NAVIGATION RAPIDE : » Index » MANAGEMENT » ORGANISMES DE GESTION » Les approches interactionnistes et leur cadre theorique L'interactionnisme symboliqueIl trouve sa source dans le pragmatisme tel que notamment issu des travaux de William James et John Dewey. En termes simples, sinon simplistes, dans ce cadre, la vérité d'une idée et/ou le sens d'une affirmation dépendent de leurs conséquences pratiques. Ils sont vrais et/ou corrects s'ils fonctionnent de faA§on satisfaisante dans les conséquences pratiques de leur application. Savoir et action sont liés. Par ailleurs, individu et environnement, qui comprend les autres, interagissent. L'environnement comprend bien évidemment des choses, d'autres individus mais aussi des symboles, signes arbitraires, conventionnels faA§onnés collectivement par les individus qui les utilisent, dont une catégorie essentielle est le langage. Ceux-ci permettent donc des interactions symboliques entre individus. De plus l'utilisation des symboles est instrumentale dans la création de la conscience de soi par l'individu. En créant un symbole qui le représente (A ses yeux propres et aussi collectivement, aux yeux des autres), l'individu acquiert alors la capacité de penser A lui-mASme - de l'extérieur -. Il peut, cette condition remplie, alors se projeter dans l'environnement. G. H. Mead introduit ensuite la notion - d'objet -, en un sens différent de celui qui lui est donné habituellement. Il ne s'agit plus uniquement d'une des - choses - qui sont physiquement présentes dans l'environnement, il inclut la catégorie générale de symboles qui peuplent l'environnement et A travers lesquels celui-ci est perA§u : choses, idées, individus, activités et buts1'. Un objet ainsi conA§u, au sens objet de la pensée, est A la fois créé par l'individu et but de ses actions. En d'autres termes, les individus agissent envers les objets sur la base de la signification que ces objets ont pour eux. Les objets sociaux, matériels ou non, sont créés par des actes sociaux. Il en découle deux conséquences importantes pour cette approche théorique : d'une part, les individus vivent dans un monde qui est peuplé d'objets, et des seuls objets qu'ils reconnaissent et auxquels ils portent attention. Ceux-ci consistent essentiellement en symboles, et non en choses et stimuli. D'autre part, leur conduite est orientée vers des buts et des objectifs. De ce fait, ce sont les objets qui orientent les conduites. Le langage constitue un tépertoire d'objets disponibles et permet aussi d'en créer de nouveaux. Il est donc reproducteur mais aussi créateur de la réalité. Les actes sont une unité discrète de comportement identifiable en tant que telle, reliée A un ou des objets avec un début et une fin et orientée vers un objectif (déjeuner, prendre un verre, lire un article). Suivant Mead, l'acte commence par une impulsion, passe ensuite par des étapes de perception et de manipulation pour finir en consommation. L'impulsion provient d'un stimulus de l'environnement, mais il est A noter que l'individu recherche de tels stimuli et ne se borne pas A les subir passivement. Ils interagissent par ailleurs avec son état interne (faim, soif, impression A faire sur d'autres, etc.). La plupart des stimuli sont ambigus et susceptibles de diverses interprétations (par exemple, un cri dans la rue), la perception le transforme en objet social en l'identifiant (il s'agit du cri de joie de quelqu'un qui croit reconnaitre l'individu concerné comme un ami perdu de e, et non d'une manifestation de détresse ou d'une réaction A un vol). Il va réagir (il est plus ou moins pressé, a plus ou moins envie de rentrer en relations A nouveau avec cette ancienne connaissance, en a gardé un plus ou moins bon souvenir). Il peut alors prétendre ne pas - reconnaitre - l'inter-pellateur, et le processus interne se manifeste alors extérieurement en une étape de manipulation. Si l'auteur du cri, croit alors s'AStre trompé, s'excuse et s'éloigne, l'étape de consommation vient conclure l'acte. Le cri de l'autre est un objet que l'individu s'indique A lui-mASme et A l'égard duquel il agit. Sa signification réside initialement dans la disposition de l'individu A agir envers lui d'une certaine manière. Elle est souvent ambiguA« et doit AStre interprétée, mASme si elle est évidente pour son auteur initial, qui cependant ne contrôle pas l'interprétation par l'autre. La signification est donc ancrée dans le comportement. La signification d'un acte n'est ni fixe ni invariable, mais est déterminée dans la conduite des individus envers les objets. La signification peut se transformer alors que l'acte se déroule. Après l'impulsion, l'individu peut changer d'avis, redéfinir l'objet et agir autrement. I.e comportement doit s'analyser ainsi en termes non seulement de ses manifestations externes (ce que voient les autres) mais aussi de ses processus internes (qui le guident vers un but ou objet). Un acte est triadique au sens de Mead : il indique aux autres ce que l'individu prévoit de faire, ce qui est attendu qu'ils fassent en retour et quel objet social est en train d'AStte créé (le tout au sens de l'auteur de l'acte, qui peut ou non AStre interprété ainsi par Ie(s) autre(s)). La création consciente d'objets sociaux A ttavers des actes sociaux ne se produit cependant qu'en cas de situation, d'événement ou d'acte initial problématique et/ou ambigu. Cela n'est pas toujours le cas. Beaucoup de nos activités quotidiennes sont routinières et répétitives et s'expliquent plus simplement en termes d'habitudes, plus ou moins complexes, telles que monter A bicyclette mais aussi conduire au travail, préparer un repas, etc. Cependant, une rupture de la routine exige un retour A l'interprétation pour conduire l'action vers son but. Un concept additionnel est introduit ici, celui du - self- (mot conservé en anglais, faute d'une traduction