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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Les capitalisai es a€ la croisée des chemins

Capitalisme étatique A  la franA§aise, anglo-saxon, rhénan ou social-démocrate : pour les économistes de l'approche régulationniste, il y a au moins quatre types de capitalisme. Aujourd'hui encore, les spécificités nationales sont encore trop fortes pour que l'on puisse envisager une conrgence de ces modèles.

LOIN D'AŠTRE UN SYSTÀME parfaitement homogène, le capitalisme recouvre dirses conurations. Depuis l'éclatement en 1973 du régime international de Bretton Woods mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quatre grands types de capitalisme peunt ainsi AStre distingués (voir e suivante). Chacun a des avantages et des inconvénients, qui peunt AStre bénéfiques ou au contraire pénalisants selon le contexte. » Le modèle rhénan : ce modèle, dont on peut concevoir que le microcorporatisme japonais soit une variante, repose sur un réseau dense d'institutions intermédiaires entre l'Etat central et les agents économiques individuels (associations professionnelles, syndicats, grandes entreprises, groupes financiers, etc.). Le principal avantage de ce capitalisme est d'AStre bati sur une large polyvalence de la main-d'œuvre, atout précieux lorsque la concurrence par la qualité et le service se superpose A  celle plus traditionnelle qui repose sur les coûts de production de biens produits en grande quantité. D'ailleurs, les deux sous-modèles allemand et nippon n'ont pas exactement la mASme conuration mais sont, en matière de formation des compétences, des équivalents fonctionnels (1).
» Le modèle anglo-saxon : il rassemble les capitalismes dans lesquels le marché joue un rôle déterminant par rapport aux autres formes de coordination. Sa force réside dans sa capacité A  répondre rapidement A  des aléas conjoncturels et A  favoriser l'émergence de noulles industries. Cette capacité donnée A  l'esprit d'innovation des entrepreneurs a pour contreparties une faiblesse des instissements collectifs, une tendance certaine A  la persistance, voire A  l'accroissement des inégalités et, dans certains cas, la perte de dynamisme de la productivité, faute d'un pouvoir syndical imposant des augmentations de salaire réel et un certain contrôle sur l'organisation du travail.
» Le modèle social-démocrate : il se caractérise par la tentati de combiner dynamisme technologique et lutte contre les inégalités sociales. Ce modèle a connu un indéniable succès durant près d'un demi-siècle en Suède et en Autriche. Mais son succès mASme suscite des tendances adrses tenant A  une excessi homogénéisation des rémunérations, l'importance grandissante de l'emploi public, les tendances A  l'inflation puis A  la transnationalisation des grandes entreprises. Depuis le milieu des années 80, l'économie suédoise connait une crise de ses institutions fondatrices, ce que n'enregistre toutefois pas l'Autriche, sans doute parce que les conditions externes et le détail de l'architecture institutionnelle sont différentes.
» Le modèle étatique : il met en œuvre de puissantes interntions étatiques dans le domaine du travail, de la concurrence, de l'insertion dans l'économie internationale. Plus encore, c'est dans le budget de l'Etat et dans la courture sociale que se cumulent tous les déséquilibres non seulement globaux, mais aussi sectoriels, voire locaux. Les pays de l'Europe du Sud et la France appartiennent A  cette catégorie. Modèle très efficace de rattrae des Etats-Unis, ce capitalisme montre ses limites lorsque les perspectis de croissance se font plus incertaines. De tous les modèles, le quatrième est particulièrement mis A  l'épreu depuis deux décennies, ce qui peut soutenir l'intuition courante d'une progressi normalisation des capitalismes rs le modèle des pays anglo-saxons. Pourtant les évolutions ne sont pas aussi simples. En France, les références au modèle rhénan ont été plus fréquentes que celles au capitalisme de marché. Elles ont mASme inspiré quelques réformes concernant la formation professionnelle, ou encore le mariage des banques et des assurances pour constituer le moyen d'interntion dans la dynami-sation et la restructuration industrielles (2). Le système japonais est perA§u comme particulièrement difficile A  mettre en œuvre compte tenu de ses spécificités culturelles, et les piètres performances de l'économie nippone, lors des années 90, ont sérieusement tempéré l'attrait de ce -modèle-. Le modèle rhénan était jusqu'A  la fin des années 80 perA§u comme plus proche et suscitait d'autant plus d'intérASt qu'il attribue A  la formation le rôle clé dans la compétitivité. En outre, dans un premier temps, la réunification allemande soutient la croissance européenne, mais aussi franA§aise, au point qu'A  la fin de 1991, les échanges commerciaux bilatéraux entre la France et l'Allemagne se rééquilibrent pour la première fois depuis près de vingt ans. Par ailleurs, A  trars les traités de Maastricht puis d'Amsterdam, l'empreinte des conceptions et des institutions allemandes est d'ores et déjA  présente dans la réforme des statuts de la Banque de France sur le modèle de la Bundesbank et plus encore les statuts de la Banque Centrale européenne. Mais ce changement institutionnel majeur intervient dans le contexte de la longue récession européenne des années 90, en partie liée aux difficultés de modernisation et d'assimilation des Lancier de l'Est.

