Il est clair que l'excès de travail, inqué dans tous les cas, est une cause indéniable. Des efforts exceptionnels peuvent AStre accomplis pendant un temps sans que les réserves d'énergie soient entamées au point de ne pouir AStre reconstituées ; si ces efforts doivent se maintenir jour après jour, semaine après semaine et cela pendant des mois, le surmenage s'ensuit et il n'y a pas A s'étonner de l'apparition des symptômes équés plus haut.
Les chocs de la vie
Il faut ajouter également une cause moins souvent citée et peut-AStre moins connue et qui sont les événements survenus en dehors du
travail qui obligent A un changement mASme minime d'existence. L'AStre humain a tendance A s'installer dans la routine. Cela constitue A la fois son confort et son endormissement. Toute sollicitation au changement qui peut-AStre ultérieurement sera l'occasion de
développement est d'abord vécue comme un choc, une agression demandant une mobilisation considérable d'énergie pour y répondre. Les psychologues travaillant avec les médecins ont pu repérer ainsi les événements qui sont source de
stress : changement de travail, déménagement, dirce, départ d'un enfant du foyer, décès d'un proche, etc. C'est ainsi, par exemple, que l'entrée en
chômage constitue, d'après les médecins qui peuvent en mesurer les effets tangibles sur les principaux indicateurs de l'organisme et d'après les psychologues, une des sources de stress les plus puissantes de la société contemporaine. Celui qui en est victime peut AStre - stupéfié - au point d'utiliser toutes ses énergies pour garder la face sans AStre capable de faire autre chose. Lorsque de tels événements viennent renforcer les effets d'un travail déjA écrasant, il n'est pas rare que l'AStre humain soit touché par le stress et n'arrive plus facilement A retrouver l'équilibre. Il ne faudrait surtout pas que ce queje vais développer dans les lignes qui suivent fasse oublier cet aspect objectif de la réalité.
Crise
Il est un événement mi-intérieur mi-extérieur qui constitue une très forte invitation au changement et qui représente, s'il n'est pas traité, la plus grande cause de stress des managers. Cet événement est ce qu'on appelle la
crise des 45 ans, la soudaine conscience que l'ascension est arrAStée, et que la vie désormais va AStre une sorte de plateau jusqu'A la retraite. Quand certains découvrent cela, brusquement, tout les fatigue, leur déplait. Ils chaussent des lunettes noires, tout leur apparait sombre et sinistre. Or, en soi, l'événement n'est rien ; il pourrait mASme air un effet contraire et AStre l'occasion d'un travail efficace moins stressant. On a la possibilité d'accomplir une tache de faA§on efficace, en étant vraiment A la hauteur. C'est l'occasion d'acquérir la classe, qui est l'efficacité plus l'aisance, alors que dans les années précédentes, la réussite respirait la fébrilité et sentait la sueur. Mais c'est l'image qui est intolérable, et qui engendre l'anxiété, source de stress. Comment accepter élégamment et présentera autrui ce nouveau visage de soi ? Nous sommes toujours ramenés aux mASmes conclusions : sair ir et sair dire.
Des alliés dans la place
Je veux faire remarquer toutefois que les événements extérieurs - surtout l'excès de travail - n'auraient pas autant d'influence sur nous, s'ils ne trouvaient pas en nous des alliés. Il est facile de le constater. Tout d'abord les mASmes causes ne produisent pas les mASmes effets chez tout le monde. Certains se tirent aisément et avec élégance d'une somme de travail qui déroute totalement leurs collègues de mASme niveau et de mASme responsabilité. Nous ans tous connu des personnes qui sont débordées quelles que soient les taches qui leur sont confiées et cela mASme sans aucune apathie de leur part. Nous-mASmes, pouns témoigner que parfois nous abattons une quantité considérable de travail, sans effort, sans fatigue. Nous sommes comme portés par notre tache que nous conduisons en retour un peu comme le cavalier éperonne sa monture qui l'emmène au galop. Et parfois nous n'arrins A rien ; tout nous pèse et nous ennuie et nous ne finissons rien dans les délais ulus. Des observations de ce genre doivent nous pousser A poser quelques questions ; par exemple : pourquoi ans-nous trop de travail ? Comment nous organisons-nous ? Qu'est-ce que cela nous apporte de pouir nous dire débordés ? Etc.
Tant que nous ne serons pas au clair avec les réponses A ces questions, nous aurons de la difficulté A gérer l'apparition du stress.
En réponse A ces questions précisément, j'aimerais suggérer trois orientations de réponses.
Des normes absurdes
En premier lieu, il existe en général, et surtout dans notre pays, un ensemble de normes qui fait qu'il est de bon ton de paraitre débordé. Cela fait partie de l'image du responsable de bon niveau2. En Amérique, il est convenable d'air un psychanalyste.
En France, on a un attaché-case et on est débordé ! Il est clair que ce schéma simpliste commence A AStre dépassé bien que dans certaines entreprises où je suis intervenu, existait une règle secrète non promulguée selon laquelle chaque niveau hiérarchique devait quitter le travail un quart d'heure après le départ du niveau hiérarchique inférieur ! La norme actuellement est d'afficher une certaine distanciation face A l'ancienne norme, mais le résultat est le mASme : - Je suis débordé, mais si us saviez comme cela m'indiffère. - L'essentiel est de bien se pénétrer une fois de plus qu'on ne joue pas uniquement avec les mots. Les mots nous sculptent, nous forment, nous construisent, comme ils sculptent l'entourage que nous yons et que nous nommons. Ce que je veux affirmer ici, c'est qu'A force de répéter : -je suis débordé -, mASme si au début cela n'est qu'une sorte de jeu de rôle, le rôle ne tarde pas A s'imposer A nous ; nous croyons ce que nous affirmons et le temps vient où nous sommes réellement débordés, noyés, stressés, jusqu'au moment où nous changeons notre faA§on d'exprimer une réalité qui, elle, n'a pas de sens aussi tranché.
