NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » LA PRIVATISATION » Applications aux services commerciaux et matériels Les transportsLes services de transport, historiquement biens privés ou biens A péage, offrent d'évidentes possibilités de pritisation. Il est clair qu'une évolution considérable s'opère en ce sens, sur terre et sur mer, dans les airs et dans l'espace. LES TRANSPORTS URBAINS Aux états-Unis, les transports en commun urbains étaient autrefois assurés entièrement par des dispositifs de marché, mais ils ont été graduellement monopolisés et - municipalisés -. Il reste néanmoins assez de réseaux privés en service, aux états-Unis et ailleurs, pour permettre des études atives appuyées sur d'abondantes informations. Aux états-Unis, en Australie et en Angleterre, le coût moyen de services d'autobus urbains publics et privés au kilomètre parcouru a fait l'objet de cinq études. Les autobus étaient A peu près identiques en taille et en confort. Les résultats furent surprenants et étonnamment homogènes, malgré les différences entre pays étudiés, entre chercheurs et entre périodes concernées (bien que quelques différences dans les dessertes puissent ne pas avoir été signalées) : les coûts de revient publics étaient supérieurs de 54 % aux coûts privés. LA où des entreprises privées américaines, choisies A l'issue d'appels d'offres concurrentiels, aient obtenu l'adjudication du service de transport public, on enregistrait des réductions de coût de 50 A 60 %, ce qui signifie que, comme ci-dessus, les coûts publics étaient presque doubles des coûts privés32. Ces découvertes sont corroborées par une autre source internationale ; les analystes de la Banque mondiale ont étudié en détail trois villes de pays en voie de développement ayant chacune des exploitations de transports similaires relent du secteur public et du secteur privé. Ils ont conclu que le coût du service d'autobus collectif est de 68 % A 100 % plus élevé que celui du service privé relent du marché, et que la qualité des services privés - n'est pas nettement inférieure et [est] d'ordinaire supérieure A celle des services publics33 -. D'autres aisons effectuées aux états-Unis vont dans le mASme sens. Un rapport du service des transports de l'état de New York a montré que le coût d'exploitation des autobus privés du comté de Westches-ter était de 1,97 dollar par kilomètre alors qu'il atteignait 2,54 dollars par kilomètre, soit 28 % de plus, pour la régie publique du comté de Nassau, dans une zone suburbaine able. (Informé de la différence, le directeur général de la régie expliquait : - Ils n'ont pas A nourrir de militants politiques, eux34. -) Selon l'administration des transports publics urbains, les lignes d'autobus publiques de Californie coûtent 28 % plus cher que les lignes privées ables, et A Phoenix, les coûts d'exploitation d'une ligne d'autobus publique sont supérieurs de 163 % A ceux d'une ligne privée able35. Le contrôleur de l'état a effectué un audit restreint de l'exploitation des autobus de New York. Chaque véhicule coûtait A l'agence gouvernementale des transports 1518 heures d'entretien par an au lieu de 1 025 heures pour les autobus des concessionnaires36. On ne dispose malheureusement d'aucune indication sur le kilométrage parcouru par les autobus, sur leur durée d'utilisation ni sur le nombre de passagers transportés, qui peuvent contribuer A différencier les besoins d'entretien. Un autre rapport montre que les autobus publics de New York génèrent 16 694 dollars de recettes annuelles par employé, alors que les statistiques correspondantes pour des lignes privées ables de la mASme zone appliquant des tarifs équilents portent sur 26 279 dollars ; cela signifie que les lignes publiques comptent plus d'employés par passager37. Un rapport plus récent et plus détaillé ant les autobus publics de la ville de New York avec les autobus privés des concessionnaires est résumé dans le leau 6.3. Le coût d'exploitation par véhicule des autobus publics était supérieur de 32 % A celui des autobus privés, et leur coût par passager était supérieur de 12 %. De plus, le kilométrage des autobus privés par heure de salarié était supérieur de 74 %. L'adjudication concurrentielle des contrats relatifs A un service d'autobus régulier a toutes les chances de susciter une organisation particulièrement efficiente. Il n'existe pas aux états-Unis beaucoup de communautés où aient lieu de telles adjudications (par opposition au contrat de