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DROIT

Le droit est l'ensemble des règles générales et abstraites indiquant ce qui doit être fait dans un cas donné, édictées ou reconnues par un organe officiel, régissant l'organisation et le déroulement des relations sociales et dont le respect est en principe assuré par des moyens de contrainte organisés par l'État.


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Les ambiguïtés du socialisme démocratique frana§ais

Les ambiguïtés du socialisme démocratique frana§ais
Intégrant les valeurs libérales, plus réformiste que rélutionnaire, profondément humaniste ' tout devait, semble-t-il, conduire le socialisme démocratique franA§ais de tradition jauressienne A  - oser paraitre ce qu'il était - et A  opérer une conversion semblable A  celle que connut, sous l'influence de Bernstein, son cousin allemand. Et pourtant la tradition socialiste franA§aise reste sans nul doute, au moins jusqu'A  une date récente, marquée par de sérieuses ambiguïtés touchant son attitude A  l'égard des droits de l'homme et, plus généralement, des valeurs de la démocratie formelle.
Chez Jaurès lui-mASme, la limpidité des prises de position antimarxistes est très souvent obscurcie par des exigences rhétoriques et politiques, comme il le reconnait lui-mASme presque explicitement dans un texte qui mérite d'AStre cité tant il éclaire (avec humour) la méthode de Jaurès. Dans Question de méthode, après air sévèrement critiqué la thèse marxiste de la rélution comme réaction inévile A  la paupérisation, Jaurès écrit en effet : - VoilA  bien la pensée de Marx et Engels A  cette date. Je sais bien que l'on cherche maintenant A  jeter un ile sur la brutalité de ces textes. Je sais que de subtiles interprètes marxistes disent que Marx et Engels n'ont entendu parler que d'une paupérisation - relative -. Ainsi, quand les théologiens veulent mettre d'accord les textes de la Bible avec la réalité scientifiquement constatée, ils disent que dans la Genèse le mot jour désigne une période géologique de plusieurs millions d'années. Je n'y contredis point. Ce sont des élégances et des charités d'exégèse qui permettent de passer sans douleur du dogme longtemps professé A  la vérité mieux connue. Et puisque des esprits - rélutionnaires - ont besoin de ces ménagements, qui songerait A  les contrarier ? - Concession plaisante par le ton, certes, mais soulevant néanmoins une question qui, A  force de se reposer tout au long de l'histoire du socialisme franA§ais, finit par AStre moins plaisante : Jaurès ne fut-il pas lui aussi un grand théologien, par exemple lorsqu'il affecta, contre toute évidence, de prendre fait et cause pour le marxiste orthodoxe Kautsky contre le révisionniste Bernstein en affirmant, dans son essai sur ce dernier, que, - dans la controverse qui s'est élevée au sujet des principes et de la méthode du socialisme entre Bernstein et Kautsky, je suis, dans l'ensemble, avec Kautsky -' ?
De ces ambiguïtés du socialisme franA§ais A  l'égard des droits-libertés, nous ne donnerons ici qu'un seul indice, A  nos yeux largement et suffisamment significatif. L'un des aspects fondamentaux de la critique jauressienne du - blanquisme -, de l'activisme rélutionnaire, réside dans l'idée, par avance antiléniniste, que la rélution, pour n'AStre pas violente, doit AStre précédée par un lent processus de maturation. C'est ici tout le problème du rapport entre éducation et rélution qu'il faudrait équer. Brièvement dit : aux yeux de Jaurès, l'éducation des masses ne doit pas intervenir après la rélution, mais avant elle, sous peine de sombrer inévilement dans le terrorisme qui consiste A  suspendre pour un temps indéterminé les conditions de la démocratie formelle. La rélution apparait donc, dans le socialisme démocratique, comme la fin du processus qui conduit vers le socialisme, et non comme un point de départ que devrait suivre une dictature transitoire en droit (et bien durable en réalité). C'est en ce sens également que Blum, dans le célèbre discours de Tours dont nous équions déjA  quelques aspects dans notre avant-propos, condamnera lui aussi comme - blanquiste - - la tactique des masses inconscientes entrainées A  leur insu par leur avant-garde -. Et cependant, au Congrès d'Amsterdam de 1905, Jaurès n'hésite pas A  prononcer un vérile réquisitoire contre les sociaux-démocrates allemands, auxquels il déclare : - Les deux forces essentielles, les deux moyens d'action essentiels du prolétariat us échappent encore : us n'avez ni l'action rélutionnaire, ni l'action parlementaire - ' mettant ainsi A  égalité ces deux principes qu'il avait, partout ailleurs, non seulement distingués, mais soigneusement hiérarchisés, et reprochant au prolétariat allemand d'air reA§u - d'en haut - le suffrage universel au lieu de l'air conquis par