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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Les médias du médium

Y a-t-il un plaisir qui puisse remplacer le journal du matin, encore humide d'encre fraiche, qu'on se cale sous le bras avec les croissants ? On songe, en pressant le pas, aux titres de une ; on se réjouit A  la perspective de l'effeuillement, et, pour peu que ce jour soit un dimanche, des longs articles dans lesquels on se plonge avec jubilation. Ces menues joies n'ont pas cours sur un écran d'ordinateur. Aucune lette numérique e-book, aussi sophistiquée et bardée de mégabits de mémoire soit-elle, ne se plie dans la poche, ne se déchire pour lire avec son voisin, n'emballe le poisson. Et tant que les feuilles souples électroniques restent A  l'état d'expérimentations de laboratoire, le confort de lecture plaide pour le papier.

L'électronique aime le papier

Maintenant, arrAStons-nous. Imaginez que vous avez sous le bras une dizaine de feuilles au format A3, illustrées, en couleur. Elles sentent effectivement l'encre fraiche, mais elles ne salissent pas les doigts : elles sortent d'une imprimante laser. Votre kiosquier, qui a enregistré sur son disque dur vos préférences de lecture, a édité sous vos yeux un journal sur mesure, en téléchargeant des articles via Internet. La machine a pioché dans les contenus de deux quotidiens nationaux pour les nouvelles générales et dans celui d'une radio locale en ligne pour les petites annonces de proximité. Elle a rajouté une rasade d'économie tirée d'un titre anglophone réputé, et le supplément littéraire du week-end. Vous y avez adjoint in extremis un reportage sur la Mongolie, parce que les affichettes de publicité du magazine vous ont fait envie. Et, bien entendu, vous avez payé le tout par sectiune A  puce, A  l'article.
Les antages ? Pour vous, ils sont clairs. Il coûte infiniment moins cher d'acheter la presse par petits bouts. La sélectivité permet d'étendre l'éventail de titres, puis d'en découvrir d'autres. Les nouvelles extraites sur le réseau sont par ailleurs exceptionnellement fraiches, lorsque l'équipe journalistique réactualise en permanence ses enquAStes. Mais les principaux bénéficiaires sont les éditeurs de journaux. L'impression A  la demande les débarrasse des énormes coûts de distribution, et notamment de la facture des invendus qui reviennent A  l'expéditeur A  ses frais. Quand ces sommes représentent jusqu'A  la moitié du prix au numéro, l'enjeu est de taille. Cette chute des dépenses se répercute sur le prix facial. Il n'augmente pas ou peu, bien que l'imprimerie soit désormais artisanale, ce qui limite les économies d'échelle. De plus, c'en est fini des interminables grèves des messageries, lésant patrons de presse, journalistes et lecteurs. La pire chose qui puisse survenir, c'est alors la panne informatique.
Ce kiosque virtuel n'existe pas encore - dans sa version grand public, avec ses capacités graphiques et sa multitude de journaux numérisés. Peut-AStre s'agit-il d'une chimère. Toutefois, depuis 1999, un équipement très proche a vu le jour dans certains hôtels et aéroports américains, ainsi qu'A  Hong Kong, Sidncy, SA o Paulo, Londres, Bangkok. PressPoint ', une société créée en 1994 en IsraA«l et relancée sous ce nom en 1997, offre aux hommes d'affaires voyageurs la possibilité de télécharger leur quotidien national, A 'El Mundo A  la Siiddeutsche Zeitnng en passant par les Novie Izvestia ou Libération.
Cette aventure commerciale incite A  penser que l'ère de l'imprimé n'est pas révolue. MASme sans kiosques virtuels, il est fort peu probable que la feuille de chou du quartier disparaisse du jour au lendemain. On ne ferait effectivement pas beaucoup d'économies sur la distribution en la publiant en ligne. En 2003, prévoit une étude réalisée en 1999", sur les 15,6 millions de tonnes de papier produit dans le monde pour les magazines, un seul million sera économisé grace aux médias électroniques. Par ailleurs, la consommation de rainettes par les entreprises devrait doubler entre 1996 et 2003, ruinant le mythe du - bureau zéro papier -. Bref, les amateurs de supports de lecture palpables, légers, multiionctionnels n'ont pas trop de souci A  se faire, ce qui prouve bien que le thème de la disparition de l'imprimé est un faux problème pour l'industrie de l'information.
Autrement préoccupante est la question de la disparition des sources de revenus classiques pour les groupes de presse traditionnels. Sur Internet, de nouveaux coûts surgissent, la concurrence s'accroit et la proation des contenus gratuits pourrait miner toute volonté de facturation. Il ne s'agit pas pour autant de renoncer au passage en ligne : dans l'information comme dans les autres secteurs économiques, et peut-AStre encore plus puisqu'il s'agit de la matière première du Net, de son or noir, des barbares sont nés. Plus aucun empereur ne peut l'ignorer, car les effets du changement débordent le réseau.
