La taille de l'entreprise est déterminée par la structure des
marchés sur lesquels s'échangent les biens et les serces. On distingue deux grands types de marché, celui de la
concurrence pure et parfaite et celui de la concurrence imparfaite. Dans cette dernière catégorie, on distinguera différents
marchés : celui du monopole pur, celui de la concurrence oligopolistique et, enfin, les marchés contesles.
A l'exception des marchés contesles, les différentes structures de marché sont résumées dans le leau 4 ci-dessous.
A/ Le marché de la concurrence pure et parfaite
Le premier marché, celui de la concurrence pure et parfaite, fonctionne selon un certain nombre d'hypothèses qui, dans la réalité, ne sont pas toujours réunies (leau 4). En situation de concurrence, les entreprises ne sont pas en position d'imposer leurs prix, elles prennent
les prix qui sont fixés par le marché ; en conséquence, leur structure de production (combinaison des facteurs de production, taille) doit AStre telle que le coût moyen de l'entreprise rencontre la courbe de demande qui correspond en mASme temps, en longue période, A la recette marginale. Au niveau de production Q*E, l'entreprise maximise son profit et le marché produit la quantité Q*M.
NA° 5 - L'équilibre en situation de concurrence pure et parfaite atteinte dans la réalité, si ce n'est sur des marchés très spécifiques où un très grand nombre de conditions sont remplies et se rapprochent des hypothèses du modèle théorique. Il existe de fortes asymétries en termes d'information et de pouvoir entre les agents économiques. La coalition de certains agents et le rôle de l'état dans l'
économie concourent A limiter la fluidité des marchés et le rôle régulateur
des prix. Toutefois, les vertus de la concurrence sont telles (baisse des prix, accroissement de l'offre, amélioration du bien-AStre des agents économiques) que les gouvernements cherchent A créer les conditions les plus favorables au
développement d'un enronnement concurrentiel, notamment en adoptant des mesures favorisant la libre entrée et sortie et contestant les situations acquises (déréglementation de certaines actités, réduction des barrières douanières, limitation des subventions).
B/ Les marchés de concurrence imparfaite
Le second type de marché, celui de la concurrence imparfaite, se caractérise par l'absence d'atomicité de l'offre et de la demande : on ne trouve plus qu'un petit nombre d'offreurs et parfois de demandeurs sur ces marchés où règne alors une situation de monopole ou d'oligopole. Le leau 4 présente les différentes structures de marché avec huit cas de marché de concurrence imparfaite et un seul cas de concurrence parfaite.
a™¦ Le monopole (et le monopsone)
» Le monopole
La concurrence imparfaite peut tout d'abord se caractériser par la position de monopole de l'entreprise. L'entreprise en position de monopole est le seul vendeur face A une multitude d'acheteurs auxquels clic vend un produit ou un serce qu'elle est la seule A produire et pour lequel il n'existe pas de substitut. Dans ce cas, la demande du marché se confond avec la demande qui est faite A l'entreprise. L'entreprise, comme seul offreur, a la liberté de fixer le prix et donc de déterminer la quantité qui sera offerte sur le marché. Le monopoleur maximise son profit (ure 6) lorsque la courbe de recette marginale (Rm) croise la courbe de coût marginal (Cm). Il fixe alors le prix A P* et la quantité produite A Q*. L'entreprise réalise, par unité vendue, le profit P* - CM, c'est-A -dire la différence entre le prix de vente et le coût moyen ; le profit total réalisé par l'entreprise est représenté par la surface KLMN.
» Le monopsone
Lorsque l'entreprise est le seul acheteur en présence de plusieurs vendeurs, on se trouve en situation de monopsone. C'est le cas d'EDF pour l'achat du courant électrique produit en dehors de ses élissements (monopole de la distribution), ou bien de la SEITA pour l'achat de la production de ac en France.
