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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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La tectonique des blocs économiques régionaux

Les accords d'intégration régionale fonctionnent A  partir d'une logique d'emboitement complexe et protéiforme qui peut conduire in fine A  la formation de noulles entités nationales. L'évaluation des effets économiques de ces accords s'est longtemps effectuée A  partir de la structure de base qu'est l'union douanière. Le système commercial multilatéral est potentiellement remis en question par ces accords d'intégration régionale parce que ces blocs ourts peunt se reconrtir rapidement en blocs plus défensifs qui partitionneraient l'économie mondiale A  partir de grands ensembles où le protectionnisme serait viable.

Les différents stades du processus d'intégration économique

Les barrières aux échanges, tarifaires et non tarifaires, séparent traditionnellement les économies nationales '. Ces obstacles ne frappent pas nécessairement tous les pays de faA§on équile : ils peunt favoriser les biens en pronance de certains pays au détriment des mASmes biens en pronance d'autres pays. Ces systèmes de préférence modifient les courants d'échange et introduisent des lignes de fragmentation au sein de l'économie mondiale. Cette discrimination constitue, dans les faits, un déni de fond A  la philosophie du multilatéralisme.
La disparition des barrières aux échanges entre deux nations fait A  terme glisser leur commerce du statut d'international, ac ses importations et ses exportations, au statut de commerce intérieur ac ses acquisitions et ses livraisons. Le GATT soulignait en 1993 que - la communauté internationale s'approche du moment où elle pourra décider de ne plus compter le commerce intracommunautaire dans le commerce mondial - 2. L'intégration économique est au bout du processus discriminatoire et progressif initié par le système des préférences. Plusieurs degrés peunt AStre ici distingués (Tableau 4) ac des dispositions très dirses concernant la réciprocité, les secteurs exclus des accords (agriculture, textile, services), les mouments des facteurs de production, le statut de la monnaie et les politiques communes :
» Le groupement préférentiel aménage des courants d'échange privilégiés entre des pays qui ne sont pas situés dans la mASme aire géographique et dont le niau de vie est différent. A€ trars cette formule sont concédés aux pays en déloppement des avantages qui ne sont pas réciproques (Articles XXXVI, XXXVII et XXXVIII de l'Accord général) comme la réduction ou la disparition unilatérale des droits de douane et autres obstacles sur quelques produits de base dont dépendent leurs exportations. Lorsque ces groupements sont l'héritage des anciens empires coloniaux, la clause d'antériorité a permis la reconduction sount partielle du système de préférence qui était déjA  en vigueur (article I). La conntion de Lomé signée entre la Communauté et les pays de l'Afrique, du Pacifique et des Caraïbes (ACP) est le prototype de cette forme d'accord qui est doublé pour certains pays de l'ACP par un accord monétaire (zone franc CFA).
» L'accord d'association constitue, selon l'article XXIV de l'Accord général, une étape avant - l'élissement dans un délai raisonnable, de l'union douanière ou de la zone de libre-échange - et doit comporter un et un programme de passage A  ces autres phases. Il est partiellement fondé sur le principe de réciprocité. Ce type d'accord se rapproche de la zone de libre-échange mais comporte des dérogations sur des secteurs, des instruments de politique commerciale et sur les libertés de circulation. L'Union européenne a passé des accords de ce type ac les pays de l'Europe centrale et orientale (PECO) dans la perspecti de son élargissement A  ces pays (Tableau 5).
» La zone de libre-échange est un groupement de plusieurs territoires douaniers dans lequel les pays membres suppriment toutes les barrières commerciales entre eux-mASmes, mais consernt leurs barrières nationales particulières A  rencontre des échanges ac le reste du monde. Il n'y a pas d'abandon de la souraineté nationale sur les tarifs et les organismes de contrôle de ces tarifs. Dans une telle zone, les contrôles de douane sont maintenus entre les pays membres afin d'éviter les trafics consistant A  faire rentrer les marchandises dans les pays où les barrières sont relatiment basses pour les orienter par la suite sur les pays où elles sont plus élevées. Les règles d'origine ont une importance cruciale. Pour que le système soit tolérable, les tarifs et les politiques commerciales doint AStre relatiment proches. Une simple zone de libre-échange exclut généralement les secteurs sensibles (acier, agriculture, textile). L'Accord de libre-échange nord américain (l'ALENA), mis en œuvre depuis le 1er janvier 1994 entre le Canada, le Mexique et