Une forme de capitalisme ne s'importe pas comme une marchandise
Constater la supériorité d'un mode d'organisation du capitalisme dans un contexte historique particulier ne signifie pas qu'il soit aisé d'importer, de copier ou encore d'adapter sa logique et ses institutions, tant elles sont spécifiques A  une société et les produits d'une histoire particulière. La simple décalcomanie d'un système institutionnel, au demeurant parfaitement cohérent, peut précipiter des ajustements économiques défavorables dès lors que ce système ne correspond pas A  l'héritage technologique, industriel et social du pays considéré. C'est une leA§on qui est importante, y compris pour les pays de l'Ouest européen. Par exemple, A  de multiples reprises, Anglais et FranA§ais ont cherché A  instituer une formation professionnelle calquée sur le modèle allemand sans y parnir jusqu'A  présent.
De mASme, la constitution de puissants groupes financiers est une condition nécessaire, mais sans doute pas suffisante, pour susciter un regain industriel, puisque ce dernier dépend tout autant de la qualité de l'organisation et des dirigeants, de la solidité des relations industrielles et de leur aptitude A  faire face A  des changements technologiques incessants. On peut dès lors légitimement s'interroger sur les chances de succès d'une stratégie d'acclimatation du modèle rhénan dans une société franA§aise si marquée par l'étatisme. Certes, la stratégie de constitution de -cœurs financiers- est une condition d'existence d'un capitalisme organisé A  l'allemande, mais cette condition est loin d'AStre suffisante. Il faut en outre fonder la formation des compétences sur le jeu des négociations entre associations professionnelles, syndicats, autorités des LA nder et ministères fédéraux. C'est une différence majeure par rapport au rôle déterminant de l'Etat en France : en dépit des réformes des dix dernières années, l'administration centrale continue de régir éducation et formation professionnelle, et l'on peut se demander si ce n'est pas l'un des obstacles A  l'adhésion A  un nouau modèle productif centré sur la concurrence par la qualité. Si l'on se place dans le double espace des formes de la concurrence et de la production des compétences, il ressort que deux types de capitalisme seulement enregistrent une certaine silité au cours des trente dernières années : les modèles rhénan et anglo-saxon. Les autres modèles sont marqués par des évolutions parfois relatiment rapides, comme en témoigne l'exemple de la Suède. Dans ce pays, les accords tripartites entre l'Etat, le patronat et les syndicats ont cédé la place A  des accords décentralisés. Au Japon, les relations étroites entre banques, caractéristiques du modèle rhénan, sont mises A  l'épreu du fait de l'internationalisation de la finance.


La victoire par défaut du modèle anglo-saxon ?