Les médias fondent donc sur le Web. L'urgence est particulièrement grande pour la presse écrite, car la disparition d'un rang d'intermédiaires, les distributeurs, est un aiguillon concurrentiel. Les sociétés qui se privent de cet atout seront distancées. C'est moins vrai pour les entreprises audiovisuelles qui ne peuvent pas compter sur l'informatique connectée pour rationaliser leurs coûts. Si leurs frais de reportage et de montage chutent, grace A  des studios et des caméras numériques bon marché, elles vont devoir accroitre sans fin les capacités de leurs infrastructures pour émettre en ligne.
Dans une économie des télécommunications, plus les gens sont nombreux A  entrer en communication, plus il faut de lignes pour les servir. On partage la bande passante en fonction du nombre d'utilisateurs. Il faut donc augmenter sa capacité afin qu'elle tienne le choc lors du pic de consommation, ne durerait-il qu'une minute. Le reste du temps, le réseau est surdimen-sionné par rapport au trafic. C'est l'inverse du système de la télévision, où il n'est pas nécessaire d'élargir le tuyau pour desservir plus de monde : avec la diffusion multipoints, en effet, la ressource n'est pas partagée. Le téléspectateur qui allume son poste ne soustrait pas aux autres le débit dont il bénéficie. Cette constance est une source d'économies d'échelle pour l'industrie audiovisuelle ; car il suffit de toucher un maximum de spectateurs pour couvrir les frais de production d'émissions. Cela ne coûtera pas un sou de plus en infrastructures. En l'absence de tels antages, la net-télévision ou la net-radio de masse sont une hérésie.
Cela n'empASche pas ces médias d'ouvrir leur site Web. D'où le danger, pour la presse, d'une concurrence exacerbée et tous azimuts - le kiosque ne peut-il aussi imprimer des scripts d'émissions radiophoniques ? La suprématie de l'écrit n'est pourtant pas en cause. Parce que le traitement de texte est le premier outil informatique ; parce qu'on ne s'installe pas dans un canapé pour naviguer ; parce que l'hypertexte fait de l'internaute un lecteur avec le doigt posé sur la ligne ; parce que mASme pour voir un clip, il faut tourner la e On cherche une information sur le Web comme dans les journaux. La radio, elle, s'écoute distraitement, en faisant autre chose, et la télévision encourage la passivité du spectateur. La concurrence pour le temps des consommateurs de médias se joue essentiellement entre la presse hors ligne et les net-publications, car elles satisfont les mASmes besoins de précision et d'interactivité.
Et, dans cette course, les mutants ont l'antage d'AStre crédibles. Ils ont pour eux une marque, une tradition d'excellence, un rôle de proximité. La crédibilité, c'est la clef de la réussite des nouveaux médias, souvent soupA§onnés de faire de l'information au rabais. Toutefois, les groupes traditionnels gacheront ce capital historique et déontologique s'ils ne posent pas la vraie question : que reste-t-il du journalisme lorsqu'on enlève les journaux ?

L'économie de l'information n'a pas trouvé son modèle

Slate aura été l'ultime tentative de Microsoft pour facturer au public l'information en ligne. Cet hebdomadaire virtuel, lancé en 1996, ait réussi A  créer un important trafic sur son site, avec un demi-million de - visiteurs uniques3 - par mois. Quand son propriétaire a décidé de le rendre payant, en mars 1998. Après six mois d'exploitation, le nombre de lecteurs a été divisé par deux. La cotisation annuelle, vingt dollars, n'ait pourtant rien d'extragant. Mais le rédacteur en chef Michael Kinsley a reconnu qu'il était plus difficile de vendre des abonnements sur Internet que dans le monde physique, en raison de la concurrence, et que ce n'était de toute faA§on pas une bonne stratégie A  l'heure où les médias se constituent des audiences en ligne. En effet, la gaffe de Slate a permis A  son grand ril Salon d'émerger. Heureusement, après un an de débacle, Bill Gates a remis des dollars dans l'affaire (plus exactement, il a continué A  soutenir ce projet sur le budget de recherche de Microsoft, A  hauteur de trois millions de dollars par an) et le net-magazine a retrouvé la voie de la gratuité en février 1999. La diffusion est immédiatement repartie, avec 900 000 lecteurs en mai. Quant aux recettes publicitaires, elles ont fait sonner le tiroir-caisse comme jamais. D'avril A  juin, Slate a gagné autant qu'au cours des neuf mois précédents4.