gré A gré ou A l'appel d'offres négocié), mais l'examen de dix-sept systèmes d'autobus soumis A adjudication a montré que l'exploitation publique était de 40 % plus coûteuse que l'exploitation contractuelle39. Les autobus scolaires fournissent la matière d'autres éludes atives. Une ste étude portant sur 275 districts scolaires de l'Indiana a conclu que les autobus relent de la propriété et de la gestion publiques étaient de 12 % plus coûteux que les autobus contractuels. Selon une hypothèse des auteurs de l'étude, la relative faiblesse de cette différence tiendrait au fait que les autobus scolaires publics et privés fonctionnent au voisinage les uns des autres, ce qui peut faire jouer la concurrence40. De la mASme faA§on, une étude sur les autobus scolaires de l'Etat de New York a permis de découvrir que les transports assurés par contrat coûtaient moins cher que les autobus gérés directement par les administrations scolaires41. Les services d'autobus de la République fédérale d'Allemagne sont gérés A la fois par des firmes privées sous contrat public et directement par le gouvernement. Blankart résume ses obsertions en indiquant que le coût moyen national des transports en commun municipaux au kilomètre parcouru est supérieur de 160 % A celui payé au titre des contrats passés avec des entreprises de transport privées pour des services ables42. D'autres études concluent que des prises en charge publiques conduisent A une augmentation de 28 % des coûts d'exploitation horaires et que les subventions se traduisent par un accroissement des salaires et des coûts43. Les différences entre coûts publics et coûts privés ont été attribuées A la concurrence, aux frais de personnel, A la liberté de gestion et A des dimensions plus appropriées. La concurrence. L'effet de la concurrence s'éclaire quand on e des contrats non concurrentiels A des adjudications concurrentielles : celles-ci sont bien moins coûteuses que ceux-lA 44. Ce constat tend A confirmer l'importance primordiale de la concurrence, ce qui est en accord avec la théorie autant qu'avec le bon sens. Les frais de personnel. En ce qui concerne le personnel, on s'est aperA§u que les chauffeurs coûtaient pratiquement deux fois plus cher au kilomètre parcouru dans les grandes organisations que dans les petites. Dans la mesure où les services publics d'autobus sont généralement organisés sur une grande échelle et utilisent de grands autobus traditionnels, ce facteur contribue A expliquer le niveau élevé de leurs charges. Et celles-ci contribuent A expliquer pourquoi les transports publics de Calcutta sont deux fois plus coûteux que les autobus privés équilents : en raison des pressions syndicales, l'agence publique de transports en commun n'emploie pas moins de trente personnes par autobus45 ! Si les autobus privés gagnent de l'argent alors que les autobus publics en perdent, bien que leurs tarifs soient les mASmes, c'est aussi parce que la moitié des autobus publics est en permanence hors service et que les resquilleurs y représentent, parait-il, 25 % des passagers contre presque rien dans les autobus privés, dont les employés touchent un pourcentage des recettes. On a exhumé du métro de New York une autre illustration des coûts élevés de la main-d'œuvre dans le secteur public : les vendeurs de billets y étaient payés 21 888 dollars par an, alors que les guichetiers de niveau moyen dans les banques, dont les fonctions supposent des compétences sensiblement plus élevées, gagnaient 11 767 dollars46. La liberté de gestion. La souplesse du management des petites lignes d'autobus privées les autorise A adopter diverses mesures d'économie, comme les chauffeurs A temps partiel et les chauffeurs-mécaniciens, l'imtation optimisée des garages et les minibus47. Particulièrement éclairant est le témoignage concret du directeur général d'une ligne d'autobus pritisée issue d'une agence publique structurellement déficitaire d'Allemagne de l'Ouest : Nous pouvons prendre nos décisions plus vite et faire bouger notre matériel roulant, notre argent, notre personnel, de faA§on plus souple que dans une entreprise gouvernementale. Il nous suffit d'une petite équipe de management, et nous n'avons pas A nous soucier des politiciens et des groupes de pression qui pèsent sur les tarifs et les horaires des entreprises publiques. Par ailleurs, nous ne sommes pas ligotés par les réglementations sociales qui protègent les salariés du secteur public. [L'entreprise] améliore ses