NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » ECONOMIE GéNéRALE » Un bon déficit vaut mieux qu un mauvais excédent Le piège d'une vision statique et guerrière de l'économieDerrière l'erreur initiale des mercantilistes se cachait néanmoins une juste intuition A laquelle Keynes rendra plus tard hommage : il y a bien un effet positif de la quantité de monnaie sur la production. En effet, comme le montre William Petty dès 1690, un afflux d'or (une offre de monnaie abondante) abaisse le coût du crédit (les taux d'intérASts), ce qui stimule l'investissement et donc la production et l'emploi. Mais une telle fable n'était alors mASme pas concevable dans l'esprit des élites européennes. D'une part, elles ne reconnaissaient pas les effets d'entrainement bénéfiques du crédit - activité qu'elles avaient bien du mal A distinguer de l'escroquerie ou du l. D'autre part, elles concevaient le monde et ses ressources comme un espace fini et sans croissance où, par conséquent, la richesse d'un pays, comme son territoire, ne peut progresser qu'au détriment d'un autre pays. Dans ce monde é par la rareté absolue, les hommes et les nations sont en compétition pour la mASme chose et non en synergie pour plus de choses; ils sont concurrents et non complémentaires. D'où une conception guerrière de l'économie : conquérir plus de marchés (territoires) que les autres pour dégager A leurs dépens un excédent de ressources. L'essor du commerce et de l'industrie fit néanmoins reculer cette sombre vision, tout au long du xvin siècle, et les classiques anglais nourrirent le rASve d'une société pacifiée par l'échange et où, grace A une meilleure division du travail, la recherche du bien commun l'emporterait sur la guerre des uns contre les autres. En effet, quand on adopte une vision historique et dynamique de l'économie, et si de surcroit on a une vision optimiste du marché, l'enjeu du commerce international est moins de prendre des marchés aux autres que d'augmenter la taille du marché grace aux synergies et aux complémentarités farisées par l'échange. Mais A la fin du xixe siècle, l'avènement puis la domination du modèle néoclassique - qui exclut le temps, la monnaie et les interactions sociales - réactivèrent une vision statique, a-historique et finie du monde. A€ certains égards, cela constitua donc un bond en arrière méthodologique de trois siècles. La mASme incapacité A conceir le rôle du crédit, les synergies collectives et les complémentarités, incapacité qui avait poussé les premiers mercantilistes A se fouryer dans le culte de l'excédent commercial, allait d'ailleurs engendrer la phobie des déficits publics. |
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