» L'oligopole (et l'oligopsone)
» L'oligopole
L'oligopole réunit quelques producteurs face A une grande quantité d'acheteurs. C'est une forme d'organisation très répandue de nombreuses industries fortement capitalistiques, c'est-A -dire utilisant des niveaux élevés de
capital fixe. L'industrie automobile, l'industrie des transports aériens, des comnies pétrolières, de l'audiosuel sont des industries oligopolistiques. Une situation d'oligopole apparait dans une branche lorsque le nombre d'entreprises vendeuses est tel que chacune doit prendre en considération les comportements des autres pour déterminer sa politique de prix. Les profits de chaque entreprise ne dépendent pas de sa seule décision mais aussi de celle de ses concurrents. Dans ces conditions, en situation oligopolistique, les entreprises cherchent A maximiser le profit collectif, chaque entreprise s'efforA§ant ensuite d'accroitre ses parts de marché au détriment de ses concurrents. Il existe une variété de situations allant de la collusion (situation de sectiunel) d'un côté, au combat de l'autre. Entre ces deux situations, des formes intermédiaires de coordination plus ou moins parfaite existent.
La théorie des jeux permet de comprendre la
stratégie de chaque oligopole. On recourt au jeu dans la mesure où les décisions rationnelles sont nécessairement interdépendantes. Chaque joueur cherche A maximiser son résultat et développe une stratégie pour l'atteindre.
On considère deux entreprises. Chacune peut choisir une stratégie de production élevée ou un niveau de production faible. Dans la ure 7, les chiffres indiquent les profits de chaque entreprise pour chacune des options qu'elle choisit; ils sont en caractères ordinaires pour l'entreprise A et en caractères gras pour l'entreprise B.
Si les deux entreprises adoptent une stratégie de production élevée, le profit est bas, égal A 1 pour chaque participant. Quand le niveau de la production est faible, le prix s'élève et chaque entreprise a un profit de 2. Chacune obtient le résultat le plus élevé (3) lorsqu'elle est seule A produire beaucoup, la faible production de l'autre limitant le volume de l'offre et maintenant les prix A un niveau élevé. Dans ce cas, l'entreprise avec une faible production ne fait pas de profit (0).
L'entreprise A, dans le cas où l'entreprise B choisit un niveau élevé de production, obtient un meilleur résultat en choisissant une production forte : un profit de 1, contre un profit de 0 si elle choisit une faible production. Si l'entreprise B choisit un faible niveau de production, A choisit un niveau de production élevé car elle atteindra un profit de 3 contre un profit égal A 2 si elle choisit un faible niveau de production. L'entreprise A a une stratégie dominante. Dans les deux cas, elle a intérASt A choisir une production élevée.
Si l'entreprise A choisit une production forte, l'entreprise B a intérASt A augmenter sa production pour dégager un profit égal A 1 ; si A adopte une stratégie de production faible, B a intérASt A produire beaucoup car elle atteindra un profit de 3. On constate que lorsque chacune des entreprises choisit de produire beaucoup, le profit de chacune est égal A 1, alors qu'elles obtiendraicnt un meilleur résultat (2 chacune) si elles s'entendaient pour se fixer A toutes les deux un faible volume de production. Mais il est difficile pour chacune des entreprises de prendre l'initiative de choisir de produire peu. Si l'une produit peu, A par exemple, B produira beaucoup et fera un profit de 3. Au lieu d'avoir chacune un profit de 2, l'une aura un profit de 3, l'autre un profit nul. Dans la mesure où A anticipe cette réaction, sa stratégie va consister A produire plus. Le profit pour chacune sera donc égal A 1. Il est difficile de mettre en place un sectiunel limitant durablement la production car il risque d'AStre très rapidement remis en cause par le comportement de l'un des participants, toujours tenté de produire plus pour maximiser son profit. Seul un engagement préalable des deux parties, spécifiant les conditions dans lesquelles elles produiront (autolimitation) permet de développer un jeu coopératif conduisant au résultat optimal pour les deux parties, un profit de 2 pour chacun des joueurs.