Il est désormais clair que la presse en ligne ne peut plus compter sur le panachage abonnements, publicité, petites annonces qui définissait son modèle économique avec le papier. A€ moins de s'appeler le Wall Street Journal, de viser un public très connecté et de divulguer des informations spécialisées, ce qui permet d'exiger une soixantaine de dollars de l'internaute chaque année, l'industrie doit réinventer des sources de revenus. Le quotidien new-yorkais, renle depuis septembre 1999, est l'exception. Gagner de l'argent en ligne n'est pas une mince affaire pour les médias. MASme les annonceurs font défaut, car les bannières numérisées rapportent moins que les encarts sur le papier. De plus, comme tout le Web est un gigantesque média, ils ont le choix de l'emplacement. Et ils préfèrent bien souvent camper sur les portails les plus fréquentés ou noyauter les sites spécialisés, avec une clientèle bien ciblée. On peut certes faire payer l'accès aux archives, comme Le Monde et le New York Times, ou A  l'inverse, faA§on Wired, facturer l'exemplaire encore en vente dans les kiosques. Mais ces recettes ne suffisent pas.
Les sombres pronostics des éditeurs d'hebdomadaires américains témoignent d'une transition douloureuse. En 1999, seuls 6,5 % d'entre eux entrevoyaient la renilité éventuelle de leurs activités sur le Net5. A€ se demander si les médias en ligne ne sont pas condamnés A  devenir une vitrine pour les sites commerciaux. L'information gratuite serait une danseuse qu'on entretient, voire une entraineuse chargée de pousser A  la consommation
On ne peut pour autant faire d'Internet la cause de tous les maux de fa presse. Il y a déjA  belle lurette que les schémas de financement traditionnels s'essoufflent. Les dernières décennies ont vu éclore des technologies telles que la télévision par abonnement ou les consoles de jeux vidéo, qui ont soustrait aux journaux un peu du temps d'information et de distraction que les consommateurs leur consacraient. C'est l'une des raisons pour lesquelles la circulation des publications imprimées décline depuis déjA  trente ans en Europe, et plus d'une dizaine d'années aux états-Unis. La vente des numéros ne suffit pas A  couvrir les frais de distribution, et la diffusion réduite limite la possibilité d'économies d'échelle. Selon The Economist, un ralentissement de la croissance du marché publicitaire pourrait provoquer une hécatombe, car les journaux ne sont pas une priorité des annonceurs : - Certes, les revenus publicitaires se sont accrus rapidement, mais seulement parce que les dépenses globales en publicité ont crû encore plus vite. Leur part a en fait diminué : en Amérique, de 24,4 % A  21,5 % entre 1993 et 1998''.-
Les journaux - papier - gardent bien sûr un rôle irremplaA§able dans la fabrication du lien social, de l'identité : on ne lit pas seulement un titre pour s'informer, mais aussi pour se sentir appartenir A  une région, A  une classe sociale, A  un parti Cependant, cela ne suffit pas A  assurer leur pérennité. Le réseau a révélé A  quel point le modèle économique de la presse se délitait. - On a l'impression que les journaux font naturellement partie du paysage, mais ils ne le font pas plus que les péniches de halage ou les usines A  cheminées. Comme elles, ils sont les produits d'un stade spécifique de développement technologique. - Et c'est avec Internet que les titres traditionnels ont réalisé qu'ils étaient mortels. Car la suppression des barrières financières A  la publication a permis l'irruption d'une multitude de sociétés spécialisées, empiétant sur leurs plates-bandes. - Il s'avère qu'un journal était une centaine d'entreprises différentes rassemblées au sein d'une seule ; et qu'il pourrait se désintégrer, maintenant que la colle économique qui les a tenues ensemble s'est dissoute. -
Les journaux assistent, impuissants, au décorticage des contenus, et A  la partition des plus renles d'entre eux. Qui veut l'information financière la plus A  jour s'adressera A  Reuters ou aux courtiers en ligne. Pour l'horoscope, une galerie de voyants proposent leurs services sur le Web. Les lecteurs occasionnels, qui achètent le journal le temps de chercher un appartement ou bien une voiture, ont trouvé d'autres moyens de s'informer. En effet, des portails immobiliers comme Realtor.com aux états-Unis, Fnaim.fr en France, lancés par les professionnels, tiennent la dragée haute aux petites annonces de la presse, menaA§ant A  terme l'équilibre financier des éditions imprimées. Le réseau est riche en opportunités, A  la fois locales et internationales, et ses fonctions de recherche évoluées simplifient la tache des lecteurs en quASte de biens et services précis. Enfin, les dépASches en ligne des agences de presse et les communiqués des organismes qui font l'actualité détrônent les brèves des journaux. Au détour, le voile se lève sur la paresse des empereurs qui reprennent ces sources sans y enlever une virgule. Le roi est nu.
