Historique de l'Entreprise
Origines, évolution des marchés et des techniques
électricité de France a été constituée le 16 avril 1946, avec la loi de nationalisation des entreprises du secteur électrique en France. Il existait en France avant cette date un millier d'entreprises privées de production et
de distribution d'électricité. Beaucoup d'entre elles étaient nées A la fin du dix-neuème siècle avec la découverte des lois de l'électricité.
C'est Volta qui a réussi le premier A produire de l'électricité en empilant des rondelles de feutre imbibées d'acide entre des plaques de zinc et de cuivre, des - piles -. Mais cette méthode ne pouvait conduire qu'A un
développement fort modeste compte tenu du coût de l'électricité produite. Ensuite, Gramme a conA§u le premier moteur électrique. Il l'a fait avec beaucoup d'intelligence et d'habileté car l'invention nécessitait, outre un esprit particulièrement f, un sens pratique développé. C'était l'ouverture vers toutes les applications de la force motrice car il devenait possible, en connectant les spires du moteur sur une pile, de soulever un poids. Pour cela il suffisait de fixer un tambour sur son arbre et de bobiner un cable pour le soutenir.
La surprise fut de constater, lorsque l'on déconnectait la pile pendant l'opération, que le poids ne repartait pas en arrière vers le bas, mais qu'un courant apparaissait aux bornes du moteur. Le système était réversible et le moteur devenait une dynamo, un générateur de courant. Certes l'histoire ne s'arrASte pas lA : le courant continu n'était facile ni A produire ni A AStre élevé en tension. Il a fallu inventer le courant alternatif pour transporter l'électricité sur de longues distances et en finir avec les micro-centrales alimentant des réseaux de proximité.
L'esprit inventif de l'homme a fait le reste Le plus entreprenant des inventeurs fut Thomas Edison. Passionné par la technique, il avait aussi le tempérament d'un homme d'affaire. Il eut rapidement conscience qu'il fallait trouver autre chose que la lampe A arc pour produire de la lumière. C'est méthodiquement qu'il a retenu le principe de l'ampoule A incandescence et qu'il a testé de nombreux matériaux conducteurs portés A haute température dans une ampoule sous de avant de faire son choix : une fibre de carbone faite A partir de bambou. Puis il a construit une usine et vendu dans le monde entier une lampe d'éclairage A bas prix. Déficitaire au début, il a poursui la conquASte du
marché pour atteindre le seuil de renilité par une production en très grande série. Edison Power and Light est devenue l'archétype des sociétés électriques.
La mise en parallèle de deux générateurs a ouvert la voie A l'exploitation de systèmes complets de production en réseau, donc A la possibilité d'optimiser la production en choisissant A chaque instant les générateurs les plus économiques. Il va sans dire que les industriels de l'époque, particulièrement dynamiques, se sont empressés de développer leurs interconnexions et de nouer des accords entre eux.
Au début du ngtième siècle, le désir unanime d'accéder A cette nouvelle technique a fait que l'électrification est devenue un vérile phénomène de société dans les pays développés et notamment en France. Une vérile frénésie s'est emparée des lles. C'était A qui serait la première A apporter ce nouveau confort A ses concitoyens. L'utilisation accrue de l'électricité pour l'éclairage, les moteurs, et mASme le chauffage des maisons a poussé les autorités locales A faire de sa
consommation une assiette fiscale A leur profit. Elles se sont mASme accaparées le droit de concession pour avoir l'exclusité de la desserte d'électricité sur leur territoire. Le niveau très élevé des investissements, les contraintes provoquées par les équipements hydrauliques qui structuraient les cours d'eau, le développement des lignes électriques, l'aménagement du territoire pour qu'aucun canton ne soit délaissé, poussaient A une grande coordination entre les acteurs et A un rapprochement entre les entreprises.
L'idée qu'un tel serce nécessitait l'intervention de la puissance publique faisait son chemin dans le mASme temps que l'accès A l'électricité devenait progressivement un droit. La concertation et la coordination entre acteurs industriels et collectités
territoriales devenaient la règle pour réduire le coût de l'électricité. L'intérASt de procéder au regroupement des sociétés apparaissait de plus en plus clairement. La reconstruction après la seconde guerre mondiale a été le catalyseur de la nationalisation, avec un actionnaire unique représentatif de tous les
clients citoyens et seul capable de mobiliser rapidement les capitaux nécessaires.
