctions. Une décision est objectivement rationnelle si en fait elle correspond au comportement correct pour maximiser des valeurs données dans une situation donnée. Elle est subjectivement rationnelle si elle maximise le résultat relativement aux connaissances réelles de celui qui la prend, qui peuvent AStre exactes ou erronées. Elle est consciemment rationnelle dans la mesure où l'ajustement des moyens aux fins est un processus conscient, recherché ou non. Enfin elle est délibérément rationnelle dans la mesure où l'ajustement des moyens aux fins a été recherché et appliqué délibérément. De plus, une décision est organisation-nellemcnt rationnelle si elle a été orientée vers les buts de l'organisation et personnellement rationnelle si elle est orientée vers les buts de l'individu.


Le modèle de rationalité absolue

Il comporte un certain nombre de conditions et un résultat qu'il est possible de résumer ainsi :
- II existe un seul décideur, qu'il soit individuel ou collectif. S'il existe plusieurs décideurs, ils partagent des objectifs identiques et ont un système de préférence similaire.
- Ce décideur dispose d'un système de préférences (ou dit aussi de valeurs) ordonné qui lui permet de dégager des objectifs qui sont :


- clairement définis et explicites ;

- sles dans le temps (ce qui est préféré aujourd'hui était préféré hier et sera préféré demain, toutes choses égales entre elles) ;
- mutuellement exclusifs (A est préféré A  B ou B A  A et l'un et l'autre sont clairement distincts, ils ne peuvent AStre atteints en mASme temps ou préférés simultanément) ;
- extérieurs A  la situation de choix, qui ne les influence pas et qu'ils n'influencent pas.
- I.e décideur dispose d'une connaissance exhaustive des branches d'alternative ouvertes par l'occasion de choix et de leurs conséquences. Il connait toutes les actions et tous les comportements possibles et considère toutes leurs conséquences dans le futur.
- Le décideur élit et applique un critère de choix objectif, connu et partagé par tous, A  toutes les branches d'alternative qui permet de les évaluer dans les termes de son système de préférences par rapport A  leur adéquation A  ses objectifs.
Le résultat de l'application de ce modèle est la sélection de la branche d'alternative qui maximise la satisfaction des objectifs ou optimise les résultats par rapport aux coûts encourus. Il est dit de - l'homme économique -''. Pour qu'une décision soit absolument (ou il est dit aussi objectivement) rationnelle, il faudrait donc que le décideur unique devant une occasion de choix ie toutes les actions et tous les comportements possibles et envisageables qu'elle comporte, A  l'avance ; considère et prenne en compte la complexité de toutes les conséquences possibles qui découleront de chaque action et comportement ; les considère synoptiquement (c'est-A -dire globalement dans leur ensemble et non séparément) ainsi que simultanément (c'est-A -dire en mASme temps et non l'un après l'autre) dans leur ensemble ; applique son système de préférences (dit aussi de valeurs ou d'utilité) A  cet ensemble total des conséquences de chaque action et comportement possible ; dispose d'un critère qui lui permet d'isoler une action ou un comportement maximisateur dans les termes de ce système.
Le modèle peut se compliquer d'un certain nombre de variantes. Dans la version aléatoire une loi de probabilité s'applique A  la réalisation des branches d'alternative, qui sont toujours toutes connues ainsi que leurs conséquences. Il peut aussi AStre considéré en état d'incertitude, où il n'y a pas de loi de probabilité, mais où les états du monde, conséquences des branches de l'alternative, sont toujours tous connus et où seule l'éventualité de leur réalisation est incertaine. Un critère quelconque (d'équipro-babilité, pessimiste, optimiste, de minimax) choisi guide alors la décision. Cependant ces variantes ne changent essentiellement rien A  la nature fondamentale du modèle.

