Introduction
- Le capitalisme c'est la prospérité -, répètent les pays riches qui s'inscrivent tout naturellement dans cette démarche
économique : leur niveau de vie augmente, la société de
consommation et de divertissements est en pleine effervescence, la lutte contre la maladie progresse chaque jour davantage. Les optimistes disent que mASme les pays pauvres semblent y trouver leur compte : leurs revenus augmentent, les modes de vie changent doucement. D'aucuns pourraient en conclure que riches et pauvres ayant tendance A s'enrichir, tout va pour le mieux ce serait air une vision bien superficielle de la situation. En effet, mASme si certains pays - et cela ne concerne pas toute leur population ' comme la Chine ou l'Inde, nt mieux, force est de constater que la plupart des pays aux revenus les plus faibles, depuis une trentaine d'années, ont tendance A s'enfoncer dans le marasme. Laissons parler les chiffres : si, en 1977, le revenu moyen aux états-Unis était quarante fois supérieur A celui des pays pauvres, l'écart aujourd'hui est de près de quatre-vingts Les disparités de santé, de richesse, de possibilité d'action d'un pays A l'autre s'agrandissent et témoignent mieux que jamais de la cruelle inégalité régnant dans le monde. Mais cette disparité existe aussi, et plus qu'on ne croit, A l'intérieur d'un mASme pays : aujourd'hui l'écart entre les plus riches et les pauvres est nettement plus sensible que par le passé. De superbes propriétés s'élèvent A proximité de sombres taudis, le prix de certains produits de luxe - qui se vendent fort bien - peut représenter le revenu annuel d'une famille pauvre - La
globalisation donne A certains un champ d'action économique mondial, sans pour autant venir au service des plus pauvres - explique Pierre-NoA«l Chaud, professeur d'
économie A l'Université Paris-Dauphine, Au sein de ce grand mouvement qu'est la mondialisation, qui offre apparemment des perspectives de progrès A l'humanité, il serait juste et logique que chacun puisse bénéficier de l'expansion promise et tant attendue. Pourtant, mASme' les nouvelles technologies accroissent l'écart : entre les - connectés - A Internet (c'est-A -dire non seulement au commerce mondial, mais aussi A l'information, A l'étude A distance, etc.) et les autres, c'est un clivage de plus qui se met en place. Est-il normal, par exemple, que 400 familles américaines aient un revenu équivalent A celui de 3 millions des habitants de la ète ? Il parait aujourd'hui évident que si rien n'est entrepris pour rélir un équilibre, nous n'irons pas vers un
marché unifié, mais vers un monde divisé dont les conflits seront alimentés par la pauvreté, la clochardisation, le ressentiment, ire la haine, le crime et les terrorismes du désespoir. Au-delA de la réflexion nécessaire que suscitent du point de vue de la morale de telles distorsions, il est urgent do mettre en place des structures solides pour éviter l'apparition d'un monde encore plus inégal, plus divisé et plus violent.
Quelques chiffres
La World Bank estime qu'l milliard 200 millions de personnes subsistent avec 1 dollar par jour, ire moins. Vingt pour cent de la population consomme 86 % de la production mondiale alors qu'A l'autre extrémité de la courbe, 20 % n'en consomme qu'l %. Les pays pauvres restent extrASmement vulnérables aux fluctuations monétaires comme aux variations du prix des matières premières. Et bien que les différentes économies asiatiques semblent se remettre de leurs déboires récents, on constate que 30 millions d'Indonésiens environ vivent encore avec cet unique dollar précédemment cité. La pauvreté s'étend en Inde et en Afrique, la situation économique de l'Asie Centrale et de l'Est s'aggrave dangereusement. A l'intérieur des pays, comme nous l'ans dit précédemment, les écarts se creusent malgré (ou A cause) de hauts niveaux de consommation. Le programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD) a mASme introduit cette année dans ses études un indicateur de pauvreté dans les pays industrialisés. Cet indicateur prend en compte, cela va de soi, le revenu lui-mASme, mais également l'espérance de vie, l'alphabétisation et le chômage. Cette étude a démontré que les pays les plus développés comptaient entre 7 % et 17 % de vrais pauvres, c'est-A -dire des sans-abri et des personnes dont l'espérance de vie est inférieure A 60 ans. Le niveau de dénuement n'a pourtant pas grand chose A ir avec le revenu moyen des pays en question. Ainsi les états-Unis dont le revenu moyen est élevé et qui parait le plus sle, apparemment, de tous les pays riches, est également celui où la pauvreté est la plus répandue (17 %). Les pays industrialisés ne sont donc pas épargnés par le problème, qui trouve sa source dans les restructurations de l'économie et des entreprises autant que dans l'érosion des systèmes de protection sociale. Les travailleurs les moins qualifiés sont les plus exposés car ils sont en
concurrence directe avec la main-d'ouvre étrangère des pays A bas salaires. Seul un accès plus aisé A une meilleure formation pourrait leur permettre de rester - dans la course - sur le marché du travail. Mais le plus important serait sans aucun doute de moraliser enfin les marchés, notamment celui des matières premières, pour éviter que les fluctuations monétaires ne perturbent encore plus les pauvres qui n'ont aucun pouir de décision et sont, eux, touchés de plein fouet.
