On a employé indifféremment, jusqu'ici, le singulier ou le pluriel. C'est que la liberté de la pensée, si elle est finalement une, apparait comme la somme d'une série de libertés particulières qui tendent toutes au mASme but, mais posent des problèmes distincts et appellent des statuts juridiques différents.
Au coeur mASme de la liberté de la pensée, la liberté d'opinion est la liberté de choisir sa vérité, dans quelque domaine que ce soit. Elle prend, lorsqu'elle a pour objet l'attitude de l'homme A l'égard de la morale et de la religion, le nom de liberté de conscience. A la manifestation extérieure et A
la communication de la pensée correspondent, selon les domaines et selon les procédés mis en ouvre, toute une gamme de libertés distinctes : dans le domaine religieux, la liberté des cultes, c'est-A -dire la liberté pour les croyants de pratiquer leur religion ; en fonction des techniques utilisées, la liberté de la presse, qui concerne principalement la diffusion de la pensée par l'imprimé, journal ou livre, mais débouche sur le régime de la communication audiovisuelle, la liberté des spectacles, la liberté de l'enseignement. Enfin, certaines libertés collectis, libertés de réunion, d'association, de manifestation, peunt AStre mises au service de la diffusion de l'opinion. Encore faut-il signaler le lien étroit qui unit les libertés de la pensée A des droits qui se rattachent A la catégorie des créances sur la société (supra, t. 1, p. 118 et s.) : le droit A l'information, qui fournit A la réflexion une matière première indispensable, et le droit A l'instruction et A la culture, qui déloppe les possibilités de l'esprit. Plus largement, tous les droits concrets qui tendent A une élévation du niau de vie, en allégeant la pesanteur des servitudes et des contraintes matérielles, favorisent la liberté de l'esprit.
Par ces dirses voies, on aboutit A la création d'une société où, grace A la multiplicité des voix qui se font entendre, les choix personnels deviennent possibles et où, dès lors, la liberté d'opinion peut s'exercer de faA§on effecti pour le plus grand nombre. Ainsi apparait, A trars la dirsité des libertés de la pensée, leur unité profonde.