Le modèle de rationalité limitée

Limites d'ordre général sur la rationalité absolue
Simon10 note que le comportement des individus est bien en grande partie orienté vers des buts". Ces buts fournissent donc un critère pour déterminer ce qui doit AStre fait. En principe, les petites décisions et actions spécifiques sont prises en application de décisions plus importantes relatives aux buts et aux méthodes pour les atteindre12. Chaque décision en ce sens est la sélection d'un but qui est lui-mASme un intermédiaire vers un but plus éloigné, et ainsi de suite jusqu'A  ce que le but final soit atteint.
En principe, toujours, les décisions qui conduisent A  la sélection d'un but final sont des jugements de valeur. Il est donc impossible de sair si elles sont correctes ou non. Elles amèneraient A  juger ce qui devrait AStre, ce qui est bon pour quelqu'un. Puisqu'elles ont un contenu éthique, qu'elles élissent un impératif, elles ne sont pas évaluables scientifiquement. Cependant, les décisions qui mettent en cause l'imtation, la réalisation de ces buts, sont des jugements de fait. Les hypothèses sont falsi-fiables. Il est possible de vérifier si elles sont correctes ou non.
Néanmoins, note Simon, la valeur opérationnelle de cette distinction est relativement faible. En effet, la plupart des décisions A  un certain niveau, les grandes décisions, ont un caractère mixte. Elles sont formulées en termes ambigus et vagues (par exemple - juste - ou - bon -). Elles peuvent elles-mASmes AStre des décisions intermédiaires vers d'autres buts. Enfin, elles peuvent combiner valeurs et faits.
Cependant, les valeurs étant données, seuls les choix portant sur des éléments strictement de fait sont vérifiables en ce qu'ils atteignent ou non le but tiré de ces valeurs. L'élément éthique est distingué de l'élément de jugement. Par exemple, un choix d'un cours donné d'études par un étudiant est ou non une bonne chose, en fonction de ses valeurs, mais un succès ou un échec aux examens qu'il implique est vérifiable. Ce que les valeurs ultimes d'un individu ou d'une organisation devraient AStre n'est pas une question A  laquelle il est possible de répondre empiriquement. Mais, ce que sont les valeurs d'un individu ou d'une organisation est une question vérifiable.
Par ailleurs, la rationalité est liée A  la construction d'une hiérarchie de fins et de moyens. Les moyens servant A  atteindre des fins, elles-mASmes intermédiaires vers d'autres fins. Cela implique la aison des moyens pour atteindre une mASme fin, en termes d'efficience. Cependant, la séparation totale fins moyens est impossible. D'une part, le lien entre moyens vers des fins intermédiaires et fins ultimes est souvent soit ténu et peu évident, soit incomplètement formulé A  cette étape. D'autre part, les moyens alternatifs potentiellement utilisables ne sont pas de valeur neutre et sans importance sur les fins. Par exemple, aux fins de l'équilibre financier du système de sécurité sociale, le contrôle des dépenses de santé peut se faire par la fermeture d'hôpitaux, ou de lits dans des hôpitaux, la fixation des honoraires ou du nombre d'actes des professions de santé, le non remboursement de produits pharmaceutiques, le blocage des marges des laboratoires pharmaceutiques ou des pharmaciens, la modulation du ticket modérateur A  la charge du public, le financement par le revenu général de l'état ou des taxes spécifiques, etc. Suivant les moyens employés, il en résultera un système de sécurité sociale différent avec un mode très différent de mutualisation des risques santé.
De plus, un élément de temps vient jouer. Si une fin est un état ou une condition quelconque A  réaliser, alors un seul tel état peut AStre réalisé A  un moment donné, mais plusieurs fins constituant des états peuvent se succéder sur une période de temps, et le choix est influencé non seulement par une fin donnée mais aussi par les attentes des fins A  réaliser A  différents moments dans le temps. Par ailleurs, si une fin donnée doit AStre réalisée A  un moment donné, quelles autres fins doivent AStre négligées ou abandonnées A  ce mASme moment ? Et si cette mASme fin donnée doit AStre réalisée A  ce moment donné comment cela limite-t-il les fins A  réaliser A  d'autres moments A  venir ? Enfin, certaines décisions placées dans le temps sont irrécables en ce sens qu'elles créent un état de fait nouveau, qui influencera sans retour en arrière possible les décisions qui suivront. C'est en économie le problème des - sunk costs -.
Il est A  noter que la distinction moyens/fins ne correspond pas exactement A  la distinction faits/valeurs. Une série de moyens/fins connecte une valeur avec les situations qui la réalisent, et ces situations avec les comportements qui les produisent, dans les limites indiquées ci-dessus.