l'action rélutionnaire. Et dans la préface qu'il rédige pour la traduction franA§aise de Socialisme et parlementarisme de Kautsky, il prend encore le parti de Kautsky, pour cette raison que ce dernier aurait vu comment - c'est le prolétariat organisé, avec la force de classe, qui doit dénouer tons les nouds - ! De faA§on assez semblable, mais avec des contradictions beaucoup plus accentuées, Blum déclare au Congrès de Tours : - Le réformisme, ou, pour parler plus exactement, le révisionnisme n'existe plus Je ne connais qu'un socialisme, un socialisme rélutionnaire. - Auons-le : A  lire ces phrases, on croit rASver ' d'autant que Blum ajoute, explicitement contre le réformisme allemand, que le terme de rélution - signifie, pour le socialisme traditionnel franA§ais, transformation d'un régime économique fondé sur la propriété privée en un régime fondé sur la propriété collective ou commune -. Bref, nous sommes renyés ici de la réforme A  la rélution, d'une faA§on si contradictoire qu'elle ne pouvait pas ne pas poser problème. Aussi Blum pro-pose-t-il, devant le Congrès socialiste de 1926, la distinction qui allait devenir célèbre entre la conquASte et l'exercice du pouir : en ce qui regarde la conquASte du pouir, on ne peut, dit Blum, exiger d'aucun socialiste qu'il soit toujours pleinement légaliste, et l'action rélutionnaire, comme on l'a vu chez Jaurès, ne saurait jamais AStre exclue; mais dans l'exercice du pouir, il convient en revanche de se conformer strictement aux lois démocratiques en vigueur, ce que Blum résume ainsi : - Bien qu'en ce qui concerne la conquASte du pouir je ne sois pas un légaliste, je le suis en ce qui concerne l'exercice du pouir. -
De lA  une ambiguïté constante au sein de la tradition socialiste franA§aise, qui sera en fait légaliste, non seulement dans l'exercice du pouir, mais bien évidemment aussi dans sa conquASte, mais qui en théorie continuera de tenir un discours dérisoirement rélutionnaire et condamnera ce socialisme A  ne jamais oser paraitre ce qu'il est. De lA  aussi, nous semble-t-il, l'équicité de l'attitude socialiste A  l'égard de ce qui, au sein du Parti socialiste, ne fut jamais nommé autrement que sous le nom de bolchevisme. Malgré d'insurmonles divergences, Blum soulignera constamment ' nous comprenons maintenant mieux pour quelles raisons ' - la communauté de fins doctrinales - qui unit le Parti socialiste franA§ais au bolchevisme ou, pour reprendre une autre de ses formules, - leur identité de buts finaux -, puisque, dans les deux cas, il s'agit de la - transformation de la propriété par le moyen de l'action de classe du prolétariat -. Bien plus : alors que Jaurès condamnait explicitement, par exemple dans le Discours A  la jeunesse, toute idée d'une - dictature, mASme passagère -, Blum ne contestera, dans le discours de Tours, que l'interprétation bolchevique de cette dictature, mais non la dictature elle-mASme : - Dictature d'un parti, oui, dictature d'une classe, oui, dictature de quelques individus connus ou inconnus, non - ' ce qui, on l'auera, est tout de mASme faire preuve d'une sensibilité vraiment minimale A  la question de la dictature et de la suspension, qui en découle, des droits-libertés !
Force est donc d'admettre que le socialisme démocratique franA§ais, surtout A  partir de Blum, ne parvient guère A  une vérile clarté doctrinale concernant le problème du statut des droits-libertés (mASme si, répétons-le, on peut accorder qu'il ne songe nullement, dans les faits, A  les suspendre, fût-ce provisoirement). Les raisons de cette obscurité sont-elles purement stratégiques ou au contraire plus profondément théoriques ? Question difficile, qui mériterait sans doute un examen plus détaillé1. Toujours est-il que, de ce point de vue, la tradition républicaine, A  laquelle le socialisme démocratique se réfère lontiers, semble pour lui s'AStre quelque peu obscurcie et air cédé le pas aux équiques de la tactique et de l'idéologie. C'est bien pourquoi, si, comme l'affirme Blum lui-mASme2, le socialisme de Jaurès est un - approfondissement de l'idée de république -, - une sorte de déduction des principes républicains -s, il faut convenir que cet approfondissement ne s'est pas toujours effectué dans un sens qui eût permis de réconcilier vérilement les droits-libertés et les créances, l'exigence de ces dernières continuant ici de menacer les premiers d'une suspension apparemment impossible A  exclure radicalement par les héritiers de Jaurès. Aussi convient-il peut-AStre de revenir désormais, de ce prétendu - approfondissement -, A  - l'idée de république - elle-mASme, puisque, pour le moins, la tradition républicaine n'a cessé, quant A  elle, de faire de la souveraineté, ire de la sainteté de la loi, un de ses principes intangibles.



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