Dès lors, la stratégie actuelle des élites franA§aises pourrait se heurter A  un paradoxe : faute d'institutions suffisamment riches permettant l'adoption du modèle rhénan, le capitalisme anglo-saxon ne risque-t-il pas de l'emporter par défaut ? En effet, il est beaucoup plus aisé de laisser faire les marchés que d'en canaliser les évolutions, précisément A  un moment où se multiplient les innovations financières et s'affirme la vigueur du contrôle qu'exercent les marchés sur la politique économique des Etats. Le moment choisi pour s'inspirer de certaines institutions allemandes est donc peu propice, dans la mesure où l'importance grandissante des marchés financiers favoriserait plutôt l'adoption des méthodes et des principes anglo-saxons. De plus, trois séries d'obstacles au moins, directement liés aux spécificités de toute architecture institutionnelle nationale, rendent particulièrement difficile une conrgence des capitalismes de part et d'autre du Rhin : - d'abord, l'interdépendance des institutions économiques, qui fait la force et la silité du modèle rhénan, explique les obstacles structurels A  son adoption par un pays qui ne dispose pas d'une conuration voisine : c'est une propriété très générale des modèles dans lesquels le point de fonctionnement de l'économie dépend du chemin suivi et elle s'applique tout particulièrement A  la formation professionnelle ;
- ensuite, il est malaisé de synchroniser les changements en matière de formes de la concurrence, rapport salarial et régime monétaire en dehors des périodes de crise majeure ou de guerre (3) ;
- enfin, l'analyse des débats franA§ais montre l'extrASme difficulté que rencontre l'Etat A  faire émerger les nouaux compromis qui seraient nécessaires A  l'adoption du modèle rhénan : les groupes sociaux et les entreprises s'expriment A  partir de leur pouvoir de négociation défini dans l'ancien modèle fordiste précisément centré sur l'Etat et le statu quo qui en résulte.

Innor A  partir d'une forte tradition d'impulsion étatique
Il ne faut donc pas A  toute force copier, dans ses moindres détails, un modèle réputé supérieur A  une époque donnée (rhénan dans les années 80, anglo-saxon dans les années 90), mais il convient plutôt de pousser les avantages associés A  la trajectoire sociopolitique propre A  chaque pays. Tel est l'enseignement majeur de l'évolution des Etats-Unis, dont les années 90, ac la - noulle économie-, ont montré que la -japo-nisation - n'était pas l'anir. Pas plus que la -rhénanisation- n'a défini une stratégie pertinente pour la société franA§aise. La mASme prudence s'impose A  propos de l'enthousiasme suscité, dans les années 90, par le capitalisme de marché.
Dans ces conditions, la multiplicité des moyens d'interntion étatique ne peut-elle pas se redéployer en vue d'obtenir l'équivalent fonctionnel de ce que réalisent les instimtions anglo-saxonnes ou rhénanes ? Pour faire image, le corps des ingénieurs des télécommunications qui imposa le Minitel n'est-il pas l'équivalent des pionniers de la Sillicon Valley, ou encore des grands groupes japonais de l'électronique ? Il y a ainsi une influence particulière des trajectoires nationales.
Le précédent du fordisme est éclairant A  ce titre puisque l'on aurait pu croire que l'importance des méthodes de production américaine et du style de vie propre A  ce pays allait de pair ac un recours affirmé A  une logique marchande. C'est au contraire la tradition d'interntion étatique qui, en France, a permis le rattrae correspondant, grace A  une application et A  une adaptation au contexte franA§ais. En conséquence, le capitalisme franA§ais a été modernisé grace A  l'adoption d'un fordisme impulsé par l'Etat et hautement institutionnalisé, donc ne passant pas par une logique de marché de type américain. Cette spécificité se manifeste tant par l'ampleur du secteur public (que des opérations de privatisation peunt réduire) que par l'omniprésence de l'Etat, y compris dans les arrangements privés et plus généralement les formes institutionnelles, tradition qu'il est encore plus difficile de surmonter. Mutatis mutandis, il est légitime de se demander si le mASme phénomène d'hybridation n'est pas susceptible de se reproduire. Dans la recherche de solutions alternatis, qu'elles soient anglo-saxonnes ou rhénanes, nul ne doute qu'en France, l'impulsion de l'Etat demeure essentielle faute d'ailleurs de partenaires sociaux autonomes, dynamiques et négociant des compromis indépendamment de son interntion. Le recours A  l'Etat est en effet la faA§on traditionnelle de résoudre les conflits et de faire émerger d'éntuelles innovations institutionnelles. En France, mASme les stratégies de -retour au marché- sont imposées par l'Etat, sans qu'un groupe puissant d'entrepreneurs porte cette stratégie. Autant d'éléments qui laissent anticiper le maintien de fortes spécificités du capitalisme franA§ais.