recettes en organisant des charters pour des groupes d'excursionnistes ou de canciers () Ces atouts concurrentiels ont pour origine des équipes d'entretien bien plus légères que les équipes pléthoriques et sous-employées des comnies publiques, et beaucoup plus d'initiatives et d'innotions peu coûteuses () La souplesse de la gestion du stock de véhicules d'occasion est un autre antage. Alors que les entreprises publiques ont arrASté des règles fixes concernant le cycle de vie de leurs véhicules, les organismes privés ont la possibilité de vendre leurs unités usagées A n'importe quel moment, en fonction de l'état du véhicule et du marché. Parmi les autres atouts concurrentiels des transporteurs privés, citons aussi la plus grande liberté de calcul des salaires, de fixation des tarifs, de négociation du prix d'achat des véhicules et des fournitures () Les chauffeurs ont une formation complémentaire de mécaniciens et vice versa. Si le personnel d'entretien ne parvient plus A faire face, les taches sont sous-traitées A d'auues prestataires de services privés48. Un dispositif de plus en plus en vogue consiste A séparer la propriété et la gestion, le gouvernement étant propriétaire des autobus mais confiant par contrat leur gestion (c'est-A -dire leur fonctionnement) A des entreprises privées. Perry a étudié les données de 249 agences de transports en commun américaines en mesurant (grace A vingt-cinq indicateurs) la corrélation entre leurs résultats et leur régime de propriété et de gestion. Selon lui, les systèmes relent de la propriété et de la gestion privées étaient plus efficients, alors que ceux A propriété publique et A gestion privée n'étaient pas meilleurs que ceux A gestion publique50. Comme on l'a signalé plus haut, cela pourrait s'expliquer si l'on constatait d'insuffisantes incitations A l'efficience et s'il n'y ait pas d'adjudication concurrentielle. Les firmes privées subventionnées posent un problème du mASme ordre. Les subventions tendent A favoriser l'inefficience51. Les salaires excessifs, les règles sociales contraignantes, le maintien de dessertes peu fréquentées sont autant d'exemples des inefficiences que favorisent les subventions aux transports publics. Les subventions engendrent aussi un autre problème. On voit dans bien des cas les états ou les comtés autoriser leur propre agence de transports en commun A fixer le montant des subventions versées A elle-mASme et A ses concurrents privés ! Inutile de dire qu'il en découle un sérieux conflit d'intérASts, car l'agence peut user de sa nouvelle puissance pour évincer les firmes privées. Roth et Wynne ont procédé A un fascinant examen des dispositifs de marché appliqués au transport urbain dans les pays sous-développés, en ant leurs résultats A ceux des services publics. Les systèmes qui fonctionnent le mieux sont d'après eux ceux qui appartiennent au secteur privé, qui fonctionnent dans un environnement concurrentiel, qui utilisent de petits véhicules, qui sont formés de petites entreprises et qui facilitent la coordination entre exploitations privées grace A des associations de desserte. Ils s'interrogent sur les moyens de surmonter les insuffisances dues au manque de fiabilité, A la médiocrité des chauffeurs et au délaissement de certaines destinations52. Le transport en commun urbain pritisé pount ainsi se préloir d'antages théoriques et de succès pratiques, l'administration Reagan a lancé un ambitieux programme de pritisation. Les agences de transports des états et des collectivités locales bénéficiaires de subventions de fonctionnement ont été fermement encouragées A essayer et A adopter des dispositifs contractuels ou autres dispositifs relent du secteur privé. Le transport par ascenseur. MASme si cela parait A première vue saugrenu et sans rapport avec le transport par autobus, il est instructif, A bien y réfléchir, de considérer un moyen de transport A rail fixe, complètement privé, concurrentiel, hautement prospère, discret, qui fournit A des millions de passagers des kilomètres de transport sûr et sans problème : l'ascenseur. Réfléchissons A quelques-uns des facteurs de sa réussite et aux leA§ons qu'on peut en tirer pour le transport par autobus. Un propriétaire choisit le genre et le nombre des ascenseurs dessernt une certaine zone (l'immeuble). Il fixe les dessertes (quels ascenseurs s'arrASteront A quels étages), leur nombre, leurs horaires quotidiens et la répartition des ascenseurs entre service omnibus et montée