Quels sont les facteurs qui définissent la pauvreté ?
La définition de la richesse ou de la pauvreté est relative A chaque pays et A chacun de ses habitants selon la situation dans laquelle il se trouve. Il est cependant possible de dégager les 5 critères principaux qui permettent de définir l'état de pauvreté :
- Le degré de participation : La population d'un pays doit pouir participer A l'élaboration des solutions concernant les problèmes qui concernent tous les citoyens.
' L'accès aux ressources : Il faut air accès, par la propriété ou autrement, aux trois ressources fondamentales : la terre, le capital, l'information.
' Le degré d'isolement : L'individu ne doit pas ôtre isolé, sans lien avec les autres. L'éloignement géographique, culturel, l'absence de télécommunications induisent la pauvreté.
' La silité du pays : La population doit pouir vivre dans un état relativement sle, sur le politique, donc économique.
' Le
management du risque; : Un système d'assurances ou des lois adaptées doivent pouir prémunir contre les
risques majeurs de l'existence : accident, grossesses non désirées, catastrophes naturelles, maladies, etc.
Ces cinq critères sont loin d'AStre réunis, encore aujourd'hui, pour la majorité des peuples. Il reste donc A instaurer des systèmes ' certains se sont déjA spontanément mis en marche, comme au Bengladesh -pour soutenir les plus démunis et contribuer A la redistribution des richesses.
Que peut-on faire au niveau mondial ?
Les
organisations internationales et gouvernementales devraient impérativement créer et mettre en ouvre un - partenariat mondial pour le développement - qui définirait une collaboration entre les pays développés et ceux qui n'ont accès qu'A une faible culture industrielle et entrepreneuriale.
Un tel devrait AStre flexible compte tenu des conditions inhérentes A chaque pays et, a priori, focalisé principalement sur les pays qui requièrent l'aide la plus importante (c'est pourtant l'inverse qui se produit actuellement : l'aide aux pays pauvres est davantage axée sur ceux qui ont la capacité de tirer profit de ces ressources, car ils ont déjA développé les secteurs qui peuvent le mieux s'adapter A l'aide qu'on leur apporte). Ce mASme devrait donc permettre A ces pays, en dépit de leurs ressources encore limitées, d'entrer progressivement dans la sphère de la mondialisation. Ainsi il bénéficierait autant aux pays riches qu'aux pays pauvres. Les pays riches y trouveraient la garantie que les plus pauvres n'immigreront pas vers leur territoire ainsi que l'assurance d'une plus grande silité interne de leur économie. D'autre part, les pauvres doivent accepter l'aide des plus riches. Cette acceptation implique, comme inscrit en filigrane, le réel désir de changer leur politique et leur mode de vie. Elle implique aussi, et surtout, qu'ils sont prASts A faire confiance A ceux qui les assistent, et cela sans arrière-pensées, sans soupA§onner constamment dans cette aide une tentative de domination. Compte tenu des leA§ons de l'histoire, et d'un passé pas si lointain, ce n'est pas toujours facile (Aux pays riches de faire la preuve de leur bonne foi ?).
Second temps : de la théorie A la pratique
Bien que, A l'origine, ce soient eux qui conA§oivent les s d'action, ce ne sont ni les gouvernements, ni les organisations des Nations Unies, ni mASme les individus qui peuvent influer sur les changements nécessaires A l'instauration d'une plus grande égalité ; ce sont bien davantage les forces économiques et financières : les gouvernements soutiennent les s théoriques mais ils ne conduisent pas l'action. En effet, ils sont fondés sur des états-nations alors que l'économie s'appuie, elle, sur la corporation. C'est pourquoi un nouveau contrat doit AStre conclu entre les gouvernements et les différentes corporations : si leurs intérASts, et par conséquent les lois ou les ordres qu'ils ont A donner, entrent en contradiction, la liberté économique locale est forcément altérée, comme sont limitées les possibilités de résoudre les problèmes ponctuels qui se posent sur place.
