La notion d'individu est complexe. Le Robert fournit deux éléments de définition. L'approche psychologique définit l'individu comme - l'AStre humain en tant qu'unité et identité extérieures biologiques; en tant qu'AStre particulier, différent de tous les autres-. L'approche sociologique, écrit Lalande, considère l'individu comme -l'unité dont se compose les sociétés4-.
Aucune de ces définitions n'est évidente en soi. La première est le fruit d'un long trail historique, débuté sous l'Antiquité, repris par les théologiens du Moyen Age et achevé lors de la Réforme et de la Renaissance. En effet, ant cela, écrit Bernard Valade, l'individu ne possédait pas d'identité propre. - Au sein de la société chrétienne, l'homme n'est pas en relation immédiate avec lui-mASme. Il explique sa situation par tout ce qui dépasse le personnel et l'individuel. () Si l'AStre individuel du chrétien acquiert la dignité d'un AStre permanent, indestructible, c'est dans sa relation A Dieu, c'est-A -dire dans sa participation A la Personnalité divine, que prend forme sa personne '. - L'individu et, dans son prolongement théologique, la personne, constituent l'une des originalités les plus fortes de la philosophie et de la civilisation occidentale.
La Renaissance a rompu avec cette conception holiste de la société et de la personnalité. Puis les Lumières ont lorisé l'individu en tant qu'AStre distinct - non soumis aux contraintes des groupes familiaux et sociaux qui encadraient sa vie - et protégé par des règles juridiques écrites. Comme Karl Polanyi l'a montré, l'avènement de l'économie marchande a achevé ce processus. - Le modèle
économique fournit les paramètres du modèle social : la société est conA§ue sous forme de rapports d'échanges entre propriétaires libres et indépendants; elle est réputée d'institution humaine et préposée A la protection des droits de l'individu sur sa personne et sur ses biens, ainsi qu'au respect de l'ordre dans toutes les transactions2.-
A partir de cette conception de l'individu, la Révolution franA§aise a posé que chaque homme possède des droits naturels inaliénables, du seul fait qu'il est individu. Indépendamment donc de tout rapport A la collectivité dans laquelle il est inséré. Et c'est l'individu qui, par le consentement qu'il donne lors de la formation du contrat social fondateur, devient la source de tout pouvoir. Le XIXe siècle a vu s'étendre les droits reconnus A l'individu, avec l'acquisition de certains droits politiques dont l'extension progressive du suffrage universel. Puis le préambule de la Constitution de 1946 a affirmé solennellement l'existence de droits sociaux, comme celui du droit A une retraite payée ou A un trail.