Au sens juridique, l'artisan est un professionnel dirigeant une
entreprise et détenant une qualification le positionnant comme tel. Dans la réalité, c'est en plus le chef d'une activité indépendante, de dimension familiale, permettant un accomplissement personnel.
La définition de l'artisan
Ce sont les articles 6 A 13 du décret du 1er mars 1962 qui déterminent les conditions d'attribution des deux titres de qualification : artisan et maitre-artisan en son métier, ainsi que la procédure d'attribution et les prérogatives attachées au titre.
Les conditions d'obtention
Elles sont au nombre de cinq :
- AStre chef d'une entreprise ou gérant statutaire d'une entreprise régulièrement inscrite au Répertoire des métiers ;
- ne pas avoir fait l'objet d'une condamnation prévue A l'article 1er de la loi du 30 août 1947 relative A l'assainissement des professions commerciales ;
- prendre part personnellement A l'exécution du trail ;
- présenter un minimum de qualification professionnelle ;
- prétendre A une profession donnant droit au titre d'artisan.
Les prérogatives attachées au titre de qualification
Elles confèrent des antages plus honorifiques qu'économiques :
- la liberté d'élissement (cependant, la qualification professionnelle n'est pas obligatoire pour l'exercice d'une profession, A l'exception de la profession de coiffeur) ;
- le droit A l'utilisation du titre et de la
marque : le titulaire du titre d'artisan ou de maitre-artisan peut utiliser la marque distinctive créée par l'arrASté du 16 novembre 1970 et précisant le métier;
- la dérogation au nombre de salariés dans l'entreprise (avec un supplément allant jusqu'A cinq salariés) ;
- l'agrément en matière d'apprentissage ;
- l'obtention de crédits spéciaux (prASts artisanaux des Banques populaires et du Crédit agricole, et les sociétés de caution mutuelle artisanale).
En règle générale, dans la législation actuelle, le titre d'artisan n'est pas nécessaire pour créer une entreprise artisanale. Il confère seulement quelques antages plus honorifiques qu'économiques, ce qui explique sans doute le peu de demandes de titre de qualification.
La population des artisans
Pour le recensement, le classement des personnes dans l'artisanat s'effectue d'après le statut (indépendant, employeur, salarié), le nombre de salariés (de 0 A 9) et l'activité. De plus, les anciens artisans chômeurs et les
aides familiaux sont compilisés. Cependant, l'emploi non salarié est assez mal connu, car beaucoup de conjoints n'ont pas de statut juridique. L'emploi non salarié est donc estimé de manière indirecte. Le leau ci-dessous donne une estimation de l'emploi au 1er janvier 1995 dans les entreprises de 0 A 10 salariés relent des champs d'activité de l'artisanat.
Activités NAR.8 Salariés (1) Apprentis (2) Non-salariés (3) Personnes occupées (3)
0. Alimentation 167 000 43 000 127 000 337 000
1. Trail des métaux 103 000 4 000 34000 141000
2. Textile, habillement et cuir 36 000 1000 17 000 54 000
3. Bois et ameublement 33 000 3 000 30 000 66000
4. Autres fabrications 140 000 3 000 50 000 193 000
5. Batiment 404 000 45 000 241 000 690 000
6. Réparation, transport, autres services 272000 49 000 253 000 574000
7. Activités non réparties 0 2 000 6 000 8 000
Ensemble des activités 1 155 000 150 000 758 000 2 063 000
L'age moyen des artisans
Selon le RIM, l'age moyen des artisans chefs d'entreprise individuelle diminue régulièrement. Les plus agés d'entre eux se rencontrent dans les secteurs de l'alimentation et celui du textile, habillement et cuir. Les plus jeunes se trouvent dans le batiment et, de plus en plus, dans les services et les autres fabrications industrielles. L'age moyen des petits entrepreneurs est de 43 ans, la distribution des ages est bimodale, avec un mode vers 35 ans et un vers 50 ans.
La place des femmes
Parmi les chefs d'entreprise individuelle, plus de 16% sont des femmes. On les trouve dans tous les secteurs, mASme dans des professions dont l'exercice semblait traditionnellement réservé aux hommes, comme celles du batiment. Cependant, près de 58 % d'entre elles se consacrent au domaine du textile, habillement et cuir.
