La politique de change est commune A l'union monétaire. Elle gère le taux de change de l'euro vis-A -vis des monnaies de l'Union européenne qui font l'objet d'une dérogation, qu'elles aient ou non aménagé leurs relations de change A l'égard de la zone euro, et vis-A -vis des grandes devises internationales.
Le cadre institutionnel
La politique de change de la zone euro fait l'objet d'une souraineté partagée entre la BCE et les gournements. Elle doit respecter l'objectif principal de stabilité
des prix (art. 4 CE [art. 3 A]). Le traité affiche un souci de cohérence ac la
politique monétaire dont la prééminence sur la politique de change est affirmée. La BCE a la responsabilité opérationnelle de cette politique au moyen des instruments classiques que sont les taux d'intérASt A court terme et les résers de change.
Le partage des rôles entre - le Conseil de l'euro - et la BCE
L'article 111 CE [art. 109] précise les fonctions respectis du Conseil et de la BCE.
La qualification de - Conseil - ne renvoie pas ici au Conseil écofin stricto sensu. Les droits de vote des états membres qui ne font pas partie de l'union monétaire sont en effet suspendus pour les décisions qui touchent au pilotage de la zone euro (art. 122-5 CE [art. 109 K-5]). Le traité prévoit un fonctionnement du Conseil écofin A géométrie variable afin d'éviter toute interférence des états membres dérogatai-res dans la prise de décision. Il améliore l'efficacité du sous-groupe chargé de l'union monétaire en stipulant que ses décisions A la majorité qualifiée renvoient aux deux-tiers des voix des représentants des états membres, affectées de leur pondération habituelle (leau 4). Le dispositif n'en avait pas moins une faible visibilité aux yeux du grand public et des opérateurs économiques. Suite A des demandes franA§aises réitérées de
constitution d'un - gournement européen -, puis d'un - Conseil de stabilité -, ce sous-ensemble a été désigné sous le nom de - Conseil de l'euro -, ou - Euro 11 -, lors du Conseil de Luxembourg du 13 décembre 1997. Cette noulle entité, sans avoir l'assise institutionnelle de la BCE, constitue l'instance de décision et de coordination propre aux pays membres de la zone euro. Le Conseil de l'euro peut s'appuyer, comme le Conseil écofin, sur les avis et la capacité d'expertise du Comité économique et financier (Encadré 3).
Le Conseil de l'euro a la charge de la politique du change sous la contrainte du maintien de la stabilité des prix. Il est habilité A conclure des accords formels de change, de type Bretton Woods ou SME, entre l'euro et les monnaies des pays tiers mais il doit statuer A l'unanimité pour la conclusion de ces accords. Les autres décisions sont prises A la majorité qualifiée. L'euro évoluant dans un régime de changes flexibles par rapport aux autres monnaies (dollar, yen, livre sterling, etc.), le Conseil a pour fonction de - formuler les orientations générales de la politique du change vis-A -vis de ces monnaies -. Toutes ses décisions font l'objet de consultations auprès de la BCE qui peut formuler, ainsi que la Commission, des recommandations.
La BCE est chargée de mettre en œuvre et de gérer quotidiennement la politique définie par le Conseil de l'euro, dès lors qu'elle est compatible ac son objectif statutaire de stabilité des prix. Les textes permettent A la BCE de s'opposer A des orientations du Conseil qui iraient, par exemple, dans le sens d'une dépréciation de l'euro vis-A -vis du dollar, si elle juge que cette décision, en augmentant le prix des importations dans l'union monétaire, serait porteuse d'inflation. Il y a potentiellement des
risques de conflit entre la BCE et les gournements de la zone euro, mASme si le traité et la maitrise des instruments d'action sur la politique de la change confèrent A la BCE un avantage déterminant.
