NAVIGATION RAPIDE : » Index » DROIT » DROIT CIVIL » DÉfinition et composantes de la libertÉ de la pensÉe DÉfinitionOn pourrait croire, à première vue, que le problème de la liberté de l'esprit ne se pose pas sur le terrain juridique. La pensée relève du plus intime de la e intérieure. Or, le droit ne se préoccupe que des comportements sociaux. Comment aurait-il prise sur une actité qui se développe dans le secret de l'esprit et de la conscience ? On connait le mot de Luther : « les pensées ne paient pas de droits de douane ». La liberté de l'esprit n'a pas besoin d'être proclamée : elle est incompressible. Elle ne saurait être ni organisée, ni limitée : elle se situe hors des atteintes du pouvoir. 1° La pensée ne s'élabore pas en vase clos : elle est largement fonction des déterminismes extérieurs qui pèsent sur elle. Les structures sociales, les conditions économiques, les héritages culturels commandent, dans une large mesure, la e de l'esprit. Cette vérité permanente prend plus de relief encore dans le monde contemporain : les techniques modernes de formation de l'opinion, manipulées par l'Etat ou par des groupes privés puissants, peuvent amenuiser à l'extrême la possibilité pour chacun d'élaborer une opinion personnelle différente des orthodoxies de la collectité. Sans doute, ce conditionnement a des limites. Certains y échappent. Dans des pays où le pouvoir, depuis des décennies, exerce la maitrise de tous les moyens de formation des esprits, presse, radio-télésion, enseignement, on découvre soudain des centres de contestation et de pensée libre. On l'a vérifié en Esne, au Portugal, en urss. Il reste qu'une pensée se forme d'autant plus librement qu'un milieu est créé dans lequel la pluralité des opinions et des tendances permet à chacun de s'informer et de choisir. En favorisant ou en interdisant la création d'un tel milieu, le droit exerce, sur la liberté de la pensée, une action décisive. 2° L'homme n'est pas pur esprit. Sa pensée, lorsqu'elle prend pour objet la e personnelle et sociale, modèle nécessairement ses comportements et s'extériorise dans des actes. Il n'en va autrement que dans les sphères de la pure abstraction et de la recherche scientifique fondamentale. Mais, hors de ces domaines peu fréquentés, l'homme, en quête de son unité, cherche normalement à mettre ses attitudes en accord avec ses options, donnant ainsi prise à la réglementation. 3° Enfin, toute pensée est prosélyte et tend naturellement à se communiquer. Phénomène social, la « communication des pensées et des opinions » par la parole, l'écrit, l'enseignement tombe directement dans le champ du droit. On a déjà eu l'occasion de la vérifier à propos des formes élémentaires de la communication : la correspondance (supra, p. 81), la conversation dans un lieu privé (supra, p. 79) ou au téléphone (supra, p. 83) dont la loi a dû protéger le secret. La liberté de la pensée, au terme de ces observations, apparait donc comme la possibilité pour l'homme de choisir ou d'élaborer lui-même les réponses qu'il entend donner à toutes les questions que lui pose la conduite de sa e personnelle et sociale, de conformer à ces réponses ses attitudes et ses actes et de communiquer aux autres ce qu'il tient pour vrai. Ainsi définie, la liberté de la pensée ouvre un vaste champ à la règle de droit qui peut, en la favorisant ou en la restreignant, jouer s-à-s d'elle un rôle capital. |
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