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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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France, quinze ans de politique Économique

France, quinze ans de politique Économique
« Monnaie forte » et « rigueur » : tels furent les maitres mots de la politique économique ces quinze dernières années. Pensée unique? Un regard rétrospectif sur ces années permet de mesurer les inflexions et les résultats de cette politique.

EN MARS 1983, moins de deux ans après l'arrivée de la gauche au pouvoir et l'échec du de relance, le gouvernement de François Mitterrand, dirigé par Pierre Mauroy, décide un changement drastique de sa politique économique. La relance a profité surtout aux importations plutôt qu'à la production nationale, les déficits se sont creusés, le chômage n'a cessé d'augmenter, l'inflation est restée élevée (11,7 % en 1982). Le contrôle temporaire des salaires et des prix (juin 1982) n'a pas suffi à rélir les grands équilibres. Dans ces conditions, F. Mitterrand décide de rester dans le Système monétaire européen et de donner la priorité à la silité du franc au nom de la construction européenne, ce qui implique dans l'immédiat un de rigueur budgétaire, monétaire et salarial. Cet épisode marque le début d'une nouvelle orientation de la politique économique qui sera désormais frappée d'un double sceau : rigueur et silité, d'une part (politique du franc fort, maitrise des dépenses publiques, maitrise de l'inflation), libéralisation «modulée», d'autre part (déréglementation monétaire et financière, libéralisation des prix, du marché du travail, etc.). Qualifiée de «pensée unique» par ses détracteurs, de «seule politique possible» par ses défenseurs (tour à tour les gouvernements de gauche comme de droite), cette nouvelle orientation guidera les politiques économiques successives pendant quinze ans. Mais quels sont, au fond, les principes qui gouvernent ces politiques ? Quelles en furent les inflexions ? Y a-t-il vraiment eu une «pensée unique»? Et quels sont les résultats de ces politiques ?

Stratégie macroéconomique : une rigueur persistante
En matière de politique économique, il conent de distinguer les «politiques conjoncturelles» des «politiques structurelles».
Pour l'Etat, la politique conjoncturelle (ou politique macroéconomique) (1) consiste à veiller à ce que la machine économique tourne bien en agissant sur certains paramètres (la monnaie, les dépenses publiques, les prix, les salaires). Les politiques structurelles se préoccupent à plus long terme de modifications en profondeur et agissent sur les conditions de production (marché du travail, marché monétaire, rôle de 1 Etat-prodence, etc.). Avec les politiques conjoncturelles, on régule le système, avec les politiques structurelles, on cherche à le transformer. Les politiques conjoncturelles, inspirées du «modèle allemand» des années 80, sont, en France, d'une grande continuité depuis 1983 et échappent largement au débat droite/gauche. Elles se concentrent sur la lutte goureuse contre l'inflation (désinflation) et le maintien d'un franc fort, remisant au second d'autres finalités, comme l'emploi. Cette politique de silité suppose trois niveaux d'intervention : maintenir une monnaie forte, équilibrer les dépenses publiques et, dans une moindre mesure, brider les salaires.
• La politique monétaire : priorité au «franc fort». La politique monétaire est entièrement consacrée à la silité du franc et s'appuie sur une contrainte librement choisie : celle de maintenir la parité du taux de change entre le franc et le mark allemand. Pour y parvenir, les taux d'intérêt français vont donc évoluer d'après les taux d'intérêt allemands élevés (2). Ils le resteront tant que la confiance dans le franc n'est pas acquise.
Ce cap du franc fort a été tenu par tous les temps. Même lors du choc de l'unification allemande, accomné d'une politique restrictive de la Bundesbank, la France a refusé un décrochage du franc et s'est condamnée à des taux d'intérêt très élevés (taux réel à court terme frôlant les 10 % en 1993), afin de ne pas ruiner sa crédibilité difficilement acquise après dix années de persévérance.
• La politique de rigueur salariale-Même si l'Etat n'agit plus directement sur les salaires du secteur privé, sa politique de limitation des traitements dans le secteur public (désindexation des salaires sur les prix) depuis 1983 sert souvent de référence aux accords signés dans les différentes branches professionnelles du secteur privé. Cette politique a été accomnée par le chômage qui a aussi joué un rôle important dans le freinage des salaires. • La politique de rigueur budgétaire a été appliquée de manière plus souple. Dès les années 80, l'objectif est la limitation du déficit du budget de l'Etat autour de 3 % du PIB. Mais des assouplissements de la politique de rigueur ont été acceptés en cas de récession. De fait, on constate que la politique budgétaire a subi plusieurs inflexions. L'austérité a été très prononcée dès le de rigueur de 1983 ( Delors) et jusqu'en 1987. Elle s'est manifestée notamment par le freinage des dépenses publiques. De 1988 à 1990 (gouvernement Rocard), la politique budgétaire restrictive a été relachée, puis abandonnée de 1992 à 1994 face à la crise : le déficit atteindra 5,6 % du PIB durant cette période. Puis, de nouveau, l'austérité a été très appuyée de 1995 à 1997 pendant la période où Alain Juppé était Premier ministre. Le déficit public a été finalement réduit à 3 % (critère de Maastricht) grace au freinage des dépenses et à la hausse des impôts. Ainsi, après une austérité générale de 1983 à 1987, la rigueur est centrée de 1990 à 1994 sur la politique monétaire, puis sur la politique budgétaire de 1995 à 1997. La persistance de cette politique s'explique par le rôle des marchés financiers qui veillent à ce que la France garde le cap, et par celui des gouvernants, certains que cette voieest le passage obligé pour la construction d'une Europe monétaire.


