NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » POLITIQUE éCONOMIQUE » La politique économique d ensemble Quelques grandes options ou pseudo-optionsHiérarchisation des objectifs, sélection A l'intérieur d'une large palette d'instruments, ces deux choix contiennent une ample marge de jeu et s'effectuent sur la base de considérations politiques et économiques ; il en résulte qu'ils diffèrent d'un pays A l'autre et, dans le mASme pays, d'une période A l'autre ou d'un gournement A l'autre. Mais, sous-jacentes A ces choix détaillés, il y a des prises de position préalables dont on va situer quelques éléments essentiels. A / POLITIQUE D'OFFRE OU DE DEMANDE ? UN FAUX DILEMME Le fonctionnement optimal de l'économie peut en définiti se résumer comme la production de biens et services la plus efficace pour satisfaire une certaine demande qui est le résultat du renu distribué comme conséquence de l'activité économique, le tout dans une perspecti dynamique et évoluti. On peut alors chercher les moteurs de l'économie ' moteur de la croissance, moteur des ajustements conjoncturels ' plutôt du côté de l'offre ou plutôt du côté de la demande et définir la politique économique en conséquence : ' plutôt du côté de l'offre : la politique économique s'efforcera alors de privilégier tout ce qui favorise l'innovation et les ajustements structurels : il s'agira de stimuler la recherche, l'innovation, l'instissement et d'organiser l'environnement socio-juridico-économique de faA§on A faciliter les restructurations (procédés utilisés, produits fabriqués, structures juridiques) en éliminant les éléments de blocage et en desserrant tous les freins (y compris par toute une série de mesures favorisant ou facilitant les adaptations, notamment, en ce qui concerne la main-d'ouvre : formation et atténuation des coûts sociaux du changement). On considère a priori que la demande potentielle est par essence en croissance (du moins tant que tous les besoins, exprimés ou potentiels, ne sont pas satisfaits). L'offre permet A la demande de se concrétiser et la croissance en découle. Le dynamisme de l'économie est A chercher du côté de l'entrepreneur. C'est une vision schumpétérienne et hayekienne. ' plutôt du côté de la demande : l'équilibre spontané est insatisfaisant sur deux points : tout d'abord entre l'instissement et l'épargne, c'est le déséquilibre keynésien classique, A résorber par une augmentation des dépenses publiques et du déficit public, qui permet de reler le taux d'utilisation des capacités de production existantes ; d'autre part, par une mauvaise répartition du produit national, tant entre consommation privée et consommation publique qu'entre catégories de ménages : la réponse se trou A la fois dans une augmentation des équipements et services collectifs et dans des actions de redistribution, notamment par la fiscalité et la sécurité sociale. De cette présentation succincte se dégage une impression d'opposition profonde entre les deux visions, et il suffit de pousser un peu la coloration idéologique pour que les deux conceptions paraissent antagonistes : il y aurait alors lieu de faire un choix en vue de l'élaboration d'une politique économique. Conclusion erronée et pernicieuse : en fait, les deux démarches sont complémentaires et l'art est de définir une politique économique bipède (two-handed) qui exploite leurs synergies potentielles. Trois remarques peunt ici AStre présentées : ' La première remarque concerne l'horizon : il se peut qu'A un moment donné, certaines capacités de production soient inutilisées et la tache urgente est évidemment de résorber ce gaspillage ; mais une croissance durable n'est possible que par une augmentation permanente des capacités d'offre. De plus, la notion de capacités disponibles est A regarder de près : il ne s'agit pas en effet seulement de capacités physiquement inutilisées ; celles-ci doint permettre une production compétiti (l'exigence est particulièrement importante dans une économie ourte) et adaptée A la demande ; or, du fait des évolutions technologiques et des transformations de la demande, des capacités inemployées deviennent assez rapidement périmées et la tache essentielle n'est plus alors d'essayer de les utiliser, mais de les moderniser et de les adapter, voire mASme purement et simplement de les faire disparaitre pour les remplacer par des capacités adaptées A l'environnement d'aujourd'hui et de demain. Une certaine vision - keynésienne - des choses sous-estime trop le rythme nécessaire de déclassement technico-économique des équipements. ' La seconde remarque concerne l'emploi du produit national. Un gournement digne de ce nom ne peut se désintéresser des aspects de répartition (mASme si les opinions sur ce thème peunt AStre très variées) ; une politique d'offre ne peut donc AStre conA§ue que face A une certaine structure de la demande (et celle-ci doit évidemment tenir compte de l'offre possible : le slogan - tout, tout de suite - est le type mASme de la démagogie inefficace). Les deux visions d'offre et de demande, loin d'AStre alternatis, doint au contraire AStre habilement conciliées. ' La troisième remarque concerne le