NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » LA PRIVATISATION » Applications aux services de protection et d aide sociale Les loisirs et distractionsLes loisirs sont un bien indiduel ou à péage, même si par tradition beaucoup de types d'équipements appartiennent à des organismes publics et sont gérés par eux. On pensera par exemple aux piscines, plages, parcours de golf, courts de tennis, parcs, stades et ports. Les musées, bibliothèques, zoos, opéras et salles de concert peuvent relever du gouvernement mais ils sont souvent financés, au moins en partie, par des organisations bénévoles privées. À la différence des serces de police, bien collectif presque parfait, ces serces de loisir et de distraction sont des biens à péage, et chacun ne profite qu'à une partie de la population. Les contraintes budgétaires des collectités locales les incitent de plus en plus à recourir aux concessions pour les golfs et les tennis publics ; cela est politiquement favorable, car le grand public les considère comme des loisirs de riches. Des golfs de comtés ou municipaux ont été confiés à des opérateurs privés qui les entretiennent et les gèrent, moyennant en général un pourcentage des recettes brutes et un loyer annuel minimum. L'objectif du gouvernement est alors d'améliorer l'entretien, d'accroitre les recettes, de réduire les coûts et de préserver l'ouverture des terrains au public. Une expérience faite sur un terrain de la lle de New York a montré que la fréquentation et les recettes avaient augmenté d'enron 15 % grace à la qualité de la gestion d'un opérateur privé ; les responsables municipaux décidèrent alors de concéder la quasi-totalité des terrains de golf municipaux118. Un nouveau dispositif hybride a été imaginé pour le sauvetage de Bryant Park, le parc traditionnel situé derrière la bibliothèque publique de New York, sur la Cinquième Avenue. Géré par la municipalité, ce parc de près de quatre hectares était peu à peu devenu le repaire d'un ramassis de drogués, de trafiquants, de vagabonds et de détrousseurs. En désespoir de cause, la lle s'est tournée vers le secteur privé et a passé un contrai avec une organisation bénévole ad hoc. Celle-ci, à son tour, prévoit d'accorder une concession à un restaurateur privé qui y construira un grand restaurant. Les recettes de ce dernier contribueront à financer la reconstruction, les tations, l'entretien et le maintien de l'ordre. Ce dispositif est un intéressant mélange d'éléments de régie directe, de bénévolat et de concession. Central Park, à New York également, est sans doute le parc urbain le plus célèbre du monde. Devant sa lente dégradation plusieurs associations privées se sont créées pour le restaurer. Elles se sont regroupées en un seul organisme influent, qui a mis au point un dispositif contractuel avec le serce des jardins municipaux. Le groupe privé recueille des fonds pour le parc et paie un gérant éli sur place, fixe des priorités, alloue des ressources et superse en fait le travail des fonctionnaires. Ce dispositif hybride de régie directe et de bénévolat a bien fonctionné et a été étendu à d'autres grands parcs de New York. Les théoriciens de l'école des droits de propriété prétendent que lorsque des terrains (ou tout autre bien physique) appartiennent au public, il y a inélement dilution de la responsabilité et l'on ne se soucie pas toujours de les exploiter sagcmeni, de les entretenir et de les préserver pour l'avenir. Aristote a dénoncé ce penchant à prendre moins de soin de ce qui appartient en commun au plus grand nombre, c'est-à-dire de le transformer en bien à puisage. Les observations de Hardin sur la tragédie des vaines palures aboutissent à la même conclusion : les prairies sont détruites parce qu'elles sont gratuites et donc surexploitées"9. Ce qui s'esi passé pour les parcs ei équipements de loisirs de New York confirme cette observation. Anderson et Shaw content la triste histoire d'un grand parc urbain de Seattle, Ravenna Park, détruit parce qu'il appartenait au public. Né de l'initiative privée vers la fin du XIXe siècle, c'était une réserve de sapins géants. Ouvert au public, il altirait huit mille à dix mille siteurs par jour, pour un droit d'entrée qui équivaudrait aujourd'hui à 3 dollars. Au bout de ngt-cinq ans, la lle procéda à une expropriation et en fit un parc public. Dans les quatorze années qui suirent, la totalité des sapins géants disparurent, apparemment abattus et vendus illégalement par les employés du parc. C'est aujourd'hui une zone à forte criminalité ; à la place du plus grand des arbres, qui faisait six mètres de diamètre, il y a un court de tennis en ciment. Les propriétaires privés avaient discerné la demande latente du public pour une réserve botanique, et ils avaient jugé renle de créer le parc et de bien l'entretenir ; mais, lorsqu'il fut devenu propriété publique, les fonctionnaires municipaux - qui n'en étaient pas vraiment propriétaires et n'avaient donc pas d'intérêt à