Place d'EDF en France et dans le monde Fournisseurs, clients, partenaires, principaux chiffres
Aujourd'hui EDF représente 80 % de la production, 95 % de la distribution en France. L'
entreprise assure la totalité des échanges avec les pays voisins, soit 15 % de sa production. Mais la situation est très évolutive en raison de la dérégulation en cours. La directive européenne libéralisant le secteur de l'électricité aurait dû AStre d'application en France A compter du 19 février 1999 mais elle requérait une modification de la loi de nationalisation de 1946. Or cette loi a longtemps ser de référence aux militants du progrès social et sa modification a posé un problème d'acceptation politique qui n'a pu AStre réglé qu'au bout d'un an de tergiversations. Pour autant il ne s'est agi que d'un combat d'arrière garde et l'entreprise nationale n'en aure pas trop souffert.
Pour fixer les idées, EDF représente 5 % d'un marché mondial jusqu'A présent très cloisonné par les frontières des états. Depuis 10 ans, profitant du mouvement général de libéralisation, EDF s'est portée acquéreur de sociétés étrangères (en Amérique du Sud et en Europe du Nord et de l'Est) distribuant l'équivalent de 20 % de sa clientèle traditionnelle et produisant enron 10 % de sa capacité nationale.
Le secteur électrique est très disparate au niveau mondial. EDF n'a pas d'intérASts dans le domaine de la construction et de l'équipement de matériel électrique hormis le cas particulier de sa participation dans le
capital de FRAMATOME, le constructeur national de chaudières nucléaires. Mais A l'image de la plupart des grandes entreprises, EDF a des relations de partenariat avec ses principaux fournisseurs. Il est fort probable que l'évolution des règles du jeu va remodeler aussi bien les marchés que les métiers, sans que l'on connaisse encore très bien le résultat final. Le marché de l'électricité pourrait s'orienter vers la vente de - solutions intégrées - associant électricité et matériels, par exemple pour l'alimentation - sécurisée - des hôpitaux, la fourniture d'une électricité garantie avec maintenance des matériels électriques pour les entreprises ou celle de vapeur force A des sites industriels et résidentiels ou encore l'aménagement de sites isolés en assurant le confort de base. Pour satisfaire tous ces besoins correspondant aux spécificités d'une clientèle aussi exigeante que diversifiée, les producteurs d'électricité devront recourir A toutes les techniques de production y compris les turbines A gaz, les échangeurs récupérateurs de chaleur, les capteurs solaires, etc. Probablement allons nous assister dans les prochaines années A des partenariats inusités entre les constructeurs de ces différents matériels et Electricité de france.
Objectifs fondamentaux
Politique financière, politique d'affaires, politique sociale
Pour l'essentiel, EDF reste un monopole public, avec une tradition de serce public qui concerne différents partenaires que l'on peut ranger en cinq catégories :
' la collectité nationale, avec les grands choix de politique économique et sociale ;
' les collectités territoriales, avec l'aménagement du territoire, la contribution A la réinsertion ;
' la clientèle, avec le développement de produits nouveaux, les enquAStes de satisfaction, les serces conA§us A l'écoute
du client (garantie des serces, conseils tarifaires gratuits). Il faut signaler la spécificité du concept de serce public, impliquant l'unicité tarifaire, l'obligation de desserte, l'obligation de continuité, la nouvelle obligation de minimum de fourniture ;
' le personnel, avec le statut et la garantie de l'emploi, le développement professionnel ;
' les partenaires industriels, avec des relations commerciales fondées sur la durée et une intense contribution. En particulier, il faut souligner l'importance du budget de recherche et de développement (2 milliards de francs par an sur des programmes concertés).