L'instrument des résers de change
Le SEBC disposait au 1er janvier 1999 de 327 milliards d'euros d'avoirs de résers : 227 milliards d'euros en devises (A 90 % des dollars) et 100 milliards d'euros en stock d'or. Seule une partie des résers de change des BCN appartenant au SEBC est denue la propriété de la BCE, au prorata de la part en
capital qu'elles détiennent dans cette dernière et A
concurrence de 40 milliards d'euros sur les 50 milliards prévus par le traité, en raison de la défection du Royaume-Uni, du Danemark, de la Grèce et de la Suède.
L'importance des résers de change dans les pays européens se justifiait par le règlement des importations, la maitrise de la volatilité des taux de change au sein du SME et la nécessité d'affronter les attaques spéculatis. En 1997, le ratio résers/importations était cinq fois plus élevé dans la zone euro qu'il ne l'était aux Etats-Unis mais identique A celui du Japon (leau 5). Or, une règle, sount invoquée, ut que le niau des résers d'un pays représente entre 20 et 30 % du montant annuel de ses importations, soit des résers de changes pour la zone euro qui s'élèraient entre 130 et 200 milliards de dollars. L'excédent de résers se situerait, selon le ratio retenu, dans une fourchette de 140 A 210 milliards de dollars. Le rapport Emerson chiffrait déjA A 230 milliards de dollars les économies de résers de change réalisables en se calant sur un ratio résers/ importations proche des 20 % et sous l'hypothèse que tous les pays de l'Union européenne adhèrent A l'euro.
L'importance de ces résers nourrit une controrse entre tous ceux qui les jugent excessis et les banquiers centraux européens. Pour les premiers, le SEBC a besoin de moins de résers de change que la somme des résers détenues jusqu'ici par les BCN pris isolément. La plus faible ourture de la zone sur le reste du monde offre A la BCE la possibilité d'AStre négligente vis-A -vis du cours de l'euro (- benign neglect -) : 50 % des importations et 54 % des exportations en moyenne des pays de la zone euro deviennent des échanges intérieurs. En outre, les résers en or sont volontiers présentées comme un anachronisme. Les banquiers centraux récusent cette présentation en soulignant que les résers ont de moins en moins une fonction commerciale (le règlement des échanges) et sernt davantage A asseoir la crédibilité des noulles autorités monétaires A l'égard des
marchés financiers. La détention d'or y trourait l'essentiel de sa justification. L'or serait l'un des attributs symboliques de la souraineté monétaire et un élément de confiance A long terme dans la monnaie. Concernant les devises, il incombe A la BCE de maintenir une puissance de feu dissuasi face A un
marché des changes où les transactions quotidiennes atteignaient en avril 1998, selon la BRI, 1 500 milliards de dollars. Les banquiers centraux relènt que les résers du SEBC sont au mASme niau que celles du Japon et suggèrent que le maintien d'un ratio de résers élevé peut permettre au SEBC d'alléger la pression sur la politique monétaire (niau des taux directeurs) en évitant qu'elle ne ser, dans les premiers temps, A établir la réputation des autorités monétaires. Enfin, la nte, donc la conrsion des résers libellées en dollars en euros représenterait une création monétaire incompatible ac l'objectif de stabilité des prix.
Les relations de change ac les pays de VUE non-membres de la zone euro
Quatre pays de l'Union européenne ne sont pas membres de la zone euro. Le Danemark et la Grèce sont, pour reprendre une terminologie communautaire, dans une logique de - pré-ins -, puisqu'ils ont inséré leurs monnaies dans le nouau mécanisme de change (MCE-II), qualifié également de SME-bis. Le Royaume-Uni et la Suède sont des - outs -, dans la mesure où ils se sont simultanément tenus A l'écart de l'UEM et du mécanisme de change qui lui est associé, pour leur préférer les changes flottants.