Politiques structurelles : une libéralisation modulée

Comme dans la plupart des autres pays occidentaux, la période courant des années 80 au milieu des années 90 est marquée par le libéralisme qui a progressé partout au détriment de l'interventionnisme étatique. En France, le libéralisme s'est heurté au consensus social fondé sur l'importance du secteur public et de la protection sociale. Dès lors, la libéralisation fut massive et consensuelle quand cela favorisait la globalisation sans gêner les équilibres sociaux (ce fut le cas pour la libéralisation des marchés financiers et la libéralisation des prix qui furent pratiquées par la gauche et par la droite), elle fut lente et conflictuelle quand cela mettait en cause les compromis sociaux et réactivait le clivage gauche/droite (privatisations, flexibilité du travail, réforme de l'Etat-prodence).
• La déréglementation monétaire et financière a été rapide et massive. La France s'y est engagée résolument à partir de 1984, notamment par l'action continue de ministres (Pierre Bérégovoy puis Edouard Balladur) qui ont favorisé le décloisonnement des marchés monétaires et financiers, voté la Loi bancaire de 1984 (3), créé le Matif (4) et réformé la Bourse en 1986, assoupli puis supprimé l'encadrement du crédit (en 1987), puis éliminé le contrôle des changes (en 1989), et enfin permis la libre circulation des capitaux dans la CEE (en 1990).
• Libéralisation des prix et déclin du dirigisme industriel. En 1986, l'abrogation de l'ordonnance de 1945 a permis la libéralisation des prix et l'alignement de la France sur les autres pays développés. De même, l'interventionnisme de l'Etat en matière industrielle a régressé sous l'effet de l'ouverture européenne et internationale. L'heure n'était plus à des interventions directes de l'Etat dans certains secteurs clés (automobile, sidérurgie, armement, etc.), mais plutôt à des «tactiques d'enronnement» plus incitatives que dirigistes. A partir de 1984, les restructurations et les réductions d'emplois industriels se sont multipliées (dans l'automobile, la sidérurgie, les chantiers navals). L'ouverture européenne et la mondialisation exigeaient par ailleurs le déclin des politiques de soutien direct à l'industrie : la commission de Bruxelles a, par exemple, interdit les aides directes de l'Etat aux entreprises au motif qu'elles créaient des distorsions dans le jeu de la concurrence.
• La politique fiscale est le troisième versant des politiques de réformes structurelles. Cette politique comprend deux volets bien distincts. Des réformes importantes et peu discutées en ce qui concerne les impôts liés à l'ouverture internationale : harmonisation européenne des taux de TVA, baisse de la fiscalité de l'épargne et des sociétés (fin des années 80). Pour les impôts moins liés à l'ouverture vers l'extérieur, les réformes sont assez limitées et souvent controversées - impôt sur le revenu (IRPP), impôt sur la fortune (TSF). La France a toutefois légèrement réduit l'impôt sur le revenu sans être aussi radicale que les Anglo-Saxons, et a suspendu en 1996 une réforme de la fiscalité ensagée par le gouvernement Juppé. La libéralisation des actités contrôlées par l'Etat a été plus mesurée et controversée. Une déréglementation sectorielle s'est effectuée sous la pression des directives européennes, notamment pour les télécommunications et les transports routiers et aériens. Néanmoins, il y a eu une sorte d'union nationale pour sauvegarder les spécificités des «serces publics à la française». Les privatisations ont cependant progressé en fonction des alternances politiques. Les gouvernements de droite ont procédé aux grandes vagues de privatisations menées en 1986-l987 par le gouvernement Chirac, puis en 1993-l997 par les gouvernements d'E. Balladur et d'A. Juppé (5). A gauche, après le choix du statu quo en 1988-l992 («ni privatisation, ni nationalisation» de F. Mitterrand), le pragmatisme gagne du terrain depuis 1995. • La politique du marché du travail a donné lieu à une déréglementation progressive mais très discutée. Le soutien à la flexibilité du temps de travail (temps partiel notamment) fut général. En revanche, la politique de la flexibilité externe (législation sur les embauches, les licenciements, le recours à l'intérim, etc.) fut plus mesurée, plus sélective et plus controversée : en témoignent les débats sur l'autorisation administrative de licenciement (6). La politique de baisse du coût du travail est passée par celle des cotisations sur les bas salaires et non par la mise en cause du SMIC (échec du SMIC jeunes). La voie très discutée du partage du travail a récemment été empruntée comme substitut à la flexibilité libérale (loi Robien, loi sur les 35 heures).
• La politique de l'Etat-prodence comprend des ajustements limités et souvent controversés. L'objectif est de ralentir les dépenses sociales (maladie, retraites, famille) sans mettre en cause le système de protection sociale. Divers s ont accru le financement par les usagers et voulu freiner les dépenses de santé : forfait hospitalier, non-remboursement de certains médicaments, réforme du régime d'indemnisation du chômage, réforme du régime général des retraites de 1993, Juppé de 1995. Cependant, le principe de la protection universelle a été préservé et même élargi dans certains cas (création du RMI en 1989).