les états-Unis, répond A  ces critères. L'Association des nations de l'Asie du sud-est (l'ASEAN), entrée en vigueur en 1977 et qui rassemble Brunei, l'Indonésie, le Laos, la Malaisie, Myanmar, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam, a pour but la constitution d'une zone de libre-échange d'ici A  2003. Le forum de coopération économique Asie-Pacifique (l'APEC), créé en 1989, est le projet le plus important en la matière puisqu'il regroupe les états-Unis, le Canada, le Chili, le Mexique, le Pérou, l'Australie, la Noulle Zélande, la Papouasie, la Russie, le Japon, la Chine, Taiwan, Hongkong, la Corée du Sud, Brunei, l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam. La création d'une zone de libre-échange est annoncée pour 2010 entre les pays déloppés de l'APEC. Ils devraient AStre rejoints en 2020 par les pays en voie de déloppement. Des dissensions sont néanmoins apparues entre les membres de ce forum sur l'opportunité de créer cette zone de libre-échange.
» L'union douanière se caractérise par un abandon de souraineté plus important que la zone de libre échange. Si les pays membres suppriment entre eux toutes les barrières commerciales, ils adoptent un tarif douanier commun A  l'égard du reste du monde. La politique commerciale devient commune. La Communauté économique européenne a constitué de 1968 A  1992 une union douanière. Le Marché commun d'Amérique centrale (le MCAC) et le Pacte andin sont des unions douanières.
» Le marché commun n'est pas généré automatiquement par la réalisation de la seule union douanière. Pour que le marché devienne commun au sein d'une mASme entité douanière, cela suppose une circulation parfaite des flux de marchandises, et donc l'élimination des frontières fiscales et des obstacles techniques au commerce, et la libre circulation des facteurs de production, main d'œuvre et capital, entre les pays membres. Une harmonisation des politiques propres A  chaque état (fiscalité, diplôme, normes, etc.) doit AStre effectuée de faA§on A  éviter des distorsions et A  tirer partie des économies d'échelle qu'autorise l'augmentation de la taille du marché. La politique de la concurrence et les politiques d'immigration et d'émigration de la main d'œuvre deviennent communes puisque leurs interntions se situent au niau mASme de ce marché élargi qu'elles ont vocation A  réglementer. Au sein de l'Europe, la construction d'un grand marché est l'objectif de deux traités A  trente ans d'intervalle - le traité de Rome de 1957 qui lanA§ait l'objectif de marché commun et l'Acte Unique de 1986 qui créait le marché intérieur unique A  partir de l'affirmation de quatre libertés : liberté de circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux -. S'il a fallu approfondir l'objectif de marché commun A  trars le marché dit unique, c'est qu'il n'avait été qu'imparfaitement mené A  son terme essentiellement du fait de l'existence au sein de la Communauté mASme d'entras aux échanges. Les pays de l'Association européenne de libre-échange (l'AELE), créée en 1960 A  l'initiati du Royaume-Uni en riposte A  la formation des Communautés européennes, et qui ne rassemble plus aujourd'hui que la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège et l'Islande, sont associés au marché unique pour la plupart de ses caractéristiques A  trars l'Espace économique européen (l'EEE) mis en œuvre depuis le 1er janvier 1994. Seule la Suisse qui est membre de l'AELE a refusé par référendum son intégration dans l'EEE. Le Marché commun du Sud (le MERCOSUR), entré en vigueur en 1991 entre l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay, a programmé, depuis le 1er janvier 1995, la mise en place d'un grand marché A  partir de la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et de la main d'œuvre. Une coordination des politiques économiques et une harmonisation des législations sont également prévues dans le cadre du MERCOSUR.
» L'union économique est la forme ultime du processus d'intégration régionale. Pour que le marché commun et la silisation macroéconomique des Etats membres deviennent pleinement efficaces, la politique économique doit AStre unifiée ou, tout au moins, étroitement coordonnée. Des nations ont mené A  leur terme ce processus d'intégration économique et politique : l'Allemagne est issue d'une union douanière, le Zollrein (1834-l871), et de l'unification, en 1990, de la République fédérale d'Allemagne (RFA) et de la République démocratique d'Allemagne (RDA). La Belgique et le Luxembourg formaient une union économique depuis 1921. Ils font partie des onze pays membres de l'Union européenne qui se sont constitués en Union économique et monétaire (UEM) depuis le 1er janvier 1999 (voir Chapitres 4 et 5).
L'intégration apparait comme un processus progressif, cumulatif et dotée d'une dynamique propre. Chaque étape en appelle une autre dès lors que les obstacles sont progressiment levés.