Le nouau mécanisme de change (MCE-II) pour les - pré-ins - Le SME a continué d'exister le 1er janvier 1999 sous une forme réaménagée. En effet, le traité de Maastricht n'avait pas prévu de régime de change spécifique pour lier A la monnaie unique les devises des états n'appartenant pas A l'UEM. Lorsqu'il est apparu qu'il fallait gérer ce cas de ure, des travaux préparatoires ont été engagés. Ils ont abouti A la création du MCE-II par le Conseil européen d'Amsterdam des 16 et 17 juin 1997 ac la double fonction de faciliter la transition des pays candidats rs l'euro et d'assurer la coopération en matière de change. L'adhésion au MCE-II durant deux ans est denue le nouau critère de conrgence requis, en matière de stabilité du change, pour rejoindre le moment nu le groupe des pays fondateurs de la zone euro. Le Danemark et la Grèce en sont denus membres le 1er janvier 1999. Le Royaume-Uni et la Suède, qui avaient négocié le principe d'une participation facultati A ce mécanisme (droit A Yopting out), n'y ont pas adhéré. Ce mécanisme est appelé A s'élargir dans la mesure où il est fait obligation aux candidats A l'adhésion A l'Union européenne (les PECO, Chypre, Malte et la Turquie) d'adopter l'acquis communautaire de la phase 2 de l'UEM. La participation au nouau mécanisme en est partie intégrante ac, pour horizon, l'intégration A la zone euro. Le MCE-II fonctionne sur la base de trois instruments :
- des marges de fluctuations qui sont, tout d'abord, de A± 15 % autour des cours pivots exprimés en euro. Les pays membres ont la possibilité de négocier une bande de fluctuation plus étroite. A€ la demande du gournement danois, les marges applicables A la couronne ont ainsi été portées A A± 2,25 % (leau 6) ;
- une supervision effectuée, ensuite, par le Conseil général de la BCE qui assure pour les - pré-ins - les fonctions d'évaluation de la conrgence et de gestion des résers de change qui étaient assumées par l'IME au cours de la deuxième phase de l'UEM ;
- des mécanismes d'interntion qui sont, enfin, explicitement asymétriques entre une zone euro puissante et des pays qui sont atiment de petite taille. Si la BCE a l'obligation d'internir sur le marché des changes, conjointement A la banque centrale de la monnaie attaquée ou affaiblie, elle a surtout la possibilité de suspendre son action dès lors qu'elle porte atteinte A la stabilité des prix dans l'union monétaire. Les BCN des pays adhérents au MCE-II disposent d'un
financement A très court terme mais, ni le soutien monétaire A court terme, ni les opérations de swap qui existaient dans le SME n'ont été reconduits. Les parités sont en outre réellement ajustables. La BCE peut déclencher des négociations sur des réalignements afin d'éviter les erreurs commises dans le SME au cours de la période 1987-l992.
Ce système confère A la BCE un pouvoir d'évaluation et de prescription de la
politique économique sur les - pré-ins - considérable qui n'est pas sans rappeler celui du FMI A l'échelle internationale K La BCE peut engager ou, au contraire, réserr son soutien, A partir de l'appréciation qu'elle porte sur la politique économique suivie par les candidats A l'union monétaire. Ces derniers y gagneront en crédibilité internationale et bénéficieront sans doute de primes de risque réduites pour leurs emprunts internationaux. Le traité prévoit que les - pré-ins - feront l'objet d'un examen tous les deux ans au moins pour rejoindre l'UEM ou, A leur demande, en suivant les mASmes modalités que les pays du premier groupe.
Le problème posé par les - outs -
L'Union européenne est partagée en plusieurs zones monétaires ac un noyau dur, la zone euro, des pays satellites, insérés A trars le MCE-II dans des accords de change ac le noyau dur, et puis des nations qui sont potentiellement des électrons libres dans cette constellation, puisqu'elles bénéficient de la flexibilité du change. Or la monnaie unique répondait A la réalisation du grand marché dont le fonctionnement s'accommodait mal d'une instabilité des taux de change. L'existence de monnaies - outs - fait courir des risques A la zone euro, tout autant de dépréciation compétiti que d'appréciation de l'euro A l'égard de ces monnaies. L'Irlande est ainsi particulièrement vulnérable A la parité euro-livre sterling dans la mesure où le Royaume-Uni est de loin son premier partenaire commercial.
