La seule méthode réaliste pour créer une société noulle, qui sortirait de l'économie de marché et des formes d'organisation éta-tistes, me parait AStre une stratégie permettant d'impliquer progressiment de plus en plus de gens dans une politique de type nouau, et d'enler parallèlement des ressources économiques (du travail, du capital et de la terre) A  l'économie de marché. Cette stratégie de transition doit avoir pour but d'opérer des changements dans le cadre institutionnel et les systèmes de valeurs, afin d'en arrir A  une situation où, après une période de tension entre les noulles institutions et l'état, on pourra remplacer l'économie de marché, la - démocratie - étatiste et le paradigme social qui les - justifie - par la démocratie générale et un nouau paradigme démocratique3.
Mais quelle pourrait AStre cette stratégie de passage A  la démocratie générale? Et quels sont les types d'actions et d'organisations politiques qui peunt s'inscrire dans le projet démocratique ? Un grand principe nous oriente dans le choix d'une stratégie de transition appropriée : la cohérence entre la fin et les moyens. Si la fin est une démocratie générale, les moyens ne peunt pas AStre des pratiques politiques oligarchiques ou des activités individualistes.
Reste l'action collecti. Quelle est l'importance, tout d'abord, de celle qui se déploie dans les conflits de classes entre les victimes de l'économie de marché internationalisée et les élites dominantes ? Je pense qu'il ne doit y avoir aucune hésitation A  soutenir toutes ces luttes : elles peunt aider A  clarifier la nature répressi de la - démocratie - étatiste et de l'économie de marché. Il importe toutefois de souligner que ces conflits ont des causes systémiques, et l'on ne peut manifestement pas compter sur les directions bureaucratiques des syndicats et autres organisations traditionnelles pour insister sur ce point. Cette tache doit AStre assumée par les assemblées générales des lieux de travail qui pourraient se confédérer et prendre part A  ces luttes, dans le cadre d'un moument démocratique plus large, fondé sur les dèmoi et leurs structures confédérales.
Deuxièmement, quelle est l'importance des actions et activités directes - projets de déloppement économique communautaire, usines autogérées, associations pour le logement, SEL, communautés, fermes autogérées, etc. ? Il est évident qu'A  elles seules, elles ne sauraient conduire A  un changement radical de société. Mais toutes ces activités sont des composantes nécessaires et souhailes d'une stratégie politique d'ensemble où le point culminant de l'action militante consiste A  participer aux élections municipales. Prendre part A  ces élections est le moyen le plus efficace de faire connaitre massiment un programme de démocratie générale, et cela peut donner la possibilité de commencer immédiatement A  le mettre en ouvre A  une échelle assez importante. Si nous nous présentons aux municipales, ce n'est donc pas dans un but purement - pédagogique -, mais aussi parce que nous sommes convaincus que c'est seulement au niau local que l'on peut fonder aujourd'hui la démocratie directe et économique. La participation aux élections municipales est une stratégie de prise du pouvoir - afin de le démanteler immédiatement, en substituant, dès le lendemain de la victoire électorale, les assemblées aux autorités locales dans le rôle d'instance de prise de décision. Se présenter aux élections locales donne la possibilité de commencer A  changer la société par en bas, ce qui est la seule stratégie démocratique - contrairement aux méthodes étatistes (qui se proposent de changer la société par en haut en s'emparant du pouvoir d'état) et aux approches dites de la - société civile - (qui ne visent pas du tout A  changer le système). C'est parce que le démos est l'unité sociale et économique de base de la future société démocratique que nous devons partir du niau local pour changer la société.
L'objectif immédiat doit donc AStre de créer, par en bas, des -bases populaires de pouvoir politique et économique -, c'est-A -dire d'élir des espaces publics locaux de démocratie directe et économique, qui, A  un certain moment, vont se confédérer pour forger les conditions de l'instauration d'une société noulle. J'estime que cette méthode constitue la stratégie la plus réaliste aujourd'hui pour s'attaquer, ici et maintenant, aux problèmes sociaux, économiques et écologiques fondamentaux auxquels nous sommes confrontés, tout en démantelant les structures de pouvoir existantes. Un programme politique fondé sur l'engagement A  créer des institutions de démocratie générale finira par séduire l'imaginaire de la majorité de la population, qui souffre tant des effets de la concentration politique et économique du pouvoir.
Dès que les institutions de la démocratie générale commenceront A  se mettre en place et que les gens, pour la première fois de leur vie, commenceront A  détenir un vrai pouvoir de déterminer leur destin, l'érosion graduelle du paradigme social dominant et du cadre institutionnel actuel sera lancée. Une noulle base de pouvoir populaire sera créée. Ville par ville, agglomération par agglomération, région par région, l'économie de marché et les formes étatistes d'organisation (nationales ou internationales) perdront le contrôle effectif car leurs structures politiques et économiques seront remplacées par des confédérations de communautés gérées démocratiquement. Une situation de double pouvoir s'instaurera, en tension ac les formes étatistes d'organisation. Il arrira bien sûr un moment où l'élite transnationale, les élites locales et leurs partisans - qui vont sûrement résister A  l'érosion graduelle de leurs privilèges -, après avoir épuisé leurs moyens de contrôle subtils (médias, violence économique, etc.), pourront AStre tentés de recourir A  la violence physique pour protéger leur pouvoir, comme ils l'ont toujours fait dans l'histoire. Mais A  ce moment-lA , un paradigme social alternatif sera denu hégémonique, et la fracture dans le processus de socialisation - condition préalable pour qu'il y ait changement dans l'institution de la société - aura eu lieu. La - démocratie - d'aujourd'hui aura perdu sa légitimité. Au point où en seront les choses, on peut penser que la majorité des citoyens seront prASts A  contrer la violence de l'état pour défendre les noulles structures politiques et économiques. Quand les citoyens auront goûté A  une vraie démocratie, aucune violence physique ou économique ne suffira A  les persuader de renir aux formes d'organisation pseudo-démocratiques.