NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » POLITIQUE éCONOMIQUE » Services privés et services publics de l emploi dans l union européenne Parts de marché du public et du privé dans le placement
Le paysage européen en matière de placement est aujourd'hui en pleine mutation. Les services de l'emploi ne sont plus seuls A intervenir de manière déterminante dans l'organisation du marché du trail mais d'autres institutions complémentaires y participent; les intermédiaires privés ont crû en nombre et en importance et ils disputent souvent au service public de l'emploi la prééminence de son rôle. D'un pays A l'autre la nature des services publics et privés de l'emploi et leurs parts de marché rient fortement. C'est pourquoi nous présenterons successivement, pays par pays, la manière dont s'organise la coexistence des services publics de placement et des agences privées4 et nous donnerons ensuite quelques indications sur les effets de cette concurrence. Depuis les lois de réforme institutionnelle d'août 1980 et août 1988 relatives A la régionalisation de la Belgique, le placement relève de trois organismes, l'un pour la Flandre le VDAB, l'autre pour la Wallonie le FOREM et le dernier pour la conurbation bruxelloise l'ORSEM. Ces trois offices sont administrés par des comités de gestion tripartites et les deux premiers ont des services subrégionaux entre lesquels peuvent intervenir des mises en compensation des offres et demandes d'emploi. Le VDAB et PORBEM disposent également d'un service d'outplacement. Les bureaux de placement privés sont autorisés par le ministre compétent après avis favorable ou non du FOREM de l'ORBEM ou du VDAB. En Flandre l'exploitation d'un bureau de placement payant n'est autorisée qu'en ce qui concerne les catégories de personnes pour lesquelles le service public n'est pas en état de satisfaire de faA§on adéquate la demande d'emploi; les bureaux agréés doivent signer un accord de coopération avec le service public de l'emploi. Au Danemark les services de l'emploi sont structurés autour de plusieurs agences dont les centres de services de l'emploi, les autorités locales, les bureaux administrant l'assurance chômage qui dépendent des syndicats, les cabinets de recrutement privés et les associations professionnelles. La libéralisation des services de l'emploi date de la réforme de 1990 qui permet en principe A quiconque de fournir des conseils en matière d'emploi. Les réformes de 1993 et 1994 ont précisé les rôles respectifs du service public de l'emploi et des autorités locales. Pour quelques professions le syndicat a obtenu de conserver l'exclusivité des services de l'emploi. Le service public de l'emploi peut payer les agences privées pour certaines prestations spécifiques. Un certain nombre d'agences privées opérant plus particulièrement sur le marché du trail intérimaire. L'Office fédéral pour l'emploi dispose en Allemagne d'un ste réseau de placement et de conseil pour toutes les entreprises et toutes les professions. Depuis 1994 services publics et services privés opèrent selon un modèle de coexistence réglementée, alors qu'ant cette réforme le service public disposait du monopole du placement et, exceptionnellement, sous traitait certains services pour des professions particulières (artistes) ou des groupes d'individus (étudiants). Les services privés de l'emploi doivent obtenir une autorisation d'exercer auprès du service public. La concurrence entre service public et secteur privé reste faible car chacun s'adresse A des secteurs différents du marché du trail. En Esne jusqu'en 1995 l'Institut national de l'emploi, l'INEM, agence publique créée en 1978 sous tutelle du ministère du trail, a bénéficié du monopole de placement. Ce monopole de l'INEM a été aboli en 1995; sont maintenant autorisées les ouvertures d'agences privées sans but lucratif et les créations de services intégrés de l'emploi SIPE. 25 agences ont ouvert avec couverture nationale, régionale ou locale; un mASme nombre de SIPE sont opérationnels, fondés pour la plupart par des autorités locales. Le ministère de l'emploi est responsable en Finlande des services de placement qui offrent aussi des services d'orientation et de formation professionnelle, ces services de base sont gratuits mais les agences peuvent aussi offrir aux employeurs un service spécial de recrutement, sélection et développement de carrière qui est payant. Le ministère pouit aussi accorder des licences A des organisations privées, souvent syndicats ou associations