Les effets d'une union douanière

L'union douanière repose sur la libéralisation des échanges entre les pays membres, tandis qu'il y a mise en place d'un tarif douanier commun vis-A -vis du reste du monde. Au regard de la théorie néoclassique du commerce international, il s'agit lA  d'une forme d'intégration caractérisée par sa double nature : A  la fois plus de libre échange mais aussi davantage de protection. L'union douanière ne peut AStre qu'un optimum de second rang par rapport A  la libéralisation généralisée des échanges. Il faut en contrôler les effets préjudiciables sur le reste du monde. Néanmoins, les évaluations réalisées concernant l'intégration communautaire n'ont jamais permis de conclure définitiment sur ses effets vis-A -vis des pays tiers.

La théorie des unions douanières en statique concurrentielle
La théorie des unions douanières a été déloppée en 1950 par Viner puis complétée par les apports de Gehrels, Lipsey, Johnson et Meade1. La mise en place d'une union douanière entre deux pays engendre trois effets simultanés :
- un effet de création d'échange qui résulte du remplacement des producteurs nationaux les moins efficaces par des importations A  plus faible coût en pronance du pays partenaire ;
- un effet de consommation impule A  la baisse des prix qui engendre un surcroit de consommation et une progression des importations totales ;
- un effet de détournement d'échange qui tient aux pertes de parts de marché subies par les pays tiers au profit des importations en pronance du pays partenaire.
Les effets de création d'échange et de consommation vont dans le sens d'une amélioration du bien-AStre mondial contrairement A  l'effet de détournement qui joue en sens opposé. De leur aison dépend l'appréciation qui sera portée sur les coûts et les avantages d'une union douanière.
Une présentation simple de ces trois effets ' peut AStre effectuée A  partir d'un modèle construit dans un cadre d'analyse partiel sur la base des hypothèses habituelles : immobilité des facteurs de production dans une économie de concurrence pure et parfaite ac absence d'économie d'échelle. Prenons l'exemple de l'entrée du Royaume-Uni dans la Communauté en 1973 en observant ses conséquences sur un produit particulier, ici le blé. L'offre britannique sera supposée A  coûts croissants alors que l'offre de ses partenaires commerciaux successifs sera, par hypothèse, A  coûts constants de faA§on A  négliger les effets de l'union douanière sur leurs économies (Graphique 5).
Avant d'intégrer la Communauté, le Royaume-Uni importait une quantité de blé M, en pronance des états-Unis qui était, par hypothèse, le producteur mondial au moindre coût, A  5 000 F la tonne, auquel s'ajoutait un droit de douane de 1 000 F, soit des recettes douanières pour l'état britannique égales A  1 000 F multiplié par M, (les surfaces c + e sur le graphique). Après son entrée dans la Commu-nauté, le Royaume-Uni supprime ce prélèment sur les échanges en pronance de la France, tandis que la politique agricole commune l'oblige A  le maintenir, par hypothèse au mASme niau qu'antérieurement, ac les états-Unis. Dès lors, il importe Mj de France qui devient, A  5 500 F la tonne, la source d'approvisionnement la moins onéreuse parce qu'elle n'est plus taxée. Par rapport A  sa consommation primiti A  6 000 F la tonne, le passage A  un prix de 5 500 F entraine des gains pour les consommateurs (les surfaces a + b + c + d), des pertes pour les producteurs britanniques (la surface a) et la disparition des recettes douanières de l'état (les surfaces c et e). Le solde final, pour le Royaume-Uni, de son intégration dans l'union douanière dépend de la aison entre les trois effets précédemment identifiés :
- la création de trafic, égale A  la surface - b -, est l'économie de coût sur la production britannique remplacée par des importations O1 - O2 en pronance de producteurs franA§ais plus efficaces ;
- l'effet de consommation impule A  la baisse du prix est représenté par la surface - d - ;
- le détournement d'échange, matérialisé par le rectangle - e -, tient au remplacement des importations américaines, pourtant les moins chères, par des importations en pronance de France. Il s'agit lA  de l'enjeu majeur pour le commerce international puisqu'un pays tiers est potentiellement désavantagé.
Cette théorie de l'union douanière a fait l'objet de nombreuses critiques. 11 lui est notamment reproché de surestimer l'effet de détournement pour trois raisons :
- l'analyse est tout d'abord statique. Elle néglige les créations d'échange qui apparaissent en dynamique. La constitution ou l'élargissement d'une union régionale accroit la taille du marché sur lequel opèrent les entreprises. L'intensification de la concurrence, l'accélération de l'innovation, la rationalisation du processus de production et l'augmentation des séries conduisent A  abaisser le coût unitaire des biens et services réalisés. L'augmentation du renu réel et la stimulation de la croissance au sein de l'union régionale ont un effet d'entrainement sur le reste du monde par le jeu des importations et favorise le bien-AStre mondial ;
- elle fait ensuite abstraction de l'importance de la géographie dans les échanges qui fait que deux pays voisins sont, dans la plupart des cas, des partenaires commerciaux naturels et privilégiés. La proximité permet de minimiser les coûts de transport et de transaction. Elle est intrinsèquement porteuse de distorsions d'échange indépendamment de la constitution, ou non, entre deux pays, d'une union douanière ;
- enfin, les effets de création-détournement des courants d'échange perdent une partie de leur signification dans une économie qui se mondialise : les entreprises des pays tiers imtées dans l'union régionale bénéficieront des effets de création de trafic alors que les producteurs nationaux qui auront délocalisé des segments de leur production dans le reste du monde en subiront les coûts.

