Des instruments denus inutiles
Laissez-moi vous dire dès le début de ce chapitre que je vais vous ravir ou vous décevoir selon vos attentes. En effet, qu'il soit bien clair que je ne vais pas vous exposer une fois de plus la topographie des degrés de la pyramide de Maslow sur les besoins individuels et les motivations qui en découlent, ni les facteurs de motivation selon Herzberg. Non, ne cherchez pas, je ne vais même pas mettre une note en bas de e pour expliquer subrepticement ce que je ferais mine de ne pas traiter dans le texte. J'ai l'impression que cet abandon pourrait très bien constituer une première quelque peu sacrilège mais il est important de déclarer clairement la non-pertinence actuelle de ces instruments de travail.
Des lois ou des faits ?
Je me demande d'ailleurs s'ils ont jamais eu une vraie utilité. Ces théories, ainsi qu'il a été dit déjà plusieurs fois au cours de cet ouvrage, ont un effet réducteur qui les détache de la réalité. Elles ne peunt avoir quelque apparence de vérité qu'à un niau macro-social qui ne peut être d'aucune utilité pour le responsable d'une cellule de 10, 25 voire 60 personnes. Elles décrint des orientations, des mouments, des ensembles, nullement des psychologies humaines, toujours individuelles et complexes dans leur singularité. Enfin, elles en viennent facilement, d'autant plus facilement qu'elles sont l'oeuvre de professeurs unirsitaires humanistes et idéalistes, à tenir un discours normatif (« les gens normaux devraient passer par ces phases ») plus qu'un discours descriptif (« les gens sont comme cela »).
Or, finalement, peu importe comment devraient se comporter vos collaborateurs. Si vous n'en az aucun conforme à l'idéal, vous voilà bien avancé ! Il vaut mieux voir ce que ces collaborateurs éprount en réalité pour tenter une action, petite sans doute, mais réaliste.
Se rendre à l'évidence
Même si ces théories ont eu leur période de valeur descripti et donc d'utilité, elles ne présentent plus aucune crédibilité dans la situation qui est la nôtre aujourd'hui. D'une part, l'habitude d'un certain niau de vie, l'installation dans un mécanisme de
croissance constante, la pratique noulle des gournements du monde occidental, qu'ils soient de gauche ou de droite, d'assurer un minimum salarial et la courture d'une grande partie des avantages acquis en cas de chômage, font que certains besoins ne sont plus vécus comme besoins mais comme droits. Il n'y a pas à se voiler la face ; il n'y a pas à crier à la mauvaise foi. Il faut ouvrir les yeux en toute simplicité et voir ce qui est : les citoyens travailleurs, dont nous sommes, vous et moi, et non seulement nos collaborateurs, estiment avoir des droits, à tort ou à raison, à un certain nombre d'avantages non pas en rtu de leur prestation mais en rtu de leur condition de salariés. Un grand progrès sera fait dans les possibilités d'action lorsque ceci aura été reconnu comme une évidence, dont il faut tenir compte, même si cette évidence ne cadre pas ac les théories, ou ac nos principes.
L'exemple de l'argent
L'exemple le plus intéressant de la faillite des théories traditionnelles sur la motivation est celui de l'argent.
En principe, l'intérêt pour l'argent devait se relativiser ac la progression dans l'échelle des salaires. Ceci est un voeu pieux, une situation enviable rs laquelle il n'est pas interdit de tendre individuellement selon son éthique.
Mais ce n'est pas une loi naturelle et inélucle. Je vais vous révéler un secret. Vous êtes-vous demandé combien se faisaient payer les formateurs humanistes qui naient expliquer aux foules managériales en extase, la beauté de la progression rs les zones éthérées du pur accomplissement de soi ?
Apparemment, les sommes qu'ils demandaient révélaient qu'ils avaient encore les pieds solidement tés dans les couches inférieures des intérêts matériels. Et az-vous vu la réaction générale des Français, dont encore une fois nous sommes vous et moi, devant les perspectis de solidarité, traduites en blocage des
salaires dont nous menace la situation des années actuelles ? Devant une telle mauvaise foi, Maslow a dû se retourner dans sa tombe. Sa pyramide s'écroulait par pans entiers. Soyons clairs entre nous : le Français aime l'argent ; vos collaborateurs aiment l'argent ; vous, moi, aimons l'argent. Ce n'est pas catastrophique. Ce qui l'est, c'est de ne pas l'admettre, de faire mine d'être étranger à ce souci car s'ensuint toutes sortes de malentendus.