professionnelles, les autorisant A effectuer du placement; les institutions universitaires ont commencé A développer des services de recrutement. En 1994 a été engagée une déréglementation des services de l'emploi. En Grèce le service public de l'emploi relève des compétences de l'OAED. Le service public grec se caractérise par son faible taux de pénétration du marché (8,5% des offres d'emploi contre une moyenne européenne de près de 20%). La loi grecque depuis 1931 interdit les agences privées de placement A but lucratif; cependant des cabinets de consultants privés effectuent des recrutements, principalement de cadres et d'universitaires. Des agences illégales opèrent sous des formes très riées, par exemple comme agences d'assurances. En Irlande le service pour la formation et l'emploi gère, selon les dispositions de la loi de 1987, un service public de placement ; il prend aussi en charge la mise en oeuvre de la formation et du recyclage, l'orientation professionnelle. Les agences privées sont autorisées depuis 1971; elles doivent AStre agréées par le ministère de l'emploi, cette autorisation est renouvelée tous les ans. On observe un net clige dans le rôle des services publics et des agences privées, les premiers concernés principalement par les trailleurs manuels, les secondes par les employés et surtout les cadres. Les agences privées ont au total une place plus importante sur le marché du trail que le secteur public. Au Luxembourg l'administration de l'emploi, ADEM, a le monopole du placement, offre en mASme temps des services d'orientation professionnelle et est responsable en matière de gestion de l'assurance chômage. Les réformes de 1994 et 1995 vont A l'encontre des tendances qui se dégagent dans la plupart des autres états membres qui ont connu une libéralisation des services de l'emploi et une multiplication des agences privées, alors que le Luxembourg a consolidé le monopole du service public de placement. Mais si les agences de placement payant sont en principe interdites, une étude réalisée en 1990 par le Conseil économique et social révélait toutefois qu'opéraient au Luxembourg cinq cabinets de recrutement privés, six agences d'intérim et six organisations sans but lucratif ciblant certaines catégories de demandeurs d'emploi comme les jeunes ou les chômeurs de longue durée. Le monopole du service public de l'emploi en matière de placement et de recrutement a été aboli aux Pays Bas en 1991, les cabinets privés sont ainsi légalisés depuis 1990 et les agences d'intérim depuis 1972. Ces agences ne peuvent toutefois opérer qu'après avoir obtenu une licence. La loi de 1997 autorise la création d'agences privées de placement offrant toute la gamine des services disponibles et jouant le rôle d'intermédiaires entre demandeurs d'emploi et employeurs; la loi stipule que le service public doit accomplir ses taches et prestations de services en coopération avec les agences privées pour lesquelles le gouvernement envisage de supprimer le système de licences. L'Institut pour l'emploi et la formation, IEFP, est responsable au Portugal en matière de placement. Les agences pour l'emploi privées et les agences de trail intérimaires ont été autorisées et réglementées en 1989, leur élissement est soumis A autorisation préalable du ministère de l'emploi après avis de l'IEFP. En 1992 et 1993 ont été crées les UNI VA (unités d'insertion dans la vie active) aidant les jeunes A rechercher leur premier emploi et les clubs emploi qui visent A la formation et A l'emploi des chômeurs, de longue durée en particulier. Ce sont des formes organisées semi-privées soutenues techniquement et financièrement par l'IEFP. Comme ailleurs, les parts de marché du service public restent limitées aux segments les moins qualifiés du marché du trail; le nombre de placements effectués par le service public reste très faible proportionnellement par rapport A l'embauche totale A l'échelle nationale. En Suède la grande majorité des chômeurs s'inscrit auprès du service public de l'emploi l'AMS. afin de bénéficier de l'un ou l'autre des deux régimes d'allocation chômage. Entre 1936 et 1992 il était interdit de fournir des services privés et lucratifs de l'emploi, avec toutefois quelques exceptions comme les agences pour artistes et certains cabinets de recrutement élis dont la licence étai renouvelée tous les ans, la prestation non lucrative de placement ayan, par contre toujours ete autorisée mais peu développée. En 1992 les agences de trail temporaire on. été autorisées