NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » POLITIQUE éCONOMIQUE » L interaction acteurs - règles dans le secteur électrique Et maintenantAu terme d'une longue procédure étalée sur une dizaine d'années, la première phase de la mutation du secteur électrique est en train de s'achever. Cette première phase a consisté essentiellement en une bataille réglementaire, le cadre institutionnel issu des compromis sociaux de la fin de la deuxième guerre mondiale volant en éclats et les différents acteurs se battant d'abord pour que les nouvelles règles du jeu soient à leur avantage ou pour le moins ne soient élies à leur détriment. Bien évidemment c'est au Royaume-Uni que la réforme a débuté et a été la plus profonde dans le sens de l'encouragement du plus de concurrence possible. La production a été fragmentée en trois grands opérateurs et privatisée partiellement pour deux d'entre eux. De plus, le secteur est maintenant ouvert à des producteurs indépendants. Les douze distributeurs ont été privatisés et les activités de fourniture et de distribution sont différentiées. L'activité de fourniture est ouverte à la concurrence. Ainsi chaque client, aujourd'hui les industriels, demain les ménages, pourra choisir d'acheter l'énergie au producteur de son choix, le réseau se chargeant d'assurer l'équilibre entre l'offre et la demande au moindre coût. Au-delà des péripéties dues à la mise en place chaotique d'un système rompant radicalement avec celui du demi-siècle précédant c'est surtout la mise en place d'un nouveau système d'élissement des prix, avec la mise en place d'un pool, qui apparait comme déterminant pour le futur. En effet, on assiste à une complexification des marchés duc à une large articulation des industries du gaz, du pétrole et de l'électricité, allant dans le sens d'un marché intégré de l'énergie, ainsi que l'apparition de marchés " spot ", comme pour les marchés pétroliers, donnant une empreinte forte au court terme dans la détermination des prix au détriment du long terme. Cela se traduit au Royaume-Uni par l'émergence de nombreux projets de production indépendante dont la principale conséquence sera l'apparition d'un suréquipement à moyen terme du fait de l'impossibilité de coordonner les investissements dans ce mode de régulation. Après la période d'éclatement, les phénomènes de concentration constituent l'autre aspect de la réforme ; les O.P.A. se sont multipliées au sein du secteur, en particulier sur les sociétés de distribution : processus d'intégration verticale avec les producteurs d'électricité, intégration horizontale avec des distributeurs d'eau, entrées et prises de position d'" utilities "" américaines, même si celles-ci semblent plus hésitantes aujourd'hui. Ce mouvement de concentration est également celui que l'on observe en Allemagne. La situation de départ semble très différente de celle du Royaume-Uni car, avec près de mille sociétés d'approvisionnement public d'électricité, le secteur électrique allemand était très fragmenté. Cependant les différences n'étaient pas aussi tranchées, car le secteur, très hiérarchisé (moins d'une dizaine de grandes entreprises pour le grand transport et une partie importante de la production et quarante à cinquante entreprises régionales), était aussi fortement structuré par quelques grandes entreprises détenant l'essentiel des centrales de production et se partageant les zones d'approvisionnement du réseau. Aujourd'hui un phénomène puissant de concentration du secteur est amorcé, fusions qui sont le prélude à d'autres opérations de croissance externe notamment en dehors de l'Allemagne pour se positionner parmi les premiers opérateurs européens mais également se renforcer dans le domaine du gaz. Se positionner comme un grand opérateur européen semble également être l'ambition d'EDF. L'entreprise possède les moyens financiers de ses ambitions, la rente nucléaire lui permet de disposer d'un cash-flow substantiel. L'exemple le plus significatif a été le rachat de London Electricity pour dix-huit milliards de francs en 1998. C'est en fait tout le secteur de l'énergie qui est concerné par les mutations actuelles. Par ailleurs, l'entreprise commence à connaitre le vent de la concurrence sur son propre territoire puisque les clients éligibles souhaitent renégocier les contrats précédemment élis. De ces faits disparates que peut-on conclure ? Tout porte à croire qu'un territoire européen de l'énergie est en train de se batir à partir d'une concurrence oligopolistique d'acteurs transnationaux. Dans ce nouveau jeu, des acteurs possèdent des atouts indéniables ; ce sont : - d'une part les grands opérateurs qui, grace à la rente électrique accumulée, vont pouvoir investir des positions oligopolistiques transnationales fortes et durables. Fis se positionneront dans une logique de fourniture d'énergie et de services dérivés ; - d'autre part les grands consommateurs qui seront particulièrement bien placés pour faire jouer la concurrence à leur profit, tout du moins tant que le phénomène de concentration n'atteindra pas un point où les rapports de force risquent à nouveau de s'inverser. En revanche d'autres acteurs ne semblent pas bénéficier aussi largement de toutes les opportunités offertes par la période ; ainsi la " nation européenne " connaitra certes une forte progression dans sa construction par le décloisonnement des forteresses industrielles nationales puisque le jeu des acteurs se fera désormais essentiellement sur le territoire européen. Cependant, pour l'instant, nulle part apparait la possibilité d'une politique énergétique commune. La communauté s'en remet pour cela aux seules forces du marché . L'autre grand absent, le citoyen européen, en tant que consommateur, bénéficiera, lui aussi, de quelques avantages sous forme de baisses de tarifs, mais qui, globalement, ne verra pas là l'occasion d'exercer différemment sa citoyenneté. En effet, alors que les acteurs industrialo-économiques embrassent désonnais l'ensemble du territoire européen, l'usager-citoyen reste enfermé dans ses frontières nationales : . la possibilité, édictée par la directive européenne, d'introduire des obligations de service public dans l'intérêt économique général est laissée au libre choix des États membres, . la solidarité, par la péréquation tarifaire, s'arrête à chaque frontière nationale, . les instances de régulation et de contrôle sont régionales ou nationales mais pas européennes, au moment où les grands acteurs économiques, eux, traversent les frontières. Ainsi la nouvelle donne du secteur électrique apparait-elle comme particulièrement boiteuse puisque les grandes entreprises (productrices et consommatrices) vont jouer en ligue européenne tandis que les États et les citoyens deont se contenter de leurs championnats nationaux. |
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