Une drôle d'idée est alors née dans le petit monde du net-journalisme : et si on faisait du commerce électronique ? Début 1999, le respecle magazine américain Forbes prenait le parti de cette diversification des revenus, malgré les soucis d'éthique qui ne manqueraient pas de surgir : - Aucun des principaux sites Web n'appartient A  un groupe de médias traditionnel ; cela pourrait en partie s'expliquer par l'absence de possibilités d'achat sur leurs es. Des riux plus récents - les portails comme Yahoo - mASlent contenus et commerce sans ciller7. - Le média étant différent, les attentes des lecteurs changent, estime le journaliste. Ils désirent que leurs titres préférés leur donnent la possibilité de passer de l'article au magasin en un clic, puisque cette fluidité est une grande qualité du Web.
Depuis 1996, Amazon en a tiré les conséquences. Le libraire a passé des accords avec les patrons de presse et les rémunère au pourcentage de visiteurs qu'ils lui envoient. Après tout, dans la mesure où les journaux ne sont pas intéressés aux ventes, est-ce si grave ? Tant que le lien hypertexte ne s'insère pas dans les es de critique littéraire, c'est effectivement plutôt un service rendu qu'une dérive commerciale. Dans le cas contraire, le lecteur commencera A  douter, A  tort ou A  raison, de l'honnASteté intellectuelle du chroniqueur qui lui nte les mérites d'un best-seller, puis lui montre le chemin de la boutique. Ayant goûté une première fois au commerce électronique avec Amazon, et constatant qu'il n'y ait pas eu de tollé, les médias en ligne ont multiplié les accords de ce type avec d'autres marchands. Le Los Angeles Times s'est essayé au rôle d'agence de voyages, le New York Post a monté sa galerie de boutiques virtuelle, Slate cumule une sélection de produits et de marchands avec des sweat-shirts ou des casquettes portant sa marque. Il est vrai que ce dernier bénéficie de synergies avec le portail de Microsoft, MSN.
LA  où les choses se corsent, c'est justement lorsque la profusion de liens masque les allégeances vériles. Car les médias en ligne prennent des allures de nébuleuses où l'information, les loisirs (entertainment) et les commerces cohabitent. Sur la Toile, cette tendance s'accentue du fait de l'omniprésence des groupes de presse américains. Ces derniers sont en moyenne plus concentrés que leurs homologues européens, parce que leur marché est continental, et parce que les Américains traitent l'information comme n'importe quelle autre industrie. Il n'y a pas d'exception culturelle qui ille.
L'Online Journalism Review, une revue professionnelle qui observe les pratiques de la presse en ligne, a tenté d'y voir plus clair dans ces organisations emboitées les unes dans les autres. - MASme si ces publications sont en général objectives, leur profil commercial flou empASche de savoir si elles ont un intérASt direct dans un quelconque domaine8 -, conclut-elle. Les géants du secteur s'appellent ZDNet, C/Net, IDG, CMPnet, Internet.Com, The Street, Wired, Red Herring. Inconnus du grand public, A  part les deux derniers qui publient des magazines sous leur nom, ces groupes sont issus de l'univers informatique ou du monde des affaires. L'éditeur de journaux spécialisés Ziff-Davis finance ZDNet, et appartient lui-mASme A  hauteur de 71 % A  la holding japonaise Softbank. Mais il détient également une minorité du capital de Red Herring. Quant A  The Street - théoriquement concurrente de cette constellation puisqu'elle est alliée au magazine The Industry Standard, propriété d'IDG -, elle compte parmi ses actionnaires la Softbank. On a du mal A  y retrouver ses petits. D'autant plus que les uns et les autres promeuvent leurs salons professionnels, les moteurs de recherche auxquels ils sont alliés, les sites d'information du groupe
Dans ce contexte, le commerce électronique comme source de revenus peut rapidement devenir une fin en soi. Les inquiétudes d'ordre éthique au sein de la rédaction sont l'arbre qui cache la forASt : l'organe de publication est peut-AStre déjA  inféodé A  un conglomérat, sa seule utilité consistant A  faire converger les internautes sur une place commerciale où les marchands sont triés sur le volet par les soins de la direction du marketing. Sommes-nous en présence d'un journal ou d'un - magazine de consommateurs - ?