Les grandes comnies internationales fonctionnent selon des règles qui leur sont propres. Il y a dans In monde des formes de capitalisme bien différentes : on parle par exemple du modèle américain, du modèle rhénan, du
modèle européen, ou du (des) modèle(s) asiatique(s) issu(s) généralement de l'expérience nippone. Les sociétés dont les différents sièges sociaux se situent dans des pays correspondant A ces modèles respectifs ne fonctionnent donc pas toutes de la mASme manière : les comnies du modèle américain privilégieront la finance, celles du modèle européen seront concernées plutôt par les problèmes sociaux ; quant A celles qui rassortissent au modèle asiatique, elles s'attacheront avant tout aux communautés humaines L'obéissance aveugle aux règles de la maison mère entrainent des dysfonctionnements fréquents - et parfois lourds de conséquences - avec les us et coutumes en vigueur dans les pays où sont imtées les filiales ; entre les lois des pays d'accueil et les règles des multinationales, on constate souvent distorsions et incompréhension : il y a frustration pour l'entreprise étrangère qui peine A faire respecter son code interne, et agacement (ou hostilité) de l'Etat-nation qui n'apprécie guère le comportement jugé désinlte ou moralement douteux de la multinationale qui fait peu de cas des usages locaux.
Le comportement de la société SKF en France, lors d'un de licenciement, ainsi que celui de la société Hoover ont fait dresser d'horreur les cheveux de nos hommes politiques De mASme, les Belges ont tancé vertement l'entreprise Renault lorsque celle-ci a fermé l'usine de Verworte. L'Oréal, en rachetant l'américain Maybelline, a perdu tous les cadres clés en déplaA§ant le siège central de l'Arkansas A New York On pourrait citer ainsi une multitude d'exemples.
Au sommet d'Okinawa, en juillet 2000, on n'a pas manqué de souligner les vives inquiétudes que suscitent les pays émergents et ceux du monde sous-développé : en effet, l'incapacité de nombreux états A accéder de près ou de loin aux nouvelles technologies les met d'entrée hors jeu.
Comment, en effet, tandis que 60 % des habitants de la ète n'ont pas un libre accès A l'électricité, pourraient-ils bénéficier des nouvelles technologies de l'information et de
la communication ? Comment obliger aussi ces oubliés du monde A prendre en compte les comportements destinés A préserver l'écosystème, alors que le plus souvent, ils n'arrivent pas A nourrir leurs habitants ? Peut-on raisonnablement exiger d'eux qu'ils dépensent le moindre argent dans l'écologie, alors qu'ils sont très au-dessous du seuil de pauvreté ? Dans les protestations véhémentes que l'on entend lors des grandes tribunes onusiennes ou des colloques internationaux, il y a beaucoup de voux pieux
En effet, si l'on regarde les chiffres de l'aide publique aux pays Surdéveloppés, on it qu'elle no cesse de baisser et que le beau programme d'annulation de leur dette piétine depuis deux ans ; or un développement viable et continu ne peut passer que par un
financement fondé sur la rigueur et par un capitalisme réaliste et adapté A la situation. Avant de proposer aux pays les moins développés les nouvelles techniques dont nous estimons qu'elles sont une source de profit et de progrès - ce qui est vrai, mais pour le monde riche ', il convient de leur donner les
moyens d'accéder d'abord A des conditions de vie au moins décentes, pour ensuite, par l'éducation et la formation, leur permettre de s'intéresser A ces connaissances. On est lA en plein dans le dialogue Nord-Sud. Mais les gens du Sud ont du mal A se départir d'une frustration grandissante devant les initiatives - souvent timides - que certains pays riches prennent pour les aider Ils ont en effet le désagréable sentiment que les gestes généreux des nantis du Nord ne sont pas exempts d'une connotation impérialiste plus ou moins ilée
Les actions de l'état Providence ou celles des systèmes financiers
Il est juste do reconnaitre que le système capitaliste, s'il n'a pu encore élever équilement le niveau de vie de tous les pays, a malgré tout farisé la
croissance économique au niveau national et individuel dans do nombreux pays d'Asie et d'Amérique latine et centrale. Le produit mondial brut est tout de mASme passé de 5 billions de dollars en 1950 A 30 billions aujourd'hui (2001). Et. bien entendu, une société plus égalitaire, dans laquelle l'accès aux services de base est garantie A un plus grand nombre d'individus, a davantage de chances de se développer, ce que tend A confirmer l'étonnante croissance de certains pays asiatiques. Nous ans l'exemple de Hongkong, Taïwan, la Corée, qui, bien qu'ayant connu une