L'experience de L'Union europeenne: une croissance des échanges intérieurs
L'Accord général impose le respect de deux règles (Article XXIV) lors de l'instauration d'une union douanière afin de contrôler les réflexes protectionnistes et les détournements majeurs d'échange :
- l'élimination des droits de douane et des réglementations commerciales pour l'essentiel des échanges entre les pays membres, sans autre forme de précision sur les secteurs ainsi concernés ;
- la balise du tarif extérieur commun par rapport A  celui qui était en vigueur avant la formation de cette union afin de donner un surcroit de compétitivité aux pays tiers.
La Communauté a appliqué la première clause de faA§on très large mais elle n'a pas respecté la dernière lors de l'entrée en vigueur de l'union douanière le 1er juillet 1968. Le tarif douanier commun vis-A -vis des pays tiers a été calculé sur la base d'une moyenne arithmétique des tarifs douaniers des six états fondateurs. Certains états membres ont dû reler leurs tarifs. Les flux commerciaux entre les Six ont été favorisés au détriment des flux ac le reste du monde au nom de la préférence communautaire. La compatibilité du traité de Rome et de l'article XXIV de l'Accord général n'a de la sorte jamais été élie.
Les estimations empiriques faites sur les effets de l'intégration européenne sur le reste du monde sont contradictoires b. Les économistes n'ont pas réussi A  mesurer ac certitude la création d'échanges et le détournement d'échanges qui en résultaient. Aucun chiffrage ex-post n'existe, toutes les estimations ont été réalisées ex-ante. Malgré l'absence d'évaluation probante et communément admise, l'effet de détournement alimente constamment le débat international et les craintes des pays tiers vis-A -vis de tout noul élargissement de l'Union européenne et de l'expansion de son réseau préférentiel d'accords. Les résultats statistiques, enregistrés depuis 1958, donnent du crédit A  ces craintes. Ils indiquent que le poids du commerce intracommunautaire s'est accru dans l'ensemble des flux commerciaux des différents pays de la Communauté (Graphique 6), de moins de 40 %, en moyenne, en 1958, A  un peu moins de 61 % des exportations et importations des pays membres en 1997. Cette progression n'est pas constante : les années soixante-dix ont marqué un temps de pause dans ce processus, ce qui a incité A  redynamiser l'intégration européenne ac le marché unique. Après l'accélération qui a caractérisé la fin des années quatre-vingt, la croissance des échanges intra-communautaires se ralentit, A  partir de 1990, puis régresse entre 1995 et 1997. Le marché unique a été largement anticipé par les grandes entreprises européennes qui ont alors davantage orienté leurs stratégies rs les pays de l'Est et A  l'international après le bouclage du cycle de l'Uruguay. Si le régionalisme communautaire est - ourt - , dans la mesure où il y a eu constamment réduction des barrières sur les importations extra-Union européenne, ces dernières n'ont progressé en valeur que de 280 milliards d'écus en 1980, A  440 en 1990 et 667 en 1997. La hausse réelle n'est pas évidente en raison de l'inflation. La préférence communautaire qui est une autre faA§on de qualifier le détournement d'échanges a fonctionné. La croissance des échanges internes a été privilégiée par rapport A  celle du commerce international.

Les conséquences systémiques de la régionalisation de l'économie mondiale

La mondialisation des échanges s'effectue A  partir de grands pôles d'intégration régionale organisés autour de gigantesques marchés intérieurs. Ce renouau du régionalisme est impule A  des facteurs très dirs, économiques aussi bien que politiques, qui modifient la nature des relations économiques internationales.