fonctionnement mASme des mécanismes économiques. Toute politique de demande bute sur la double limite de l'ampleur des capacités de production et du niau d'efficacité limitée de l'appareil de production : un desserrement de ces deux limites, par une politique d'offre, favorise une politique orientée rs la demande. Symétriquement, une politique d'offre, visant A renforcer l'efficacité, peut entrainer, comme effet direct immédiat, certaines réductions d'emploi ; elle peut aussi, si elle recourt A une réduction de certaines dépenses publiques, avoir un effet dépressif sur l'activité globale ; dans les deux cas, une politique complémentaire visant A soutenir la demande globale peut se révéler nécessaire. B / CONTINUITé OU DISCONTINUITé DE L'INTERVENTION PUBLIQUE ? UNE RéPONSE COMPLEXE Il s'agit lA probablement d'une des questions les plus subtiles et pour laquelle l'évaluation des arguments opposés est la plus difficile. Le point de départ de toutes les argumentations, dans un sens ou dans l'autre, se trou dans le fait que la politique économique vise A faire faire aux acteurs économiques autre chose que ce qu'ils feraient spontanément. Mais ce - autre chose - peut revAStir deux formes opposées : ' il peut s'agir d'amplifier certaines actions spontanées : ainsi en va-t-il pour les actions stimulatrices de l'instissement et de la recherche ou les opérations de relance macro-économique ; ' il peut, au contraire, s'agir de contre-carrer ce qu'ils voudraient faire ou obtenir : ainsi, la politique monétaire, dans sa forme restricti, vise A réduire les dépenses, tant de consommation que d'instissement, les politiques de redistribution ulent modifier les effets de la répartition primaire des renus, les politiques d'environnement forcent les acteurs A tenir compte des effets externes. Suivant les cas, les opérateurs économiques seront donc satisfaits de l'interntion publique et accepteront de modifier leur comportement dans le sens souhaité par l'Etat ou, au contraire, seront insatisfaits et chercheront A riposter, en contournant les obstacles mis sur leur route : on en a vu plusieurs exemples A l'occasion de la politique monétaire, on peut mentionner également, comme cas extrASme, la fraude fiscale. Dans le premier cas, une certaine continuité peut aider A faire conrger les stratégies privées et publique au service d'un mASme dessein (ou dessin) d'évolution économique, dans le second, au contraire, il faut chercher comment empAScher les opérateurs de riposter : une idée est de les prendre par surprise et ne pas leur donner le loisir de riposter, en modifiant fréquemment les règles du jeu, l'autre, inrse, est de pratiquer la fermeté et la constance dans l'action, pour les convaincre de l'inutilité de leurs tentatis de riposte. On peut préciser cette dualité de conclusion en s'intéressant au phénomène des anticipations. Une fraction importante des décisions économiques ' et notamment celles qui engagent le plus le futur ' sont prises sur la base d'anticipations des agents économiques, anticipations qui portent non seulement sur l'évolution des techniques et des comportements des autres acteurs (la demande pour les producteurs), mais aussi sur celle de l'environnement économique tel qu'il est défini par la puissance publique ; c'est ainsi que les entreprises cherchent A deviner A l'avance ce que seront le budget de l'Etat de l'année prochaine, les modifications de fiscalité dans l'espace communautaire, les résultats de négociations multilatérales telles que l'Uruguay round. L'efficacité de l'évolution économique A moyen terme est renforcée si les anticipations qui sernt de base aux décisions se vérifient ultérieurement ; cela conduit A conclure : ' qu'il doit y avoir une profonde silité des systèmes fiscaux5, des réglementations, enfin des dirses politiques structurelles, qu'il s'agisse de l'énergie, de l'agriculture, des transports ; ' qu'une certaine régularité dans le volume des marchés publics est également nécessaire pour valoriser au mieux les instissements des fournisseurs et, par ricochet, stimuler l'innovation : cela vaut pour les télécommunications, les équipements hospitaliers ou scolaires, l'armement ; ' que la silité du taux de change est favorable A une bonne structuration de l'appareil productif ; ' enfin, que la silité du taux d'intérASt est favorable A une bonne orientation des instissements, tant par la permanence du taux d'actualisation qu'elle induit que par la silité du financement par emprunt6. La conclusion d'ensemble serait qu'une profonde continuité de la politique économique est souhaile, du moins au niau du choix des instruments, car il faut évidemment laisser au pouvoir politique la liberté de modifier ses priorités, notamment lorsqu'il y a changement des partis politiques au pouvoir. Toutefois, surtout dans une économie largement ourte, l'économie nationale est soumise en permanence A des modifications de son environnement international et elle est mASme soumise, de temps A autre, A des chocs internes (tel mai 68) ou externes (choc pétrolier, disparition du système monétaire international). La politique économique doit évidemment s'adapter, ac le choix