On peut cependant noter que l'intervention du serce public s'arrASte pour les 27 millions de clients domestiques aux bornes du compteur. Au delA , EDF n'est plus concernée ! Or c'est très souvent en aval du compteur qu'une intervention est nécessaire pour remettre en serce la télésion, le réfrigérateur ou le congélateur, l'ordinateur, l'ascenseur et quelquefois l'appareil de dialyse en panne. Il faut appeler un électricien mais où le trouver le dimanche, la nuit, l'été ? Il n'y a pas de permanence et la tentation de beaucoup de gens est d'appeler EDF qui ne peut rien faire. Il y a un paradoxe entre le désenchantement qui semble affecter l'esprit de serce public et l'expression d'un besoin toujours plus grand du public en serces d'urgence, en conseils, et plus généralement en assistance. Les personnes agées sont A cet égard les plus impatientes. Certes, pour ce qui concerne électricité de France, il n'est pas ensageable d'étendre son domaine d'intervention tant qu'elle bénéficiera d'un monopole de distribution pour les consommateurs domestiques. Par contre des alliances avec de petites entreprises voire des artisans indépendants bénéficiant d'un agrément de sa part sont tout A fait possibles. L'idée selon laquelle le serce public devrait A la fois AStre étendu et n'appartenir A aucun monopole fait son chemin. Il y a d'ailleurs une mine d'emplois A créer derrière cette démarche qu'EDF pourrait accomner !
Les grands changements qui vont affecter l'organisation de la production et la distribution d'électricité ne seront pas sans effets sur la qualité, dans des sens qui pourraient AStre contraires d'ailleurs. Ainsi la concurrence, exacerbée par les luttes d'intérASts, ne pourra qu'affaiblir l'esprit de solidarité entre les électriciens européens par exemple. EDF et ses voisins respectent jusqu'A présent un code de bonne conduite qui participe grandement A la sécurité de l'alimentation électrique en Europe en cas de déconnexion rapide de centrales de production du réseau, de pointes locales de consommation voire d'hydraulicité insuffisante. La solidarité ne risque-t-elle pas d'AStre mise A mal par l'esprit de concurrence ?
Par contre la qualité de serce aux clients devrait se trouver renforcée par cette mASme concurrence.
Au delA , il ne faut pas oublier que la moitié de la population mondiale se trouve dans des pays pratiquement insolvables. La libéralisation du secteur pourrait se traduire par un désintérASt A l'égard de ces marchés sans perspective de renilité.
Mais est-ce vrai ? Les sociétés d'électricité seront attentives A leur image, soucieuses de leur avenir, intéressées par l'ouverture de nouveaux marchés et méfiantes des réactions d'une opinion publique toujours plus émotive et toujours plus consciente des injustices.
Culture de l'entreprise
Profil des différentes catégories de personnel,
ancienneté, etc.
Formation et perfectionnement des connaissances
EDF a une culture très forte d'entreprise publique et de serce public. Son histoire, ses origines, son statut protecteur, et son succès, ont contribué A faA§onner un type de salarié qui peut travailler toute sa e A l'abri de l'entreprise, avec la satisfaction de savoir que son actité est utile au pays.
Un statut protecteur ? Oui, et depuis le jardin d'enfant, puisque les enfants d'agents peuvent passer des vacances de rASve dans des centres où ils ne quittent pas le sein du monde EDF. Ils peuvent ensuite grandir dans des écoles de métiers où ils suivront un enseignement technique post baccalauréat, pour AStre intégrés A la fin de leur scolarité comme techniciens supérieurs. Après leur embauche, EDF continue A leur proposer une formation continue exemplaire, qui leur permet de progresser dans la hiérarchie technique. Grace A la promotion ouvrière, les niveaux supérieurs leurs sont ouverts. On peut d'ailleurs observer des familles entières d'agents EDF où père, mère, oncles, enfants et parfois petits enfants sont A EDF !
Traditionnellement le recrutement se fait au niveau des jeunes, et le recours A la
compétence de personnes expérimentées reste l'exception. Les embauches se font A partir de trois sources :
- le personnel d'exécution, avec une formation générale pouvant AStre modeste (un CAP technique). Ces employés n'en resteront pas lA . Deux fois sur trois ils connaitront une promotion au niveau de technicien (mais rarement au delA ) ;
- les jeunes techniciens DUT, BTS, simples BT et aussi issus des écoles de métier Ils pourront aller loin dans leur développement professionnel ;
- les jeunes diplômés de grandes écoles (écoles d'ingénieurs et écoles de commerce). Dès leur arrivée, ils seront le plus souvent appelés A exercer un commandement dans une organisation qui pousse au culte de la technique et de la rigueur. Mais encore une fois, ils seront recrutés jeunes, au sortir de l'école, sans expérience professionnelle.
