NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » ECONOMIE GéNéRALE » La croissance n est pas le développement L'irrésistible essor d'une religion de la croissance
Au xxe siècle, en effet, changement de décor intellectuel ! Le formidable essor de la production matérielle et de la productivité relègue pour longtemps au cimetière des erreurs de prévision les inquiétudes et les réserves des classiques A l'égard de la soutenabi-lité d'une croissance infinie. De plus, dans les pays occidentaux et au Japon, la coïncidence flagrante entre l'industrialisation rapide et le progrès général et considérable du niveau de vie, de l'éducation, de l'espérance de vie, de la démocratie, estompe la différence entre croissance et développement. De toute évidence l'un ne pas sans l'autre. Le mot - développement - est d'ailleurs quasiment absent du vocabulaire courant et des modèles économiques ant les années 1950. Dans les pays riches du Nord, la macroéconomie dynamique (initiée par R.F. Harrod en 1939, pour la branche keynésienne, puis par Robert Solow, en 1956, pour la branche néoclassique) et les politiques économiques ne se préoccupent guère que de la croissance, implicitement considérée comme dispensatrice de tous les bienfaits du développement. A€ l'opposé de cette démarche, une - économie du développement - se constitue alors comme une branche autonome de l'analyse économique23, en soulignant que les pays pauvres ne peuvent pas simplement reproduire la trajectoire des vieux pays industriels depuis le xvuie siècle. Leur environnement technologique, démographique, culturel, institutionnel est en effet radicalement différent de celui qui a engendré les révolutions industrielles au nord. A€ défaut de stratégies spécifiques pilotées par les états, les pays du Sud peuvent rester piégés dans la pauvreté et le non-développement. Mais cette opposition entre la thèse d'un simple retard et celle d'un blocage du développement masque A peine un mASme culte de la croissance industrielle comme priorité politique. Les premiers débats de l'économie du développement portent sur le poids relatif de l'état et du marché, sur les vertus ées d'une attaque frontale dans un ste ensemble de secteurs (R. Rosenstein-Rodan, 1943; R. Nurkse, 1961) et d'une politique ciblée sur quelques industries clefs susceptibles d'effets d'entrainement (A.O. Hirschman, 1958 et G. Destanne de Bernis, 1966), sur la priorité A l'essor et A la diversification des exportations ou A la substitution de produits nationaux aux importations, sur l'éventuelle domination du Sud par le Nord, etc. Mais le but opérationnel universel est bien celui d'une croissance industrielle qui en vient A se confondre avec l'objectif du développement. Cette religion de la croissance industrielle inspire aussi la ification dans les pays communistes. L'utopie marxiste est d'ailleurs fondée sur l'idée que le progrès technique et la mobilisation du prolétariat - rendue plus efficace par l'abolition de l'aliénation du trail et de la lutte des classes -engendreront l'abondance des productions matérielles autorisant une société égalitaire où chacun agit selon ses capacités et reA§oit selon ses besoins24. Les pays communistes poussent le culte du producti-visme jusqu'A ne prendre en compte que les biens matériels dans l'éluation comple du produit national. |
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