crise grave en 1997. restent toujours, comme on a coutume de les appeler, les - Dragons - de l'ExtrASme-Orient. Dans la mASme optique, la Grameen Bank a consenti des prASts A 2 millions de familles du Bangladesh pour encourager le développement d'entreprises privées. Il s'agit lA d'une économie de marché plus - éthique -, fortement encouragée d'ailleurs par les gouvernements : ceux-ci farisent du mieux qu'ils peuvent les multinationales ou les grandes sociétés qui respectent les normes et les objectifs sociaux et environnementaux fixés par les états ; ils pénalisent au contraire celles qui n'en tiennent pas compte. Pour le moment, les - microcrédits - ' comme dans l'exemple du Bengladesh que nous venons de citer ' ne sont qu'une minorité. Ils représentent cependant un réel espoir (A condition, bien entendu, qu'ils aillent de pair avec une assistance technique agricole, ou une préparation industrielle, ou une formation - manageu-riale - selon les cas ; sinon, ils n'auraient pas grand sens). Une autre raison d'espérer vient aussi du constat que les grandes sociétés ou multinationales qui font preuve d'un souci éthique ou écologique ient leurs profits augmenter et réussissent désormais mieux, paradoxalement, que celles qui n'en ont cure. Les acheteurs, mieux informés, ne s'y trompent pas.
Connaissance et sair. L'aide des pays industrialisés aux pays les plus pauvres : penser global - agir local
Dans un premier temps, les pays en ie de développement ont besoin d'AStre soutenus, dans leur marche vers le sair et les techniques, par des pays qui jouent en quelque sorte le rôle de tuteur-enseignant. Des mesures internationales doivent épauler la politique locale pour fariser le plein emploi, augmenter le niveau d'éducation, comme il l'a été dit précédemment, et prévenir ainsi la marginalisation des pays les moins développés. Cela peut passer par la formation dans des écoles, ou par la fourniture d'un matériel informatique peu coûteux, par des conseils - manageuriaux - A des entreprises, par le développement de recherches scientifiques de pointe, etc. Les moyens pour aider ces pays ne manquent pas, mais, quel que soit le mode de soutien mis en place, transparence et éthique doivent rester les mots clés de cette collaboration. Outre ces
aides précises et formelles, on peut souhaiter une aide tout empathique de soutien économique et moral de la part des consommateurs des pays industrialisés.
La pression exercée par les consommateurs des pays industrialisés
Les consommateurs aux revenus moyens des pays industrialisés, qui sont tout A fait capables de juger de la qualité d'un produit, n'accordent pas aux informations retransmises par les médias une confiance sans réserve, (mASme si ces derniers ont pour sensibiliser - ire manipuler ' le spectateur un mode de comportement très particulier). Ces mASmes consommateurs ont bien conscience du fossé qui se creuse chaque jour davantage entre les pays riches et les pays pauvres. Ils ont envie pour la plupart de contribuer A leur faA§on au partage des biens vitaux qui permettrait A chacun de subvenir A ses besoins. C'est ainsi que se met en place aujourd'hui une nouvelle génération de fonds - éthiques - qui, investis en actions, commencent A séduire les élissements financiers. La Caisse d'épargne, par exemple, vient de lancer sur le marché franA§ais des placements - socialement responsables -. Il s'agit d'acheter un produit dont le fabricant soutient une cause humanitaire. Ce système existe déjA aux Etats-Unis où ces placements, en quelques années, sont passés de 639 A 1 185 milliards de dollars. Le soutien du public passe par une condition sine qua non : les produits offerts doivent AStre - socialement corrects -, c'est-A -dire fabriqués dans des conditions qui respectent les droits de l'enfant et de la personne. Pour n'air pas su contrôler A temps ses sous-traitants, une
marque comme Nike a fait les frais, il y a quelques années, d'un scandale retentissant : la marque sous-traitait en effet A des Coréens qui eux-mASmes sous-traitaient A des Vietnamiens, lesquels faisaient travailler des enfants de moins de douze ans La tendance - éthique - représente 1 % de l'offre mondiale des produits. Aux Etats-Unis, le consommateur dispose déjA d'un guide d'achat ad hoc. Shopping for a better world (- Acheter pour un monde meilleur -) décerne aux produits de 2 000 marques des labels de
citoyenneté en fonction de 8 critères : l'environnement, les dons humanitaires, l'imtation locale, la politique de promotion des femmes, le respect des minorités ethniques, la politique familiale, la politique sociale et la transparence.