et en 1993 les cabinets privés de conseils en recrutement I ont ete A leur tour. Leur nombre reste pour l'instant peu élevé ces agences sont en général concentrées dans les grandes villes. Au Royaume-Uni les services de l'emploi se caractérisent par un système pluraliste dans lequel coexistent les prestataires des secteurs privé et public don. es champs se recouvrent progressivement. Bien qu'offrant un service complet les utilisateurs du service public appartiennent souvent A des catégories professionnelles pas ou semi-qualifiées. Le secteur privé existe depuis longtemps les premières agences ayant commencé A opérer ant 1920. Ce secteur se caractérise par sa diversité, allant de stes entreprises nationales ou internationales A de petits bureaux, les agences privées sont concentrées A Londres et dans les grandes villes ou la concurrence entre agences est parfois vive. Cependant la proportion d offres d'emploi dont elles s'occupent est relativement faible Ces agences opèrent dans un climat de relative liberté (il n'existe pas d'obligation d agrément, mais aussi dans le respect des directives édictées par le gouvernement dans le décret de 1973 et ses amendements ultérieurs. Certes aison n'est pas raison. Toutefois, il n'est sans doute pas sans intérASt de dresser un parallèle des services de placement publics e, privés en Europe. Les correspondants SYSDEM ont collecté les données disponibles en ce domaine, et, pour assurer une certaine homogénéité des informations, ils ont utilise les mASmes rubriques. Sans doute les informations sur les services publics de 1 emploi sont-elles généralement plus fiables que celles qui concernent les élissements privés. D'abord parce que certains pays ont conservé A l'état le monopole des activités de placement, les agences privées étant soit interdites sou limitées A certaines professions particulières (les artistes par exemple) ce qui est le cas de la Grèce, de l'Italie, du Luxembourg. Ensuite et surtout parce que dans es Etats don, le réseau des services de placement privés est développ et opère dans un cadre législatif strictement contrôlé, la fourniture de ces services est un domaine où la concurrence est vive et, de ce fait, la fourniture d'.n-ormations pount AStre considérées comme sensibles est limitée. Par-lA mASme les données don. on peut faire état doivent AStre traitées avec prudence. Se dégagent cependant un certain nombre de tendances significatives qui peuvent AStre mises en évidence, concernant respectivement la densité des réseaux en présence, leur encadrement, les parts de marché obtenues. Soit tout d'abord l'imtation. S'il n'y a pas de très grandes différences en-l.e pays pour le service public si l'on raisonne en termes d'agences pour 1000 actifs (indicateur qui limite l'influence du facteur taille du pays et densité du peuplement), par contre les différences sont considérables pour le secteur privé. Le réseau le plus développé est celui du Royaume Uni où les activités privées s'exercent depuis longtemps ; il est également bien éli en Allemagne et aux Pays Bas. Dans ces pays, la densité géographique des structures privées est en général supérieure A celle du service public; les agences privées sont le plus souvent imtées dans les zones de forte densité, tandis que le secteur public couvre dantage l'ensemble du territoire. Pour 1000 actifs, le nombre d'agences privées dont un grand nombre est spécialisé dans certaines professions ou certains secteurs, est dans l'ensemble plus élevé que celui du secteur public. Si l'on cherche ensuite A élir des aisons en termes d'encadrement, on observe des différences substantielles allant de moins de 12 employés par agence du service public de l'emploi en Grèce A plus de 100 en Allemagne, ces différences découlant de l'importance de la zone géographique couverte et de la riété des services offerts. Ces différences subsistent, que l'on raisonne en fonction de la population active couverte (les taux vont de 0,19 pour la Belgique A 2,5 pour l'Allemagne) ou du nombre de chômeurs (les proportions vont ici de 3,3 pour le Portugal A 25 pour l'Allemagne). Les données concernant le secteur privé sont moins fournies : on a très souvent affaire A de petites entreprises, avec au mieux quatre ou cinq employés. Cependant, aux Pays Bas, en Suède ou au Royaume Uni cet encadrement est très voisin de celui du service public, que l'on raisonne en termes de nombre d'agents pour 1000 actifs ou pour 1000 chômeurs. Pour mesurer les parts de marché différentes méthodes