Les crises des années 1993-l997, puis celle des années 2001-2002 ont ourt une période de doutes, de remise en cause de la GRH. Après l'ère des discours sur la modernisation, sur le changement, sur -le tout management-empreint de certitudes, force aujourd'hui est d'adopter un profil plus bas, moins ambitieux. La
crise est de nouau passée par lA , ac son cortège de s de licenciements, de délocalisations, de fermetures d'usines. Les deux piliers théoriques du
management - A savoir le taylorisme et le fordisme - sont dépassés. Par ailleurs, la légitimité des
politiques publiques mises en œuvre dans le cadre de l'état Providence se trou remise en cause pour différentes raisons.
» En premier lieu, la ification n'a pas su se renouler et s'adapter A la mutation du temps court pour continuer A imposer A l'action publique une cohérence et A conférer une lisibilité sur les choix opérés A moyen terme. Denus sount des -usines A gaz- d'une complexité redoule, les documents de ification ont perdu leur rôle de prospecti et d'aide A la décision publique.
» En deuxième lieu, les institutions de protection sociale, qui reposaient sur un -voile d'ignorance"- et sur le mythe d'une égalité entre les citoyens28, ont perdu au fil du temps, leur légitimité. Le voile d'ignorance s'est déchiré le jour où, sous l'effet de la crise économique, il a bien fallu prendre en compte le coût social que représentait la protection sociale.
» On a pris également conscience dans les années 1990 du poids du
travail dans le processus d'intégration sociale. A€ partir du moment où le
chômage s'est mué en chômage de masse, les cotisations sociales permettant d'alimenter la redistribution se tarissaient, c'est tout l'équilibre du système qui se trouvait remis en cause. Il en est résulté une autre manière d'appréhender -la
question sociale-. L'état Providence n'était plus considéré comme le modèle incontournable de la société - assurantielle -.
» Enfin, la belle mécanique de la solidarité fondée sur un système de répartition admise par l'ensemble des acteurs sociaux a
marqué des signes de faiblesse sous l'impact de la crise économique. Du coup, l'objectif de solidarité qui passait par une forte interntion des pouvoirs publics a fait l'objet de nombreuses critiques :
- soit au regard des moyens mis en œuvre ;
- soit au regard des objectifs attendus ;
- soit au regard de l'absence d'efficacité des résultats effectiment atteints. Aujourd'hui, l'idée selon laquelle l'état pouvait résoudre tous les problèmes sociaux, et maitriser l'ensemble des instruments de
politique économique, ne fait plus l'unanimité. La question du rôle économique de l'état et de sa capacité A réguler l'ensemble des phénomènes sociaux, se pose de manière aiguA« depuis une dizaine d'années. Des modèles alternatifs et concurrents de l'état Providence sont apparus pour tenter de répondre A ce défi de la solidarité. Nous sommes témoins de ce que Pierre Rosenvallon appelle -la crise philosophique de l'Etat Providence-, qui subit A la fois une crise de légitimité, une crise d'efficacité et une crise de solidarité :
-la crise de légitimité renvoie au système de valeurs dont l'état Providence était porteur - valeur de solidarité, valeur d'intérASt général - et qui se trou désilisé par la montée de l'individualisme et la toute puissance du marché ;
- la crise d'efficacité provient de la lourdeur d'un appareil politico-administratif qui ne s'adapte pas suffisamment vite aux attentes d'une société civile très impatiente et exigeante ;
- la crise de la solidarité et du lien social constitue le révélateur de la crise de l'état Providence.
On voit donc progressiment disparaitre un modèle de
capitalisme -régulé- par l'état, au profit d*un capitalisme de retrait de l'interntionnisme de l'état. Cette banalisation du rôle de l'état comme agent économique et ce déclin du -volontarisme industriel- reconure les rapports économiques, et définit une noulle manière de penser
le management dans les organisations. Si certaines caractéristiques du modèle traditionnel, telles qu'elles avaient été formalisées par Taylor et Fayol, notamment la permanence du phénomène de concentration, ainsi que la poursuite du processus de tertiarisation, continuent A se maintenir aujourd'hui dans la noulle
économie et mASme se sont nettement amplifiées, les raisons qui les justifient en sont tout A fait différentes :
- la rupture ac le cycle inflationniste qui avait servi de locomoti A l'activité économique pendant la période des Trente glorieuses a imposé aux entreprises de prendre des mesures de restructuration pour demeurer compétitis ;
- de plus, la politique salariale qui avait servi de socle au compromis fordiste n'est plus pertinente dans le contexte actuel. La société salariale qui était le moteur de l'économie et du profit, a laissé progressiment la place A un modèle de -capitalisme patrimonial-. A€ partir de lA , un nouau rapport s'est instauré dans l'équilibre des pouvoirs entre salariés, dirigeants et actionnaires ;
-enfin, les dirigeants d'entreprises ayant pleinement conscience que la
concurrence est de plus en plus dure, font preu d'une extrASme prudence avant de procéder A des embauches ou A une augmentation de salaire.
Cette remise en cause des modes classiques d'interntions publiques impose un travail d'innovation pour créer de noulles formes de régulation adaptées A la noulle économie. Celle-ci passe par une reformulation des instruments de politique économique. Le poids de la fiscalité, des charges sociales, les politiques d'aide A l'emploi, le
financement des retraites et de la protection sociale, le rôle respectif des acteurs sociaux dans l'équilibre du système, toutes ces questions s'inscrint dans le débat politique et modifient en profondeur la donne dans la gestion des entreprises.
La conjugaison de ces noulles manières d'appréhender la logique économique modifient les cadres de pensée théorique qui avaient servi de socle fondateur au management pendant les Trente glorieuses. C'est dans ce
contexte économique, politique et social que se structurent aujourd'hui les noulles problématiques des ressources humaines.