express. Le gouvernement a pour seul rôle de vérifier la sécurité de l'installation. Peut-AStre les principes du marché libre qui s'appliquent A ce moyen de transport en commun vertical peuvent-ils s'appliquer aussi bien A des moyens horizontaux. Proposition pour une stratégie de transports terrestres. En s'inspirant des expériences ci-dessus et des obsertions de Lave53 et d'autres auteurs, on peut formuler une stratégie d'amélioration des transports en commun urbains aux Etats-Unis : 1. Supprimer les obstacles réglementaires de telle sorte que le transport soit ouvert A quiconque est en mesure de proposer un service au moyen de véhicules sûrs. 2. éliminer les concessions permanentes et exclusives accordées aux autobus et aux taxis, peut-AStre en les remplaA§ant par la mise en adjudication du droit de fournir un service sur une certaine ligne pendant un certain temps. 3. Renoncer A la fixation autoritaire des tarifs des autobus et des taxis, sauf au sein de dispositifs contractuels où des tarifs subventionnés pourraient AStre instaurés (les tarifs des taxis, etc. devraient AStre affichés et clairement visibles de l'extérieur -par exemple d'après la couleur des véhicules - mais ils ne seraient pas plafonnés). 4. Attribuer des contrats de faA§on concurrentielle A des firmes privées d'autobus, de taxis et de petite remise pour desservir certaines lignes ou zones A certains moments. 5. émettre des bons de fourniture A l'intention de certains usagers sélectionnés (tels qu'écoliers, personnes agées et nécessiteux) au lieu de verser des allocations (subventions) A certains producteurs sélectionnés. 6. Inciter des entrepreneurs A s'imter sur ce marché en offrant des services améliorés (comme des autobus express, des agréments du genre journaux, cafés ou écouteurs) aux heures de pointe afin de - lisser la courbe - et de rendre moins indispensables les services d'autobus publics déficitaires. 7. Promouvoir la création de services d'affrètement par abonnement et de regroupements d'usagers, qui réduisent également le besoin de services - budgétivores - aux heures de pointe. Le thème numéro 4 appelle plus de précision. Les agences publiques peuvent réduire leurs coûts en contractant avec des firmes privées pour qu'elles fournissent des services complémentaires pendant les périodes de pointe. On croit communément, mais A tort, qu'il s'agit du trafic le plus intéressant, le fait de confier une partie de ce trail A des transporteurs privés étant vilipendé comme un - écrémage -. En fait, les activités de période de pointe sont les plus coûteuses pour un service public, puisque celui-ci doit acheter et entretenir assez d'autobus et embaucher assez de chauffeurs A plein temps pour y faire face. Loin d'enrichir les transports en commun publics, cette - crème - met en danger les finances publiques. A€ l'opposé, d'autres activités coûteuses peuvent aussi AStre antageusement confiées par contrat au secteur privé-les lignes peu fréquentées, les périodes creuses et les lignes déficitaires qui doivent rester en service pour des raisons d'intérASt public ; les opéraleurs privés peuvent utiliser pour ce genre de trail des véhicules mieux adaptés et une main-d'œuvre moins coûteuse. Le gouvernement devrait graduellement renoncer A posséder, A faire fonctionner ou A concéder des monopoles d'autobus (ou A délivrer au compte-gouttes des licences de taxis) pour devenir plutôt inspirateur, coordinateur et, si nécessaire, acheteur de services fournis par des contractants ou par le marché, et inspecteur et garant de l'état des véhicules et des aptitudes professionnelles des conducteurs. Ce climat concurrentiel, déréglementé, pourrait avoir pour résultats un service meilleur et moins coûteux pour les passagers, des prix de revient inférieurs, une réduction des dépenses publiques, et cela tout en contribuant A réduire les encombrements.
Aux états-Unis, la comnie ferroviaire gouvernementale de transport de marchandises, Conrail, a été pritisée en 1987. Il ait d'abord été proposé de la vendre soit au public, soit A une autre comnie ferroviaire, de gré A gré ou par adjudication, soit A ses salariés. Diverses oppositions se manifestèrent, tant de la part des syndicats, qui craignaient des suppressions d'emplois, que des expéditeurs, qui craignaient une envolée des tarifs A cause d'une moindre concurrence. Le réseau fut finalement vendu au public pour 1,65 milliard de dollars. |
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