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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en ouvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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Les -blocs sociotechniques-

Par le fait d'une noulle extension, le raisonnement de l'interaction stratégique a également atteint un domaine encore plus paradoxal : celui de l'innovation technique proprement dite. On peut mASme parler A  ce sujet d'une sorte de surenchère théorique : les recherches récentes qui se sont intéressées A  l'innovation technique et scientifique et A  sa diffusion dans les entreprises ont été toutes plus -relativistes- les unes que les autres. Elles se sont en effet attachées A  -démonter- le mythe qui voulait que le progrès fût le fruit d'une impeccable démarche d'accumulation cogniti et elles ont mis au contraire en valeur tout ce que ce progrès pouvait cacher de moins noble et de plus incertain : les luttes économiques, les interférences plus ou moins chaotiques entre tous les milieux concernés (celui de la recherche, des entrepreneurs, de la politique, de la finance)
A propos de la recherche scientifique proprement dite, Bruno Latour est de ceux qui ont bien montré qu'il n'existait pas de progrès proprement cognitifs qui puissent AStre dissociés de l'entrelacs des interactions sociales surnant aux portes des laboratoires. Selon lui, le minimum est de reconnaitre que ces interactions expliquent pourquoi certaines connaissances scientifiques -percent- mieux que d'autres (Latour, 1988). Toutes les études contemporaines conrgent pour dire que le mASme phénomène, démultiplié, vaut pour les innovations de produits ou de procédés pratiquées dans les entreprises : les chemins empruntés par l'innovation industrielle y sont incertains au point qu'ils finissent par laisser une place insoupA§onnée aux facteurs les plus anodins, les moins scientifiques qui soient.
L'histoire moderne des techniques fourmille A  ce sujet d'anecdotes curieuses et instructis. Elle raconte par exemple les circonstances quasiment aléatoires qui ont permis au moteur A  explosion des automobiles modernes de s'imposer contre les moteurs A  combustion externe, alors que les limousines A  vapeur encore produites aux Etats-Unis en 1930 faisaient la preu de leur supériorité technique intrinsèque : mécanique fluide, silencieuse, non polluante. La légende ut que la victoire du moins bon système n'ait tenu qu'A  des difficultés fortuites : la médiocre qualité de l'eau injectée dans les chaudières, les aléas d'une bataille de brets, le krach boursier de 1929. Le mASme type de scénario se déroule de nos jours A  propos du destin de l'automobile électrique, sans que personne ne puisse affirmer que seule la -Science- tranchera. De la mASme manière, dans le domaine de l'informatique, des chercheurs se sont penchés sur les arcanes compliqués qui ont permis A  tel -langage machine- de l'emporter sur tel autre, pour conclure qu'aucun Grand Livre n'aurait pu écrire l'épisode A  l'avance.
Par analogie, ces récits font penser aux A -coups et bifurcations qui accomnent sans cesse les démarches d'innovations techniques dans les entreprises, mASme une fois les décisions prises. En témoignent par exemple les conditions confuses dans lesquelles sont très généralement élaborés les cahiers des charges transmis par les entrepreneurs A  leurs fournisseurs. Des recherches menées par Henri Tigcr ont montré que la substance de ces documents, dont le rôle est de consigner de la faA§on la plus rigoureuse possible les contraintes A  respecter dans l'exécution de la commande, laisse voir en réalité la trace des conditions hasardeuses -qui président A  leur confection : l'incapacité dans laquelle se trou le donneur d'ordre de préciser d'entrée de jeu ce qu'il ut exactement; l'identité, variable, du service chargé du dossier et de celle de ses correspondants chez le fournisseur; le degré plus ou moins grand de connince éli A  l'avance entre le demandeur et l'offreur Autant de paramètres qui permettent de vérifier que la procédure d'élaboration des cahiers des charges relè bien plus sûrement de -l'analyse des systèmes d'action concrets- que de quelque logique de programmation rationnelle.