entre des adaptations aussi modiques que possible ou au contraire, de temps en temps, des refontes profondes. Un certain nuancement de la continuité est ainsi inévile. Mais une certaine argumentation va beaucoup plus loin en faur de discontinuités, c'est celle qui découle de la théorie des anticipations dites rationnelles. Cette théorie suppose que les opérateurs ont une vision très complète et valable du fonctionnement de l'économie, y compris de ce que seront, sur la base des objectifs qu'ils annoncent, les comportements de la puissance publique et leurs effets, notamment sur leurs propres objectifs ; ils peunt alors s'organiser pour contrecarrer ces effets et, s'ils s'y prennent habilement, ils arriront, éntuellement après un certain délai, A neutraliser la politique gournementale lorsqu'elle ne leur convient pas : plus il y a de continuité, plus ils apprendront A réagir ainsi ac efficacité. La politique économique n'aurait alors d'effet que par des actions menées par surprise, c'est-A -dire que, par nature, elle devrait éviter la continuité. Il y a ainsi une profonde opposition, au moins apparente, entre les deux conceptions. En fait, les théoriciens des anticipations rationnelles ne se sont jamais intéressés qu'A la politique macro-économique conjoncturelle, et plus particulièrement A la politique monétaire, qui est d'ailleurs la seule A pouvoir AStre modifiée assez rapidement. On peut donc concevoir la juxtaposition d'une certaine continuité dans les politiques structurelles (y compris l'instrument fiscal) et d'une pratique de discontinuité dans la politique monétaire. L'opposition est donc moins radicale qu'on ne le prétend parfois8. Il est aussi intéressant de noter que les praticiens des banques centrales ont tendance actuellement A insister sur une certaine continuité, sinon dans la valeur numérique des instruments monétaires, du moins dans l'existence de réactions A des modifications d'indicateurs, en vue de renforcer la crédibilité de leur action : si les acteurs économiques sant, par expérience, que la banque centrale mènera ac ténacité sa politique anti-inflationniste, en amplifiant autant que nécessaire le recours aux dirs instruments (par exemple le relèment du taux d'intérASt), ils n'engageront pas le combat. Le mASme argument vaut pour la politique de soutien des parités de change9. On ajoutera une dernière considération : l'incertitude coûte, tant par les attitudes de prudence qu'elle génère (et qui conduisent A exiger, dans les décisions économiques, une espérance mathématique de gain plus élevée) que par les frais de gestion des mécanismes que le marché met en place pour permettre de se prémunir contre ses effets. Certes, l'incertitude est inhérente au monde réel, ce n'est pas une raison pour la renforcer par une certaine pratique de la politique économique. C / RA"LE RESPECTIF DU MARCHé ET DE L'INTERVENTION PUBLIQUE ? UNE RéPONSE NUANCéE Plusieurs des chapitres précédents ont d'un côté souligné dirses imperfections du marché, de l'autre fait ressortir la difficulté pour la puissance publique de définir et mettre en ouvre une politique économique efficace. La réalité est ainsi la coexistence d'un marché imparfait et d'un gournement imparfait. Le problème pratique des sociétés modernes est alors de repérer la situation correspondant au dosage optimal entre le marché et l'interntion publique dans le fonctionnement de l'économie. La réponse ne peut pas AStre donnée dans l'abstrait, car elle doit s'adapter aux caractéristiques sociologiques, économiques, politiques du pays considéré, qui sont toutes influencées par l'histoire vécue par le pays depuis un ou deux siècles ; on peut ainsi notamment penser que l'Europe centrale, en voie de - marketisation - devra se définir une forme de gestion spécifique, ne se limitant pas A copier celle (ou celles) de l'Europe occidentale. Deux éléments peunt toutefois AStre mentionnés, une consigne et un mécanisme. Une consigne fondamentale peut tout d'abord AStre formulée : l'ampleur et surtout les modalités de l'interntion publique doint AStre compatibles ac l'esprit qui est A la base de l'économie de marché décentralisée, A savoir reposer sur la double idée de la poursuite systématique de son intérASt personnel par chaque acteur économique (individu ou groupe) et de la sanction des responsabilités, sanction positi (par des renus) ou sanction négati (notamment par la faillite pour les entreprises). Si des actions de redistribution (au sens large) sont indispensables, il faut iller A ce qu'elles soient le moins incompatibles possibles ac les deux idées précédentes. D'autre part, mASme si les opérateurs du marché et la puissance publique sont sur de nombreux points en opposition (fiscalité, limitations monétaires, etc.), il faut que, globalement, ils agissent au service d'un mASme objectif, le mieux-AStre du pays. Il est pour cela nécessaire que leurs stratégies ' et les décisions et actions ponctuelles qui en découlent ' soient compatibles : c'est le rôle de la programmation stratégique A moyen terme que d'assurer cette compatibilité, on va délopper ce point. |
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