» L oligopsone
Lorsque l'on est en présence de quelques acheteurs face A une multitude de vendeurs, on est en situation A 'oligopsone. C'est le cas, par exemple, des centrales d'achat des grandes surfaces, des coopératives agricoles et nicoles.
a™¦ Le monopole bilatéral
Le monopole bilatéral met en présence un vendeur unique et un acheteur unique, un producteur de cuves pour centrales nucléaires face A EDF, par exemple, ou bien un syndicat de travailleurs face A un syndicat d'employeurs.
a™¦ Les marchés contesles
» Définition
La théorie des marchés contesles est récente. Elle s'est développée aux Etats-Unis parallèlement A la mise en place, au cours des années soixante-dix, des politiques de déréglementation de certaines actités comme les transports aériens ou les télécommunications. Un marché est dit contesle lorsque l'entrée et la sortie sont libres et qu'il n'existe ni barrières A l'entrée (par exemple, un niveau d'investissement initial important) ni coûts irrécupérables (ce que l'on ne pourra pas récupérer en quittant une industrie). Par exemple, il est possible, avec la déréglementation des transports aériens, d'entrer sur ce marché A un faible coût d'entrée (location d'aons,
négociation d'un droit de décollage et d'atterrissage) et de sortie (résiliation des contrats de location, de travail). Dans ces conditions, n'importe quelle entreprise peut entrer sur ce marché et le quitter aussi rapidement. Le
marche est A l'équilibre, ou soutenable, lorsque la plupart des conditions de l'équilibre de la concurrence pure et parfaite sont réunies. La seule hypothèse qui disparait ici est celle de l'atomicité de l'offre, une entreprise oligopolistique pouvant entrer sur un marché. Dans ces conditions, plus la sortie sera facile -c'est-A -dire qu'elle n'entrainera pas de pertes significatives -, plus un marché sera réputé contesle.
» Conséquences
La contesilité d'un marché produit des conséquences sur la stratégie des entreprises en place qui ont une position de monopole : en effet, l'entrée d'un concurrent peut avoir pour effet, en augmentant le volume de la production, de faire baisser les prix, et donc les profits. Dans ces conditions, face A la menace que constitue l'entrée éventuelle d'une entreprise concurrente, l'entreprise installée peut AStre conduite A augmenter le niveau de sa production et A rechercher un profit qui ne couvre que les coûts de production, comme sur un marché concurrentiel. Cette théorie a une implication importante : les effets attendus de la concurrence pure et parfaite ne dépendent pas du nombre de concurrents sur le marché mais des conditions de la concurrence, ce qui doit conduire les gouvernements A préserver les conditions de la contesilité, notamment en facilitant les conditions d'entrée sur le marché par la mise en œuvre de politiques de déréglementation. Il faut noter, toutefois, que cette théorie n'est pas applicable dans les industries A fort niveau d'investissement initial, souvent irrécupérable en cas de sortie du marché, comme dans l'industrie sidérurgique, par exemple.
C/ Les entreprises publiques et les interventions productives de l'état
L'Etat, pour diverses raisons, est conduit A développer des actités productives. Ces actités se concentrent principalement dans certains secteurs, notamment ceux des biens d'équipement ou des industries extractives, sa place étant en revanche relativement faible dans les industries des biens de consommation. En raison de l'importance des effectifs comme de l'investissement, le secteur public a été un instrument au serce de l'état pour atteindre des objectifs parfois macroéconomiques (relance de l'investissement), sociaux (trine sociale, maintien de l'emploi) ou financiers (procurer des ressources supplémentaires au budget de l'état pour masquer une hausse des dépenses publiques), parallèlement A des objectifs purement microéconomiques de production de biens et de serces lA où le niveau de risque était suffisamment élevé pour décourager l'investissement privé.
Les politiques récentes de privatisation tendent A réduire le rôle de l'Etat dans la sphère productive en rétrocédant au secteur privé un grand nombre d'actités industrielles et de serces (banque, assurance).
a™¦ Pourquoi un secteur productif public ?
Plusieurs raisons conduisent l'état A se substituer au secteur privé pour produire :
' L'échec du marché : dans certaines circonstances, en raison du très fort degré de concurrence ou de risque, l'investissement public permet d'entrer sur un marché en prenant en charge le risque initial jusqu'A ce que l'actité deenne renle, l'état pouvant ensuite se retirer ou (le plus souvent) demeurer l'opérateur principal dans ce secteur.
' La situation de monopole naturel, dans certaines industries, peut conduire A prilégier l'intervention de l'état, soit par la réglementation du monopole, soit par la production directe par l'Etat du bien ou du serce considéré. Par monopole naturel, on entend une branche où une seule entreprise doit opérer en raison de l'importance des économies d'échelle. C'est le cas, par exemple, de France Telecom ou de la SNCF.