Limites tenant aux conditions de décision

Pour qu'une décision soit objectivement rationnelle, ce qui correspond A  la rationalité de - l'homme économique -, il faudrait que le sujet confronté A  une occasion de choix, donc devant prendre une décision et confronté A  une alternative :
- ie A  l'avance toutes les branches d'alternative ouvertes et les actions et tous les comportements possibles et envisageables qui en découlent, chacune avec leurs conséquences ;
- considère globalement et simultanément l'ensemble total, dans toute sa complexité, des conséquences dans le temps qui suivraient chaque branche d'alternative ;
- applique son système de préférences valeur ou d'utilité A  cet ensemble total des conséquences de chaque choix possible toujours considéré synoptiquement, c'est-A -dire en mASme temps et côte A  côte ;
- ait éli un critère de choix objectif, qui lui permette d'isoler la branche d'alternative qui maximise sa satisfaction en termes de son système de valeurs.
Or, cela ne peut se réaliser en pratique. Ceci provient d'abord des limites physiques et intellectuelles des individus et de l'incapacité de l'esprit humain A  faire porter sur une seule décision tous les aspects des valeurs, connaissances et comportements qui seraient susceptibles de l'influencer. De plus, chacun a des capacités limitées et différentes en termes de conceptualisation, mémoire, etc. ; chacun a des valeurs, des préférences, des motivations, des buts différents et enfin chacun a des connaissances personnelles et des informations différentes, et donc va traiter le problème sous un angle différent.
Par ailleurs, les éléments suivants entrent en jeu :
- la connaissance complète de toutes les branches d'alternative ouvertes avec les actions et comportements possibles est le plus souvent très difficile, sinon impossible. La connaissance des situations complexes est presque toujours fragmentaire et incomplète. Le monde est trop compliqué. L'éventail des possibles est trop vaste ;
- l'anticipation de la réalisation de toutes les conséquences qui suivraient chaque branche d'alternative est elle certainement impossible, le futur est trop complexe et obscur ;
- ces conséquences se produisant dans le futur, leur survenance est imprévisible, le futur est aussi incertain ;
- mASme si toutes les conséquences pouvaient AStre décrites, elles ne pourraient AStre anticipées exactement. La réalité est toujours différente des attentes. Donc, par ailleurs, l'imagination doit suppléer au manque de connaissances expérimentales des sentiments perA§us en fonction de ce qui se produira peut-AStre dans le futur, en attachant des valeurs A  celles qui sont connues. De plus, des valeurs ne peuvent qu'AStre imparfaitement anticipées.
Cependant, l'individu reste rationnel. La rationalité exige un choix préféré entre toutes ces branches d'alternatives aux conséquences complexes, imprévisibles et incertaines. En fait donc, seul un très faible nombre des actions et comportements possibles qui en découlent viendront A  l'esprit. La plupart ne sont jamais équées et donc jamais évaluées.
Donc, dans la plupart des cas, confronté A  un choix, l'individu construit un modèle simplifié de la réalité, une définition de la situation A  son échelle et avec ses moyens. Celle-ci est d'abord essentiellement basée sur son expérience passée. La plupart de ses décisions sont de routine ; il se replie sur des solutions utilisées déjA  dans des circonstances qui lui apparaissent grossièrement similaires et qui s'étaient révélées satisfaisantes.
Si certains traits de la situation apparaissent comme fondamentalement différents, alors l'individu va s'engager dans la recherche d'une solution nouvelle, mais du fait de sa rationalité limitée, de la complexité et de l'incertitude, il ne va pas chercher la solution optimale parmi toutes celles possibles par manque de temps, d'information, de capacités. 11 ne va pas essayer de maximiser les rapports coût-bénéfice de son comportement d'une manière synoptique, en passant en revue toutes les options et toutes les conséquences. 11 va seulement rechercher un niveau minimum de satisfaction et donc adopter un comportement de satisfaction et non absolument maximisateur.
Ceci dit, le comportement restera de nature de tendance maximisatrice, mais dans le cadre limité de son niveau minimum de satisfaction, au-delA  duquel il ne tentera pas d'aller, du moins pas immédiatement et si le processus aboutit après un effort suffisant. Confronté A  un ensemble limité de branches d'alternatives aux conséquences limitées et simplifiées, il choisira toujours celle qui satisfait au mieux son critère. Pour ce faire, il va passer en revue les quelques solutions d'action ou de comportement possibles qu'il va retenir, avec leurs conséquences simplifiées. Il va les faire l'une après l'autre et donc d'une manière séquentielle et non synoptique. Dès qu'il aura trouve une solution qui satisfasse ce minimum de satisfaction il va l'adopter sans aller plus loin.
Une étape suivante complète cependant le modèle. Si l'individu ne trouve pas A  ce point de branche d'alternative qui satisfasse son critère, il va ajuster son minimum de satisfaction A  la baisse et réitérer le processus avec un critère un peu plus exigeant. Si, par contre il trouve trop vite ou trop facilement, il va procéder de mASme, mais A  la hausse.
Cet homme administratif s'oppose donc ainsi A  l'homme économique de la rationalité absolue. Une bonne partie de la littérature s'arrASte ici et se borne A  constater cette opposition. Il est possible cependant maintenant d'aller plus loin comme nous allons tenter de le faire ci-dessous.