L'expérience a montré que le principe communautaire qui dispose que - chaque état membre traite sa politique du change comme un problème d'intérASt commun - (art. 124 CE [art. 109 M]) fonctionne mal en l'absence de mécanisme contraignant. La
crise du SME de 1992-l993 avait provoqué des dépréciations compétitis génératrices de distorsions de concurrence au sein du grand marché. Selon la Commission ', entre août 1992 et août 1995, la lire italienne s'était dépréciée de 31 % par rapport au deutschemark, la couronne suédoise de 27 %, la peseta esnole de 24 %, la livre sterling de 19 %. Si les effets macro-économiques n'ont pas été évidents A apprécier, il n'en va pas de mASme des effets sectoriels : l'automobile, l'habillement, la viande bovine ont été particulièrement affectés par les mouments monétaires.
L'appréciation de l'euro vis-A -vis de ces devises serait tout aussi problématique puisqu'elle rendrait un ancrage au sein du MCE-I1 difficile pour les éntuels postulants, en dépit de la flexibilité qu'offrent des marges A A± 15 %. Leur mise A l'écart risquerait d'accroitre leur différentiel d'inflation, de crédibilité et de taux d'intérASt ac les - ins - et les - pré-ins -. Si l'accès A l'euro ne restait pas dans l'ordre du possible, ces pays pourraient AStre tentés par des
stratégies de - cavaliers libres - qui fragiliseraient le marché unique et l'intégration européenne.
Instaurer une discipline de change et contrôler les stratégies non-coopératis demeurent par conséquent l'un des défis A reler de faA§on concomitante A l'introduction de l'euro. Le grand marché n'est pas A l'abri d'une concurrence déloyale par les taux de change et l'union monétaire des difficultés que pourraient rencontrer ceux de ses membres qui ont des liens commerciaux privilégiés ac le Royaume-Uni et la Suède.
La politique de change A l'égard des grandes devises mondiales
La puissance économique et commerciale des pays membres de l'union monétaire est de nature A conférer A l'euro un statut de monnaie internationale et, partant de lA , A favoriser l'émergence d'un système monétaire international multipolaire. Le taux de change de l'euro vis-A -vis des grandes devises mondiales est fixé librement par le marché dans le cadre d'un système de changes flexibles. Les Européens peunt potentiellement s'affranchir des fluctuations de l'euro par rapport au dollar et au yen compte tenu du faible taux d'ourture de l'union monétaire sur le reste du monde.
L'euro monnaie internationale
Une monnaie internationale remplit les fonctions classiques d'unité de compte, de moyen de paiement et de réser de valeur en dehors de sa zone d'émission (leau 7). Si le degré d'internationalisation d'une monnaie varie selon la fonction considérée, ces différents usages ont plutôt tendance A s'appeler et A se renforcer mutuellement : la monnaie de facturation d'une marchandise devient sount la monnaie de règlement de la transaction.
L'abandon du système de Bretton Woods en 1973 n'a pas provoqué la fin de la prééminence du dollar. Les effets d'inertie jouent largement dans l'usage d'une monnaie internationale dans la mesure où l'extension du champ de diffusion d'une monnaie diminue les coûts d'information et de transaction. Une monnaie internationale fonctionne comme une langue : si elle est largement diffusée, l'intérASt A avoir recours A cette monnaie plutôt qu'A une autre est évident. La prédominance du dollar est nette au moment du passage A l'euro (leau 8). Il a eu tendance A regagner, au cours des années 1994-l998, un peu d'une suprématie qui s'était érodée dans les vingt années précédentes. L'euro est la seule monnaie en situation de contester ses positions, pour chacune des fonctions qu'il assume sur le international, mASme si les changements possibles ne pourront AStre que très progressifs.