Certaines faiblesses sont aussi des forces

Lors des crises structurelles, la confiance mise dans les institutions nationales se trou fortement ébranlée, de sorte que les élites se mettent sount A  rechercher des solutions nues d'ailleurs, tant est grand le désarroi A  propos des capacités d'adaptation des formes d'organisation héritées du passé quitte A  sous-estimer les multiples obstacles A  une transposition pure et simple d'institutions étrangères. Par contraste, d'autres cherchent dans un mythique age d'or (les années de croissance d'après-guerre), les sources d'une stratégie alternati (une politique de relance d'inspiration keynésienne) ; ils ignorent en cela la nouauté du contexte et la relati irrérsibilité de certaines évolutions. Il est peut-AStre une méthode pour éviter ce dilemme : admettre que le neuf se construit aussi par recombinaison de formes anciennes afin de résoudre les grands défis du moment. La tradition n'est sount que le résultat, oublié, de l'innovation d'avant-hier. C'est aussi le terreau de l'innovation de demain. L'art en la matière serait de conrtir les limites de l'organisation antérieure en autant d'atouts en faur de leur recomposition en une architecture adéquate au contexte de l'époque.
Sur quels aspects précisément pourrait s'effectuer cette recomposition ? L'analyse qui suit se ut plus suggesti que démonstrati et se borne A  donner quelques exemples parmi d'autres.
» Le rapport salarial : la persistance d'une forte opposition entre travail manuel et intellectuel, entre les taches nobles et les autres est sount dénoncée comme l'une des tares de la société franA§aise (4). Ce trait a très probablement influencé défavorablement la compétitivité depuis deux décennies. Pourtant, si dans le paradigme productif en voie d'émergence, le travail de production s'intellectualise plus que par le passé, alors l'accent mis sur l'éducation générale peut denir une force. Encore faudrait-il que les entreprises adaptent en conséquence leur organisation et la relation qu'elles proposent aux salariés. Cette complémentarité s'est affirmée au Japon, mais n'est pas aisée A  faire émerger en France (5). De la mASme faA§on, la faiblesse et la division syndicale rendent problématique la négociation d'un compromis national renoulant celui du fordisme, mais c'est aussi le terreau A  partir duquel se sont déployées les stratégies de ressources humaines des grandes entreprises, alors qu'une fraction de plus en plus large de l'opinion reconnaissait la légitimité de l'entreprise, phénomène nouau pour la France. Pour sa part, l'Etat, en encourageant les formules de partage des profits, n'a-t-il pas favorisé l'émergence d'un microcorporatisme qui rappelle par certains traits le capitalisme nippon ?
» Les formes de la concurrence : la construction européenne remet clairement en cause les politiques industrielles A  la franA§aise, précisément au moment où s'affirme la compétitivité de firmes qui ont longtemps bénéficié de commandes publiques en matière de télécommunications, de trains A  grande vitesse, de grandes infrastructures. Néanmoins, n'est-ce pas le succès puis l'érosion de la politique de soutien de - champions nationaux - qui ont suscité, dans les années 90, la stratégie complémentaire de constitution des - cœurs financiers - pour piloter une recomposition industrielle qui dépasse aujourd'hui les frontières nationales ? De mASme, le renoullement des dirigeants des PME et l'essor des secteurs des noulles technologies ne sont-ils pas