Les résultats : silité sans dynamisme
Les résultats généraux de ces politiques économiques peuvent être résumés par cène formule : «silité sans dynamisme».
• Les succès dans le domaine de la silité sont incontesles. L'inflation a chuté de plus de 10 points, passant de 11,7 % en 1982 à 1 % en 1997 ; l'écart a disparu par rapport à l'Allemagne et s'est même inversé par rapport à la moyenne européenne. Les profits des entreprises se sont reconstitués de façon spectaculaire (7). Les échanges avec l'extérieur sont devenus très nettement excédentaires après avoir été longtemps déficitaires. Le franc n'a plus été dévalué depuis 1986 et il est resté dans le SME en 1992-l993. En fin de période, il est devenu une monnaie forte.
• En revanche, les résultats de l'actité économique sont plus mauvais. De 1983 à 1997, la croissance du PIB n'a été que de 1,9 % l'an, moyenne inférieure à celle de l'UE (2,3 %) et de l'OCDE (2,9 %). fl en va de même pour la demande intérieure et la consommation. Les résultats ont été décevants non seulement pour le nombre d'emplois qui a très peu progressé (+ 2 % en quinze ans), mais aussi pour l'investissement qui a, lui aussi, très faiblement progressé (1,3 % l'an) par rapport aux voisins de l'UE (2,3 %) ou aux pays de l'OCDE (3,5 %). En bref, la dynamique de l'économie n'a pas été au rendez-vous (8).
• Une explication structurelle de ces échecs. Pour l'approche libérale, le manque de dynamisme de l'économie française durant cette période s'explique par l'insuffisante libéralisation de l'économie. Cette thèse dénonce «l'exception française», le taux de prélèvements obligatoires trop élevé, les rigidités et les corporatismes, voire «la préférence française pour le chômage» (9). La solution consiste donc à approfondir les réformes de structures pour flexi-biliser les marchés, surtout le marché du travail, ce qui permettrait sans doute d'augmenter l'emploi surtout dans les serces, à l'image de ce que font les Anglo-Saxons. Mais cette interprétation structurelle est peu compatible avec certaines constatations : la hausse de la part des profits des entreprises, plus forte qu'ailleurs (ce qui n'a pas favorisé la reprise de l'emploi), la faiblesse particulière de l'investissement (et pas seulement de l'emploi), le niveau durablement élevé des taux d'intérêt réels et le retard de croissance concentré sur certaines périodes.
• Une explication macroéconomique. Les tenants de l'approche néokeyné-sienne mettent en cause au contraire la persistance de la politique de rigueur (10). Les mécanismes de la « désinflation compétitive » devaient conduire de la rigueur à l'expansion. Or, ils ont mal fonctionné. La hausse des profits s'est traduite par un faible investissement, en raison des débouchés insuffisants, des craintes pour l'avenir et des taux d'intérêt trop élevés. Mais des profits importants ne suffisent pas, il faut aussi la perspective de voir les carnets de commandes se remplir pour que les entreprises embauchent. De plus, les taux d'intérêt réels élevés (au dessus de 5 % depuis 1987) ont ralenti la production et dégradé les finances publiques. Enfin, les gains du commerce extérieur ont été limités. En effet, l'avantage de compétitité lié à la baisse du coût relatif du travail est fragile en cas de fluctuation monétaire (1992-l993), et ne suffit pas pour assurer des gains de parts de marchés (la part de la France dans les exportations mondiales est restée assez sle). Dans l'ensemble, les mécanismes économiques traditionnels conduisant de la rigueur aux grands équilibres ont bien fonctionné, mais au détriment de l'actité. Ces mécanismes économiques ont été les suivants : la politique d'austérité a ralenti la demande intérieure et la croissance, et a suscité une hausse du chômage qui, à son tour, a provoqué un freinage des salaires entrainant la désinflation et la hausse des profits. La montée du chômage et la faiblesse de la croissance ont pesé sur la consommation mais aussi sur les anticipations de tous les agents, y compris des investisseurs. La politique du franc fort a accentué la concurrence extérieure, ce qui a accéléré les restructurations, les gains de productité et la désinflation. La limitation de la demande intérieure et les gains temporaires de compétitité ont amélioré les soldes extérieurs. Ces mécanismes ont fonctionné notamment lors de la période de silisation (1983-l997) à partir de la compression de la demande et des salaires.



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