Le martyr
Je rencontre un collègue ; je ne l'ai pas vu depuis trois semaines. Je lui demande comment cela va. - Ne m'en parle pas -, me répond-il. - Je suis lessivé, j'ai du travail par-dessus la tASte, je coule. Il n'y a plus que mon périscope qui émerge au-dessus des vagues, et encore ! -
Dans certaines cultures, on pourrait croire qu'il regrette cette situation, et qu'il va y mettre bon ordre dés que possible. Mais pas du tout. Une partie de lui jubile, et quand je le rencontrerai dans trois semaines, il sera encore débordé. Il se paie le luxe de traverser l'existence sur le registre du martyr. Attitude pratique au demeurant puisque grace A elle je me sentirais le dernier des bourreaux si je me hasardais A lui demander un service supplémentaire !
Influence de la peur
En second lieu, le stress a toujours des liens avec la peur ; ce n'est pas le travail qui cause le surmenage ; c'est la peur, que par manque de vigilance nous ans liée au travail, qui proque ces effets d'inhibition et de malaise. Ici encore, les médecins nous ont beaucoup éclairés sur les effets organiques de la peur : sécrétion d'adrénaline, inhibition du sympathique, etc. Un travail accompli sans crainte aucune ne fatigue pas, A moins d'atteindre des proportions fantastiques qui sont quand mASme rarement le lot en entreprise. Mais il se trouve que quel que soit notre style de management, il contient en germe une anxiété possible qui, si elle est prise en compte, ne fait qu'accentuer les caractéristiques de ce style.
Prenons le cas du
manager surtout attentif au rendement ; la crainte qui se tapit derrière tous les comportements d'un tel chef est la crainte de l'échec ; cette crainte va le porter A plus d'exigence, plus de contrôles, plus d'efficacité qui au lieu d'apaiser ses craintes ne nt que les renforcer puisque l'enjeu est plus considérable. Et désormais son système abrite un vautour qui le ronge et ne le lachera plus sauf s'il réussit A se distancier de cette anxiété. Le responsable dont l'objectif est de mériter l'estime de ses collaborateurs n'est pas logé A meilleure enseigne. Sa crainte est de ne pas AStre accepté, d'AStre mis A l'écart, rejeté. Il a besoin d'affection, d'inclusion. Ce besoin et cette crainte nt le pousser A tout faire pour satisfaire ses collaborateurs, pour gagner leur confiance, et ce faisant, il redouble la crainte de ne pas réussir dans cette ie. Tous les styles ont ainsi leur fond d'anxiété, qui les alimente de faA§on circulaire jusqu'A l'obsession. Et A ce moment-lA le stress s'installe, fruit non de l'excès de travail mais de l'absence de liberté intérieure. Les remèdes au stress devront prendre en compte les craintes si on veut que la lutte soit efficace.
Le poids des conflits
Et enfin le stress est lié, A un niveau encore plus intime, A l'attitude de chacun face au conflit. Il est A remarquer que lorsque notre action ne peut s'engager que dans une direction il n'y a pas conflit et donc pas d'anxiété. Si le feu se déclare dans tre bureau, tre hésitation est de courte durée ; us tranchez sans angoisse métaphysique, en fuyant, en criant, en avertissant tout le monde. C'est pourquoi, certains aiment AStre dirigés ; cela leur évite l'angoisse. Ils peuvent air des colères, éprouver de violentes indignations, ils ne sont pas soumis au stress. Les psychologues de la vie animale ont fait des découvertes très éclairantes sur ce sujet. Ils ont tristement réussi A rendre des rats complètement névrosés, A créer des ulcères chez les animaux de laboratoires en les mettant dans des situations de choix conflictuels : par exemple se nourrir au prix d'une décharge électrique ! S'il n'est pas vigilant, le manager peut se laisser prendre dans l'entreprise par des situations aussi piégeantes, bien qu'elles ne soient pas nécessairement piégées.
Ce qui fatigue, ce qui farise le stress, c'est donc la division intérieure, le conflit permanent entre - Devrais-je ? Ne devrais-je pas ? Ferais-je ? Ne ferais-pas ? Agirais-je de suite ou dois-je attendre ? Etc. - Cela est si vrai qu'il n'est pas besoin d'air un travail pour éprouver ces situations. La femme au foyer peut les rencontrer et AStre sujette aussi au stress, au surmenage, alors que certaines avec quatre enfants et un travail A mi-temps s'en tirent sans efforts, et avec le sourire. Ce que l'entreprise crée pour les managers, c'est moins un excès de travail, qu'une multitude de situations conflictuelles d'où naissent le stress et l'épuisement. Mais aussi bien, une partie de la solution est en chacun de nous et elle consiste A sair résoudre rapidement toutes ces occasions de conflits qui nous retardent et nous paralysent.
Avant d'envisager les remèdes possibles toutefois, j'aimerais tenter d'apporter un éclairage supplémentaire sur cette question du stress en exposant les mécanismes par lesquels il s'instaure dans notre vie pour y mener une vie parasitaire qui épuise nos énergies. Plus nous verrons clair dans les structures et les ressorts du stress plus nous serons en mesure d'en préir l'émergence et d'en conjurer les effets.