satisfaisante). Le self est A la fois un objet au sens meadien défini plus haut et le processus par lequel cet objet est créé. 11 implique l'idée qu'un individu peut AStre un objet A lui-mASme, qu'il peut alors conceptualiser et A l'égard duquel il peut agir. Il peut éprouver des sentiments A son propre égard, positifs ou négatifs, s'imaginer dans des situations diverses, AStre partie de sa propre expérience ou de son propre environnement. Ici encore le rôle du langage est fondamental. La réponse caractéristique de l'individu confronté A une situation est de retenir sa réponse impulsive jusqu'A ce qu'un acte (au sens ci-dessus) puisse AStre construit qui paraisse correspondre A la situation (le cri dans la rue ne déclenche pas de réaction immédiate, mais l'amène A considérer son auteur avant de téagir). Ce qui rend possible l'anticipation de ses propres actes par l'individu et la capacité de les placer en perspective par rapport A ceux des autres est la désignation symbolique des autres et de soi-mASme, la capacité de nommer les objets, les autres et soi-mASme. Muni de symboles pour lui-mASme et pour les autres, l'individu peut se représenter comme impliqué dans leurs actes et donc imaginer et décrire l'activité du groupe comme d'un ensemble. Il peut imaginer des scenarii, ajuster son comportement A ce qu'il pense que les autres feront et interagir avec lui-mASme. Se donner soi-mASme le nom que le autres nous donnent fait de nous un objet dans notre propre monde. L'esprit, ou la conscience nait de ce processus d'incorporation du processus social dans l'organisme individuel. Les individus ont un - esprit - parce qu'ils ont la capacité d'agir A l'égard d'eux-mASmes, de se parler A eux-mASmes, d'eux-mASmes et de se prendre en compte dans leurs actions. L'esprit n'est donc pas une entité distincte et séparée du corps, mais un comportement social comme les autres dépendant de la capacité symbolique des humains qui leut permet de se considérer eux-mASmes comme un objet, le self, créé et recréé quand l'individu agit A son égard. Ce processus passe par deux phases, celle du - je - où l'individu répond en sujet agissant envers des objets ou des autres, suivie par celle du - moi - où l'individu s'imagine en tant qu'objet dans une situation. Le - je - est le début de l'action en tant que réaction impulsive, spontanée A un changement perA§u, une modification de situation. Cette réponse inorganisée et sans direction A ce qui n'est alors qu'un stimulus amène l'individu A prendre conscience qu'il est (spontanément) devenu actif et déclenche la prise en compte du - moi - dans la situation. - Je - et - moi - alternent ainsi continuellement. Implicite dans cette analyse est l'idée que les individus n'ont aucune idée de ce qu'ils vont faire avant d'avoir commencé A agir. Le self est ainsi un processus : impulsion A agir, réponses imaginées A l'acte envisagé, actes potentiellement différents possibles imaginés et cours d'action finalement résultant du dialogue entre les deux états de conscience du - je - et du - moi -, lui-mASme permis par la capacité de l'individu de se considérer comme un objet A ses yeux et A ceux des autres. Ceci n'implique d'ailleurs nullement qu'il se conforme A leurs attentes : le - je - impulsif peut l'emporter, le - moi - AStre inadapté ou erroné, l'acte modifié par défiance ou opposition. Les actes prennent place non pas dans l'abstrait, mais dans le cadre de définitions de situations plus ou moins bien élies ou claires, mais situées (une soirée, un cours, un achat dans un magasin, un trajet dans le métro). Ceci permet d'anticiper plus facilement les actions des autres et aussi de mieux se voir (le - moi-) comme partie de la situation. Les situations sont définies en termes de structures de rôles. Ces derniers sont eux-mASmes conA§us non de faA§on normative et restrictive, mais de faA§on large, comme un ensemble organisé d'idées utilisées par les gens pour savoir comment agir, une perspective globale. Quand une situation est définie (et ainsi nommée : salle de cours, cérémonie de mariage), que les participants savent qui est présent et ce qui est censé se passer, ils peuvent la structurer cognitivement en termes de rôles (alors nommés) conA§us dans les termes de ce que l'on peut attendre d'eux (un étudiant, la mariée, dans le cadre d'un cours, d'une messe de mariage), dans ce cadre perA§u comme un tout. Un rôle se définit ainsi comme une perspective abstraite A partir de laquelle la conduite est construite dans une situation sociale, et non une simple liste de comportements concrets. La définition de situation en termes de rôles permet d'anticiper certains des actes des autres présents et aussi de donner un sens A toutes leurs actions, mASme imprées, de les interpréter dans le cadre de la situation. Par exemple, le comportement d'un professeur dans une salle de cours devra devenir très étrange avant d'alerter significativement les étudiants, qui auront préalablement donné un sens conforme au rôle d'enseignant A ses actions antérieures, aussi curieuses qu elles aient pu paraitre, étant donné le degré de comportement bizarre pouvant AStre attendu d'un individu appartenant A cette catégorie professionnelle. Prédiction et création de sens s'appliquent A notre propre comportement que nous allons nous représenter par les yeux des autres présents A la situation. La perspective permet de nous voir nous-mASmes. Cette conception de la prise de rôle implique que l'individu puisse imaginer ou se représenter une situation depuis une e perspective différente de celle qui lui est assignée par le rôle qu'il y tient. Ceci peut se faire du point de e du rôle des autres qui y sont aussi impliqués, mais aussi, plus généralement, du point de e de la situation elle-mASme ou d'actes sociaux dans cette situation et par ce que Mead appelle |
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