susceptibles de redresser l'évolution défavorable qu'avait encore accentuée la logique fordienne des années 60 ? (6) » Le régime monétaire et financier : les nouaux instruments financiers et la globalisation des marchés ont considérablement désilisé la politique monétaire traditionnelle qui pendant longtemps a eu recours A  un contrôle strict du crédit. D'un autre côté, mASme si l'on exclut l'espoir fugitif de faire de Paris une place financière internationale majeure, la dureté des contraintes financières et l'adoption d'une politique de franc fort ont fini par généraliser l'impératif de compétitivité au secteur de l'industrie manufacturière et des services internationalement échangés : l'emploi s'en trou parfois réduit mais ces secteurs sont relatiment performants. Il suffit, par exemple, d'obserr la trajectoire britannique (dépréciation de la livre, diminution du chômage) pour cerner l'intérASt, mais aussi les limites, de la stratégie franA§aise.
» L'Etat : mASme denu libéral, il continue A  jouer un rôle déterminant, y compris en matière de politique d'innovation et de fourniture des bases d'une compétitivité -structurelle-, c'est-A -dire basée sur la qualité de l'éducation, les infrastructures et la silité de l'ordre sociopolitique. Ce trait est finalement assez général puisqu'on observait dans les années 80 et 90 un regain de ce type de politique industrielle. Mais on peut déplorer que le capitalisme franA§ais soit l'un des rares A  ne pas avoir encore bénéficié d'une réforme fiscale de grande ampleur, alors que les déséquilibres récurrents du financement de la courture sociale n'ont pas encore alimenté une redéfinition d'ensemble du système de solidarité et d'assurance. Pourtant, le régime présidentiel de la Ve République donne A  l'exécutif un pouvoir dont peu de gournements des autres pays disposent : c'est un facteur a priori favorable A  une réforme par le haut des institutions économiques de ce pays et conforme aux traditions franA§aises. Mais l'impératif démocratique n'y trou pas nécessairement son compte. D'où, par contrecoup, la multiplication des protestations, voire une explosion sociale comme ce fut le cas en décembre 1995, et la généralisation de phases de cohabitation, marquées par un subtil cheminement entre statu quo et réformes.
» L'insertion internationale : la situation franA§aise n'est pas aussi catastrophique qu'auraient pu le laisser augurer les tendances du début des années 80. Certes, le poids de la France dans la production mondiale s'est réduit, surtout d'ailleurs du fait du dynamisme des nouaux pays industriels, mais le commerce extérieur s'est rééquilibré, il est vrai A  un niau de croissance beaucoup plus faible que par le passé et grace au maintien d'une modération salariale sur plus d'une décennie. Au milieu des années 90, la France enregistre mASme un excédent commercial significatif. On pourrait y voir l'aboutissement d'un long processus historique initié dès 1958. Il ne faut pas oublier que, dans le passé, les échanges de la France se sont redéployés de l'empire colonial rs l'Europe, en un moument qui a surpris par sa rapidité (7). Il est un dernier facteur de relatif optimisme : la construction européenne qui en se renforA§ant conduit chacune des économies nationales ou régionales A  se spécialiser afin d'assurer des complémentarités par l'échange. Enfin, A  la fin des années 90, les performances franA§aises se sont redressées et soutiennent la aison ac l'Allemagne. .. sans adoption d'un modèle rhénan !