peuvent AStre utilisées (Mosley, 1997) : on peut calculer les taux de notification aux services publics ou privés des cances externes d'emploi; on peut calculer également le recours par les demandeurs d'emploi A ces services en tant que filière de recherche; on peut aussi calculer le pourcentage parmi toutes les embauches intervenues sur le marché externe du trail de celles qui résultent de l'intervention de tel ou tel service; on peut enfin éluer un taux de dotation indiquant le rythme auquel les services de placement réussissent A pourvoir les postes cants qui leur ont été signalés. La méthode la plus souvent utilisée est celle du ratio taux de placement du service sur l'ensemble des embauches. Aucune de ces estimations n'est cependant totalement irréfule, qu'il s'agisse de les considérer individuellement ou d'en effectuer un rapprochement entre pays. Plusieurs raisons peuvent expliquer ceci. Les registres du service public de l'emploi ne fournissent pas le nombre d'emplois cants ni le nombre d'embauchés dans l'ensemble de l'économie; il faut donc les estimer par d'autres sources telles que par exemple les enquAStes systématiques effectuées aux Pays-Bas ou en Allemagne auprès des employeurs sur leurs pratiques de recrutement. De plus les pratiques de collecte des données relatives aux placements et aux cances d'emploi diffèrent sensiblement entre les pays. Si l'on tente ensuite d'apprécier les effets possibles de la concurrence entre services publics et agences privées, concurrence liée A la libéralisation des placements, surgissent de nouvelles difficultés, le principal obstacle étant qu'il n'y a pas, ainsi que nous l'avons plusieurs fois signalé, de données systématiques sur les agences privées. Le nombre d'offres d'emplois traitées par les agences privées est difficile A élir. Si dans certains états membres les agences privées sont très actives, elles ont cependant tendance A effectuer proportionnellement moins de placements que le secteur public, du moins si on raisonne en termes de placements globaux car la nature des services offerts (chasseurs de tAStes, intérim) concerne des options que ne propose pas toujours le service public. Toutefois on peut utiliser l'enquASte communautaire sur les forces de trail effectuée auprès des ménages dans laquelle des questions standard sont posées A quelques 600.000 ménages et qui comporte, depuis 1992, une question relative aux principales méthodes de recherche d'emploi, sans toutefois opérer -ce qui s'avérerait bien utile- une distinction entre les différents services privés de placement (services commerciaux, intérim, intermédiaires sans but lucratif). Le recours au service public comme principale méthode de recherche d'emploi rie beaucoup entre les pays (allant pour l'ensemble des demandeurs d'emploi de 75 A 90% pour l'Allemagne, la France ou l'Esne A 20 A 30% pour le Portugal. l'Irlande et le Royaume Uni et tombant A 5% pour la Grèce), les chômeurs étant, selon les pays, deux A quatre fois plus susceptibles de recourir au service public que les trailleurs occupés pour lesquels d'autres filières informelles de recherche sont plus facilement accessibles grace aux contacts personnels. S'il est sans doute sous estimé en raison des conventions de codage, le pourcentage du recours aux services privés comme principale méthode de recherche ne dépasse pas, dans le meilleur des cas, 5% s'il s'agit de l'ensemble des répondants et est, pour les demandeurs d'emploi, de 5% en Allemagne et de 3% en France, ailleurs le pourcentage, inférieur A 1%, est insignifiant. Au total, dans tous les pays, la plupart des embauches ne donnent lieu A aucune intervention d'intermédiaires publics ou privés, la plupart des emplois trouvés par les demandeurs d'emploi et des postes pourvus le sont par l'intermédiaire de petites annonces, de l'envoi direct de candidatures aux employeurs, de collègues, d'organisations professionnelles, d'amis et d'autres filières informelles. S'il y a une assez grande coïncidence entre les clientèles des services publics et des services privés de l'emploi du point de vue age, sexe, statut, catégorie professionnelle, ceci est la conséquence du fait que les services privés sont eux-mASmes hétérogènes, l'essentiel dans la plupart des pays étant constitué par les agences d'intérim, A la clientèle très diversifiée, alors que les agences de recrutement de dirigeants et de spécialistes, ne desservent qu'un segment minime du marché du trail. |
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