L'idée de la programmation économique A moyen terme (pemt) dans des pays A
économie de marché s'est déloppée et concrétisée dans dirs pays européens après la seconde guerre mondiale. Le problème de base était d'orienter les facteurs de production rares rs les meilleurs usages et d'assurer la cohérence du déloppement économique.
Puis, il y a eu un reflux général en Europe des expériences de pemt qui amène A s'interroger : l'utilité de la pemt a-t-elle disparu, ou bien est-ce la pemt telle qu'elle était conA§ue ' et partiellement mise en ouvre ' il y a un quart de siècle qui n'est plus adaptée aux besoins d'aujourd'hui. En d'autres termes, abandon justifié ou adaptation nécessaire ?
A / L'UTILITé D'UNE STRATéGIE A LONG TERME
On peut aborder la question par quelques réflexions sur l'articulation marché-programmation.
Certains économistes présentent comme antinomiques le marché et la programmation A moyen terme ; il s'agit lA d'une erreur découlant d'une vision trop idyllique du marché et d'une mauvaise interprétation de l'idée de programmation.
Le marché est indisculement un puissant mécanisme de création, d'information et de transmission de signaux sur l'état de l'économie, mais il éclaire mal sur le futur, surtout si celui-ci est assez éloigné. L'éclairage fourni directement par le marché doit donc AStre complété par des études prospectis essayant de cerner les lignes de force du futur. Mais ces études sont généralement élaborées sous forme de scénarios alternatifs. Dans la meilleure hypothèse, nous disposons donc d'une batterie de valeurs alternatis pour les variables stratégiques de nos décisions économiques ; et nous sommes donc placés dans une situation de décision en anir incertain, ac un risque d'incohérence entre les dirses décisions, si leurs auteurs se placent dans des scénarios différents.
Le rôle de la programmation stratégique va alors d'AStre, comme le disait Pierre Massé, un réducteur d'incertitude parce qu'elle aide A repérer l'effet sur l'évolution économique des lignes de force ou des faits porteurs d'anir dont la prospecti est préalablement un détecteur ou un révélateur.
On arri A la conclusion que marché et programmation, loin d'AStre antinomiques, sont complémentaires ; si le marché doit rester la base de l'organisation économique de pays qui se ulent efficaces, car c'est dans une économie décentralisée que peunt s'épanouir le mieux les initiatis individuelles génératrices d'innovations incessantes, tant sur les procédés que sur les produits, il doit, pour fonctionner de faA§on tout A fait satisfaisante, AStre complété non seulement par une surillance publique qui garantit le respect des règles de
concurrence (point sur lequel insistent beaucoup les économistes allemands de la Sozialmarktwirtschaft), mais aussi par un mécanisme qui aide A l'élaboration d'informations sur le moyen et long terme et qui favorise la cohérence de l'ensemble des décisions prises dans un anir incertain : c'est ce mécanisme qu'on peut baptiser de programmation stratégique A moyen terme.
B / L'ESPRIT D'UNE PROGRAMMATION STRATéGIQUE A MOYEN TERME
Stratégie et non programmation A moyen terme. Pourquoi ? Parce que le problème crucial a changé.
Le double trait dominant de la réalité actuelle est l'influence dominante de l'environnement extérieur sur chaque économie nationale, ac l'ourture croissante des économies sur le reste du monde et la
mondialisation croissante de la technologie, et l'incertitude profonde qui affecte l'évolution de cet environnement, du fait du nombre croissant d'acteurs sur les
marchés : micro-acteurs comme la plupart des entreprises, méso-acteurs qui sont les entreprises multinationales, macro-acteurs étatiques et macrodécisions.
Le problème tel que nous le connaissons maintenant peut alors AStre synthétisé comme suit : il s'agit de se préparer en temps voulu A procéder aux adaptations qui seront nécessaires pour répondre A des modifications, non prévisibles ac certitude, de l'environnement extérieur. II est donc profondément différent de celui qui avait donné naissance A dirses expériences de programmation économique A moyen terme, où il s'agissait de sélectionner un sentier d'expansion - optimal - (ou préféré) et de définir les mesures A prendre et les actions A engager pour progresser sur ce sentier.
Il demeure un élément commun, c'est que, sur une série de points, la préparation du moyen et long terme doit commencer dès aujourd'hui. Mais au lieu de se définir un de vol A respecter, il s'agit de se préparer A naviguer au mieux dans un environnement non prévisible aujourd'hui de faA§on unique, mais pour lequel on peut seulement repérer aujourd'hui dirses variantes possibles, dont une seule se matérialisera : le problème n'est donc plus de préparer un cheminement, mais de définir une
stratégie d'action en anir incertain. Il ne s'agit plus de définir un catalogue chronologique d'actions A mener, mais de se doter, par des actions engagées A l'avance, d'une suffisante souplesse d'adaptation.
La structure de la procédure A mettre en ouvre découle alors clairement du problème posé et comprend trois phases fondamentales :
' la description des scénarios alternatifs (et mutuellement exclusifs) possibles ;
' la définition des comportements optimaux dans chacun des scénarios, le repérage des actions A lancer A l'avance pour que ces comportements soient réalisables (définition d'un noyau dur de telles actions) ;
' le lancement, en temps voulu, des actions du noyau dur, ces actions consistant de moins en moins en actions directes (type instissement) et de plus en plus en mesures organisationnelles définissant l'environnement dans lequel vont se mouvoir les agents économiques décentralisés.
ConA§ue telle quelle, la programmation stratégique A moyen terme peut denir une pièce maitresse du bon fonctionnement du marché.