NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » economie europeneana Culture : la mémoire sélectiveEn matière d'identité culturelle, la mémoire est elle aussi sélective. Chacun reconnait les racines grecques et romaines de l'Europe, mais ignore souvent le rôle essentiel de Byzance (330-l453). Pourtant l'empire byzantin a duré plus de mille ans et, contrairement A l'Occident, n'a jamais connu la coupure entre l'Antiquité et la Renaissance. Tout simplement parce que c'est Byzance, en langue grecque, qui a transmis la philosophie et la pensée de l'Antiquité. C'est elle qui en grande partie a permis A l'Occident A partir du xin et du xiv siècle, avec la Renaissance, un retour aux sources de l'Antiquité. En matière culturelle, l'Europe oublie souvent ses racines orientales pour ne retenir que la tradition occidentale, alors mASme que les deux sont inséparables. Le paradoxe de la culture occidentale est qu'elle est finalement plus prASte A intégrer ses composantes nordiques, slaves et barbares, qu'A reconnaitre combien Byzance fut une condition essentielle de la Renaissance de l'Europe A partir du xin siècle. En un mot, plutôt les Normands, les Vikings et les Scythes que les Byzantins Et comme jusqu'A présent l'Europe coïncidait avec l'Europe de l'Ouest, il n'y avait aucun problème. Tout se complique avec l'arrivée de l'Europe de l'Est qui, A l'exception de la Pologne et de la Hongrie, est largement marquée par l'influence de Byzance. Sans parler de la question des Balkans qui, depuis la Yougoslavie, remet directement au centre cette deuxième tradition culturelle constitutive de l'identité européenne. Le sourd rapport de force religieux, culturel, voire politique, qui n'a jamais réellement disparu depuis le V siècle, resurgit. Et si la tradition de Byzance est, par la nature des choses, confrontée depuis longtemps A la tradition latine, il n'en est pas de mASme pour cette tradition occidentale qui manifeste depuis longtemps une certaine indifférence, pour ne pas dire plus, A l'égard de la culture byzantine. Le premier chantier culturel consisterait évidemment A réexaminer ces » deux sources a- de la culture occidentale, leur interaction et la force de la » deuxième source -. L'enjeu d'un tel réexamen n'échappe A personne. Si l'Ouest, outre sa supériorité économique et son expérience plus ancienne en matière de démocratie, n'arrive pas plus facilement A s'ouir sur la culture orientale, c'est une occasion de plus de conflits qui se met en place. Sur cette question essentielle on peut se reporter au lie très clair d'Alain Ducellier, Les Byzantins. Histoire et culture, Seuil-Points, 1988. Le texte qui suit, Byzance et l'Occident, permet également de bien comprendre le problème. |
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