La régionalisation du commerce international

Entre 1948 et 1998,179 accords de commerce régional ont été notifiés au GATT-OMC, au titre de l'article XXIV ou de la clause d'habilitation, dont 103 étaient encore en activité A  la fin 1998. Un moument d'accélération de très forte ampleur apparait A  la fin des années 1990 : de 18 accords - notifiés-actifs - pour les années 1990-l994, on passe A  54 entre 1995-l998. L'Europe a été la région la plus dynamique en matière d'intégration dans la mesure où au moins un pays européen (Union européenne, AELE, PECO et Turquie) est partie prenante de 50 des 54 accords enregistrés. Cette explosion des chiffres tient au fait que l'AELE et, dans une moindre mesure, certains PECO et la Turquie, dupliquent les accords réalisés par l'Union européenne. Toute la zone Europe est quadrillée par des accords de commerce. Dans les autres zones géographiques (Asie, Amérique latine), il y a plutôt eu un regain d'intérASt pour des accords existants qui ont été réactivés.
Selon les séries statistiques du GATT-OMC (Tableau 6), la part prise par le commerce intrarégional dans le commerce total de marchandises est passée de 32,9 % en 1948, A  50,2 % en 1997. Les quinze dernières années montrent une progression du régionalisme en Amérique du Nord, en Amérique latine et en Asie. L'Europe occidentale (l'Union européenne et les pays de l'AELE) suit cette tendance de 1983 A  1993, avant d'enregistrer un moument de repli sensible de 1993 A  1997. L'Afrique et le Moyen-Orient n'ont pas déloppé leur commerce sur une base régionale. Enfin, la région Europe centrale et orientale et ex-URSS voit son commerce intrarégional chuter brutalement, ac la disparition, au 1er janvier 1991, du Conseil d'assistance économique mutuelle (CAEM ou COMECON). Il y a ici un vérile cas d'espèce d'une désintégration économique régionale2, que l'éclatement de l'URSS, de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie a renforcé, sans que la Communauté des états indépendants (CEI), créée en 1991 entre la plupart des républiques de l'ex-URSS, ne puisse parnir A  endiguer ce processus. Les flux commerciaux des pays d'Europe centrale et orientale et des états baltes se sont réorientés tout aussi brutalement rs l'Union européenne qui est l'entité A  laquelle ces pays ont présenté des demandes d'adhésion.
Le mode de fonctionnement de ce commerce intrarégional, notamment dans ses relations ac le reste du monde, a été analysé par Freu-denberg, Gaulier et Unal-Kesencil. Les flux commerciaux de 61 pays (ou zones) ont été répartis selon trois grandes régions pour l'année 1996 : l'Eurafrique qui comprend l'Europe et les zones proches (Afrique, Moyen-Orient et ex-URSS), le continent américain et l'Asie-Océanie (Graphique 7). Le barycentre du triangle correspond A  une répartition égale du commerce entre les trois zones. Plus un pays est proche de l'un des sommets, plus une zone tient une part prépondérante dans ses flux commerciaux.
Pour la plupart des pays, le flux de commerce intra-régional représente plus de la moitié du commerce extérieur. Ils sont, par conséquent, dans les parties grisées du triangle. Seuls pratiquement les états-Unis, l'Union européenne et le Japon occupent une position centrale et répartissent mieux leurs échanges entre les différents pôles. Entre 1967 et 1996, les états-Unis ont recentré nettement leurs relations commerciales qui sont, en 1996, répartis de faA§on égale entre le pôle américain et le pôle asiatique, d'où leur intérASt