La
croissance continue de l'entreprise depuis sa création a fait que les carrières y ont été généralement plus brillantes, A formation initiale able, que dans l'industrie privée. Ce constat a naturellement attiré les candidats. Ainsi tout le personnel a-t-il été formé au mASme moule. Il est profondément attaché A l'Entreprise, désireux d'y consacrer le meilleur de lui-mASme, et prASt A des sacrifices importants pour relever les défis auxquels est confrontée l'Entreprise. Mais son inconvénient, c'est que le personnel A tendance A AStre imprégné de principes bureaucratiques, A faire valoir ses droits plutôt que de remplir ses devoirs, A pérenniser les situations existantes plutôt qu'A s'engager dans la voie de l'innovation. L'uniformité des carrières ne favorise pas la diversité des idées. L'initiative et le changement sont chargés de
risques considérés comme inutiles ce qui est préjudiciable A l'entreprise.
La population d'EDF est sans doute trop protégée pour bien connaitre le monde réel, celui de l'incertitude, des changements rapides, de la nécessité de se préparer A des événements non souhaités. C'est une population qui croit au succès d'organisations structurées, travaillant pour des buts collectifs et généreux. C'est donc une population qui risque d'AStre maladroite dans sa relation avec un
client dont l'exigence croit avec l'évolution des mœurs autant que des techniques. Prenons une anecdote significative concernant un problème de notre temps : le recouvrement des impayés.
La coupure d'alimentation qui résulte de l'impossibilité du client A apurer ses dettes est un acte particulièrement mal vécu par les agents chargés des petites interventions. Leur culture de serce public provoque chez eux un profond malaise : comment peut-on vre en l'an 2000, en France, sans électricité, privé de réfrigérateur, de télésion, de sonnette, de chauffage, d'eau chaude ? Couper l'électricité, c'est provoquer le malheur. Et pourtant, l'entreprise a besoin de recettes, il faut bien qu'EDF recouvre ses créances. Dans ces conditions, aller vers le client est difficile !
C'est ainsi qu'est née l'idée de concevoir de petits relais de puissance, thermiques donc réversibles, que l'on peut insérer A la place de plombs classiques dans les disjoncteurs EDF chez le client. Le procédé, d'un assez haut niveau technique, a été mis au point par un technicien d'EDF. Les premiers essais ont confirmé que le limi-teur de puissance révolutionnait la relation avec le client en situation difficile qui n'est plus soumis A la sanction d'une coupure totale mais qui doit subir les effets d'une limitation de la consommation.
Une évolution culturelle
On voit que la culture EDF évolue vers une plus grande créatité, et une plus grande prise en compte de l'enronnement de l'entreprise. Le nouveau contexte favorisera sans doute l'implication du personnel dans une démarche plus - commerciale - moins technocratique.
L'évolution de la gestion des crises sociales est également très significative. Certes le droit de grève est inscrit dans la Constitution mais la grève, c'est l'arrASt du
travail et le risque de coupures. De nombreux agents de production ne s'y résolvent pas. Il leur a donc fallu trouver un comportement de substitution : celui-ci a d'abord consisté A baisser la production des centrales pour obliger A délester une partie des clients, condition nécessaire pour éter l'effondrement du réseau. Le bon droit des salariés était sauvegardé mais les clients étaient pris comme arbitres d'un conflit auquel ils n'étaient pas parties prenantes. Les syndicats l'ont bien compris, et depuis plus de dix ans ils ont fait en sorte qu'on n'en arrive pas A de telles extrémités. De nouvelles règles du jeu, beaucoup plus partenariales, ont été progressivement élaborées pour respecter un principe de - qualité obligée -. Il s'agit de ifier les baisses de charge pour pouvoir y suppléer en temps voulu : démarrage de centrales de substitution, réduction des exportations voire importations d'électricité, etc.
Il faut se rendre compte de la puissance des syndicats A EDF : la CGT par exemple y recueille depuis des décennies enron 55 % des votants aux élections de représentatité auxquelles participe 90 % du personnel ' ce qui est réellement exceptionnel en France. Le syndicat majoritaire serait en quelque sorte le syndicat maison A EDF Son adhésion au programme nucléaire a été déterminante pour en assurer la réussite. C'est encore aujourd'hui un facteur de qualité des serces de conduite et de maintenance des centrales en exploitation.
Qu'en sera-t-il au regard du nouveau défi auquel est confrontée l'entreprise : la substitution de la concurrence au monopole sur le marché national ? C'est de la réponse A cette question que dépend l'avenir de l'entreprise. En effet, si la qualité du serce A la clientèle s'ajoute demain A l'avantage que confère déjA l'énergie nucléaire au niveau du coût du kWh alors on peut parier qu'EDF gagnera !
