Une des plus grandes transformations connues dans les dernières quarante années par chaque pays d'Europe occidentale est son ourture croissante sur l'extérieur. La situation de très profond cloisonnement du début des années 50, qui s'était créée progressiment en réaction A la crise de 1929, puis A la seconde guerre mondiale, a été radicalement remise en cause par deux événements :
' la volonté de libéralisation générale du commerce extérieur exprimée par tous les pays déloppés A
économie de marché (et d'autres) et mise en ouvre sous l'action du gatt. A cela s'est ajoutée, un peu plus tard, la libéralisation ' pas encore complète ' des mouments de capitaux, notamment par l'apparition spontanée du marché des eurodollars ; ' l'engagement des pays européens dans un processus d'intégration économique, qui n'est que partiellement réalisé, mais se poursuit actiment.
Aussi depuis plus de 30 ans, globalement le
commerce international a augmenté, en volume, nettement plus vite que la production mondiale.
Quelle que soit l'ampleur de l'ourture sur l'extérieur, mais a fortiori lorsqu'elle est forte, chaque économie nationale doit assurer son équilibre extérieur. Contrairement aux autres objectifs, qui peunt AStre plus ou moins bien atteints, il s'agit ici d'une vérile contrainte qu'aucun pays re peut éluder. Il y a donc lA un élément qui peut commander toute l'évolution économique et toute la
politique économique du pays. Il est donc justifié de rappeler dès le départ les principales raisons de l'ourture sur l'extérieur avant d'en situer les conséquences.
A / LES RAISONS DE L'OUVERTURE SUR L'EXTéRIEUR
Cette ourture est motivée par quatre éléments essentiels :
1. L'existence d'importations inélucles
Pour des raisons géographiques et géologiques, il est impossible A un pays de se procurer sur son territoire certains produits (énergie, minerais, produits tropicaux). Pour les pays d'Europe occidentale, au moins le quart des importations actuelles sont irremplaA§ables, du moins A court terme, par des productions nationales (cf. leau 10-l).
2. L'intérASt de la spécialisation : vision statique
L'inégale richesse en facteurs de production des dirs pays est A la base de certaines spécialisations. Il s'agit classiquement de l'inégale fertilité du sol, mais aujourd'hui surtout de l'inégale dotation des pays en main-d'ouvre ' et spécialement en main-d'ouvre qualifiée ' et en capital. De mASme la tradition de certaines activités et l'existence de certaines infrastructures favorisent certaines productions, tandis que l'existence de réseaux commerciaux solidement imtés rend plus faciles les exportations.
D'autre part, la production est actuellement caractérisée, dans un grand nombre d'activités, par un phénomène de rendement croissant. Cette réduction des coûts en fonction du volume de production (ou de la longueur des séries) d'une unité technique (usine ou élissement) est une des grandes caractéristiques actuelles de l'industrie, encore plus maintenant qu'il y a trente ou cinquante ans. Il joue aussi dans certaines activités dites - tertiaires -, comme les
banques ou les assurances. Il y a ainsi un volume de production qui assure le coût minimal. Si le volume du marché intérieur est plus petit que ce volume - optimal -, l'efficacité maximale est obtenue pour ce produit soit en exportant une fraction appréciable de la production, soit A l'inrse en s'abstenant de produire et en important.
Enfin, un élargissement du marché, une amplification des courants d'échanges permettent de présenter aux consommateurs une variété plus grande de produits.
3. La stimulation du dynamisme de l'économie
Il s'agit essentiellement du fonctionnement de la concurrence et des transferts technologiques.
) L'ampleur du marché et la concurrence
Pour bénéficier pleinement des économies d'échelle, il faut disposer d'un marché suffisant, non seulement pour que ce marché soit A la dimension de la production optimale d'une entreprise, mais également pour que, en fait, le marché dépasse la capacité de production optimale d'une
entreprise et qu'il puisse y avoir juxtaposition d'un certain nombre d'unités de production entre lesquelles jouera une certaine concurrence. En effet celle-ci est un facteur très important pour assurer le dynamisme des entreprises et pour accélérer le phénomène d'innovation, c'est-A -dire de transformations technologiques de toutes sortes qui, seules, permettent la croissance économique.
Or, les
marchés de chacun des pays européens, mASme les pays de dimension moyenne comme l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, sont en fait insuffisants pour pouvoir donner des débouchés A deux ou trois entreprises ayant la dimension optimale dans une série d'activités industrielles, d'où l'idée d'une ourture rs l'extérieur permettant A chaque entreprise d'atteindre le niau où le coût de production s'approche du minimum, tout en maintenant une concurrence suffisante.
b) Les transferts technologiques
La croissance économique est A base de transformations technologiques, rendues possibles par l'apparition de noulles
connaissances sur la fabrication de nouaux produits ou l'emploi de nouaux procédés. Les connaissances sont le fait d'une activité de recherche, mais chaque pays peut, soit les sécréter par une recherche menée sur son propre territoire, soit utiliser les résultats de recherches menées ailleurs (sous réser que celles-ci soient disponibles).
