De manière générale, on associe le terme multimédia à l'utilisation des technologies numériques et des systèmes de communication à large bande permettant l'accès des individus à de nombreuses sources d'informations (données, sons, textes, images animées ou non) et de loisirs, tout en ajoutant la possibilité d'interactivité ac l'utilisateur. Il s'agit également d'une industrie noulle apparaissant au confluent de l'informatique, des télécommunications et de l'audiovisuel.

A. Des marchés élargis regroupant des acteurs hétérogènes

Essentiellement depuis le début des années 90, le déloppement de l'utilisation de technologies transrsales dans des activités telles que l'informatique, les télécommunications et l'audiovisuel a eu pour effet d'homogénéiser les fondements technologiques de ces secteurs, sans toutefois supprimer leurs spécificités en termes de compétences et de savoir-faire (Rallet, 1996). Au contraire, cette conrgence technologique se traduit par un renforcement des complémentarités des techniques et des compétences propres à chaque secteur. Les firmes de l'informatique, de l'audiovisuel et des I télécommunications sont ainsi amenées à coopérer parce que le déloppement
de leurs propres technologies conduit à une interpénétration de ces activités.
Néanmoins, certaines firmes ont choisi de profiter des opportunités offertes par cette conrgence technologique pour élargir leur activité en entrant dans des secteurs qui s'éloignaient traditionnellement de leur métier de base mais qui nécessitent des compétences proches, et pour lesquelles elles disposent désormais des technologies. C'est ainsi que certains cablo-opérateurs offrent non seulement des programmes audiovisuels sur leurs réseaux, mais également des services de télécommunication traditionnelle (téléphonie vocale) et des services nouaux (courrier électronique, World Wide Web).
Cette conrgence technologique a engendré un profond boulersement de la structure industrielle, dans la mesure où elle a rendu les frontières intersectorielles plus perméables. Plus précisément, elle a été à l'origine d'un processus de conrgence/émergence industrielle (Le Dortz & Lequeux, 1999), où plusieurs secteurs d'activité, reposant sur des bases technologiques identiques, ont conrgé pour donner naissance à l'industrie multimédia (Commission Européenne, 1997a). L'interpénétration de secteurs initialement indépendants (matériels informatiques, électronique grand public, logiciels, opérateurs et équipementiers de réseaux de communication, services télématiques et secteurs de contenus, tels que l'audiovisuel, la presse, l'édition) est une caractéristique fondamentale du multimédia. Ce décloisonnement sectoriel a donc fondamentalement changé les conditions de la concurrence dans la mesure où les acteurs du multimédia entrent sur un ensemble élargi de marchés qui leur est désormais commun.

B. Des marchés en voie de constitution

Si la conrgence des technologies a été à l'origine de l'émergence de l'industrie multimédia, les marchés associés à cette industrie sont, pour l'essentiel, fondamentalement nouaux. Nous entendons par marché émergent, un marché en voie de constitution, où les innovations (notamment de produits) sont très nombreuses et où les standards pour les produits et les solutions de services sont encore à définir. Sur ces marchés, dont l'évolution est extrêmement rapide, les producteurs doint faire face à une double incertitude : une incertitude sur les options technologiques à délopper et à privilégier, et une incertitude sur les caractéristiques de la demande (taille du marché, préférences des consommateurs). Ces marchés se situent dans une "phase fluide", au sens de la littérature sur le cycle industriel (Utterback, 1987).
Dans le cadre de ces marchés émergents, la rivalité inter-firmes dépasse le seul affrontement pour le contrôle des parts de marché, et se situe plus en amont de la compétition sur le marché. En effet, les acteurs déploient des comportements stratégiques de manière à préparer la trame des interactions concurrentielles qui auront lieu sur ces marchés. Ils entrent par là dans un processus dynamique de concurrence hors marché, visant à maitriser les principaux facteurs concurrentiels qui devront leur permettre de s'assurer, à long terme, la position la plus forte. Pour ces marchés émergents, la compétition revient donc à une lutte où les firmes tentent d'infléchir la trajectoire de conuration des marchés à leur avantage. Il existe bien un processus dynamique de construction des marchés auquel les firmes participent actiment.
Dans ce contexte, les instances de réglementation ne pourront juger d'un éntuel abus de position dominante qu'en définissant de manière dynamique les marches pertinents associés au multimédia. Il importe de prendre en considération ce processus de création et de structuration des marchés émergents.