Nul doute que toutes les parties en cause sont conscientes de l'enjeu. Contentons-nous d'observer pour l'heure la signature apposée par tous les syndicats A l'accord proposé par la Direction de l'entreprise en juin 1999 sur les 35 heures. D'aucuns ont pu y voir les premiers pas vers le consensus nécessaire A la réussite d'un changement en profondeur d'une entreprise voulant aller - vers le client -.
Organisation et méthodes
L'organisation et les méthodes sont actuellement en grande évolution. Ceci résulte de la directive européenne sur l'ouverture du marché de l'électricité. On peut rappeler la situation antérieure, ses avantages et inconvénients, et les principes nouveaux en cours d'élaboration. Mais il n'est pas possible d'écrire le futur, dont on sait seulement qu'il ne correspondra pas A des règles élies sur la base de certitudes pérennes.
La naissance
EDF est l'exemple typique d'une conception bureaucratique d'un système industriel. A€ sa naissance, le 16 avril 1946, les principes avaient été gravés dans le marbre. Certains d'entre eux étaient réellement progressistes, mais l'usage en a modifié la pensée originelle. Heureusement, la culture d'entreprise et l'action des dirigeants ont provoqué des sursauts et remis en cause certaines idées préconA§ues. Mais le changement est toujours lent parce qu'il doit s'adapter au rythme du contrôle administratif. On peut résumer les principes initiaux en cinq points :
» La ification est érigée en dogme : ce sont les serces centraux qui ponctuent le changement, sans grande initiative laissée aux échelons décentralisés.
» Le statut tient lieu de politique de
ressources humaines, de relations sociales : le dialogue institutionnalisé se réduit progressivement.
» Un pouvoir hiérarchique taylorien, classique, pyramidal, distingue de faA§on très nette la réflexion, la conception et l'exécution. Les décisions sont formellement prises par le chef, après une concertation qui peut AStre très variable suivant les sites. L'explication du choix peut AStre omise, sauf pour les représentants syndicaux, souvent A leur demande.
» Les relations fonctionnelles sont très formalisées. Le rASve serait d'écrire toutes les relations, pour suppléer la consigne A la volonté coopérative des acteurs. Les procédures sont sacralisées jusqu'A celles qui régissent les réunions d'information, de travail et de décision.
» La circulation de l'information est caractérisée par son caractère peu spontané. Elle est très structurée, abondante mais froide, peu conale et ne conduit pas naturellement au débat.
Les évolutions
EDF a connu de nombreuses évolutions après la période de reconstruction qui a succédé A la guerre. La première fut la réorientation de la production, d'abord A dominante hydraulique, vers le thermique classique charbon, puis le fuel lourd. Ensuite est intervenu le sage commercial avec le passage du concept d'abonné A celui de client. Un grand tournant commercial a été pris avec la mise au point et le lancement du Chauffage électrique Intégré (CEI) en 1972. Après la guerre du Kippour en octobre 1973 a été lancé le programme nucléaire. En 1984, le pari du nucléaire étant en passe d'AStre gagné, le Président Marcel Boiteux a proposé un projet de serce public ayant pour but la
satisfaction des clients, la croissance économique et l'indépendance énergétique. Récemment le Président FranA§ois Roussely a donné le signal d'une transformation en profondeur de toute l'organisation, de la logique des métiers vers le serce de la clientèle. Son premier message (octobre 1999) s'intitule : - Vers le client -.
Situation actuelle et perspectives
EDF reste une entreprise intégrée, résultant de la fusion d'un serce de production très centralisé et d'une organisation de la distribution qui l'est A peine moins. La tentation existe toujours de trouver dans un renforcement du centralisme la solution aux problèmes que pose la transformation nécessaire de l'entreprise. Celle-ci s'organise désormais autour de deux pôles :
- le pôle clients, moteur de toute l'organisation - vers le client
- le pôle industrie qui regroupe toutes les compétences techniques et industrielles pour construire les propositions de serce aux clients, sous la haute autorité du pôle clients.
L'organisation de chacun de ces pôles est en cours d'élaboration. Elle s'inspire d'une préoccupation générale de transversalité et de rajeunissement des équipes de direction. Les anciens sont intés A passer le relais, souvent plus rapidement qu'ils ne l'auraient voulu, A de nouveaux venus, quelquefois étrangers A l'entreprise. Il s'agit de précipiter les transformations nécessaires au risque de ruptures humainement difficiles et d'un conflit de générations.