En fait, le foisonnement des thèmes possibles est tel que chaque pays de dimension moyenne ou petite (c'est-A -dire tous les pays A l'exception de 2 ou 3) ne peut couvrir tous les domaines : il doit importer une partie importante de ses connaissances technologiques ' y compris le know-how ' par des achats de brets et de licences et profiter des progrès technologiques menés A l'extérieur par l'achat des composantes et des biens d'équipement qui les incorporent. Des relations ac les pays tiers sont donc fondamentales pour rester dans la course.
4. Une meilleure orientation des facteurs de production
Les mouments de biens et services et les phénomènes de spécialisation sont le moyen de valoriser au mieux des situations caractérisées par d'inégales dotations factorielles, c'est dans cette vision que se plaA§aient aussi bien Ricardo que le théorème d'Heckscher-Ohlin. Mais on peut songer A aller plus loin et A permettre la circulation des facteurs de production eux-mASmes, du moins ceux qui sont mobiles, de faA§on A assurer l'égalisation des efficacités marginales : au lieu de maintenir durablement certains pays spécialisés dans des activités A fort coefficient de
capital et d'autres dans des activités recourant largement A la main-d'ouvre, on aura un mécanisme favorisant l'égalisation des dotations factorielles et on devrait alors s'acheminer progressiment rs une situation où les différences entre économies nationales découleraient seulement de disparités historiques non encore corrigées, ainsi que de disparités naturelles ou, plus importants, d'éléments liés au dynamisme et au caractère innovateur des populations et A leur vision de l'organisation souhaile de la société.
B / L'INTERDéPENDANCE INTERNATIONALE DES éCONOMIES
Le monde économique moderne est caractérisé fondamentalement par la coexistence d'économies nationales que les relations économiques et financières rendent interdépendantes : chaque économie est influencée (quoique plus ou moins) par ce qui se passe dans les autres et doit donc en tenir compte pour l'élaboration de sa politique économique.
1. L'interdépendance macro-économique conjoncturelle
On peut en prendre une vue simplifiée A l'aide d'un modèle synthétique5.
De ces groupes de relations, on déduit une première conclusion importante : les valeurs des variables objectifs (Y, p, N) de chaque pays sont fonction, non seulement des valeurs des mASmes variables de l'autre pays, mais aussi des variables instrumentales et donc de la politique menée dans l'autre pays. Cela signifie que le résultat de la politique conjoncturelle menée dans chaque pays, et qui vise A modifier les variables objectifs, dépend de la politique menée dans l'autre pays.
2. Les interdépendances structurelles
A partir du moment où une économie est ourte sur l'extérieur, la structure de l'appareil productif est influencée par les modalités d'insertion dans la division internationale du travail.
Ceci joue sur les deux aspects de la structure : structure technique (c'est-A -dire choix des techniques de production dans tous les cas où il y a des solutions alternatis), structure sectorielle (c'est-A -dire choix des productions qui sont déloppées ou conservées sur le sol national) : en effet, les deux mécanismes d'interdépendance essentiels concernent la diffusion technologique et la contrainte de compétitivité.
Le choix de sa technique par l'entreprise se fait sur la base des coûts és des techniques disponibles. Si le calcul des coûts és se fait essentiellement sur la base de variables internes (niau des
salaires et coût du capital), par contre, la panoplie des techniques possibles est une
donnée largement internationale, que ce soit du fait des équipements ou des connaissances. L'évolution des disponibilités technologiques dans l'ensemble du monde est ainsi un élément important pour la structure technique (et donc l'efficacité) de l'appareil productif national et l'ourture sur l'extérieur est donc un moyen d'enrichissement technologique, soit par l'achat de connaissances, soit par l'achat de produits (biens d'équipement) incorporant ces noulles connaissances.
Les choix sectoriels sont commandés par la nature de la demande (intérieure et extérieure) et par l'état de la concurrence. Sur la base des avantages atifs, la structure sectorielle peut AStre plus ou moins bénéfique, selon l'exploitation qui est faite de ces avantages, mais le point essentiel est que la structure sectorielle optimale dépend des niaux de déloppement et des structures sectorielles du reste du monde.
Au total, l'interdépendance influe sur les structures productis par les canaux suivants :
' enrichissement des disponibilités technologiques ;
' obligation d'une adaptation incessante des structures, aussi bien techniques que sectorielles.
Ces faits ne peunt laisser indifférentes les puissances publiques, dont les politiques de structure s'influencent mutuellement, qu'il s'agisse des politiques de recherche, des infrastructures publiques, dans certains cas des mesures protectionnistes.
Une impression quantitati de l'intensité des interdépendances entre pays de la cee ressort du leau 1-2, qui donne pour chaque pays le rapport au pib de la valeur des échanges commerciaux ac les autres pays membres.