a) L'euro dans la définition des parités ou des zones cibles
L'euro peut denir la monnaie de référence de la zone Europe-Afrique. Le MCE-II a déjA vocation A assurer cet arrimage pour les pays de l'Union européenne non membres de la zone euro. Pour les pays hors Union européenne, deux cas de ure se sont présentés depuis le 1er janvier 1999 :
- les pays dont le taux de change était jusqu'alors ancré sur une monnaie qui a intégré la zone euro. Les quatorze pays africains de la zone franc CFA qui avaient un ancrage fixe sur le franc franA§ais (Encadré 4), Saint Marin où la lire italienne avait cours légal, le Cap Vert, en taux de change fixe ac l'escudo portugais, ont opéré un transfert de leurs anciens accords monétaires sur l'euro ;
- les pays qui connaissaient un système de - currency board - ou - caisse d'émission - ac une monnaie de la zone euro. La masse monétaire en circulation y était émise A un taux de change fixe en contrepartie des résers de change détenues par la banque centrale dans une devise spécifique. L'Estonie, la Bulgarie et la Bosnie-Herzégovine pratiquaient ce système ac référence au deutschemark. De fait, ces trois pays participent unilatéralement A la zone euro puisque leur banque centrale est totalement passi et se comporte comme une simple caisse de conrsion des avoirs détenus en euros.
Au total, ce ne sont pas onze pays qui sont passés A l'euro début 1999 mais une trentaine. Ce chiffre est susceptible de progresser. Les pays de l'AELE, partie prenante du marché unique et les pays signataires d'accords de libre-échange ac l'Union européenne, disposent de la possibilité de les prolonger par des liens contractuels sur le monétaire. Une prolifération de relations de change ad hoc est possible. La conuration en étoile qui apparaissait au niau des accords préférentiels peut AStre reproduite en matière de change au moyen d'outils variés.
b) L'euro monnaie de facturation et de cotation des marchandises
Les potentialités de déloppement de l'euro sont différentes en matière d'exportation et d'importation.
En règle générale, les grands pays exportateurs facturent leurs exportations dans leur propre devise, alors que les pays plus petits s'en remettent A une devise internationale ou A la monnaie du pays importateur. Les états-Unis, qui ne réalisent que 15,5 % en 1995 des exportations mondiales, facturent 47,6 % des échanges internationaux (leau 8). L'Union européenne qui effectuait 20 % des exportations mondiales en 1995 (hors échanges intra-Union européenne) facturent 33,5 % du commerce. Elle est en situation d'imposer progressiment l'euro comme monnaie de facturation pour ses exportations. Des effets de réseaux peunt en outre internir : les états liés A l'Union européenne par des accords d'intégration régionale (AELE, PECO, pays rirains de la Méditerranée), ou A certains de ses pays membres par des accords monétaires (pays de la zone franc), sont tous de petits pays ac des échanges fortement orientés rs le marché unique. Ils seront incités A utiliser l'euro, la monnaie de leur principal importateur.
Par contre, l'euro aura plus de difficulté A concurrencer le dollar en ce qui concerne les importations. Le dollar est en effet la monnaie de cotation pour les cours des matières premières et du pétrole L'usage d'un étalon unique, pour des biens dont le prix est fixé sur les marchés internationaux, réduit les coûts d'information et de négociation. L'usage du dollar comme monnaie de cotation lui donne un avantage déterminant pour facturer les importations. L'arrimage de la zone franc A l'euro pourrait simplement amorcer la diffusion de l'euro pour la cotation et la facturation des produits primaires (café, cacao, hévéa) dont ces pays sont d'importants producteurs.
c) L'euro moyen de paiement du secteur privé et du secteur officiel
Le dollar est le moyen de paiement le plus utilisé ac 87 des 200 % de transactions sur les marchés des changes (leau 8), suivi par les monnaies de la zone euro qui entrent en jeu pour 52 des 200 % de transactions. L'euro dispose d'un socle de départ solide pour contester la position du dollar d'autant que le passage par le dollar dans les échanges internes A la zone euro n'a plus lieu d'AStre.