Pour que s'élisse une concurrence dans la fourniture d'électricité tout en garantissant une protection complète des informations commerciales, il a fallu regrouper les actités de transport et de coordination dans une entité indépendante du reste d'EDF : le Gestionnaire de Réseau de Transport. Nous sommes A la veille d'une recomposition complète des métiers. On peut prévoir un affaiblissement de la structure pyramidale au profit d'une organisation en réseau. Compte tenu de la concurrence, l'accès A l'information sera régenté dans certains domaines. La culture de coopération entre EDF, ses partenaires et ses clients risque d'AStre remise en cause.
Le budget de formation est particulièrement important A EDF. Le rapport du coût de la formation aux
salaires versés est de l'ordre de 12 %. Il n'y a pas de raison qu'il baisse considérablement dans les prochaines années car l'exploitation d'un système comportant de très gros investissements avec une longue durée de e ainsi que les conditions sévères imposées par le nucléaire lient pratiquementr le personnel A son métier pour toute une e. Par contre la concurrence internationale peut attirer les salariés d'EDF vers des entreprises concurrentes.
En ce qui concerne la recherche, EDF lui consacre près de trois milliards de Francs par an, soit 10 % de l'enveloppe budgétaire des investissements annuels. C'est un chiffre considérable quand on sait qu'il est très difficile A l'entreprise de valoriser ses découvertes auprès des équipementiers de la production ou des usages de l'électricité. Mais l'entreprise entend maintenir la priorité A sa culture technicienne. Cette priorité constitue l'une des originalités d'EDF par rapport A ses grands compétiteurs internationaux. La concurrence peut conduire A des réductions budgétaires en ce domaine mais le développement des participations A l'international peut favoriser A l'inverse des partenariats nouveaux et profiles.
Relations extérieures
Relations avec les fournisseurs, les clients et les partenaires
Le changement du cadre institutionnel de l'actité industrielle de l'électricité va réagir sur les relations entre EDF et ses partenaires. Le monopole a favorisé d'une certaine manière la coopération, parfois au détriment de certains clients traditionnels. Il a poussé au dialogue international pour que chacun profite du progrès de l'autre et assimile les meilleures pratiques du moment. Nous en voulons pour témoignage la multiplication des colloques qui permettent aux spécialistes d'échanger leurs idées, mais aussi le nombre et la variété des projets communs pour de nouvelles expérimentations techniques (gazéification du charbon, équipements de sites hydrauliques, électrification de zones défavorisées, lutte contre l'effet de serre).
Le chiffre d'affaires d'EDF avec ses fournisseurs est de l'ordre de trente milliards de francs par an. Mais aussi étroites que soient les relations d'EDF avec eux, les intérASts sont distincts. Les fournisseurs accordent facilement une priorité aux marchés extérieurs alors qu'EDF attache, tout au moins jusqu'A maintenant, une priorité A ses actités nationales. Indéniablement, les fournisseurs d'EDF profitent de la référence et de l'image de leur client national. Ils devraient bénéficier maintenant de son élargissement international dans la mesure où l'entreprise diversifie ses choix techniques pour tenir compte des particularismes locaux.
Par ailleurs EDF participe traditionnellement A des actions internationales d'urgence comme :
- l'amélioration de la sécurité des centrales nucléaires en Europe de l'Est pour le compte de l'Union Européenne ;
- i'électrification de pays en voie de développement sur financement de la Banque Mondiale ;
- des actions humanitaires sous l'égide de l'ONU A la suite de catastrophes naturelles.
Le système de concurrence qui s'étend sur la ète va-t-il rendre ces interventions plus difficiles ? Il n'y a aucune raison de le penser mASme si l'éclatement des métiers risque de multiplier les frontières et les rivalités, accroitre les difficultés de communication. Il reste que l'émulation peut AStre salutaire mASme dans le domaine humanitaire.
Résultats et perspectives
Résultats financiers, degré de confiance des clients
Comment peut-on juger le succès d'un serce public ? La question peut sembler délicate, mais la seule réponse légitime appartient aux clients !