Perspectives
L'objectif nA° 1, capable de rassembler tous les pays du monde, c'est de faire prendre conscience aux hommes, où qu'ils se trouvent, que la croissance économique est un impératif commun. Car si le développement humain constitue la finalité, la croissance économique, elle, est le moyen d'y parvenir. Des organisations multilatérales (comme le FMI, l'OCDE, la Banque Mondiale, les ONG, etc.) doivent soutenir les gouvernements dans cette mission d'explication. Il n'existe actuellement aucun consensus entre économistes sur la manière de générer de la croissance. On sait bien que la pauvreté ne peut AStre éradiquée uniquement par l'augmentation des revenus. Il s'agit aussi et surtout d'améliorer les aptitudes humaines ot de les utiliser A bon escient. C'est pourquoi il faut créer une nouvelle approche de ces problèmes, une
nouvelle vision du progrès et de la richesse. Mais ne nous y trompons pas : cette révision doit se faire d'abord et surtout au niveau local, par la participation des intéressés eux-mASmes ; cela suppose que les dirigeants locaux leur ouvrent l'accès aux décisions qui les concernent directement, comme le fait actuellement Shrouk en Egypte. Des stratégies, des tactiques adaptées, qui prennent appui sur les ressources locales, plutôt que l'attente passive d'une solution venue des lointaines instances internationales
Si par malheur le fossé entre pauvres et riches continuait A se creuser, la migration des plus pauvres vers des terres plus prometteuses serait inévile. Il faudrait alors gérer une forte immigration clandestine ainsi que des demandes d'asile en surnombre. Cela aurait pour conséquence, bien entendu, de forts déséquilibres internes qui ne pourraient que conduire A une dépression économique généralisée, et poseraient de graves problèmes de sécurité.
Conclusion
Le chapitre I, qui se rattache par bien des points A celui-ci, nous a permis d'équer dans un premier temps les s d'action actuellement en place susceptibles d'améliorer - dans quelle mesure ?- les conditions de vie des plus pauvres et de répartir plus équilement les ressources étaires. Ce chapitre-ci nous a montré que le déséquilibre économique, en s'accentuant tous les jours davantage, s'est si fortement généralisé qu'il est devenu extrASmement difficile A corriger, et cela mASme au sein des pays les plus riches. Or les traumatismes qui résultent de ces conditions de vie précaires ne sont pas seulement économiques : les gens qui vivent - survivent plutôt - en dessous ou au niveau du seuil de pauvreté sont privés non seulement des biens de consommation proprement dits, mais de bien d'autres avantages ; peut-AStre plus indispensables encore : l'encadrement, le soutien de la communauté, l'éducation. Exclus de tout, ils ne peuvent air le sentiment d'appartenir A un groupe. C'est A ceux-lA qu'il faut s'intéresser en premier. Et c'est A la racine de ce mal que les pays développés doivent s'attaquer. Il devient de plus en plus urgent de mettre en route ensemble, et A l'échelon mondial, des programmes inspirés par une éthique plus exigeante. Faute de quoi, nous attendent des conflits, des immigrations massives et une recrudescence inquiétante du terrorisme qui, depuis le 11 septembre, pourrait bien air changé la face du monde.
Au-delA de l'aspect purement moral du problème, auquel le monde riche devrait AStre sensible, ce qui malheureusement n'est pas souvent le cas, l'inexorable déclin de leur démographie devrait amener les pays développés, s'ils veulent poursuivre leur expansion, A faire preuve de solidarité : les consommateurs de demain, en effet, ne se trouvent plus dans le monde riche. Les consommateurs potentiels, susceptibles d'apporter aux entreprises les relais de croissance indispensables A leur prospérité, vivent désormais dans les pays émergents ou sous-dévelop-pés. Le monde riche serait bien avisé d'en prendre conscience, mASme si cette solidarité que tout justifie est loin d'AStre spontanée ! Le refus de la part des nantis de ir la réalité en face et leur repli sur un égoïsme frileux ne pourraient AStre que suicidaires.