Rationalité substantielle limitée et rationalité procédurale
Il convient d'abord de noter que les limites de la rationalité jouent A  deux niveaux. Certains s'arrAStent au premier, que nous venons de décrire, et qualifient cette rationalité limitée de rationalité subjective ou rationalité procédurale, ces termes étant considérés comme équivalents. Nous préférons considérer que cette analyse constitue une première étape, et nous qualifierons ce premier processus de rationalité substantielle limitée. Mais, pour la clarté de l'analyse, une deuxième étape doir AStre franchie", dont les conséquences sont d'une importance fondamentale.
En effet, les limites sur la rationalité nt plus loin, A  notre sens que la réduction de l'état du monde A  un modèle simplifié. Le processus de simplification cognitive doit AStre considéré comme portant aussi sur la nature de ces limites. L'on parlera alors de rationalité procédurale limitée.
Nous venons d'élir que les limites A  la rationalité substantielle entrainent un comportement non absolument maximisateur mais que l'on peut qualifier de satis-facteur et/ou maximisateur limité, du fait, notamment, de l'information incomplète, l'obscurité et l'incertitude du futur et les limitations cognitives du décideur. Mais ces limites sont toutes de nature similaire : elles ont trait A  la capacité de traitement de l'information. L'environnement externe est considéré comme donné, existant objectivement, et les limites du décideur sont liées aux limites de ses capacités de perception et de calcul. la rationalité limitée substantielle s'apprécie ainsi en termes de résulrat, donc objectivement, indépendamment de la faA§on dont a été élaboré le résultat.
Cependant, les limites A  la rationalité jouent aussi A  un deuxième niveau, celui de l'aspect délibératif de la décision, ce que Simon appelle l'environnement interne du décideur, sa capacité A  se représenter, et mASme plus A  construire un monde extérieur adapté. L'univers des possibles n'est plus donné, il est A  construire par le décideur. Le processus de décision n'opère pas seulement sur des données objectives extérieures existantes mais en crée et en construit alors qu'il se déroule. Tout autant que résolution de problème, la décision est choix de formulation de problème. En termes simples cela signifie que le processus de choix influence autant le choix que les éléments concrets retenus et pris en compte. Processus de choix et situation (branches d'alternatives entre lesquelles choisir) ne sont pas séparés mais interagissent. Dans la construction de la définition de la situation, certaines branches d'alternatives sont écartées et d'autres sont générées par le déroulement du processus. Il n'y a donc pas seulement un monde extérieur concret et un acteur qui l'observe, plus ou moins bien ou mal, mais l'acrion de l'acteur crée et modifie l'état du monde. Nous élaborerons beaucoup plus en profondeur ces idées au chapitre 12. En d'autres termes comment le décideur connair et décide est aussi important sinon plus que ce qu'il connait et décide. Il en découle que la connaissance de la faA§on dont on décide est aussi importante que la connaissance de ce que l'on décide. La compréhension de son propre processus d'apprentissage par le décideur est importante. La connaissance du processus par lequel il connait modifie la faA§on dont il construit la représentation de situations.
Donc, A  un décideur donné A  un moment donné correspond une décision donnée, qui aurait été différente avec un autre, ou avec le mASme dans d'autres circonstances. Par exemple, si l'environnement externe est incertain, c'est aussi parce que l'incertitude existe dans l'esprit de l'individu, ou qu'il la génère dans son processus de décision. Il est cènes intrinsèquement plus ou moins incertain, mais il est aussi plus ou moins bien construit et conA§u comme incertain et des éléments d'incertirude peuvent AStre introduits dans un environnemenr a priori certain. Il ne s'agit plus simplement de satisfacrion, de recherche d'une solution qui convienne, mais d'une solution parmi des solutions plausibles élaborées par et pour un individu donné dans des circonstances données. Au-delA  de la rationalité limitée substantielle s'ouvre donc le domaine plus complexe de la rationalité limitée procédurale.
L'homme administratif s'oppose ainsi doublement A  l'homme économique14.