long terme - trouvèrent renle à court terme de transformer les arbres en bois de chauffage120. Leur statut de propriété privée continue de préserver les territoires où pourraient être créés de nouveaux parcs. Lorsque le ministère de l'Intérieur cherchait des terrains pour créer un parc national sur le thème de la grande prairie, il s'est aperçu que ses propres terrains étaient en moins bon état que ceux entretenus par des propriétaires privés. Bien entendu, rares sont les fonctionnaires aussi vénaux que ceux de Ravenna Park, et il existe en Californie un contre-exemple remarquable. Lorsque de sévères restrictions budgétaires menacèrent la sure d'un organisme public de parcs et de loisirs, deux employés le quittèrent pour créer leur propre affaire. Ils passèrent un contrai de fourniture ponant sur une gamme encore plus étendue d'actités de loisirs (20 % d'offres supplémentaires et 30 % de bénéficiaires en plus) pour un prix inférieur121. Poole donne de nombreux exemples où des associations bénévoles ont « adopté » des parcs ou pris en charge des responsabilités publiques négligées touchant les parcs cl les actités de loisirs123. Les bons de fourniture peuvent être utilisés pour la distribution de serces de loisir, exactement comme pour d'autres biens indiduels ou à péage. À New York, des bons culturels ont été distribués aux habitants à faibles ressources par l'intermédiaire d'organisations communautaires ; ils permettent à leur porteur de siter indifféremment huit musées. New York, lle riche en actités culturelles, a aussi des programmes de bons pour les représentations théatrales et chorégraphiques ou autres spectacles artistiques124. Il semble qu'on soit ainsi parvenu à élargir l'horizon des bénéficiaires de bons et l'audience des institutions culturelles spécialisées. La lle australienne de South Barwon, quarante mille habitants, gère un modeste système de bons de loisirs depuis 1976125. Elle distribue sous forme de bons près de 12 % du budget municipal des loisirs et des espaces verts ; tout contribuable reçoit chaque année un bon et la liste des cent cinquante organisations habilitées à l'honorer. Ces dernières sont d'une extraordinaire diversité ; elles comprennent des clubs consacrés à la photographie, au croquet, à l'astronomie, au secourisme, au théatre, aux courses de karting, à la céramique cl au scoutisme. En pratique, le bénéficiaire du bon verse ainsi une contribution au club de son choix, ce qui élimine toute pression politique sur les responsables municipaux en faveur de telle ou telle actité. Le schéma a soulevé l'opposition des intérêts élis (tels que le cricket et le hockey sur gazon), qui bénéficiaient traditionnellement d'un traitement prilégié. Parmi les problèmes rencontrés, il y eut celui de la définition des « loisirs » ; un nombre croissant de groupes de serces communautaires (comme les garde-côtes volontaires, un corps d'ambulanciers et la Croix-Rouge) furent agréés, et ils reçoivent de plus en plus de bons. Les camnes de promotion lancées par les groupes pour obtenir les bons de leurs concitoyens ont été accueillies avec des sentiments mitigés ; elles faisaient mieux connaitre les choix disponibles, mais certains groupes en faisaient tant qu'ils en oubliaient leurs objectifs initiaux. Si l'on y réfléchit un peu, l'ensemble de ce schéma soulève quelques questions fort importantes. En somme, les gens paient des impôts locaux et reçoivent des bons qu'ils peuvent utiliser en guise de contribution aux associations de leur choix. Pourquoi se lancer dans ce processus détourné, inutilement indirect et inefficient ? Pourquoi ne pas prélever moins d'impôts et laisser les gens verser une contribution de leur plein gré ? Dans l'exemple de New York, les bons étaient clairement et légitimement destinés aux habitants à faibles ressources ; dans le cas australien, ils profitent aux propriétaires immobiliers, qui forment sans doute un groupe à revenus moyens et supérieurs. On voit mal à quelle intention publique répond cette curieuse procédure.
Une étude intéressante jette quelque lumière sur les résultats és des stades et terrains de sport publics et privés. L'étude a porté sur la totalité des trente-huit terrains ou patinoires utilisés depuis 1953 comme bases principales des équipes de l'Association nationale de basket-ball ou de la Ligue nationale de hockey. Le coût moyen de la construction d'un siège, corrigé de l'inflation, était de 1 333 dollars pour un équipement privé contre 1 946 pour un équipement public ; la différence est statistiquement significative à 5 % près, alors même que la capacité des gradins des deux sortes ne diffère pas sensiblement. De plus, les terrains privés étaient utilisés en moyenne 254 jours par an contre 197 pour les terrains publics. Une aison supplémentaire a montré que les équipements privés avaient de meilleurs ratios de places de parking par siège (ni trop, ni trop peu). |
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