d) L'euro dans les actifs de placement internationaux
Les monnaies de la zone euro sont distancées par le dollar dans les placements internationaux (leau 8) : elles représentent 27,2 % de l'encours des titres internationaux (pour l'essentiel des obligations et euro-effets) contre 45,7 % pour le dollar. En flux, le dollar est la devise de libellé de 60,6 % des émissions effectuées, en progression constante depuis 1994 en raison du recul du yen. Les monnaies de la zone euro se situent au tiers des émissions. L'euro devrait ici renforcer assez rapidement ces positions. Il peut répondre A une demande de dirsification des actifs et il s'adosse A un marché financier européen libéralisé, plus large, plus liquide et plus profond (importance des marchés secondaires) que ne l'étaient les marchés des différents pays pris isolément. La faiblesse des taux d'intérASt dans l'UEM incitera également les entreprises A s'orienter rs un financement obligataire plutôt qu'A emprunter auprès du système bancaire - ce qui est de nature A dynamiser le marché obligataire de l'euro et devrait ainsi lui permettre de rivaliser ac celui du dollar -.
e) L'euro dans les résers de change officielles
Le dollar représentait fin 1995 (leau 8) les trois-cinquième des résers de change en devises des
banques centrales au niau international contre un cinquième pour les monnaies européennes. Les résers de change des banques centrales des pays tiers devraient se dirsifier graduellement en faur de l'euro. Il pourrait prendre A court terme une part au moins égale A celle du deutschemark (14,2 % des résers en 1995) mais ses perspectis de croissance A moyen terme sont nettement plus importantes.
La question de la valeur externe de l'euro
L'évolution du taux de change de l'euro contre le dollar fait ici l'objet d'une attention quelque peu exclusi. Le traité prévoyait qu'il y ait, au 1er janvier 1999, continuité entre la valeur externe de l'écu et celle de l'euro - ce qui a été interprété uniquement A l'égard de la monnaie américaine et non par une approche en terme de taux de change effectif -. Le dollar a ainsi joué un rôle déterminant dans le calcul des taux officiels de conrsion de l'euro en monnaie nationale (voir Chapitre 4). L'incertitude dominait quant A l'évolution A moyen terme de la parité euro-dollar, d'autant que l'euro est inséré dans un système de changes flexibles par rapport aux devises tierces et voit sa valeur évoluer librement en fonction des offres et des demandes sur le marché. Plusieurs facteurs peunt AStre isolés selon qu'ils provoquent une appréciation ou une dépréciation de l'euro vis-A -vis du dollar (leau 9), sans que cette liste ne prétende A une quelconque exhaustivité :
- le premier ensemble de facteurs est institutionnel. La crédibilité ou le manque de crédibilité de la BCE et de la coordination économique mise en place dans la zone euro sont susceptibles de peser sur le taux de change. Le dollar dispose sur ce d'un avantage atif indéniable. Il est la monnaie d'un seul et mASme pays, relatiment homogène sur le économique, et dont les mécanismes de coordination entre sa politique monétaire et sa
politique budgétaire sont éprouvés. Sa crédibilité s'impose davantage que celle d'une zone monétaire qui vient de se constituer ;
- le deuxième type de facteurs concerne la conjoncture. Les marchés estiment les perspectis de croissance respectis dans la zone euro et aux états-Unis. Ils scrutent de part et d'autre les déséquilibres des balances de transactions courantes qui mettent en évidence la surévaluation ou la sous-évaluation d'une monnaie. Surtout, les marchés réagissent au différentiel de taux d'intérASt réel qui peut provoquer des mouments de capitaux considérables affectant le taux de change euro contre dollar ;
- les derniers facteurs concernent, enfin, les marchés financiers et les résers de change. Us ont été isolés dans le rapport Emersonl, La dirsification des portefeuilles privés des non-résidents en euro, l'existence d'un marché financier unifié, large et liquide, l'excès de résers du SEBC en dollars et la substitution de l'euro aux monnaies européennes dans les résers des pays tiers, donnaient A penser que les effets qui joueraient plutôt dans le sens d'une appréciation de l'euro seraient prépondérants - d'où la crainte, longtemps évoquée, d'un - euro fort - qui négligeait les autres variables de nature A influencer son taux de change vis-A -vis de la monnaie américaine '.