On aurait tort, cependant, de jeter le bébé avec l'eau du bain. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas encore trouvé la solution pour gagner de l'argent qu'il faut cesser de chercher. Christophe Agnus, transfuge de l'hebdomadaire franA§ais L'Express, et créateur du Net-magazine de société Transfert'', considère que le commerce électronique est un pis-aller : - Le danger serait de dénaturer une image de marque. Le Monde peut vendre des livres en ligne, mais quelle cohérence y aurait-il pour ce quotidien A  proposer des voitures ? Cela dit, je comprends que les éditeurs de sites Web tentent de gagner quelques sous, quand leur direction n'est pas prASte A  investir les sommes nécessaires pour se développer sur Internet. Toutefois, attention au retour de baton, lorsque les internautes auront des convictions un peu plus arrAStées I0 -
Aux yeux de ce jeune patron, l'absence de bénéfices n'est pas une tare, si le média en ligne construit son lectorat. Puisque les financiers font crédit A  Amazon, ils peuvent bien couver la presse, comme ils l'ont d'ailleurs toujours fait dans le monde physique. Christophe Agnus cite le quotidien USA Today. Il a mis dix ans ant d'AStre renle : - ça a été un gouffre financier. Aujourd'hui, les gains sont fantastiques. Cela n'aurait pas été possible s'ils n'aient pas eu un milliardaire derrière eux pendant les années de ches maigres. Il ne faut pas oublier qu'un mensuel met en moyenne trois A  cinq ans ant de faire des bénéfices, qu'un hebdomadaire prend sept ans et un quotidien dix. Et je ne parle mASme pas du retour sur investissement. - Vive, donc, le capital-risque et la Bourse. Mais les médias les intéressent-ils vraiment ?

Noyé dans le médium

En juillet 1999, la leur de l'ensemble des journaux américains cotés était déjA  inférieure A  celle d'America Online". Un seul portail fait de l'ombre aux grands titres, qui ont pourtant habituellement les moyens de se faire entendre. Cest qu'AOL est lui aussi un média, dans un univers, le Web, qui n'est que médium. Drainant plus de vingt millions d'internautes A  la fin du siècle, il était en mesure de proposer A  chacun d'entre eux un journal sur mesure, ant mASme que son mariage avec Time Warner, en janvier 2000, ne se traduise par l'injection massive de contenus numérisés dans le site Web.
Sur une e écran, America Online ne fait pas seulement tenir les informations de deux agences de presse, les analyses de marché de CBS et les reportages vidéo du réseau de télévision Fox. Le lecteur dispose également de la météo de sa ville, du cours de ses actions en temps quasi réel, de l'horoscope, des mots croisés, du score du dernier match de son équipe de foot préférée, des es jaunes, de trois moteurs de recherche pour le Web, les actualités et le shopping, d'un accès direct A  son e-mail gratuit, A  sa messagerie instantanée, aux forums de discussion, A  l'annuaire des abonnés AOL, et mASme d'une calculatrice A  l'écran ! A-t-on déjA  vu une vitrine aussi remplie ? C'est la magie de l'hypertexte.
Pour d'autres, c'est de la sorcellerie. L'ascension des portails, ces nouveaux intermédiaires qui font de la gratuité de l'information un principe, resserre la nasse autour des médias classiques. Non seulement les fournisseurs primaires se passent désormais de leurs services pour AStre entendus, mais, en al, des sites non payants leur offrent sur un plateau leur écrasante audience. Certains, comme Slashdot12, font mASme appel aux internautes pour produire de l'information en ligne, court-circuitant jusqu'aux agences. Cette entreprise gérée par trois personnes abreuve chaque jour près de 600 000 lecteurs avec une série de liens indiqués par les membres de cette communauté. Ils mènent vers des communiqués de presse, des fragments de es Web, des histoires parues dans les magazines Les journaux A  l'ancienne sont les victimes de la désintermédia-tion. En outre, leurs colonnes sont allègrement reprises et dupliquées dans les revues de presse concoctées par des portails verticaux ou des sites d'information généralistes. Le geste du - copier-coller - appris A  l'école du traitement de texte semble devenu la faA§on la plus répandue de créer de la leur ajoutée A  peu de frais. Et l'on ne s'en offusque pas outre mesure, car le réseau est partageux.
