Il est difficile d'apprécier exactement le montant global des achats publics, car si les
marchés de l'État donnent lieu à un recensement sérieux, il n'en va pas toujours de même pour les marchés des Collectités locales ou ceux des Entreprises publiques. De plus, la masse des petits achats, d'un montant inférieur au seuil mentionné ci-dessus (souvent appelés "achats sur facture" ou "travaux sur facture" parce que le seul document auquel ils donnent lieu est la facture du fournisseur) n'est pas recensée.
Cependant, la Commission Centrale des Marchés (C.C.M.), organisme dont nous parlerons plus loin et chargé, entre autres, du recensement des marchés, estimait en 1983 à 258 milliards de francs la masse des marchés recensés (230 000 marchés passés à 46 000 Entreprises enron), et pensait que l'ensemble des commandes publiques, comprenant, outre ce montant, les commandes non recensées, et en particulier les achats et travaux sur factures, avoisinait les 620 Milliards de francs, soit plus de 1 5 % du Produit Intérieur Brut (P.I.B.) français.
Sur les 258 Milliards recensés, la part de l'État était de 88 Milliards (dont 52 % pour le Ministère de la Défense et 30 % pour celui des P.T.T.) ; les Collectités locales avaient une part de 41 Milliards (44 % p*our les Communes, 16 % pour les Départements, 14 % pour les Offices publics de H.L.M. et 17 % pour les Hôpitaux) ; les Entreprises publiques représentaient 129 Milliards, dont 39 % pour l'E.D.F., 25 % pour le G.D.F., et 8 % pour la S.N.C.F.
La ventilation par secteurs, toujours sur la masse des marchés recensés, donnait les résultats suivants : 27 % pour les batiments et les
travaux publics, 20 % pour les produits énergétiques, 19 % pour la construction mécanique, aéronautique, navale et l'armement, 8 % pour les études et serces, 1,5% pour l'informatique et la bureautique, le reste entrant dans la catégorie « divers ».
Enfin la répartition des marchés recensés suivant leur procédure de passation montrait que, pour les marchés de l'État, 71 % étaient passés après négociations directes, 29 % après appels d'offres, et 0,1 % seulement après adjudications (on verra plus loin la signification de ces termes) ; pour les Collectités locales, les parts respectives étaient de 40 %, 56 % et 3,4 %. Bien que le Code des Marchés Publics n'autorise la
négociation directe que dans des cas limités et bien spécifiés, on voit l'importance majeure qu'a prise ce mode de passation ; nous en verrons plus loin l'explication, mais disons dès à présent que les Entreprises qui souhaitent traiter avec l'Administration ont tout intérêt à connaitre les méthodes d'appréciation
des prix utilisées par les acheteurs publics (analyse de prix, analyse de coût, enquêtes de coûts, actualisation des coûts, dégressité, etc.) au cours des négociations, afin de parler un langage commun.