L'histoire du SME est une histoire moumentée que l'on peut analyser en se référant à quatre critères : la fréquence des réaménagements de parités, leur étendue (touchant une monnaie ou plus), leur ampleur (amplitude du réaménagement sur la parité franc/ mark) et l'attractivité (mesurée par les entrées et les sorties).
1979-l992 : des débuts turbulents à une maturité illusoire
Ces douze premières années de la vie du SME peunt être schématisées en trois périodes.
La période 1979-l983 est un moment de mise en œuvre, laborieuse et douloureuse, du système de parités fixes : en cinq ans, sept réaménagements dont cinq touchent deux monnaies ou plus, et une variation relati du cours pivot du mark en franc de 33 %. L'insilité est quasi générale, les variations de change sont très amples, et les politiques sont fortement dirgentes. Après les réajustements de 1982 et de 1983, la France adopte deux s de rigueur extrêmement sévères, notamment en matière salariale (Faugère, 1988).
La période 1983-l987 est une période d'ajustements mineurs et, par rapport à la période précédente, le régime de change semble adopter sa vitesse de croisière : au cours de ces quatre années, quatre changements de parités dont deux seulement concernent plus d'une monnaie. Le cours pivot du mark en franc n'est augmenté que de 9 %.
De 1987 à 1992, le SME trarse une période exceptionnellement faste puisque, non seulement il n'est procédé à aucun changement de parités, les taux pivot restant inchangés (à l'exception de celui de la lire ajusté dans le cadre d'un rétrécissement des marges de fluctuation), mais le mécanisme de change est attractif ac trois adhésions noulles (livre sterling, peseta, escudo). Au cours du premier semestre 1992, le SME fait preu d'une grande silité et onze monnaies sur les douze des États membres de la Communauté (la drachme grecque flotte) font partie du régime de change, donnant l'illusion que l'on va passer, en douceur, d'un SME sle à l'union monétaire.
La sévère crise de 1992-l993
Surnant après une période de plus de cinq ans de silité, la crise de 1992-l993 du SME, particulièrement aiguë, a laissé de profondes traces dans la construction monétaire de l'Europe. Les premières perturbations se font jour en septembre 1992. La spéculation, d'une ampleur exceptionnelle, se porte sur la livre sterling, la lire italienne et le franc français, provoquant des interntions des autorités monétaires : la Bundesbank soutient le franc mais lache assez vite la livre et la lire ; la Banque de France a dû injecter plus de 150 milliards de francs. C'est alors cinq des onze monnaies du SME qui sont profondément atteintes : l'Italie et le Royaume-Uni, deux des quatre grands de l'Europe, décident, en septembre 1992, de suspendre - temporairement ! - leur participation au mécanisme de change ; la peseta esnole, l'escudo portugais et la livre irlandaise maintiennent leur participation mais au prix de dévaluations.
Fin juillet 1993, la spéculation reprend de plus belle et, cette fois, la Banque de France - qui intervient pour 300 milliards de francs - et la Bundesbank ne peunt contenir l'offensi. Plusieurs scénarios sont alors envisagés : abandon du SME, réévaluation du mark En définiti, c'est un élargissement des marges de fluctuations à 15 % qui est décidé le 2 août 1993. Comment interpréter cette décision ? Cela peut apparaitre comme un abandon pur et simple du système de parités fixes, masqué par un replatrage technique. En fait, ce dispositif permet de maintenir, de façon symbolique, le mécanisme de change sans pour autant prêter le flanc à la spéculation ; les autorités monétaires ont les mains libres pour retrour et garder les anciennes marges de fluctuation.
En effet, et c'est une première leçon de la crise, la liberté de circulation des capitaux, totale à partir de 1990, a fortement fragilisé le SME. Silité des taux de change et liberté de circulation des capitaux sont difficilement compatibles : le « triangle de Mundell », selon lequel un pays ne peut bénéficier à la fois de la silité des changes, de la libre circulation des capitaux et de l'autonomie de la
politique monétaire, se réduit à un « segment » d'incompatibilité ; la suppression totale du contrôle des changes rend la silité des taux de change problématique. Le mécanisme en est simple. Supposons le taux plafond du mark à 3,42 francs ; si certains opérateurs sur le
marché sont persuadés de l'imminence d'une réévaluation du mark, faisant augmenter le taux de change de quelques pour-cent, ils achètent des marks, et les autorités monétaires sont obligées de céder des marks à 3,42. Dès lors, deux issues à ce bras de fer sont possibles. Soit les autorités monétaires gagnent : le mécanisme de change n'est pas modifié, le mark redescend au-dessous de son plafond (entre 3,37 et 3,39 francs) et les spéculateurs en sont pour leur frais (ce fut le cas, en septembre 1992, sur le taux de change mark-franc). Soit les autorités monétaires ne tiennent pas, ce qui survient lorsque beaucoup d'opérateurs font la même anticipation de réaménagements, les anticipations denant alors « autoréalisatrices » : les autorités monétaires décident alors d'abandonner le taux plafond de 3,42 et le mark monte à des taux oscillant entre 3,48 et 3,54, ce qui engendre des gains pour les spéculateurs et des pertes pour les
banques centrales qui rachètent à ces prix des marks ndus à 3,42.
Deuxième leçon de la crise : la silité maintenue des taux de change entre 1987-l992 a rendu le mécanisme explosif; en effet, comme les taux d'inflation des différents pays étaient inégaux, le maintien des taux de change paraissait à terme condamné, ce qui n'échappe pas aux opérateurs, qui jouent alors la modification des parités.
La crise comporte une troisième cause : le SME a été fortement perturbé par une crise de confiance dans la
construction européenne et dans la perspecti de l'union monétaire. Non seulement le non à l'Europe au référendum danois au printemps 1992 (corrigé ultérieurement) et le oui léger de la France à l'automne soulignent l'enthousiasme mesuré des Européens, mais, en outre, les critères de conrgence exigés pour passer à l'union monétaire paraissent difficilement accessibles : la récession des économies creuse les déficits publics, qui s'éloignent de la barre des 3 % du PIB.
La crise du SME de 1992-l993 donne l'impression que le traité de Maastricht, rédigé dans une période de croissance, de silité monétaire et de faibles déficits, reste très marqué par le contexte conjoncturel qui l'a vu naitre.
Le SME après la crise
De 1993 à 1998, le SME a fait l'objet de tendances contradictoires : il est distendu dans ses contraintes et éclaté dans son contenu, mais il constitue un pôle attractif dans la perspecti du passage à l'euro. En effet, le SME ac des marges de fluctuations élargies est denu, pour une grande part, virtuel. Par ailleurs, les monnaies qui le composaient suint trois types de trajectoires : deux grandes monnaies ont quitté le SME (livre et lire), six monnaies constituent un noyau dur (mark, franc français, francs belge et luxembourgeois, couronne danoise, florin) et un groupe de monnaies reste fragile (peseta, escudo, livre irlandaise). Néanmoins, le SME se révèle attractif, en partie en raison de la perspecti de la monnaie unique ac un retour (la lire en 1996) et trois adhésions (schilling autrichien en 1995, markka finlandais en 1996 et drachme grecque en 1998).