pour l'APEC. L'Union européenne subit également cette attractivité de l'Asie-Océanie, tandis que le Japon se replie sur sa zone d'appartenance géographique. Dans chaque région, le pôle (états-Unis, Union européenne, Japon) joue un rôle central : il est A  la fois - le pivot des relations ac les deux autres régions - et - le centre de gravité des échanges A  l'intérieur de la zone - L'économie mondiale est organisée, A  l'image des grandes comnies aériennes, comme un - hub and spoke transport System - : un réseau en étoile régional autour d'un centre qui assure les liaisons internationales.


Les facteurs de renouau du régionalisme

Les unions douanières qui avaient connu leur heure de gloire dans les années 70, dans le sillage de la mise en place et de l'élargissement de l'union douanière de la Communauté, étaient passées de mode. Les unions existantes étaient presque partout en retrait dans les années 80. Le renouau du régionalisme qui caractérise les années 90 est impule A  de multiples facteurs :
- les difficultés de bouclage du cycle de l'Uruguay ont fait douter de la capacité du GATT A  maintenir un système d'échange fondé sur le multilatéralisme ;
- le processus d'approfondissement et d'élargissement de la Communauté a connu une évolution très rapide ac l'entrée en vigueur du marché unique, l'élissement de l'Espace économique européen, l'admission de trois nouaux états membres, la mise en œuvre d'une stratégie de pré-adhésion en direction des Pays d'Europe centrale et orientale, le lancement de l'Union économique et monétaire et l'expansion du réseau préférentiel d'accords ;
- la volonté de substituer au sein des blocs des échanges de biens et des mouments de capitaux A  des courants migratoires ;
- la fin de la guerre froide a déplacé les terrains d'affrontement du politique rs l'économique. La constitution de blocs régionaux traduit les recompositions en cours. La disparition du clivage entre l'Europe occidentale et l'Europe orientale en 1989 a ainsi abouti A  une multiplication des demandes de rattachement A  la Communauté et A  l'AELE (elles représentent une vingtaine d'accords notifiés au GATT entre 1990 et 1998) ;
- le revirement spectaculaire des états-Unis, longtemps hostile A  une approche régionaliste, avant de conclure un accord de libre-échange ac le Canada en 1989 et de l'élargir le 1er janvier 1994 au Mexique au sein de l'ALENA. Les états-Unis projettent d'intégrer l'ALENA et le MERCOSUR d'ici A  2005 dans une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) qui irait de - l'Alaska A  la Terre de feu -. Ils tentent de faA§on concomitante de structurer la zone Asie-Pacifique A  trars l'APEC qui est supposée regrouper dans une zone de libre-échange le pôle géographique moteur de la croissance de l'économie mondiale pour le XXIe siècle. Ces projets se heurtent aux réticences de nombre de leurs futurs partenaires ;
- l'extension des accords régionaux A  de nouaux pays est un processus qui a une dynamique cumulati. En effet, le plus gra pour un pays est d'AStre laissé au bord de la route puisque les pays tiers s'appauvrissent et voient leur poids politique dans les négociations internationales diminuer. Aussi, il en va de l'intérASt supérieur des états de rejoindre ces larges coalitions qui leur assure la sécurité économique de part un accès garanti au grand marché de leur zone naturelle d'échange et qui sont mieux A  mASme de peser, au niau international ou interrégional, dans les rapports de force commerciaux.