Or toutes les enquAStes d'opinion sont formelles : dans la liste des préférences de nos concitoyens, EDF ure en tASte des serces publics Plusieurs indicateurs chiffrés confortent ce résultat :
» Les tarifs de l'électricité sont favorables, és A ceux des pays voisins. Serait-ce au détriment d'un déficit que comblerait systématiquement l'actionnaire unique ? Non pas puisqu'EDF n'a pas été doté en capital depuis plus de ngt ans alors que son parc nucléaire représente au total plus de cinq cents milliards de Francs.
» La qualité de la fourniture est satisfaisante, du moins dans le contexte rural de la France é A ceux des pays d'Europe du Nord, très industrialisés et A forte densité de population.
» L'innovation caractérise l'entreprise qui cherche A progresser et A s'adapter en permanence A son contexte, de faA§on dynamique.
La France, dont la politique en matière énergétique n'a connu aucune inflexion notoire depuis 30 ans, a fait le choix du nucléaire. Elle a misé sur une source d'énergie qui apporte des réponses durables : sécurité d'approsionnement, préservation de l'enronnement, absence d'effet de serre, compétitité du coût du kWh, etc. Mais ce choix comporte un risque important, celui de l'acceptation sociopolitique : tout incident nucléaire est affaire d'état Pour autant, La France se distingue en Europe par un fort taux de pénétration de l'électricité dans la consommation finale d'énergie. Cela signifie que les clients d'EDF approuvent globalement les choix effectués en matière énergétique puisqu'ils s'équipent plus que d'autres en appareils électriques. N'est-ce pas la preuve la plus tangible de leur approbation ?
Il y a aussi de nombreuses raisons de considérer que les partenaires industriels d'EDF sont globalement satisfaits de leur fournisseur. Certes ils lui reprochent volontiers des options techniques ne leur facilitant pas l'accès aux marchés étrangers. Mais ceci prouve, a contrario, qu'ils sont bien positionnés sur leur marché d'avenir, la concurrence internationale. Leurs alliances sont raisonnables. Ils reprochent aussi le peu de silité au niveau des commandes. Mais de nos jours n'est-ce pas notre lot commun ?
Perspectives de croissance, de diversification et d'innovation
Nous sommes engagés dans un changement structurel profond : l'Union Européenne a choisi la concurrence pour le secteur de l'énergie. Le gouvernement franA§ais s'y est rallié mASme s'il a manifesté des réticences, par exemple en retardant la transposition de la directive européenne dans la loi de nationalisation. Les enjeux sont importants et EDF ne doit pas perdre du terrain dans cette course qui est - contre la montre -.
Il ne faut pas oublier non plus les exigences nouvelles en matière de protection de l'enronnement et la question de l'effet de serre pour une ète qui a des besoins croissants en énergie. Or l'industrie électrique est, au niveau mondial, le premier émetteur de gaz carbonique dans l'atmosphère. On peut prédire une forte croissance de l'électrification au cours des prochaines années en Chine, en Inde et en Amérique du Sud notamment. Si la demande d'électricité stagne en France après avoir gagné du terrain sur les énergies concurrentes, la demande internationale, elle, reste considérable
Les règles de l'actité de production et de distribution de l'électricité évoluent pour permettre un accès A la concurrence. Cela se traduit par une recomposition complète des métiers qui va peut-AStre ralentir momentanément EDF dans sa course au progrès. Mais c'est l'occasion de changer de style, de passer de l'image d'un élissement public de monopole replié sur le territoire national A celle d'une entreprise internationale de serces prASte A nouer des alliances et jouer maintenant son avenir sur la scène mondiale.
C'est aussi l'occasion de miser sur la qualité pour aborder le temps de la concurrence et de recruter sur ce critère de nombreux jeunes cadres en l'an 2000 comme en témoigne l'annonce que l'on peut trouver dans la presse nationale :
Concurrence commerciale et innovation :
TraA§ons ensemble notre avenir
Pour améliorer la qualité de nos prestations et serces
et obtenir la certification ISO en 2002
EDF-GDF Serces recrute pour ses unités en région
30 cadres QUALITé.
Tel est aujourd'hui le défi d'une entreprise qui a déjA reconverti dans la décennie 80 son parc de production dans des technologies révolutionnaires, qui s'est ouverte sans complexe A l'international dans la décennie suivante sous l'impultion du Président Delaporte et qui s'engage maintenant dans la transformation de son organisation bureaucratique en entreprise dynamique.
