NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » ECONOMIE GéNéRALE » Un bon déficit vaut mieux qu un mauvais excédent L'étrange phobie du déficit budgétaire
Jusqu'aux années 1930, il n'y eut pas de vrai débat sur cette question. La pensée orthodoxe assimile la gestion des finances publiques A celle d'un père de famille prudent qui s'efforce de ne pas vivre au-dessus de ses moyens, voire d'épargner pour préparer l'avenir et se prémunir contre les mauvaises surprises. Cette vision a pourtant une conséquence facheuse quand survient une dépression. Celle-ci entrainant une chute des recettes fiscales et donc un déficit public, le gouvernement s'efforce de rélir l'équilibre budgétaire en réduisant ses dépenses et/ou en relevant les impôts. Ce faisant, il déprime plus encore l'activité. Il y eut néanmoins une vive contre-attaque néoclassique. Dans les années 1960, les monétaristes développent l'hypothèse d'un -effet d'éviction- de la dépense prie par la dépense publique. Un déficit public doit en effet AStre financé. Quand l'état emprunte sur le marché financier, il réduit l'épargne disponible et fait monter les taux d'intérASts, ce qui déprime l'investissement. Il se peut qu'A court terme le déficit ait des effets stimulants sur l'activité ; mais, au terme du processus, le supplément de production sera compensé par la chute des investissements pris. L'économie se retrouve alors avec un produit intérieur inchangé, l'inflation engendrée par les pressions sur la demande et un état endetté qui finira par lever plus d'impôts pour rembourser ses dettes. Dans les années 1970-l980, les -nouveaux classiques - prétendent mASme que le déficit public n'a aucun effet positif A court terme en raison des - anticipations rationnelles - des agents pris. Ces derniers savent bien que le déficit n'aura aucun effet net sur la richesse nationale et que les largesses présentes de l'état se traduiront A terme par des prélèvements supplémentaires. Aussi, dès l'annonce de la relance budgétaire, les agents pris réduisent leur dépense pour faire face aux impôts A venir. L'éviction de la dépense prie par le déficit public est donc instantanée. Comme nous l'avons déjA montré [Lois nA° 9, nA° 10 et nA° 11], la conclusion de la théorie des anticipations rationnelles est une pure tautologie. Ce modèle part d'une situation d'équilibre général et de plein emploi, dans laquelle il n'existe pas la moindre dépression de l'activité et donc aucun besoin de relance. Il parvient ensuite, A grand renfort d'équations, A démontrer que, dans ce cas, la relance budgétaire est inefficace. La belle découverte ! Autant dire qu'un estomac déjA plein risque l'indigestion si on lui injecte un kilo de saindoux. Plus sérieusement, l'hypothèse d'une éviction de la dépense prie par la dépense publique n'est pas rifiée empiriquement50, et cela s'explique aisément. Une relance budgétaire intervient normalement dans une situation où les ménages et les entreprises réduisent leurs dépenses : il n'y a alors pas pénurie d'épargne mais pénurie d'investissements. En empruntant les fonds que les agents pris n'osent plus investir, l'Etat ne les prive de rien : il prend seulement leur relais. Les dépenses publiques ne sont pas des substituts aux dépenses pries, mais des compléments doublement indispensables : d'une part, elles assurent la production des biens publics (éducation, justice, etc.) et des infrastructures sans lesquelles aucune activité prie ne prospérerait; d'autre part, elles réamorcent la pompe des échanges quand elle tombe en panne. |
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