Les conséquences du régionalisme sur le bien-AStre mondial
Les conséquences de l'élargissement des blocs régionaux ont été analysées par Krugman1. L'efficience au niau mondial est affectée par des effets qui jouent en sens opposé : amélioration du bien-AStre puisque l'on tend rs la situation optimale de libre-échange, c'est-A -dire rs la constitution d'une zone unique au niau mondial, diminution du bien-AStre mondial A  cause du relèment des droits de douane2 et des détournements de trafic. Le croisement du bien-AStre du reste du monde et du nombre de blocs donne une courbe en - V - (Graphique 8) : la situation optimale est celle de libre-échange où il n'y a, par définition, qu'un seul bloc commercial, l'optimum de second rang est caractérisé par l'atomicité, tandis que le pire des mondes possibles comporte un petit nombre de blocs, chiffré très précisément par Krugman A  trois groupements commerciaux, sans doute en référence au thème de la Triade, Etats-Unis, Union européenne et Asie, autour de laquelle l'économie mondiale est supposée se structurer.
Ces déloppements se fondent toutefois sur deux hypothèses contesles. Premièrement, le monde devrait AStre homogène, c'est-A -dire qu'il ne doit pas y avoir de zone commerciale naturelle, ce qui consiste A  nier le poids de la géographie dans les échanges. Deuxièmement, l'élargissement des blocs se traduit nécessairement par des politiques d'agression A  l'égard du reste du monde et de repli sur soi. En fait, il est tout autant possible de supposer que l'existence de quelques blocs régionaux favoriserait la recherche de solutions plus coopératis et équilibrées dans les relations commerciales internationales.
Néanmoins, la formation de blocs fait peser des risques latents sur le commerce international parce qu'elle fournit une alternati crédible pour le cas où les échanges mondiaux deviendraient moins coopératifs. Potentiellement, les unions régionales - ourtes - sont facilement rérsibles en unions -forteresses -. Aussi le GATT-OMC a toujours pris soin que les avancées dans le régionalisme et les progrès dans la libéralisation mondiale des échanges soient menés de concert. Dans les faits, cette libéralisation fonctionne sount A  deux vitesses : bon nombre de pays refusent de reproduire au niau multilatéral ce qu'ils ont accepté sur le régional. La régionalisation a approfondi la libéralisation des échanges bien avant le GATT-OMC dans le domaine des services, des normes et des obstacles techniques au commerce. Il s'avère plus facile d'organiser des libertés de circulation sur un périmètre restreint, où les coûts de transaction et de surillance sont réduits, c'est-A -dire entre des pays qui ont noué des relations de confiance et qui fonctionnent ac les mASmes règles du jeu. Les unions régionales se sont imposées parce qu'elles permettent plus aisément de satisfaire aux exigences de loyauté et de réciprocité au niau du commerce international.



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