Pour autant les retraités d'EDF, que l'on appelle inactifs!, ne doivent pas AStre laissés pour compte: ils sont nombreux, d'autant plus inquiets pour leur retraite qu'ils l'ont prise plus jeunes que d'autres, souvent influents, surtout les cadres, et leur adhésion au changement de l'entreprise pourrait AStre une clef de l'appui qu'EDF a besoin de trouver dans l'opinion.
EDF a une chance historique de réussir cette transformation et d'assurer par lA mASme et pour longtemps son avenir. Pour cela il lui suffit d'AStre fidèle A sa culture authentique, celle qui a fait son succès dans le passé : accepter les défis, rester A l'écoute permanente de ses partenaires, proposer des solutions innovantes, s'y engager avec courage et détermination, et surtout valoriser, améliorer et dynamiser son potentiel humain. Toute son histoire depuis quarante ans en témoigne. Mais plus encore que par le passé, il lui faudra oser la confiance.
Conclusion
Pourquoi nous sommes fiers d'EDF !
Le lecteur a compris qu'EDF est impliquée dans l'avenir de l'humanité toute entière. Le tiers de la population mondiale n'a pas accès A l'électricité. Il est essentiel que l'électrification de toutes les populations du globe deenne un projet A défaut d'AStre une réalité : c'est un préalable A la silité au niveau étaire. L'électricité, c'est l'accès A
la communication, A la culture, A l'éducation et A la santé. C'est une condition du développement économique le plus élémentaire.
La communauté internationale a pris conscience de ce que les hommes s'étaient engagés dans un processus de destruction de leur cadre de sure ; de lA est né le concept de développement durable. La montée progressive de la teneur en gaz carbonique de l'atmosphère n'a pas encore reA§u de réponse technique adaptée hors du nucléaire.
L'approsionnement du monde en ressources énergétiques n'est pas assuré A long terme. Les réserves en hydrocarbures finiront malheureusement par s'épuiser et les réserves en charbon ne sont pas facilement accessibles. Or l'humanité, dont la croissance démographique est mal contrôlée et sur laquelle e toujours le risque de révolutions, a besoin d'accroitre son niveau de e. Il faudra donc un jour mettre fin A la guerre économique quand elle se montrera trop destructrice de moyens. Comment apprendre aux hommes A donner le meilleur d'eux-mASmes, non sous la menace, mais avec la satisfaction de contribuer au bien commun ? EDF a montré qu'elle a bien perA§u les grands enjeux de la société mondiale et qu'elle peut contribuer A apporter des réponses concrètes. Née pour AStre serce public, EDF affronte aujourd'hui la nécessité d'AStre entreprise avant de découvrir celle d'AStre citoyenne du monde.
L'entreprise a de nombreux atouts pour réussir. Toute la question est de quitter la protection du monopole pour s'engager sans complexe - et sans trop de contraintes -dans la compétition économique mondiale. EDF n'est pas encore A l'aise au regard de toutes les conséquences attachées A cette perspective. Mais ayant vécu l'expérience d'un serce public puis fait la preuve qu'elle pouvait gagner sur les marchés A l'international, elle est particulièrement adaptée A gérer la coexistence pacifique d'acteurs ayant des objectifs très éloignés les uns des autres.
Les personnels d'EDF ennent de montrer ce dont ils étaient capables après la formidable tempASte qui a déferlé sur la France dans les derniers jours de 1999. En quelques jours et nuits ils ont réalimenté trois millions de foyers privés d'électricité. Ils ont oublié les revendications tatillonnes et les protections statutaires pour faire te et montrer le plus bel exemple d'un serce public efficace, motivé, performant, ouvert aux initiatives les plus hardies avec l'appel A des collègues européens, des jeunes retraités, des artisans, des militaires Oui, EDF a toujours su relever les défis qui lui étaient lancés et si l'on se reporte plus en arrière on peut citer : la reconstruction A la fin de la guerre, l'accomnement d'une croissance économique exceptionnelle, le passage au nucléaire, le tournant commercial, etc. EDF dispose d'une culture favorisant le dépassement de soi, la volonté de se surpasser dans les situations qui le méritent, la capacité A se mobiliser pour de grandes causes. Elle est de nouveau aujourd'hui A un tournant de son histoire : l'Europe deent le champ naturel de ses actités, le Monde est ouvert aussi bien A ses ambitions de développement qu'A sa vocation de rassembler demain plus encore qu'hier - des hommes au serce des hommes -.