Les jeunes ont profondément conscience d'appartenir à l'Europe. À la question « L'Europe, pour quoi faire ? », ils répondent d'instinct, sans état d'ame, même si l'identification et la classification de leurs raisons représentent un exercice difficile. On reste dans l'ordre des questions techniques et de la pratique quotidienne. Les réponses relèvent donc de l'édence. Ils vent déjà tous les jours la réalité européenne
La question « Pourquoi l'Europe ? » les laisse beaucoup plus perplexes. Elle les provoque bien davantage. Car s'ils ont profondément conscience d'appartenir culturellement à l'Europe, il leur reste à découvrir l'identité européenne. À nous aussi d'ailleurs
Ce travail d'appropriation de l'idée européenne n'est ni simple ni naturel. En effet, contrairement aux idées reçues, l'Europe ne se définit pas par la géographie. Quand on cherche quels fleuves, quelles lignes de crête, quelles mers la limitent, on se heurte te à des paradoxes.
La Méditerranée était pour les Romains le cour du monde. S'ils avaient eu à créer alors une « Europe », c'est autour d'elle qu'ils l'auraient dessinée. Aujourd'hui, la Méditerranée apparait plutôt comme une frontière entre le Nord et le Sud.
La frontière géographique naturelle de l'Atlantique a été effacée par des émigrants partis de notre Vieux Continent créer le Nouveau Monde. Pour les Américains, l'océan Atlantique n'est-il pas ainsi devenu une moderne mare nostrum, cour d'une très grande Europe à l'américaine ?
La Russie a « gommé » l'Oural pour atteindre Vladivostok et un débouché à l'est, en l'occurrence sur la mer du Japon. Nous sommes loin de l'Europe.
Les frontières qui ont le plus marqué notre histoire sont celles qui ont été tracées par les hommes, malheureusement souvent par leur folie. Le pire exemple n'est-il pas celui du Rideau de fer dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a rien de géographique ?

Les paradoxes ne s'épuisent pas à cette liste !

Bien davantage que la géographie, c'est donc l'histoire qui a modelé l'Europe. Une histoire que les jeunes connaissent mal. Les conflits franco-allemands, la guerre froide, les Trente Glorieuses et même la chute du Mur leur apparaissent déjà bien lointains. Ces événements jalonnent pourtant notre histoire et ont conditionné la construction européenne elle-même. Que dire alors des Normands en Sicile, de Guillaume le Conquérant en Angleterre, des croisades, de Jeanne d'Arc, des guerres de Religion, du siècle des Lumières, du siège de Vienne par les Ottomans, de la prise de Moscou par Napoléon ou de l'éveil des nationalismes ?
La question « Pourquoi l'Europe ? » nous ramène en fait à l'histoire lointaine et proche de notre continent, à cette alchimie qui, de manière étonnante, fait de la construction européenne un rêve qui se réalise pas à pas. En s'intéresant en réalité à la question « Pourquoi l'Europe ? » davantage qu'à « L'Europe, pour quoi faire ? », les jeunes nous offrent à leur tour leur part d'utopie. Le rêve les intéresse autant que la réalité. Dès lors qu'ils savent qu'il peut lui-même et par eux se réaliser ! Ils ont vraiment l'espoir qu'il deendra le cadre de leur e, la réalité de demain. Ce rêve est celui d'une plus grande solidarité, du respect de la dignité humaine, d'un modèle de société qui éradiquerait les conflits et leurs drames, en Europe et ailleurs. En mesurant les conditions du succès de la construction européenne, ils perçoivent intuitivement les responsabilités qu'ils devront à leur tour porter :
- Construire un espace de prospérité, de démocratie et de paix.
- Serr un authentique bien commun, fondé sur la sécurité, la liberté et la solidarité.
- Donner à l'Europe une puissance lui permettant de peser sur le destin du monde.