Une tentative de moyen terme : le REMM de Jensen et Meckling
La théorie économique a d'ailleurs dans ses élutions récentes pris acte des conséquences qui découlent de cette opposition, ainsi que nous le verrons au chapitre suivant.
Notons dès maintenant qu'un intéressant modèle tente de préserver le caractère maximisateur de l'homme dans les modèles économiques15. Jensen et Meckling proposent un modèle de l'homme conA§u comme ingénieux, évaluateur et maximisateur (REMM : Resourceful, evaluative, maximizing model). Les prémisses du modèle sont les suivantes : d'une part, les individus portent intérASt A  presque tout, que ce soit l'argent, l'art, le statut social, les autres, le bien-AStre, l'environnement. Ils sont toujours prASts A  des compromis et des substitutions, A  abandonner une quantité suffisamment petite de n'importe quel bien (honnASteté, eau, air, sécurité, nourriture, etc.) pour une quantité suffisamment grande d'autres biens, la valeur de l'unité d'un bien donné décroissant quand la quantité dont l'individu en dispose s'accroit relativement aux autres biens. Les préférences des individus sont transitives.
Par ailleurs, l'individu préfère toujours plus que moins de ces biens auxquels il accorde de la valeur. Il est insatiable, il veut toujours plus de certaines choses, matérielles (pyramides, or, art, etc.) ou immatérielles (renommée, considération, solitude, respect, immortalité, amour, etc.).
De plus, chaque individu est un maximisateur. Il agit de faA§on A  profiter du'plus haut niveau de valeur accessible possible. Il est cependant toujours contraint dans la satisfaction de ses demandes, ne serait-ce que par ses moyens financiers, physiques et le temps, ainsi que par les limites de sa propre connaissance au sujet des divers biens et des occasions ouvertes. Les choix d'actions dans lesquel il s'engage reflètent les coûts de l'acquisition de la connaissance et de l'information nécessaire pour évaluer ces choix. La notion d'ensemble des occasions (opportuniry set) résume cette contrainte.
En outre, l'individu est ingénieux. Il est créatif, capable de conceir les changements dans son environnement, d'en préir les conséquences et d'y répondre en créant de nouvelles occasions ou en inventant de nouvelles opportunités.
Ainsi, il n'existe pas de - besoins - impératifs, naturels ou autres, l'individu étant toujours disposé A  abandonner une quantité suffisamment petite de n'importe quel bien pour une quantité suffisamment grande d'autres biens, ainsi qu'il est postulé plus haut. Il y a seulement des désirs, des demandes. Les auteurs notent que le terme besoin n'a de sens que s'il est utilisé au conditionnel : un individu a besoin de X litres d'air par heure pour vivre. Ils soulignent que cela n'implique pas qu'un individu accepte de payer un prix infini pour cet air.
Ce modèle est ensuite contrasté, A  son avantage évident avec d'autres : économique (réduit par les auteurs A  la maximisation du revenu en argent), sociologique (caricaturé en un holisme déterministe et ignorant totalement l'individualisme méthodologique), psychologique (caricaturé A  son tour en le réduisant A  la hiérarchie de Maslow et dans l'ignorance complète des apports de la psychologie cognitive), politique (limité A  celui de l'agent parfait, maximisant le bien public, les préférences des autres membres de la collectivité).
Donc, élissent les auteurs, les individus sont des REMM (resourceful, evaluative maximizers). Cependant, parfois, leur comportement non seulement parait, mais est irrationnel16. Ceci alors ne veut pas dire qu'il soit inexplicable ou aléatoire, mais simplement qu'il est non fonctionnel en ce sens qu'il leur nuit systématiquement bien qu'ils l'aient adopté lontairement. Par exemple il peut s'agir de cas tels que ceux d'un soldat qui ne met pas son casque au combat, de managers qui négligent leurs clients, d'ouvriers ne portant pas les vAStements de protection, etc.).
Ceci peut arriver parce que la vision du monde des individus et leur capacité d'agir ou de réagir dépendent de divers facteurs variés, tels que l'intensité de leurs émotions, qui ont le pouir de changer temporairement leur perception des



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