Les apprentis et la formation en alternance
Les deux tiers des artisans ont reA§u une formation professionnelle. Les petits entrepreneurs les plus jeunes sont aussi ceux qui ont reA§u le plus de formation professionnelle. Néanmoins, l'enseignement technique ou professionnel est présent de faA§on importante dans tous les secteurs, seul ou associé A l'apprentissage; sa part ne descend jamais au-dessous de 44 %.
Nombre d'entrées en apprentissage et en formations en alternance dans l'artisanat
1991 1992 1993 1994 9/1995
Apprentissage 132160 129616 128 668 165 828 87 259
Qualification 104 371 104 776 96 898 118245 65 111
Adaptation 91644 65 128 54455 61 308 42 600
Total 328175 299 520 280 021 345 381 194 970
La formation permet A l'artisan de mieux maitriser son métier en vue d'une progression constante. Effectivement, le but de l'apprentissage n'est pas de tout savoir, mais de connaitre et d'utiliser les outils existants et ayant fait leur preuve. La capacité A innover, A progresser ne vient qu'avec l'expérience.
Cependant, la formation doit aussi permettre de comprendre et d'analyser les situations dans lesquelles l'artisan devra faire des choix. Elle vise alors deux objectifs :
- renforcer le savoir-faire qui détermine la leur de l'artisan ;
- combler les lacunes dans les autres domaines nécessaires comme le marketing, la finance, ou la gestion plus généralement.
Malgré tout, les chefs d'entreprise estiment que leur formation initiale ou complémentaire intervient peu dans la maitrise qu'ils ont acquise de leur métier. Quel que soit leur secteur d'activité, les chefs d'entreprise placent l'apprentissage ou l'expérience d'un emploi antérieur ou l'évolution de la formation par la pratique ant la formation initiale ou les stages suivis.
Cette attitude découle certainement du fait que les chefs d'entreprise n'ont connu d'autre alternative que d'apprendre leur métier tout en traillant, A défaut de pouvoir compléter leur formation scolaire ou technique.
L'évolution du statut d'artisan
Le rôle de l'artisan
Face A l'évolution de la société, l'artisan ne peut plus se limiter A l'attitude de l'homme qui associe l'art et la technique, restant ainsi attaché A son seul métier manuel. Il semble nécessaire qu'il s'adapte aux changements, qu'il développe cette capacité. Pourtant, la plupart restent souvent persuadés que la proposition de produits ou de services de très bonne qualité est une condition suffisante pour assurer leur développement. Les productions artisanales doivent suivre et mASme précéder les mutations de leur clientèle. L'artisan est entré dans l'ère concurrentielle, sortant ainsi du marché captif de sa clientèle de proximité.
De plus, le secteur de l'artisanat peut contribuer avec
efficacité A la politique d'innotion. Dans les domaines traditionnels où l'artisan est confronté A l'utilisation de certains matériaux ou A la mise en ouvre de différentes techniques, il est naturellement amené A modifier les prescriptions initiales afin d'accroitre son rendement personnel. Sa qualification professionnelle et son expérience font de l'artisan le meilleur juge des innotions proposées.
Les démarches stratégiques
L'artisan adopte une démarche fondée dantage sur l'intuition que sur la logique ificatrice. Sa démarche stratégique apparait plus émergente (faite d'ajouts et de petits pas successifs) que faite de grandes décisions radicales. Pour Henry Mintzberg, professeur canadien, - si l'on admet qu'un artisan est A lui seul une organisation, on s'aperA§oit qu'il lui faut résoudre l'un des grands problèmes se posant aux responsables de la
stratégie dans l'entreprise : connaitre suffisamment les capacités de cette dernière afin de déterminer avec précision sa trajectoire future -.
La situation actuelle remet en cause l'artisanat de proximité, c'est-A -dire le marché mASme de l'artisan. Lorsque la position concurrentielle de l'artisan se trouve modifiée, il est alors face A deux situations :
- la spécificité de son produit est maintenue, A destination d'une clientèle locale ou élargie, du fait de son antage
concurrentiel vis-A -vis des produits standardisés accessibles. Il s'agit d'artisanat d'art, traditionnel ou de pointe se situant sur des segments de marché non concurrencés ;
- la pénétration de productions standardisées renforce la situation de concurrence. L'offre artisanale est concurrencée et la clientèle de l'artisanat sortir de sa zone de chalandise.