Une fois ces facteurs identifiés, il faut maintenant souligner que le taux de change euro-dollar n'est sans doute pas une variable extrASmement déterminante dans le noul environnement économique de la zone euro. L'UEM constitue une
économie de grande taille dont l'ourture sur le reste du monde est nettement plus faible que celle de ses pays constitutifs pris isolément. Sa sensibilité A l'égard de son taux de change en est d'autant atténuée. En 1995, le taux d'ourture des quinze pays de l'Union européenne était en moyenne de 30,5 % (voir Chapitre 1 ). Les onze pays de la zone euro ac 12,3 % ne sont que légèrement au-dessus des taux observés A la mASme date aux états-Unis (10,6 %) et au Japon (8,3 %). L'union monétaire peut adopter, A l'image des états-Unis, un comportement de - benign neglect - par rapport aux variations de son taux de change en dollar et en yen. Cette insensibilité doit AStre néanmoins relativisée. Les onze économies de la zone euro ne sont pas affectées de la mASme faA§on par les variations du cours euro-dollar, sans compter les effets déstabilisants engendrés chez les pays tiers qui l'auraient adopté comme monnaie-ancre. Les deux principaux acteurs du Système monétaire international (SMI) pourraient-ils se permettre de se désintéresser tous les deux du taux de change de leurs monnaies ?
Vers un système monétaire international tripolaire ou organisé en duopole ?
L'histoire monétaire montre que le système monétaire international a connu ses périodes de plus grande stabilité lorsqu'il reposait sur le
leadership de l'économie dominante qui assurait la fonction de - prASteur en-dernier-ressort - dans les situations de crise. La thèse déloppée par Krugman2, pour dénoncer la régionalisation du
commerce international autour de quelques grands blocs commerciaux (voir Chapitre 1), est transposable aux accords monétaires : une zone monétaire unique au niau international serait la meilleure solution, l'optimum de second rang consisterait en son éclatement en autant de monnaies que de zones monétaires optimales et le pire des mondes possibles comporterait uniquement quelques grands blocs monétaires qui arriraient rapidement A une confrontation préjudiciable pour la
croissance mondiale. Cette analyse conduit A supposer implicitement que s'il y a peu d'acteurs au niau international, ils ne peunt AStre tentés que par la confrontation et non par l'amélioration du - bien commun - que constitue le SMI.
Tout autre est la position des Européens qui militent pour un rééquilibrage et une dirsification de ce système. Selon le rapport Emerson, l'introduction de l'eurol va favoriser l'avènement d'un système tripo-laire autour des grands blocs commerciaux : américain, européen et asiatique dont les poids respectifs sont relatiment équilibrés. L'émergence simultanée de l'euro et du yen comme monnaie régionale entamerait de faA§on plus significati le monopole du dollar comme monnaie mondiale unique que l'introduction du seul euro. Loin de favoriser les attitudes hostiles, un système tripolaire stimulerait plutôt, d'après le rapport Emerson, la recherche de solutions coopératis au niau international - la coordination entre un petit nombre d'interlocuteurs, où tous les intérASts sont pris en compte, étant plus efficace pour trour des solutions allant dans le sens d'une optimisation du bien-AStre mondial -. La représentation extérieure de la zone euro (Encadré 5) devrait lui permettre de peser dans les enceintes internationales afin d'améliorer la coopération économique, monétaire et financière, mASme si dans ces domaines, comme dans beaucoup d'autres, les Européens éprount des difficultés A parler d'une seule et mASme voix.
Cette perspecti suppose néanmoins un déloppement régional et une internationalisation du yen qui ne se sont pas produits jusqu'A présent. Les pays asiatiques émergents étaient liés jusqu'A la crise de 1997-l998 au dollar américain. Le yen était relatiment peu utilisé au niau international (leau 8) et a eu tendance A se replier dans la seconde moitié des années 90. Aussi, plutôt qu'un scénario tripolaire, la perspecti d'un - duopole - dollar-euro est parfois esquissée comme le fondement possible d'un nouau SMI qui reposerait non pas sur un affrontement mais sur une coordination étroite entre ces deux monnaies 2.