Michel Callon, spécialiste de ces questions, parle A  ce sujet d'effets de réseaux tellement complexes qu'on ne peut les saisir qu'A  la condition de s'imposer quelques principes de méthode tout A  fait particuliers. Le plus important est de considérer indifféremment comme -acteurs- les gens (industriels, gournants, chercheurs, ouvriers, banquiers, clients) et les choses (machines, règlements, mours, connaissances, institutions), A  partir du moment où, dans une situation donnée, les uns et les autres constituent des forces qui s'emploient objectiment A  faire plier les autres et A  les conrtir A  leur propre langage. Callon préconise aussi de postuler Visomorphie de chacun de ces -acteurs-, c'est-A -dire de faire comme si leur langage était de mASme nature, de mASme valeur et avait autant de chances de s'imposer aux autres. Sur ces bases, dit l'auteur, les processus d'innovation peunt AStre és A  des processus de -traduction- déplaA§ant les acteurs de faA§on A  ce que leurs langages, denus intelligibles aux autres, puissent se conjuguer et -passer- dans la réalité (Callon, 1989).
Reste qu'on ferait un contresens en imaginant que le destin naturel de ces vagabondages de la science et de ses applications serait de susciter des effets absurdes, des connaissances idiotes, des innovations techniques contre-performantes. L'hypothèse sous-jacente A  ce qui précède va mASme dans le sens opposé : ce sont les laboratoires parfaits et les services techniques parfaitement étanches A  la société qui risqueraient de produire des monstres (comme il en existe d'ailleurs, engendrés ici par l'absence de concurrence ou de souci du prix de revient, lA  par la méconnaissance des goûts ou des besoins de la clientèle potentielle). Qu'il s'agisse des biens de consommation destinés au public ou des biens d'équipement destinés aux entreprises, le constat est toujours le mASme : c'est dans la mesure mASme où l'innovation technique n'est pas étanche A  1 interaction sociale qu'elle est globalement acceple et acceptée par ceux qui en font usage ''les consommateurs, les membres de l'entreprise.
A ce stade, le processus n'est d'ailleurs pas A  son terme. Les biens de consommation sont communément iransformés par leurs acquéreurs, ou détournés des usages auxquels ils avaient initialement été destinés. De mASme, une fois en place dans les ateliers ou les bureaux, les machines et équipements neufs ne sont pas au terme de leur cycle de production : ils continuent A  évoluer, A  s'adapter A  leur environnement dans le mASme moument qui ut que leur environnement s'adapte A  elles. Bref, et comme s'ils étaient effectiment des acteurs, ils participent A  l'action dynamique qui fait que tout bouge ensemble pour en arrir A  la mise en place de systèmes plus ou moins capables de se réguler eux-mASmes.
Une manière de se convaincre de l'importance des processus ainsi engagés consiste A  obserr la solidité de certains systèmes industriels dont il est manifeste qu'ils sont le résultat d'une lente coagulation liant entre eux des -acteurs- aussi différents que les machines, l'environnement physique, la main-d'ouvre, la clientèle, les conditions économiques et politiques de leur mise en ouvre. Le système du métro parisien est un bon exemple d'une coagulation de ce type, dont la cohérence et l'originalité historique se démontrent par aison ac d'autres systèmes équivalents : le métro de New York, celui de Moscou constituent le résultat d'autres coagulations, obtenues sur la base d'autres données techniques, sociales, économiques et politiques. Les systèmes nationaux de chemins de fer donnent lieu A  des aisons encore plus éclatantes, au point que ce n'est rien moins que l'histoire des sociétés industrielles qui s'y lit quasiment A  livre ourt. Tout y est, depuis la nature des expertises faisant autorité (l'expertise technologique en France, financière aux Etats-Unis) jusqu'au rapport de la société A  l'espace (espace clôturé en France, plus ourt en Amérique), en passant par la puissance relati des autorités publiques par rapport A  celle des entrepreneurs privés.
Les sociologues qui ont procédé A  ce type de aison ont pu parler de -blocs socio-technologiques- (Bouvier, 1989). A creuser les exemples qui précèdent, on comprend que ces -blocs- ne sont pas sans rapport ac ce qu'il pourrait y avoir de plus sérieux dans ce qu'on désigne de nos jours confusément lorsqu'on parle de -culture d'entreprise-. En mASme temps, il apparait tout aussi clairement que ce qui est en question a vite fait de dépasser le seuil de l'entreprise, pour denir inséparable de ce qui fait la culture (l'-ame-, ou tout simplement l'histoire?) des sociétés.



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