' La tradition étatique, le - colbertisme industriel -; développée parmi les élites politiques d'un côté, les objectifs de puissance de l'autre (assurer l'indépendance nationale en termes d'approsionnement énergétique, de maitrise de certaines technologies), contribuent A accroitre les fonctions productives de l'état.
' La rationalité de l'intervention publique, jugée plus efficace par une fraction de l'électorat, peut contribuer A la nationalisation de certains secteurs industriels. Cette nationalisation d'une partie de l'industrie est alors considérée comme une phase transitoire devant aboutir A la collectisation complète de l'industrie.
' La
crise de certaines industries et la sous-capitalisation réalisée par leurs actionnaires privés, peuvent conduire également l'état A prendre le contrôle de ces actifs.
' Les nationalisations-sanctions ont frappé, après la Seconde Guerre mondiale, les entreprises qui avaient collaboré (Renault, SNECMA).
D/ Les entreprises multinationales
L'internationalisation de la production a conduit A la création et au
développement d'entreprises multinationales dont les actités dépassent le cadre national. On les trouve aujourd'hui dans la plupart des secteurs d'actité (automobile, pneumatiques, construction, électronique, pétrole, finance).
On considère qu'une entreprise est multinationale lorsqu'une partie ou la totalité de sa production est réalisée A l'étranger (généralement dans plusieurs pays).
Les raisons qui conduisent A la multinationalisation de la production sont nombreuses. Généralement, les entreprises multinationales cherchent A tirer un avantage soit en termes de coût des facteurs de production et des consommations intermédiaires (niveau des salaires, prix et abondance des matières premières), soit en termes de marché (niveau de la demande pour le produit de l'entreprise dans le pays considéré), soit encore pour des raisons fiscales. L'imtation sur un marché étranger a aussi une dimension stratégique, celui du premier arrivé, freinant l'entrée des concurrents sur ce mASme marché si les opportunités se réduisent après l'entrée du premier (cas de Volkswagen en Tchécoslovaquie, par exemple).
L'imtation d'entreprises multinationales, notamment dans des pays en voie de développement ou des économies en transition, est un puissant instrument de transfert du savoir-faire technologique et managérial en direction de ces pays, en mASme temps qu'un apport de
capital A travers l'investissement direct étranger, qui tend A prendre une place de plus en plus prépondérante dans les flux d'échanges. On remarque actuellement l'émergence de firmes multinationales en provenance des pays en voie de développement ou des économies en transition : entreprises tunisiennes investissant au Portugal, entreprises marocaines prenant le contrôle d'usines de conserves de poissons en France, entreprises tchèques et hongroises investissant aux états-Unis, en Russie, etc.
E/ Les actités non enregistrées
Il existe une dernière forme d'entreprise dont les actités sont difficiles A apprécier et qui opère dans le secteur de Y économie secondaire (appelée aussi économie souterraine, noire, informelle, non enregistrée). Contrairement aux autres formes d'entreprise, les actités dans ce secteur ne nécessitent pas la création d'entités juridiques pour produire des biens et des serces.
Dans les économies de marché, ces actités entrepreneurialcs se développent en raison de l'augmentation de la pression fiscale sur les actités productives (taxes sur la production, taxes locales, TVA). Un certain nombre d'actités difficilement contrôlables peuvent échapper partiellement ou totalement au fisc. Il s'agit en grande partie d'actités concentrées dans le secteur des serces et de la construction.
Dans les économies anciennement socialistes, les actités informelles se développaient en raison de la graté des pénuries dans de nombreux domaines. Paradoxalement, le développement du marche dans ces économies n'a que partiellement réduit le rôle de l'économie informelle, qui subsiste toujours mais pour une autre raison : le désir d'échapper au fisc.
Dans les deux cas, il est difficile d'apprécier l'ampleur de ces actités dans la mesure où, précisément, elles ne sont pas déclarées et où les indicateurs disponibles ne se révèlent pas toujours efficaces. Le développement de ces actités, qui traduit un dysfonctionnement des économies contemporaines, est combattu pour ses effets négatifs, non seulement parce que l'économie secondaire réduit les revenus de l'état, mais aussi parce qu'elle entraine de nombreux effets pervers comme le renchérissement des actités légales, et le risque de
chômage pour les entreprises qui subissent cette forme de concurrence.