» Présentation :
L'Eurobaromètre est un sondage d'opinion réalisé deux fois par an, en mars ei en octobre, auprès d'un échantillon d'environ mille personnes par pays, et qui est publié dans un rapport bi-annuel, en juin et en décembre, depuis une quinzaine d'années. Les questions sont posées régulièrement ci concernent les opinions : en faur de l'intégration européenne, A l'égard des institutions européennes, des principales politiques menées. Ensuite, d'autres questions ponctuelles sont posées concernant des points particuliers, de l'actualité ou de l'action communautaire. Il s'agit de donner des indications sur l'état de l'opinion, dans les différents pays européens, aux décideurs communautaires, et au grand public via les médias. Mais l'Euro-baromètre est d'abord au service des membres des institutions européennes. Ainsi, une première analyse des résultats est-elle diffusée sous forme de document de
travail interne pour la Commission, avant d'AStre publiée. Le public est donc bien le dernier informé.
» Les difficultés :
Mais cet Eurobaromètre rencontre certaines difficultés de fonctionnement. Tout d'abord, il est extrASmement lourd A manier. Ainsi les enquAStes spéciales, hors trend, paraissent quelque six mois après l'enquASte sur le terrain, le temps de faire les analyses en profondeur, de rédiger et de traduire le rapport dans les différentes langues. Les traductions sont en effet une des principales pierres d'achoppement. Les rapports originaux sont rédigés en alternance une fois en anglais, une fois en franA§ais. Des résumés sont disponibles dans les neuf langues de la Communauté, mais le rapport complet traduit n'est accessible dans chaque langue que trois A six mois plus tard.
» Les limites :
L'Eurobaromètre et l'analyse qui en est faite s'apparentent sount A la méthode Coué. Les résultats sont présentés comme donnant l'opinion » des Européens -, chiffre obtenu A partir de la moyenne des différentes opinions nationales. Ainsi dans le numéro 37 de juin 1992, la e de présentation débute par ces mots : Maastricht est important aux yeux des Européens. Parmi les 44 % de citoyens CE qui, en mars-avril 1992, ont - récemment entendu parler - du traité de Maastricht, 75 % jugent celui-ci - important -, voire très important, et 54 % pensent qu'il aura des - effets positifs pour leur pays-. Le problème est pris A l'enrs.
Parler de
citoyenneté suppose que les habitants soient réunis par les mASmes droits, les mASmes devoirs, un passé en partie commun, une entente minimale sur les objectifs A poursuivre par la société nationale. La citoyenneté
marque un - statut -, nous dit Etienne Balibar, elle forme une - frontière intérieure - A l'intérieur des Etats, en désignant au sein de la société ceux qui ont le droit d'y participer pleinement. » En tant qu'il n'y a pas de communauté politique sans Etat, la citoyenneté est d'emblée un statut, et le statut se combine A l'exclusion. ' - La citoyenneté ne se décrète donc pas, elle est aussi le fruit d'une histoire commune ou, du moins, elle doit s'appuyer sur l'histoire pour acquérir tout son sens. Or, il est fait sans cesse référence au citoyen européen dans l'Eurobaromètre, alors mASme que les principaux critères de définition de la citoyenneté ne sont pas réunis. On constate une
globalisation des attitudes alors que les questions sont interprétées A trars des spectres culturels nationaux et qu'il y a très peu de codes communs en dehors des Eurobaromètres. Ce
volontarisme apparait également quelques lignes plus loin. Dans un paragraphe intitulé - Le public européen soutient fermement l'idée d'une politique étrangère et de défense/sécurité commune -, les rédacteurs présentent cette adhésion comme assurée, mais les limites en transparaissent pourtant : - Dans chaque pays des Douze, on note une majorité (absolue ou relati) dans ce sens. -
Parfois l'adhésion parait suffisamment massi pour penser qu'une réelle majorité, dans chaque pays, soutient le mASme point de vue. C'est le cas des quatre indicateurs standard de soutien A la Communauté :
- AStre favorable aux efforts réalisés pour unifier l'Europe occidentale;
- penser que l'appartenance A la CE est une bonne chose;
- penser que son pays a bénéficié de son appartenance A la CE;
- éprour de grands regrets en cas de retrait de la CE.
Cependant, la dénomination de ces interrogations laisse entière la question de l'adhésion réelle A l'idéal européen, tant les formulations sont larges et a priori consensuelles. Le fait de voir s'unir des pays naguère ravagés par les guerres suscite assez naturellement l'adhésion d'une écrasante majorité. Reconnaitre que l'union a été dans le passé positi n'indique rien des craintes que l'on peut avoir pour le présent ou l'anir, etc. Questions un peu trop consensuelles a priori, postulant une unité des peuples européens qui reste A faire, donnant lieu A une interprétation quelque peu volontariste, ces indicateurs doint donc AStre utilisés ac prudence.
C'est d'autant plus vrai que lorsque la question posée s'intéresse d'abord aux préférences nationales, plutôt que de tenter de définir une opinion publique européenne, les écarts dans les réponses sont significatifs de l'absence d'un vérile espace public européen. Toujours dans le nA° 37, la question sur le droit de vote accordé aux citoyens européens dans un autre pays de la CE oblige les analystes A souligner combien - les avis sont mitigés-. Et, -selon les pays, ces résultats varient de faA§on considérable.. Autrement dit, l'adhésion A l'idéal européen (les quatre indicateurs standard) devient beaucoup moins claire lorsqu'il s'agit de questions précises qui mettent immédiatement en cause les identités nationales '.
Les résultats présentés par les Eurobaromdtres ont donc l'inconvénient de considérer comme résolue la question qui est pourtant au cour de la
construction européenne : l'existence de grilles de lecture communes, permettant d'agréger des réponses dont on est sûr qu'elles ont été interprétées de la mASme manière !. Par ailleurs, le plus important pour réussir la construction de l'unité européenne n'est pas de tenter de se convaincre que l'Europe des peuples existe déjA , mais d'étudier les dirgences d'appréciations nationales, d'en tenir compte, afin de réaliser une vérile unité. Faire en sorte que la Communauté ne soit pas vécue comme imposée A un certain peuple, mais comme le résultat d'une solidarité apparaissant entre chaque nation. Les études d'opinion européenne doint aider A pointer les différences, plutôt qu'A souligner des concordances qui négligent trop ce qui sépare chaque nation.