Quelles recompositions?

Pour les années A  nir, quatre scénarios sont envisageables. » 1 scénario : un retour A  un fordisme étatique marginalement transformé. Cette trajectoire a déjA  été suivie entre les deux chocs pétroliers et est encore portée par certains acteurs, mASme si la pertinence de cette stratégie devient de plus en plus problématique. Dans ce scénario, les compromis institutionnels antérieurs conclus entre les partenaires sociaux continuent A  AStre défendus par les groupes sociaux les mieux placés quitte A  ce que la perte de compétitivité se traduise par un déclin relatif, voire absolu, de la position internationale du capitalisme franA§ais. Selon une autre variante de ce mASme scénario, si une crise majeure de la construction européenne surnait, la probabilité s'accroitrait de la poursuite d'un capitalisme A  impulsion étatique, marqué par une modernisation pour sûr technologique et peut-AStre sociale, bien que ce volet s'avère beaucoup plus difficile. » 2 scénario : une lente transition rs un capitalisme rhénan. Sa probabilité est a priori très faible si l'on en juge A  l'aune des précédents historiques. Les déloppements antérieurs ont déjA  souligné les difficultés d'une telle transition : il pourrait AStre concevable que le secteur nationalisé se recompose en un cœur financier opérant au niau de l'Europe et maintenant un minimum de cohérence et de perspectis A  moyen terme. Mais il serait beaucoup plus difficile de construire des relations industrielles A  l'allemande, car cela supposerait un regain de dynamisme tout A  fait exceptionnel des associations patronales comme des syndicats salariés, dont les deux dernières décennies donnent peu d'exemples.
» 3 scénario : la transformation d'un capitalisme d'Etat en un autre. Les linéaments de ce scénario ont été explorés par certaines des analyses qui précèdent. Si de nouaux principes d'organisation s'affirment, assurant une compétitivité par la qualité, le service et l'innovation, et pas seulement les prix, pourquoi l'administration économique ne piloterait-elle pas cette transformation, comme ce fut le cas lors de précédents épisodes historiques ? En effet, le capitalisme franA§ais se caractérise par une myriade de compromis institutionnalisés coûteux. Résultat : il se modernise traditionnellement plus aisément en période de croissance qu'en période de crise.
Cependant, la probabilité d'un tel happy end devient de plus en plus problématique au fur et A  mesure que l'internationalisation et la poursuite de l'intégration européenne induisent une perte d'autonomie pour certains attributs de l'Etat-nation. » 4e scénario : la fin de l'exception franA§aise et la conrgence, nolens volens, rs un capitalisme de marché. Un tel scénario dérirait de l'échec des stratégies que supposent les trois scénarios précédents. On peut cènes avoir quelques doutes concernant une théorie de la conrgence qui postulerait que la globalisation implique A  terme l'érosion de toute spécificité nationale et la ressemblance croissante de tous les capi-talismes ac le capitalisme anglo-saxon. Pourtant, on est frappé par certains parallélismes des trajectoires franA§aise et américaine, au-delA  mASme des programmes politiques : regain de vigueur des idéologies du marché, primauté de la logique des firmes au détriment de la solidarité, croissance des inégalités sous la contrainte d'un chômage élevé Certes, cette évolution est moins accentuée en France qu'outre-Atlantique. Elle marquerait sinon une rupture majeure par rapport aux idéaux qui firent la cohésion de la société franA§aise (Liberté, Egalité, Fraternité). En outre, les institutions et les idéologies politiques franA§aises sont loin d'avoir les caractéristiques d'outre-Adantique. L'anir se chargera de déjouer ces pronostics, tout comme, dans l'entre-deux-guerres, les contemporains furent incapables dans leur majorité d'anticiper le miracle de la modernisation fordiste de l'après Seconde Guerre mondiale. L'optimiste soulignera que jamais le capitalisme franA§ais ne s'est trouvé bloqué très longtemps sans que survienne une crise politique, une guerre, et par voie de conséquence d'ambitieuses réformes. Le pessimiste répondra A  juste titre que jamais l'histoire ne se répète si ce n'est en bégayant et que les conditions noulles des années 90 invalident les pronostics valables pour une conuration de l'autonomie des capitalismes nationaux, largement dépassée.
En tout état de cause, une certaine érosion du particularisme franA§ais est en cours, mais il serait imprudent d'en conclure A  la conrgence complète et définiti rs un modèle unique, ne serait-ce que parce que la période A  nir sera probablement marquée par la compétition et très probablement par la coexistence entre des capitalismes durablement différenciés.


Innovation et performances économiques

Une étude s'est récemment attachée A  expliciter une typologie des relations entre innovation et performances économiques A  trars une analyse de données portant sur douze pays de l'OCDE, étudiés A  partir de plus de 180 variables caractéristiques (1). D'un côté, les profils observés entre la science, la technologie et l'industrie rapprochent la France des pays anglo-saxons dans lesquels le changement technique s'appuie sur une forte orientation scientifique et sur des programmes plus ou moins liés A  l'Etat (dans les domaines aérospatial, pharmaceutique, des sciences de la vie). Par opposition, Japon et Allemagne ont une orientation plus technologique, une spécialisation dans les biens d'équipement et des recherches actis en sciences de la nature. D'un autre côté, les performances macroéconomiques se distribuent selon une conuration différente dans laquelle France, Allemagne, Pays-Bas et Italie combinent restructuration producti et recherche de l'efficacité ac la persistance du chômage et une faible croissance.
Pour leur part, les pays anglo-saxons manifestent de plus grandes inégalités mais un niau d'emploi plus élevé, alors que pays nordiques et Japon partageaient jusqu'en 1990 un modèle de croissance rtueuse combinant efficacité, relatif plein-emploi et faibles inégalités. La décennie 90 a marqué une rupture majeure pour ces pays.



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