NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » POLITIQUE éCONOMIQUE » La crise de l économie de croissance La fin de l'idéologie de la croissance
L'idée de Progrès, fondement de l'idéologie de la croissance, constituait le noyau de la pensée des Lumières, mais elle est aussi, nous nons de le voir, une composante fondamentale des deux idéologies qui sont nées de cette pensée, et qui, depuis, ont dominé toutes les formes de la modernité : le libéralisme et le socialisme. Selon le principe premier des Lumières, les fins de l'être humain rationnel sont fixées par lui-même et non par des textes « sacrés », et elles se ramènent, en bref, au triptyque « connaissance-liberté-prospérité ». C'est le succès de la mise en application du savoir scientifique dans la technologie - un savoir acquis par des méthodes rationnelles (la raison, l'expérience, etc.) et non issu de l'« intuition », du sentiment et autres approches irrationnelles - qui a créé le mythe du Progrès continu (linéaire ou dialectique). L'idée de Progrès a été embrassée par les catégories sociales privilégiées de l'économie de marché émergente, et elle est vite denue le noyau de l'idéologie libérale : cela n'a évidemment rien de surprenant, puisque la dynamique de l'économie de marché - la croissance économique - était parfaitement compatible ac l'idée de Progrès. L'étonnant est que cette même idée ait été également embrassée par les catégories sociales non privilégiées qui combattaient la modernité libérale, et par la théorie révolutionnaire. L'idée de Progrès a été adoptée non seulement par l'idéologie socialisteen particulier le marxisme, qui l'assimilait au déloppement des forces productis ' -, mais aussi par la théorie éco-anarchiste, qui s'efforçait de faire apparaitre un processus dialectique synthétisant les évolutions naturelle et sociale dans le cadre d'une « direction-nalité » orientée rs une société d'abondance émancipée2. Ces évolutions ont fait prendre un tournant aux économies de marché avancées : on a répudié la foi moderne en l'inépuisabilité des ressources et pris conscience de la rareté, donc de la nécessité d'une éthique de la conservation, du « déloppement durable » et de la technologie «respectueuse de l'environnement». Le mythe de la croissance fondée sur la science et concrétisant l'idée de Progrès, typique des formes précédentes de la modernité, a été remplacé par le nouau mythe d'un « déloppement durable », toujours fondé sur la science, mais sans le Progrès. Cela n'a rien de surprenant, puisque les partisans du « déloppement durable » admettent sans critique non seulement les structures actuelles de concentration du pouvoir et en particulier l'économie de marché, mais même la prétendue neutralité de la science et de la technologie. Comme j'ai tenté de le démontrer ailleurs5, si l'hypothèse de la neutralité est remise en cause, c'est l'idée même d'une « technoscience rte », sans parler de celle d'un « capitalisme rt », qui devient un pur fantasme ! La fin du mythe du Progrès ne nous oblige pas, néanmoins, comme semblent le croire les postmodernes de tout acabit, à sombrer dans une sorte d'« agnosticisme politique » qui accorderait la même valeur à toutes les périodes historiques et à toutes les sociétés passées. Elle nous impose de redéfinir le problème du déloppement : c'est ce que je vais tenter de faire dans ce chapitre. Mais examinons d'abord les crises jumelles de l'économie de croissance : ses conséquences écologiques et son échec à s'imter ac succès dans le Sud. |
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