La concurrence surgit de toutes parts. En Europe, elle s'aggrave du fait du morcellement du paysage médiatique. En effet, en adoptant le véhicule de l'écriture multimédia, les chaines de télévision ou les stations de radio nationales entrent en conflit direct avec les journaux. Ces derniers se déchirent mASme entre eux, A  présent que les barrières géographiques ont sauté. Le quotidien californien et pionnier San José Mercury News a soudain rencontré une audience internationale. En France, le Télégramme de Brest a failli faire une grande carrière sur le réseau, mais il a manqué ce but faute d'investissements conséquents. Tout le monde peut faire du texte, du son et de l'image, du local, du national et de l'international, du généraliste et du sectoriel : il n'y a plus de barrières entre les spécialités, il ne reste qu'une multitude de - médias - indifférenciés, se jouxtant les uns les autres et luttant pied A  pied pour la conquASte du mASme public. Or, en ces temps difficiles, il serait plus judicieux d'unir ses forces pour conquérir le Web. Mais la constitution de partenariats est un processus lent et imparfait. En attendant, peu d'acteurs européens sont en mesure de tirer leur épingle du jeu, analyse la banque d'affaires Goldman Sachs, qui distingue l'agence de presse Reuters, et les éditeurs UPC et Wolter Kluvers .
Selon Alain Le Diberder14, cette fragmentation fausse la aison avec l'industrie de l'information américaine, qui dispose déjA  de quelque expérience en ligne : - En France, Gaumont n'a rien A  voir avec TFl. Aux Etats-Unis, au contraire, on ne raisonne pas par médias. On trouve des groupes A 'entertainment, qui s'organisent autour de deux pôles. Disney Folks, Warner font de la fiction. CBS, NBC font des news. Cependant, mASme cette distinction a tendance A  disparaitre : ABC, dans la télévision, a été rachetée par Disney ; les studios Warner possèdent Turner, c'est-A -dire CNN ;
derrière la chaine NBC, il y a Westinghouse. Les Américains ont une conception globale. Ils sont habitués A  décliner les contenus sur différents médias, et Internet ne leur pose pas de problème spécifique. - Les groupes qui poursuivent une stratégie intégrée et multiplient les synergies de personnel ou de contenus ont les moyens de financer les pertes du multimédia pendant plusieurs années. Mais ce modèle est difficilement transposable en Europe où il faut parler douze langues et respecter quinze lois pour atteindre la fameuse taille critique.
Alors, comment ne pas se noyer dans le Web ? En montrant qu'un média professionnel ayant fait le plongeon dans le réseau
peut suivre le courant sans se noyer. Il ne se confond pas avec le reste du médium, parce qu'il apporte une leur ajoutée qualitative. Il se met A  l'écoute du lecteur bien plus qu'il ne l'était dans le monde physique et répond de ses erreurs directement auprès d'eux. Le concepteur du Webdo 15, le premier journal suisse sur Internet, propose ainsi trois axes de développement pour le journalisme en ligne : - La diversité, la communauté et le mouvement -.
Bruno Giussani imagine d'abord une forme de personnalisation des informations qui au-delA  du journal sur mesure d'AOL, afin de satisfaire la multiplicité des besoins. Le journaliste devra manier en virtuose l'outillage du Web. Vérile metteur en scène, il convoquera l'image animée dans des séquences où la logique affective doit primer, et modélisera ses propos en trois dimensions s'il s'agit d'AStre démonstratif. Il superposera plusieurs niveaux de détail grace A  l'hypertexte, et indexera son trail A  la faA§on d'un documentaliste, afin que les moteurs de recherche le retrouvent. - D'où [] un renversement de la nature du jugement journalistique. Les maitres dans l'exercice de tirer l'essentiel d'une histoire devront apprendre A  l'élargir et A  la développer de la faA§on la plus imaginative et la plus complète. -
Le journaliste sera tout ouïe lorsque les internautes, producteurs d'information comme n'importe qui sur le réseau, voudront faire passer un message. Son rôle d'expert s'estompera, car il deviendra le médiateur au sein d'une communauté de lecteurs actifs, quand il ne s'effacera pas tout bonnement pour laisser parler les autres. - C'est tantôt un agent qui dirige le trafic, parfois un explorateur, souvent un "facilitateur" de discussion. -
Enfin, il ne s'arc-boutera pas en in pour arrASter le mouvement perpétuel du Web, si épuisant que soit le rythme du temps réel, si contre nature qu'apparaisse le désordre de l'arborescence pour quelqu'un qui a appris A  rédiger en suint une structure linéaire. - Un article devient une "histoire en progression", pount puiser dans une série d'autres histoires, grace A  l'hypertexte, et peut faire l'objet d'une recomposition constante. -
Il s'agit rien moins que d'inventer une esthétique pour les médias en ligne. Tant qu'elle n'existe pas, le Web est une zone anonyme, pareille A  ces banlieues déurées par les installations industrielles et les panneaux d'affichage géants.


Croire dans le Web


Mais certains croient que ce médium est, par nature, un paysage ragé et infréquenle. Les qualités intrinsèques du réseau en feraient un moyen de communication idéal, mais pas un canal d'information. Les médias y perdraient leur ame.
