A. Une vision améliorée des enjeux d'une politique culturelle
Le déloppement et le perfectionnement de l'évaluation, ainsi que son intégration systématique dans les politiques, ne répondent pas seulement au besoin de réduire le risque politique d'erreur mais aussi au besoin de l'administration de disposer d'un outil pour aborder des domaines encore mal connus nécessitant une approche très pragmatique.
Ce dernier aspect joue certainement un grand rôle dans les examens de politique culturelle. Dans le cas de l'Estonie, on relè à la lecture des rapports concernant ce pays que la perspecti apportée par les experts est de comprendre comment les arts et la culture participent d'une
vision globale du déloppement, au même titre que l'éducation. Il en résulte que la vision classique de la contrainte
économique qui a pour conséquence de réduire les dépenses publiques et de libéraliser le
marché peut évoluer rs une prise en compte des potentiels de déloppement. [23, 7]
Le schéma de raisonnement de l'évaluation la situe donc comme apport de
connaissances plus précises et plus approfondies d'une réalité (faits, états, situations, enjeux) et d'un programme d'action visant à agir sur cette réalité, pour une période donnée. Ce schéma met ainsi en évidence les liens (ou leur absence) entre des résultats (effets, conséquences) et une politique (volonté, mesures, moyens). Par voie de conséquence, il est un instrument permettant de mieux agir, corriger et prévoir, donc d'améliorer la qualité des décisions.
Un outil de légitimation?
L'évaluation peut-elle empêcher le «marchandage» sous-jacent à un compromis en cours d'opération ou destiné à ler les obstacles?
Pour CD. Amendola, elle le permet au moins en partie car elle a cessé, du moins en théorie, d'être une mesure exceptionnelle pour denir une activité régulière, presque routinière. En effet, dans le contexte administratif de l'Etat providence, les pouvoirs publics y voient le moyen de compenser le manque chronique de ressources et de consensus. Toujours en retard sur la demande sociale de services, qui croit très rapidement en raison notamment de l'extension des droits civiques, l'Etat providence doit maximiser sa propre contribution, pour réduire cet écart et diminuer ainsi le risque politique auquel il s'exposerait en ne répondant pas aux attentes.
L'évaluation est aussi un moyen d'entrainer les citoyens dans le processus administratif et, par le dialogue, d'obtenir un certain consensus, lequel fait si sount défaut. Paradoxalement, même sous ses formes «perrses» qui la font parfois qualifier de superflue (justification a posteriori, lenteur, rite démocratique, allégement du poids de la décision, etc.), l'évaluation montre clairement son rôle d'outil de légitimation.
Si la
démocratie est réellement la participation du citoyen à un dialogue visant à assurer la «démocratie culturelle» ou le bon déroulement des processus ascendants, sa présence dans la formulation de la demande culturelle ou la production de la réponse ne suffit pas. Il faut que les citoyens soient intéressés à tout le processus d'action politique depuis son élaboration jusqu'à son évolution finale, notamment en participant à la vérification des résultats.
Elle est donc aussi un instrument d'éducation: l'évaluation recèle un puissant potentiel éducatif et son aspect pédagogique et explicatif suffirait à lui donner de l'intérêt.
B. Une démarche interacti
Le fait de rassembler des informations sur le champ culturel et sur l'impact des actions publiques, pour tenter de caractériser une politique culturelle nationale, de soumettre ce champ de l'action publique à un groupe d'experts internationaux (une «task-force»), de dialoguer ac ceux-ci, constitue un exercice de politique publique en grandeur réelle tout en contribuant à des prises de conscience des acteurs culturels de toute nature. En ce sens, le processus d'évaluation devient un vérile apprentissage pour les décideurs comme pour les «utilisateurs».
Cette évaluation comme partie intégrante de la politique pose évidemment la question de son utilisation: par qui, comment et dans quels buts? La première utilisation est celle du dialogue qui s'engage entre les experts et les représentants des autorités nationales d' un pays. La réunion qui a lieu au Conseil de l'Europe, après la remise du second rapport, apparait comme une étape primordiale, car elle organise un premier retour (un «feed-back») utile ac les autorités du pays. [19]