A€ cet égard, l'affaire Matt Drudge a causé bien des dégats. Cet ex-employé de la boutique de cadeaux de la chaine de télévision CBS, agé d'une trentaine d'années, s'est reconverti en - reporter - sur Internet. Equipé d'une simple connexion A  vingt dollars le mois, il a monté le Drudge Report dans son appartement de Hollywood. Puis il s'est fait connaitre en publiant sur sa e personnelle des rumeurs plus ou moins avérées, touchant le cœur du pouvoir. Poursuivi en justice depuis août 1997 par le conseiller de la Maison-Blanche, Sidney Blumenthal, qu'il ait accusé A  tort de battre sa femme, ce colporteur de ragots a pris A  cœur sa mission de procureur du peuple. En janvier 1998, il révèle que Newsweek a reporté d'une semaine la publication d'un article qui deit révéler le scandale Monica Lewinsky. L'histoire de cette stagiaire ayant eu une brève aventure avec le président Clinton ait déjA  filtré dans l'opinion ; mais le coup de Drudge a déchainé les passions. Par contrecoup, il a focalisé la critique des médias classiques, qui ont vu dans ce singulier personnage l'incarnation diabolique du Web. Ni crédible ni recommandable.
Quand les médias traditionnels amalgament Matt Drudge et la presse en ligne, c'est avec l'intention de choquer. Ce grossier procédé traduit surtout leurs angoisses et leur désarroi face A  un médium qu'ils ne maitrisent pas. Leur monopole sur la médiatisation des opinions chancelle car, sur Internet, n'importe qui peut s'auto-éditer et s'instituer journaliste. Rien n'oblige les nouveaux publicistes A  mettre en place un - circuit de la copie -, comme on le fait dans les rédactions, où le correcteur et le rédacteur en chef lident les textes ant qu'ils ne soient envoyés A  l'imprimerie. Les empereurs sur la défensive en concluent qu'en dehors d'eux-mASmes on ne peut faire confiance A  personne. Mais cette thèse ne tient pas la route, puisque sur le marché de l'information encore plus que sur celui du yaourt, le consommateur reconnait les marques qui sont une garantie de qualité. Il sait A  quoi s'en tenir avec es Matt Drudge du réseau : ce n'est pas de la presse, mais du commérage. La plupart du temps, il se méfie de ces racontars. Si jamais il y croyait, a priori les médias dignes de foi n'amplifieraient pas cette rumeur, eux. Matt Drudge lui-mASme affirme se moquer de la véracité des bruits qu'il colporte.
L'autre trait qui fait horreur aux vétérans de la profession, c'est l'accélération du rythme de publication, qui empAScherait toute lidation sérieuse de l'information. Matt Drudge se présente comme un - hyper-instant reporter -. Or la vitesse est un faux problème, une rois de plus. Certes, le temps réel permet d'avoir les nouvelles les plus fraiches juste ant d'éditer une histoire et de la remettre A  jour progressivement. Et alors ? Cela signifie-t-il qu'il faut se passer de correcteurs, cesser de recouper ses sources et ne plus jamais en référer A  son rédacteur en chef lorsqu'un problème déontologique se pose ? Fariboles. En aucun cas il n'est demandé au journaliste de trailler A  un rythme inhumain et nuisible A  la qualité des enquAStes. Le Web le contraint seulement A  suivre une histoire tout au long de son développement. Il en vient donc A  ne plus parler seulement des - trains qui n'arrivent pas A  l'heure -. A€ la logique de l'immé-diateté, on peut opposer celle de la capitalisation de l'information, qui inscrit au contraire les médias électroniques dans un temps long. Mais c'est, bien sûr, un choix éditorial.
La stratégie du scoop est d'ailleurs délorisée par le bouche A  oreille électronique qui répand les nouvelles universellement, A  la vitesse de la lumière. Quand bien mASme une publication en ligne ferait du temps réel le premier critère de son succès, elle pourrait conserver les mASmes exigences de qualité : - En fait, les sites de news les plus fréquentés ont des standards parfaitement normaux, souligne Y Online Journalism Reviewl7. Et le journalisme en temps réel a été pratiqué avec succès tout au long de ce siècle par les agences et les télévisions. Les plus grosses bévues commises en ligne durant le scandale Lewinsky étaient des articles du Wall Street Journal et du Dallas Morning News publiés sur leur site - puis retirés. -
Il est paradoxal que les titres les mieux élis se comportent finalement moins bien sur le réseau que les barbares. Ces derniers ont eu tellement de mal A  s'imposer, A  l'ombre des Matt Drudge, que certains sont devenus extrASmement rigoureux. D'autant plus que les médias classiques, narquois, ne perdaient pas une occasion de leur tirer dans les pattes. Le magazine de la cyberculture Wired a d'abord mis cette rilité au compte du vieillissement des rédactions : - Depuis plusieurs décennies, les journaux ont moqué quasiment tous les aspects significatifs de la culture jeune - le rock, la radio, la télé, le rap et les jeux vidéo - et décrit chacun de ces aspects comme stupide, incitant A  la violence et dangereux. La plupart du temps, on a fait des bidouilleurs des doux dingues, tandis que les journaux roupillaient au moment où est arrivé un autre nouveau média que les mASmes dingues assemblaient dans leurs caves et leurs chambresl8. -
Mais les temps changent. Depuis quelques années, les plus grands journaux ont basculé A  leur tour sur Internet. Plusieurs titres ont rattrapé avec brio leur retard A  couvrir le sujet. Pourtant, leur méfiance viscérale A  l'égard d'Internet n'a pas disparu, et elle n'a pas toujours été infondée. En août 1996, le San José Mercury News est tombé dans le piège du sensationnalisme. Or ce quotidien était surveillé de près par ses confrères, car c'est le premier A  AStre passé en ligne, dès mai 1993. Il fallait alors AStre abonné au service propriétaire d'America Online pour y accéder. Ce pionnier, qui n'était au départ qu'un journal régional moyen, s'est imaginé remportant le premier prix Pulitzer du Web.
D'où cette titraille provocante : - Comment un sectiunel de la drogue de la baie de San Francisco a vendu des tonnes de cocaïne aux gangs urbains du centre et du sud de Los Angeles dans les années quatre-vingt, envoyant une partie des millions de bénéfices aux Contras, une guérilla armée d'Amérique latine pilotée par la CIA américaine . - La série d'articles publiés sous le titre - L'alliance noire - mettait en cause l'agence de renseignement dans l'explosion du trafic de crack. Ses allégations ont surtout servi de support A  une mobilisation de la communauté noire, orchestrée par le journal sur Internet, A  l'aide de forums, de messages postés dans les groupes de discussion, de rapports et de pièces A  conviction mis en ligne. L'été a été chaud en Californie. Mais le San José Mercury News n'a jamais réussi A  prouver ce qu'il anA§ait. L'auteur de la série a finalement été congédié.
Pas de preuves, pas d'article. La loi d'airain du journalisme le plus classique continue A  s'appliquer. Mais les sensations fortes ne sont pas proscrites pour autant. Il est plutôt rassurant qu'un net-magazine comme Salon cherche A  dépoussiérer l'institution de l'investigation, en publiant ses découvertes en ligne. Après que Matt Drudge a accablé le président Clinton pour son flirt avec Monica Lewinsky, le sénateur républicain Henry Hyde est devenu le chef de file des persécuteurs. En 1998, Salon a exhumé une aventure extra-conjugale, dissimulée de longue date par ce témoin de moralité, et prouvé qu'il ait brisé une famille par ses frasques. - Nous ne sommes pas partisans, mais nous sommes prASts A  mener des croisades -, affirme le rédacteur en chef. Cette révélation est, pour lui, une faA§on de souligner que le procès contre le président n'est qu'une - vendetta -20. Courriers électroniques haineux, alertes A  la bombe, serveurs piratés : le jeune net-magazine a récolté quelques ennuis, mais sa prise de position lui a permis de conforter son succès médiatique, au grand dam de Slate - alors payant. Et cette fois, les preuves y étaient.
La balle est dans le camp des médias en ligne. A€ eux de choisir s'ils veulent revigorer le journalisme de qualité ou bien se noyer ignominieusement dans le Web. Mais ce débat n'a rien A  voir avec la technologie. C'est une question de professionnalisme.
Quand un employé du San José Mercury News accepte de recevoir des actions - réservées A  la famille et aux amis - A  la veille d'une introduction en Bourse, il est normal qu'on se sépare de cet indélicat21. Quand on monte une filiale sur le Web, les salariés ne devraient pas avoir l'impression de subir un chatiment en prenant la direction de ce - placard -, et les pigistes du Web ne devraient pas AStre rémunérés au rabais. Quand un journal en ligne recrute, il est aberrant qu'il s'enquière de la maitrise des logiciels sans vérifier si le candidat a la tASte bien faite et quelques notions d'orthographe.
A€ l'évidence, la crédibilité des médias en ligne exige des efforts supplémentaires. Leurs équipes doivent AStre encore plus honnAStes et solides pour résister aux sirènes de la négligence. Lorsqu'on se retrouve seul et démuni au milieu de l'océan du Web, on a vite fait d'abandonner les grands principes en invoquant la technologie. Mais pour aborder des riges riants, c'est justement lA  qu'il faut tenir bon.



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